Il était une fois.

 C'était jeudi. Je savais que j'allais les utiliser bientôt car samedi était proche et c'était une date particulière. Il y a trente neuf an. Merci à Fabie pour y avoir pensé. Il a lu son message et a été touché par cette gentillesse naturelle qui la  caractérise.


 Il y a 39 ans ! à l'aube de la quarantaine, au derniers jours du printemps de la vie. J'avais passé tout l'été à profiter des semaines d'attentes, les dernières. Le premier aout nous avions déménagé pour un appartement plus grand. Nous l'avions meublé, choisi un joli papier peint pour la chambre ; de jolis petits chats tout roux agrémentaient le décors. Quand vint le 15 aout avec le changement de quartier  de lune, comme chaque année, une abondante pousse de champignons s'annonçait. La foret de Carnelle avait des coins à cèpes que je connaissais bien. Claudine, notre amie, nous accompagnait souvent pour nos sorties dominicales. Elle se faisait beaucoup de soucis pour moi. Et si un malaise me prenait ?   Si je faisais une mauvaise chute, dans mon état, ce n'était pas prudent ! et si les douleurs de l'accouchement survenait ?  Bref, personne n'était tranquille, mais moi, je m'en moquais. Ce n'était peut être pas prudent, mais moi, je savais ce que je faisais. Et j'aimais ma liberté, mon indépendance et les champignons ! Ce n'est que plusieurs semaines plus tard qu'un petit bonhomme de 2,5 kg  pointa son petit minois. C'était un vendredi soir, aprés la tombée de la nuit que ma valise à la main, je me dirigeais vers la maternité. Arrivés à l'accueil, une hotesse nous demanda sur un ton que je trouvais rude, ce que nous voulions. Mal disposée, je lui répliquais vertement que c'était pour une naissance et que c'était urgent ! Elle nous dirigea alors vers le service concerné et je dus attendre de longues minutes que quelqu'un vienne s'occuper de moi.  C'est donc chargée de famille que je rentrais une semaine plus tard à la maison avec un trésor pour le restant de mes jours. Cette année là, un mois plus tard,  nous nous rendions en Auvergne, pour le présenter à sa famille, qui était aussi la mienne. Lord de notre visite, à la ferme, Claudine nous avait accompagnés. Nous avions assisté ensemble à la naissance d'une petite Noisette. 
Naturellement, Noisette resta parmi nous jusqu'au départ de mon père, six années plus tard. Je le revois encore ce petit bonhomme, nous supplier de l'emmener avec nous quand il fallu redescendre en Auvergne pour dire adieu à son grand père. Sous l'influence et sur  l'insistance de Claudine, au prétexte que ce n'était pas la place d'un enfant, nous lui avions laissé le temps de la cérémonie. Ce fut mon grand regret de ne pas lui avoir permis de nous accompagner. 
Il n'a pas compris non plus pourquoi on faisait tant de mystères et se "débarrassait de lui".
On fait toujours des bêtises en n'écoutant pas son coeur. 
Et puis il y eut les autres fois, les premières fois, les prochaines fois.  A chaque fois une nouvelle fois, mais un bonheur immense, qui me rend si triste quand il se termine, toujours trop vite et si  fugace.
Hier  était un de ceux là. J'avais mis les petits plats dans les grands, cuisiné pour la circonstance, acheté aussi ce que je n'aurais pas si bien réussi.


 Nous étions ensemble. C'était tellement bien ! Aujourd'hui est une autre fois, encore une fois où le vide s'installe jusqu'à la prochaine fois. Il est reparti tout à l'heure, sous la pluie. Dans un peu plus d' une heure, tout recommencera. La vie là bas, la vie ici, l'horloge qui marque le temps, implacable, sans sursis, sans égard au cadran de la vie.

Quel b. !

 Cette toile d’Anne-Françoise Coloumy, à défaut d’être nette, me renseigne.

