Quand je suis venue sur la toile la première fois, c'est cette gravure qui s'affichait.
Faire un pique nique avec des courges et des citrouilles, ce n'est pas
commun ma fois, j'avoue que je n'y aurais pas penser, ni voulu porter le panier. Le tableau lui même reflète une franche gaité et c'est presque dommage de ne pas s'en inspirer. Je vous aurez parlé de cette sombre histoire de citrouilles qui mis en émoi tout le Livradois. Je vous aurez raconté comment Fernand et Mauricette les ont transportées jusque sur les hauteurs de la ville d' Ambert avant de s'adonner aux plaisirs défendus dans les champs du Monestier.... Une intrigue digne de Gaspard des montagnes, vous dis - je. Vous auriez vu la tête de monsieur Leroux quand il a vu son jardin vide de ses citrouilles ! 25 qu'ils lui en ont embarqué ! 25, vous vous rendez compte ? Je le sais qu'il y en avait 25, je lui ai entendu dire à la mère Lanouard. Mais peut être bien qu'elle le savait déjà, son sac paraissait bien lourd quand elle est passée devant chez moi !
Mais le jeu c'est le jeu et puisque le temps de copier la consigne, ce fut celle là qui fut retenue par le maître, on va s'y coller, pardi, voyons un peu ce qui se dégage de cette toile.
De la fraicheur, de la joie de vivre, du bonheur mais prenons garde, le bonheur s'il est ce qu'on en fait reste toutefois fragile et éphémère.
Charles et Alice savourent intensément ces jours de repos qu'ils se sont accordé en ce mois de juillet 1914. L'insouciance de leur jeunesse guide leur pas sur le chemin de cette belle demeure qu'ils aspirent à garnir de leur amour. Bientôt elle sera à vendre, car les propriétaires ruinés ne peuvent plus l'entretenir. Charles n'aura plus qu'à tendre la main pour amasser ce bien qui sera cédé pour une bouchée de pain.
Il épousera Alice, dans quelques semaines, il a juste le temps de faire les premières démarches auprés du notaire et dés leur union célébrée, ils seront chez eux. Ensemble ils font des rêves, bâtissent des projets. la vie est devant eux. Leur avenir est bien tracé. Lui fils d'un ingénieur des ponts et Chaussées a eu accès aux plus hautes études, il est promis à une belle carrière militaire. Quant à Alice, fille d'un riche industriel, elle n'a pas de soucis à se faire, son père est prêt à tout pour satisfaire ses moindres désirs. La vie est belle. La vie quand on a 20 ans est toujours belle...
Mais on ne maitrise jamais tout. A la folie des hommes tout s'écroule et tout s'envole.
Charles qui n'était qu'aspirant et refusa toutes mesures de faveur liées à son rang, n'a jamais épousé Alice. Il est tombé au front le 18 aout 1914 devant Sarrebourg.
Alice, aprés avoir beaucoup pleuré, s'est engagée comme infirmière à la Croix Rouge. Avec Marie Curie, et bien d'autres volontaires, elles ont fait ce qu'elles ont pu pour soulager les souffrances de tous ces soldats meurtris par tant de misères. En 1918, lorsque la guerre fut finie, elle s'engagea pour d'autres combats et sacrifia sa vie à sauver des vies dans le quart monde. Par son action et grâce à la fortune de son père, elle parvint à soulager bien des peines aux enfants d'Afrique, du Gabon au Soudan, et permit à certains de résister à la famine et à la maladie.
Ah ! j'oubliais ! la maison des rêves de Charles fut acquise par le baron, le père d'Alice, en 1938. Avec sa fille, ils en firent un refuge pour les enfants malades. A son retour d'Afrique, lasse et fatiguée, Alice la céda à l'association Perce Neige qui en fit un centre pour enfants autistes.
Voilà toute l'histoire, telle que ma grand mère me l'a racontée. Il existe parmi le monde, des bienfaiteurs d'humanité.
(Je précise quand même que c'est une fiction !)