Bonne soirée.

 Maintenant que j'ai raconté mon histoire de robot en long en large et en travers, je n'ai plus rien pour finir l'année, c'est ballot ! Qu'est ce que je vais bien pouvoir dénicher ? C'est un peu ce que je me suis dit ce matin quand je me suis levée. Il n'était pas tard, sur le coup des huit heure moins dix. Alors j'ai jeté un oeil par la fenêtre en ouvrant grand mes volets. Le soleil commençait à monter, signe que tout doucement les jours rallongent. L'horizon, vers l'est,  était rosé mais pas assez pour une belle photo. Alors je n'en n'ai pas prise. J'ai déjeuné tranquillement d'un mauvais pain et de lourdes tartines. Pris ma douche, et en avant la musique, j'ai sauté dans mon carrosse et suis aller chercher des victuailles. Comme de bien entendu, rien ne me convenait.  Si hier sur le coup des trois heures de l'aprés midi, il était impossible de circuler sans risquer une aile ou un bout de tôle froissée,  il était aussi pratiquement impossible de trouver une place de stationnement, j'en ai déduit qui' était tout autant  impossible d'approcher un rayon de quelque nourriture et l'opération robot dans un magasin quasi vide, terminée, j'ai remis à ce matin l'opération gastronomique. où il en était tout autrement. Personne de bonne heure ce matin, surprise de circuler aussi facilement et de ne pas être bousculée nulle part. Seulement voilà, ceux d'hier avaient probablement tout raflé, rien d'engageant ! Si bien qu'aujourd'hui, on va terminer en même temps que cette année débile, les restes et puisque demain en est une autre, on recommencera par en faire des nouveaux.

Mes petits sont partis tous les deux festoyer ailleurs, nous on reste comme deux pauvres vieille guenilles qu'on est devenus, avec les chats qui eux s'en foutent et même n'y connaissent rien.


Il a fait beau aujourd'hui, j'ai mis une lessive à sécher. Il y avait du vent, ça l'a au moins égouttée. 

Je voulais aller marcher, mais mon grand m'a dit qu'il n'avait pas de chaussure pour randonner dans des chemins creux et boueux, il m'a suggéré un jeu de société à la place et j'ai accepté. Pendant qu'il prenait sa douche, j'ai fait une galette pour demain et on a joué . 

L'heure à tourné. Ma soeur m'a appelé, j'en ai appelé une autre, j'ai eu des nouvelles des miens. On a pensé à Nat, mais on n'a pas prononcé son nom. Comme si déjà il s'éloignait. Pourtant il ne nous a jamais autant semblé si proche. La peur de relancer de terribles sensations et de creuser plus profond le sillon dans lequel elle dort. Et puis, en pensant à elle j'ai pensé aux siens. Je me suis dit que les autres fois, ce n'était pas pareil et que ce ne serait plus jamais comme avant. 

Je n'ai pas fait la rétrospective de l'année, j'ai pas eu grand chose de bon a rassembler. Pour moi, demain sera la suite d'aujourd'hui et la veille d'aprés demain. un jour qui pousse l'autre de peur qu'il ne puisse avancer.  Je n'attends rien. Je ne pense pas avoir du mieux l'an prochain. Une suite d'épreuves et d'évènements qui vont s'imbriquer et s'enchainer à une allure que je ne vais pas maitriser. Alors je m'adapterai. 

Il y a tout juste 23 ans, une terrible tempête s'abattait sur la campagne nous privant de chauffage et d'électricité. Cela  fut l'occasion de voir se déployer de formidables élans de solidarité. Aujourd'hui, il y a du vent, mais il n'est pas encore trop violent. Les choses ont changées. On nous dit encore qu'on va devoir se serrer la ceinture, se priver de lumière ( comme si ce n'était pas déjà fait !) moins se chauffer. La tempête qui se lève porte un autre nom, elle est clairement identifiée. Dure à combattre, redoutable pour les pauvres gens plus que pour les autres, impitoyable et traitre, qui donc pourra l'arrêter ?  

A tous je souhaite une bonne soirée.

Jour du lendemain du jour J

 Hé les amis, j'espère que vous allez tous bien et que Noël s'est bien passé. Avez vous été gâtés au moins ? Comme vous le méritez. 

Peut être viendrez vous nous en dire un petit peu de ce bonheur d'être ensemble et de pouvoir en profiter. 

