Madame est servie.

Sadique comme je suis, je suis bien contente ! na ! et re na !  Car  Madame est servie et bien servie mais elle s'est faite eu !

Elle ne supporte personne, toujours à chercher querelle. mal dans sa peau, (elle voudrait être une tigresse) mal dans sa tête, séparée trop tôt de sa maman, elle invective et souffle tout ce qui se présente sur son passage. Pourtant elle n'est pas mal traitée, logée à la même enseigne et à la même table que les autres, ah, elle n'a pas de régime de faveur qui siérait à madame, mais pourquoi donc en aurait elle ? Alors elle se venge. Joue les coucous. Se précipite pour être la première dame, se fait remettre en place vertement et ouvertement et fini pas se faire enfler jusqu'au trognon. Je me souviens trés bien du jour où tout juste encore bébé à peine sortie de son carton à chapeau qui avait servi pour le transport, elle tenta de dérober la place de Chaussette devant sa gamelle. Celui ci d'un coup de patte majestueux l'envoya dinguer dans la gamelle d'eau où elle prit son premier bain de pied. Elle ne se confronta plus jamais à lui, la leçon avait portée. Mais elle récidiva plein d'autres fois avec les plus jeunes arrivés depuis qui tour à tour lui assènent coup de patte ou l'ignorent proprement jusqu'à ce que madame se calme. Mais ce matin, et c'est là que je me suis régalée à sa place, arrivée aprés la distribution générale, quand tout le monde avait été servi et avait quitté la table, madame se présenta la gueule enfarinée de celle qui avait veillé tard et venait de se réveiller. Naturellement, comme elle était seule et affamée, je lui proposais sa part que j'avais réservé au frais. Mais à peine attablée, voilà que Petit Lion frappa à la fenêtre, suivi de son copain Flocon et de mademoiselle Plume. Naturellement, je n'allais pas laisser tout ce petit monde se quereller et moi monter la garde. J'ouvris donc une nouvelle boite de pattée, histoire de donner un semblant de cuillerée à tous ces affamés. Évidemment, Madame se précipita, ignorant la fable du pêcheur et du petit poisson, laissant sa gamelle pleine au profit de la cuillère supplémentaire. Chose que n'a pas manqué de noter Flocon qui du coup se régala d'une seconde ration, pendant que la première croyant à la bonne aubaine se contenta d'une cuiller de substitution.  Tel est pris qui croyait prendre, ou un tiens vaut mieux que deux tu l'auras. Voilà à quoi s'expose celui ou celle qui jamais satisfait en redemande et ne sait pas se contenter des bienfaits si minimes soient ils que lui prodiguent la nature et les gens bien intentionnés que nous sommes.