Lundi 18 décembre, 7 jours avant Noël, 7 h 30 , je me lève, j'ouvre le volet de la cuisine. Il fait encore nuit.
A l'étage, la Ponette s'active, plus que quelques minutes, elle va rejoindre son boulot. Dehors, il pleut.
Chaussette à la fenêtre demande à rentrer. Il n'aura pas franchi le seuil que déjà il demandera à ressortir.
8 heure, je déjeune, une ou deux biscottes.
Biscotte, dans son carton respire calmement. Le Patou se lève et déjeune à son tour. Il prend ses médicament et va se reposer (les médocs le fatiguent beaucoup, et c'est lourd).
Je m'affaire dans la maison. Je lis quelques blogs. Je réponds. Je poste, le train-train habituel, mais pour tromper le temps. 11h, j'ai rangé du linge, trié des papiers, allumé du feu dans la cheminée, la Plume s'active et éparpille tout ce que je m'efforce de rassembler. La matinée est si vite passée !
Midi, l'heure de passer à table, quelques restes de la veille, bien vite chauffés. Je n'ai pas faim.
Je ramasse un dernier pipi. Je nettoie en vitesse, un coup de serpillère "à la Patou", je ferai le ménage en rentrant tout à l'heure. Chaussette en voyant le balai se sauve, il est peureux comme tout ce chat. Bientôt, ils ne seront plus que cinq. Ils ont cette perception des choses graves en même temps qu'une bienveillance envers les êtres qu'ils sentent en souffrance. La Plume qui jouait avec Biscotte, à son arrivée, voici 2 mois, ne sait quoi faire pour la réconforter. Toute penaude, elle vient régulièrement près d'elle et la renifle, lui prodiguant de douces paroles. Parfois, en entendant ses pleurs, elle reste interdite et la regarde d'un air malheureux et suppliant.
Je m'approche de Biscotte et la caresse. Sa maigreur me fait frémir. Je ne l'avais pas trouvée si maigre hier quand je l'avais remise sur son coussin, près du radiateur, alors qu'elle était perdue au milieu de la pièce. Elle a encore dépérit depuis hier.
Une dernière concertation pour Biscotte. On la récupère ou pas ? Et sinon, on la met où ? Il pleut, la terre est meuble. Mais il fait froid.
Dans le jardin où elle aime aller, auprès des autres. Dans la glaise.
Le Patou a de la peine. La ponette aussi. Trouver une place parmi les siens où je mettrai mes pokémons* (penstemon) mais je ne me souviens jamais de ce nom alors, pokemeon c'est très bien !
et mes anémones pour égayer son coin. A l'ombre du pommier, elle restera pour l'éternité.
13 h, repas vite avalé, quand rien ne peut passer. Je me prépare, on n'est jamais vraiment totalement prêt.
14 h un rayon de soleil traverse les nuages. J'aperçois au dessus un peu de ciel bleu. La pluie a cessé.
Le ciel pour elle a entr'ouvert sa porte. Il n'y a plus qu'à la pousser. Un tout petit peu, encore.
Une dernière caresse, un mot gentil, bientôt, tu ne souffriras plus. Bientôt, par ce passage étroit que tu entre vois là haut, il y aura parmi les astres, un nouveau chat.
15h 40 Le liquide létale a fini son effet. Ta pupille dilatée se fixe sur l'éternité. Adieu, tout est fini.
Nous avions avec toi, parcouru un long chemin pavé d'embuches.
Tu te souviens quand tu pissais après les brayes du vieil empereur qui était ton copain ?
Tu te souviens quand tu as mordu le Patou qui ne pouvait s'empêcher de te déranger dans ton repos ?
On venait juste de t'enlever ton oreille malade et tu souffrais. Lui pour te manifester son affection, te caressait. Ne comprendrons nous jamais la souffrance quand elle ne se manifeste pas par des plaintes et des gémissements ?
Tes derniers jours ne furent pas pavés de douceur. Percluse de douleur, tu ne savais comment te comporter. Alors prise de panique, tu te mettais à miauler si fort que la petite Plume ne savait plus où passer. Quand on t'a récupérée dans ce lavoir boueux où tu avais sauté, on a compris qu'il ne fallait pas continuer.Tu tremblais si fort, et tu hurlais, comme une bête à l'agonie, traqué par par son prédateur. Les tiens s'appelaient "angoisse, douleur, et peur panique. Pressentiments ?
Ne m'en veux pas Biscotte, la décision si dure soit elle, ne pouvait plus se discuter, ne pouvait plus se différer.
Alors adieu, repose enfin en paix.
Dans le ciel redevenu presque serein, le soleil éclaire désormais tes lendemains.