Comme vous pouvez vous en douter, je n'ai pas été en reste non plus. D'accord la semaine depuis lundi dernier a été mouvementée, mais c'est bien un peu de ma faute, j'avais tardé à m'occuper des choses essentielles. Et puis chez moi, ça change souvent, si bien que même ce qui était prévu et organisé s'est bizarrement transformé en pataugeoire monumentale. Même le foie gras que je réussi assez bien d'habitude, était foiré, c'est dire !

Bon j'ai des excuses aussi. Depuis novembre, j'ai quand même enchainé pas mal de trucs. Pour finir avec une grosse toux bien fatigante (j'ai même pensé avoir la chose, mais test effectué, ce n'était pas ça). Mais enfin cela suivait quand même une bonne gastro précédée elle même d'un bon rhume bien carabiné. Allez donc préparer des moments festifs avec tout ça ! 

J'ai réussi quand même à faire plaisir à mes petits qui me l'ont bien rendu, ce qui fait que j'ai été gâtée

moi aussi.  Et ce malgré tous les malgré.

 

Le repas commencé la veille au soir, composé de fruits de mer, d'un gratin de potiron, suivi d'une buche glacée (je n'ai pas failli récupérer ma buche, commandée à la boulangerie) J'avais moi même porté la fiche de réservation mais quand je suis venue récupérer la commande, elle avait disparue. Puis hier matin coup de téléphone à 12 h30, juste avant la fermeture de 13 h :   "Votre commande est toujours là, quand venez vous la récupérer ? " Réponse, je suis déjà venue hier ! Sentant probablement l'amabilité du propos, se profiler  sous ma réponse, la conversation à l'autre bout à pris une autre tournure : du style, "Ah bon, excusez nous, bonne journée !".  

Encore heureux ! 

 Sinon décevante la buche, pas de la qualité à valoir le prix  que je l'ai payée. 

Bref.

La mamie, malade avec une grosse bronchite suite à son vaccin, depuis une 15zaine de jours, a pu être avec nous quand même, ce qui fait que notre petit cercle était complet.



La Plume a joué à son jeu préféré avec sa partenaire préférée.
Petit lion, à chat perché,

Son copain Flocon à cache cache bâton, chaton

La Firette, trés malade, s'est tout de même régalée de bonnes rillettes d'oies, 



le Patou a eu des chaussures neuves, de jolis livres et des choses qu'il ne faut pas trop en manger (pas des chocolats, mais des assortiments de fruits secs, mais comme il les aime moins, il en mangera pas tout le temps !)


Les enfants, au delà de leurs espérances, et moi, des bouquins de quoi m'occuper un moment, et des musiques à écouter dans ma voiture pour de longs trajets. Ce fut presque parfait.  Sauf que la carbonade s'est transformée en bourguignon classique, le gratin dauphinois en pommes de terre au four, la salade d'endives magrets, (je vous l'ai dit malgré tout les malgré !) fruits d'automne en rillettes,  pâté, foie gras raté, et le dessert en reste de bûche glacée demie bonne et de piètre qualité.

Pour finir la journée,  et profiter au maximum d'être ensemble, j'avais acheté un jeu de société,  (jeu de la scolarité, ça s'appelle), que nous avons expérimenté en mangeant des chocolats, nul comme jeu ! quant aux chocolats, bof, ça avait beau être des Lindt, Rodolphe n'est plus ce qu'il était, il vieilli mal !

 Le tout  en écoutant 




Voilà.

J'ai pensé à tous ceux qui me manquaient, que j'aurais aimé avoir prés de moi. Pleuré, en évoquant leur mémoire, me suis dit que ce serait comme ça désormais et que si les choses pouvaient au moins se ralentir et s'étaler le plus possible dans le temps, cela ne me permettrait au moins de souffler un peu, à moins que le prochain  maillon faible de la chaine inévitable, ce soit moi, mais le plus tard possible, on n'est pas pressé, hein, même si personne n'en liera les vaches par la queue,  et que le soleil continuera de se lever quand même.



A tous, une excellente journée.

La cabane au fond de la prairie

Mais non !

