De beaux linges.

 

 Cette aquarelle de Muren me rappelle quelque chose, mais quoi ?
Bah… D’ici lundi, ce souvenir sera revenu.
Mais vous ?
Cette aquarelle vous inspire-t-elle quelque chose ?
J’espère qu’elle vous donnera une histoire à raconter lundi.

 

 Devoir de Lakevio du Goût_93.jpg

 

 

Du linge sèche aux fenêtres. le vent souffle sur l'ocre de la maison.  Le vélo de maman adossé au mur nous prévient qu'elle n'est pas encore partie. Tout à l'heure, elle ira livrer son paquetage et en récupèrera un autre, à chaque jour, une nouvelle tâche.

C'est l'été. Tout est calme et respire l'air marin. On dirait le Sud.  Dans un moment, on ira aux commissions. Puis on préparera le diner pour le retour de nos parents. Papa travaille depuis 5 heure ce matin, dans la pêcherie de l'oncle Gaston. Maman, elle, est lingère. Souvent elle porte sur sa bicyclette des corbeilles de linge à laver, à repasser, à rapiécer. Levée la première, elle prépare nos déjeuners et celui de papa. puis elle s'attaque à la lourde tâche  confiée par les belles dames de la plage aux cornichons, c'est ainsi que nous la nommons. Située à deux pas du port,  dans une petite crique abritée du vent, des gens fortunés ont bâti maison en surplomb. Nous n'avons pas le droit de nous y promener. Seuls les riverains peuvent profiter du bon air du large. Maman a droit  de venir prendre le linge qu'on lui laisse tout en bas à deux pas de  la crique. Elle doit ensuite remonter avec sa remorque attachée à sa bicyclette jusqu'en haut de la falaise. Puis elle le lave et l'entretient, le met sécher aux fenêtres puis le rapporte bien plié et repassé dans chaque maison. Il ne faut pas qu'elle se trompe maman, sinon les belles dames retiennent 10 sous sur ses gages à chaque mauvaise manipulation.  

 Comme elle le dit souvent, si ceux qui salissent ce beau linge devaient l'entretenir eux mêmes, ils seraient bien moins exigeants. 

Sans compter l'intervention des mouettes chieuses qui ne se privent pas de quelques méfaits. Elles aussi aiment bien péter dans de la soie. Sans compter aussi les jours d'averse et de rafale où le sable se fait collant. 

La vie des lingères et lavandières ne se résume que rarement aux papotages autour de la pierre des lavoirs.

11 commentaires:

  1. La vie des humbles n'a jamais été simple et les nantis n'ont toujours pas compris que sans les petits, ils auraient moins d'exigences.

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    1. Bonjour heure bleue. Je pense que si, ils le savent trés bien. Mais comme pour le reste, seul compte leur petite personne et tout ce qui s'y rapporte. Leur confort avant tout. De plus beaucoup d'entre eux étaient trop contents d'avoir un pouvoir sur ceux qu'ils employaient. La société dans laquelle nous évoluons depuis la nuit des temps est ainsi. Si amélioration de la condition des humbles a pu avoir lieu, c'est uniquement à coup de luttes âprement menées car rien n'est à attendre de la classe dominante et des puissants, rien de bon je veux dire.

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  2. Bonjour Délia,
    A moi aussi cette image fait penser au Sud.
    Je vois que la bicyclette évoque pour toi le travail des lingères. C'était le métier de mon arrière-grand-mère, et de sa mère et ses tantes avant elle.
    Un métier ô combien difficile et ingrat, on n'imagine même pas !!! tu le dis bien dans ton texte. Courbées, à genoux, les mains dans l'eau à manipuler le linge mouillé qui est lourd, les lingères finissaient par souffrir de lésions de la peau, de lombalgies, de fausse-couches …
    Quant on pense à la vie si dure de toutes ces femmes ....
    La modernité a du bon !

    Chouette devoir.
    Bonne journée et gros bisous !



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  3. Eh oui, la machine à faire de la richesse a un très mauvais rendement.
    Pour fabriuer un riche, il faut épuiser beaucoup de pauvres...
    De temps en temps, il y a un réajustement.
    Le dernier commence à être un peu loin.
    Ils devraient se méfier...

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    1. Bonjour Le Goût, , tu connais le dicton, "tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse", c'est pour cela qu'ils sont entrain d'inventer tout un tas d'artifices pour automatiser et déshumaniser le monde du travail. Les robots et autre intelligence artificielle ne se plaignent jamais. Bonne journée à vous.

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  4. Bonjour Ambre, en effet et tu fais bien de rappeler tout cela. La modernité était nécessaire, surtout pour tous ceux qui n'ont eu accès au progrès que tardivement. Cependant, elle a tendance à s'emballer et nombreux en sont encore privés. Je me souviens de l'arrivée de la première machine à laver à la maison. C'est une tante de mon père qui nous l'avait donnée, quand elle est partie en maison de retraite. Cette vieille machine était toute ronde et ressemblait à une immense friteuse. Quand elle est tombée en panne, nous n'avons pas pu la remplacer. En tout cas, ce n'était pas au programme. Ma mère a donc continué ses lessives à la main, comme autrefois. Il a fallu attendre qu'avec ma première paie, je propose d'acheter une autre, que mon père ne voulant pas dépendre de moi, a finalement payé. Voilà pour la petite touche personnelle. Je te souhaite bonne journée, gros bisous à toi.

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    1. la 1ere machine que j'ai eu, je devais mettre le tuyau d'évacuation de l'eau dans l'évier, et tourner le bouton 1) pour le lavage puis 2) essorage puis 3) vidange (ou l'inverse je ne sais plus lol
      Tu as connu ça aussi ?
      Maintenant on appuie juste une fois sur le bouton et en plus il y a toutes sortes de programmes !!! :-)

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  5. absolument! c'est quand on doit faire une tâche soi-même qu'on en connaît la difficulté!
    j'ai souvent une pensée pour toutes ces petites mains quand je vois les merveilleuses parures d'autrefois dans les musées: comment lavait-on, repassait-on ces brocarts, ces velours, ces dentelles...

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  6. Elles avaient la technique les petites mains !

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  7. J'aime beaucoup ton texte et notamment la dernière phrase qui remet bien les choses à leur place !
    J'entends encore (j'étais ado) une dame de mon entourage dire "c'est malheureux mais je dois faire des ménages pour me payer un lave-linge"...
    Gros bisous ma Delia

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  8. Nous avons acheté (à crédit) notre première machine à laver en 1956 à la naissance de notre aînée. C'était une Connord Vestale semi-automatique à gaz, on pouvait bouillir le linge et son tambour était vertical que je chargeais par le dessus. C'est pourquoi j'ai fait un jour l'erreur de mettre l'essorage alors que la cuve était pleine (environ 30 litres ! Impossible d'arrêter et j'ai dû couper le compteur électrique pour stopper le désastre.
    J'ai encore la facture : elle nous avait coûté 126.000 francs de l'époque et nous l'avons payée en un an !

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