Ce n’est pas la première fois que je vous propose de raconter une histoire sur une toile de cette dame.
Cette fois, je vous en demande une autre à propos de la toile qu’elle a peinte et que je soumets à votre imagination.
Comme vous, j’espère en savoir plus lundi…



Quel b. ! mais quel B ! jamais vu  un bazar pareil ! Il y en a des choses là dedans ! c'est pire que l'atelier du Patou. On ne sait pas par quel bout le prendre. Il a essayé de ranger un peu, mais c'est pour mieux entasser d'autres  choses. Quant à celles qu'il a débarrassé, c'est pour les entreposer ailleurs. Il ne faut rien jeter, ça peut toujours servir. 

Ma mère  aurait dit "qu'une truie n'y trouverait pas ses cochons", c'était son expression, ça. . Elle n'était pas une pro du rangement, mais à sa décharge, avec tout ce qu'elle avait à faire, entre les cochons justement, les vaches et puis les veaux, les poussins et les couvées, les gamins, le jardin et les champs, la pauvre femme, elle avait bien assez à faire. Alors elle entassait "au pouillu" comme elle disait. Quand on lui demandait quelque chose, elle nous répondait invariablement :  "ça doit être là au pouillu", ou bien quand elle nous donnait quelque chose à ramasser, elle disait "t'as qu'à le poser là au pouillu, et c'est généralement là atterrissait la plus part des choses de la maison, linge, papiers, chacun sur son tas, naturellement" et autres bricoles aux quelles on ne savait pas bien attribuer de place précise. Ainsi il y avait des tas de pouillu dans la maison, de sorte en effet que parfois, une truie n'y aurait pas trouvé ses petits. Nous non plus d'ailleurs, ce qui fait que quand on apercevait au milieu du reste, la chose convoitée, on tirait dessus et tout le tas venait. Aprés on triait. 

A propos de la truie, savez vous que cet animal est un des plus propres qui soit . Pour les avoir bien observées lors de mon enfance, j'étais surprise par leur sens de l'organisation. Elle choisissaient toujours le coin de leur soue le plus propre possible et se lovaient dans la paille la plus fraîche possible. Leurs besoins, elles les faisaient toujours au même endroit, le plus en  bas de la pente pour garder le reste propre. Leurs petits, elles les allaitaient toujours là où c'était le plus confortable pour eux et dans le clos, derrière la maison, quand elles se roulaient dans la boue, c'était dans une boue propre, faite de glaise et d'eau propre, jamais dans l'eau croupie faite de vase et découlement de purin. Elles faisaient ça, nos truie, des bains de boue, pour se débarrasser des parasites. On disait sale comme un cochon, mais quand les bains d'argile sont venu à la mode pour les humains, on a plus rien dit. Pourtant c'est de notre faute si les animaux s'entassent dans des cages ou des box au beau milieu de leurs excréments. Dans la nature, vous avez déjà vu des vaches crottées jusqu'aux cornes ? Vous ? Enfin quand elles ont des cornes. Parce que pour les défigurer on s'y entend mieux que pour les entretenir, n'est ce pas ! 

Bon enfin il est sympas son petit atelier à la Françoise. En désordre, mais sympa. J'aimerais bien y farfouiller, je suis sûre que j'y trouverai plein de choses intéressantes. J'ai toujours aimé le désordre comme celui ci. Je suis la reine pour y contribuer.   Et si vous ne me trouvez pas, ne cherchez pas, je suis sous la pile entrain de fouiner !

Comme un ultime message

 11 septembre. Nous sommes le 11 septembre 2024, il aurait 115 ans ce jour. J'ai parfois écrit sur lui, pour lui. Chaque fois, j'ai l'impression d'écrire des choses nouvelles et pourtant, ce n'est qu'une redite. Depuis 33 ans, sans cesse renouvelée. J'ai souvent évoqué sa mémoire. Particulièrement quand une décision difficile ou délicate s'imposait. Ne sachant pas toujours vers où me diriger. Qu'aurait-il fait, lui ? Qu'aurait-il dit ? Et qu'aurait-il pensé de tout cela. Bien des comparaisons nous sont fournies par l'histoire qui sans se répéter bégaie et,  nous disait - il, les mêmes causes engendrant les mêmes effets, déroulent toujours les mêmes scénarii..  1924, 1933, 1939... 1852 aussi, ou Badinguet 1 ouvrait la voie du second empire, donnant l'exemple à Badinguet 2 qui aujourd'hui nous rejoue la même scène et se paie nos têtes, bafouant la république et la démocratie. Qu'aurait - il pensé de tout cela ? Quelle analyse en aurait-il tiré ?   Lui qui nous a si joliment instruits. Nous a si souvent montré le chemin et donné l'exemple. 