Je ne vous demande pas un devoir sur « Vacances romaines » !
Surtout au moment des vanaces de Noël.
Néanmoins, si vous aviez quelque chose à dire sur cette toile de Joseph Lorusso, ça me plairait de le savoir lundi.
Le mieux de votre récit serait évidemment qu’il finît par « Couple, adieu, je vais voir l’ombre que tu devins. »

Encore elle ! la Juju, avec sa trotinette ? Y en a marre on ne voit plus qu'elle trainer par les rues jusque par nos charires*. Et ça nous fait pas rire. Parce que ce qu'elle convoite, c'est pas tant un cavalier pour l'hiver,  bon là elle se sert de son nouvel apôtre car elle s'est faite sucrer son permis motocyclette, alors c'est lui maintenant, qui la trimbale. Non, elle, ce qu'elle veut, c'est la cabane au fond de la prairie.   Cette cabane où jadis de beaux troupeaux de moutons tout habillés de laine, paissaient tranquillement en attendant l'hiver. Faite de rondins de bois et de planches à volige, elle abritait tantôt de la pluie et de l'orage, tantôt des grosses chaleurs, et quand la neige la recouvrait enfin, elle permettait aux oiseaux de trouver un refuge. Cette cabane, je l'ai construite de mes mains pour ne plus avoir à descendre au fond du village remiser mes agneaux. Ici ils étaient bien, ne manquant ni d'herbe ni d'eau. les brebis tout à leurs soins, les laissaient courir et jouer dans cet espace verdoyant, à leur guise, sans avoir à se soucier des mauvaises gens et de leur non moins mauvais chiens. Et moi, j'étais tranquille, prenant mon repos à la fin de journée, car je savais bien qu'ici, il ne se passait rien qui puisse inquiéter. mais là quand je vois l'autre, là tourner avec  sa vespa, je me mets en  rage. 

D'accord, il fut un temps où je n'aurais pas dit non à ses avances. D'ailleurs j'ai bien tenté la bagatelle avec elle. mais j'ai vite compris son intérêt suprême, car en plus de la chose, elle voulait le domaine, garni, bien sûr. Alors adieu veaux, vaches, moutons, cochons, poules et autres couvées. Du reste, elle m'a tout fait liquider. Ne me reste que cette cabane. Alors je vais y monter d'un saut et voilà ce que je vais leur dire :

« Couple, adieu, je vais voir l’ombre que tu devins. »

* les charires ce sont les espaces communs dans les petits hameaux. 



Mirage

 

 J’aime la façon dont Mark Keller use pour nous faire comprendre que les choses ne se passent pas toujours comme prévu…
Mais vous ?
Que pensez-vous qu’il nous dise là ?
On en saura peut-être plus lundi.
Du moins je l’espère…

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- La dernière fois que je l'ai vue, elle était assise à cette table. Le dos tourné, elle faisait face à l'entrée. Elle buvait son café à petites gorgées. Elle ne me voyait pas mais elle m'entendit. Je m'assis prés d'elle. Doucement elle posa sa tasse et sans me regarder, me dit "Je ne suis pas morte, tu sais, je suis avec toi, je serai toujours là, prés de toi. " Je savais que ce n'était pas vrai. Pourtant je l'ai cru. Cela m'a apaisé. 

Quand je lève les yeux, elle est là et me regarde de son regard si doux. Alors je prends ma guitare et je joue pour elle. Elle aimait ma voix. Souvent le soir quand tombe la fraicheur et qu'elle me disait : "viens, il commence à faire froid", je passais mon bras autour de sa taille et doucement nous franchissions le seuil de la maison prés de la mer.  Par la fenêtre nous pouvions voir le soleil décliner sur l'horizon. Au moment où délicatement il plongeait dans la mer, nous nous asseyons prés de la cheminée et elle fredonnait ce refrain qui parlait d'un bateau perdu en mer et d'où aucun marin ne reparu jamais. Engloutis au creux des flots tumultueux et profonds. Je lui prenais la main et la serrais bien fort sur ma poitrine. 

" Chante me disait elle, chante pour eux et pour toutes celles qui font fondre leurs yeux. " Alors je prenais ma guitare et je jouais prés d'elle jusqu'à ce qu'elle s'endorme enfin rassurée. Je restais là et je la regardais. Parfois le jour nous surprenait, enlacés. Un autre matin s'avançait. 

 Au loin, poussées par la marée, des chalutiers rentraient. Dans le ciel qui s'éclaircissait, les mouettes faisaient leur ballet. Sur la vague glissait lentement le reflet d'une femme dessinée par le levant qui jouait avec les nuages,  et moi... 

Et moi, c'est une autre que j'apercevais. 