Quand, levant les yeux pour prendre de l'inspiration, j'évoque son image, les nuages s'effacent et le ciel s'éclairci. Mais c'est bien sûr ! C'est là qu'il faut aller. La justice et la liberté sont de ce côté. Alors, tout devient simple, j'y vais. Toujours savoir d'où l'on vient pour savoir où l'on va et bien se rappeler de son histoire, car l'oublier nous condamne à la revivre. La cultiver aussi et l'entretenir inlassablement. Telles furent les leçons de sagesse qu'il nous a enseigné. Nous n'en avons pas tous fait le même usage. Mais plus ou moins avons suivi ses pas et écouté ses messages. 

Aujourd'hui j'aurais besoin qu'il soit prés de moi. Qu'il m'aide à réfléchir. Besoin de partager aussi avec lui, et bien plus qu'une analyse, qui je le sais, serait toujours aussi pertinente sur la situation d'aujourd'hui. Tu vas me manquer m'avait-il dit la dernière fois que je l'ai vu. Je suis partie comme une voleuse, sans oser prononcer les derniers mots apaisants.  Fermant la porte de mon coeur, et en fermant la porte, passé le pas de sa maison, j'ai  laissé couler mes larmes en sachant que c'était la dernière fois et que je ne le reverrai pas. Plus jamais.


+Il aurait aimé cette chanson, alors pour lui, comme un ultime message, je la mets ici.

  Aujourd'hui, j'ai besoin de  son souvenir. Je n'ai personne à qui le dire, alors je viens l'écrire ici. Aujourd'hui, j'ai besoin de partage. Mais où sont Fanfan et Nathalie ? 

Le poisson et le magicien.


190ème devoir de Lakevio du Goût.


À la demande générale d’au moins deux amateurs, voici de retour des « devoirs de Lakevio du Goût »
J’ai obtempéré aussitôt car habituellement, personne n’a besoin de moi alors imaginez un peu mon amour-propre d’un coup caressé dans le sens du poil.
Bref, « je biche »…
Ainsi, je propose à votre imagination de raconter une histoire qui vous serait inspirée par cette toile de Gustave Caillebotte.
J’espère que nous découvrirons ensemble vos histoires dès lundi matin.
Je suis sûr qu’elles seront savoureuses et sans aucun doute charmantes
C’est la rentrée, lectrices et lecteurs chéris !



 En ce bel aprés midi d'aout, Brigel et Manue sont réunis dans le petit salon du chateau, où ils se délectent d'une petite prune savoyarde des plus parfumées.

C'est l'été, les jeux de Paris ont produit l'effet escompté. ils ont apaisés les foules à l'esprit endiablé, toujours à vouloir plus qu'on ne peut leur donner. 

Oh, ce n'était pas gagné ! Il en a fallu du temps et des parties de pêche pour trouver l'oiseau rare. Celui qui selon son plumage saura adapter son ramage à l'écho dissonant. Et c'est bien là que cela pèche, car comme du petit poisson qui deviendra peut être grand, le gros se révèlera sans doute être un fruit d'exception. Pas pour tous, évidemment. Les premiers arrivant parfois les derniers, ils seront les plus mal servis ou même pas du tout. Mais le magicien a tranché dans le vif. La chair est excellente pour qui sait apprécier plus le brochet que le gardon. Gardons nous toutefois de croire aux jours meilleurs. A ceux que nous espérions. La Marine Marchande de rêves et de discordes joue en touche et fait semblant. Planquée dans son manoir, elle veille et attend en silence son jour de gloire.

Quoi de neuf aujourd'hui ?