- C'est un mirage que tu voyais, viens, il se fait tard,  il faut rentrer à présent. Les autres vont s'inquiéter.

Desespoir

 J’avais évidemment repéré quelques toiles représentant des jeunes femmes vêtues de peau pâle, réchauffées de cheveux roux et au visage délicat rafraîchi par le bleu et le vert d’eaux océaniques.
Mais je me suis dit « Bon, les unes vont encore pester « encore des rousses ! Mais qu’il en drague une et nous fiche la paix ! » alors je laisse tomber… »
J’ai trouvé quelque chose qui, à défaut de convenir à toutes et tous, semble plus adapté à ce que je ressens parfois.
C’est un « devoir d’égoïste » en somme…
Si cette peinture vous donne quelque chose à raconter, je vous en prie.
Laissez aller votre imagination.
J’espère que nous nous lirons les uns les autres avec plaisir.
Alors à lundi…

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 Cet homme si pensif, si désabusé me fait penser à mon père. D'ailleurs cette nuit, il était là, enfin pas tout à fait. Mais le sujet de mon rêve m'a évidemment conduit vers lui. 

Nous étions dans les années 70 et ces années n'étaient pas fastes pour lui. Ni pour nous non plus. De quoi être bien pensif. Bien désabusé  et bien triste aussi. 

 En effet, depuis quelques temps un nouveau fléau pire que la peste, la fièvre aphteuse, la tuberculose et le choléra s'abattait sur nos campagnes.  Il fallait en ce temps là satisfaire aux injonctions de la PAC  ( politique commune agricole) décidée on ne sait où  dans quel salon, mais pas celui des agriculteurs. Pour cela il fallait des terres, beaucoup de terre. Il fallait aussi moins de paysans, beaucoup moins de paysans. Alors dans nos pays de montagne, on fit un peu de ménage. Faire disparaitre des dizaines de petites exploitations familiales  devint l’obsession  des chambres d'agriculture et des gouvernants qui à coup de règlement réglementant, de subventions subventionnant firent pression sur les communes afin qu'elle remembrent les moindres parcelles de pré, champs, bois et guérets, même les chemins ne purent y échapper.

 C'est ainsi  que la ferme de mon père, agrandie pièce à pièce par ses parents, avant eux leurs parents et ce de génération en génération, fut démembrée. On dû se séparer de bonnes terres au profit de plus gros exploitants et recevoir en échange des  terrains marécageux,  où nos bêtes pâturaient difficilement. Certains de nos champs se transformèrent en sapinières éloignées et difficiles d'accés. Le chemin  reliant la ferme aux prés les plus proches se vit obstrué par la glaise retirée des tranchées délimitant les propriétés. D'autres empierrés, furent annexés nà des terres adjacentes, quand au bout il manquait quelques mètres carrés.

Mon père  se demmena pour défendre sa cause. Il monta un dossier, prit un avocat pour  la plaider. Mais rien n'y fit. Les tribunaux restèrent sourds à sa requête. Enfin pas tout à fait. Car comme souvent, en pareil cas, le verdict rendu aggrava encore la situation. 

Le pauvre homme ne savait plus à qui s'adresser. Si bien qu'il en garda une profonde blessure. C'est à cela qu'il pensait et affichait cette mine désespérée.

Drôle de signe

 Je croyais, ce matin, qu'aujourd'hui serait une belle journée, voilà que je me suis trompée. Depuis deux jours mes tapis de salle de bain trempent dehors sur le fil à écarter le linge. Je ne suis même pas allée voir dans quel état ils se trouvent. 

Aujourd'hui, je vais donc devoir occuper mon temps autrement que par une belle balade bien colorée. Le gris, même avec ses nuances, ça suffit !  

Je pense faire un peu de généalogie. Je vais profiter d'un nouveau clin d'oeil envoyé par le destin ? Les coïncidences ? Le hasard ?  Généanet, en tout cas. Qui par une alerte, m'avertit ce matin, que des  nouveaux ancêtres ont été trouvés.

Antoine MOSNIER
Conjoint : Marie MONTMORI

Quel signe nous a placé il y a peu devant cette tombe,


où aboutissait un long cortège et d'où partait un long chemin de fleurs ? Quel hasard  a fait qu'un descendant d'un homonyme ? De celui-ci ?  m'ait contactée il y a deux ans à peu prés. Je n'avais pas fait de recherche sur la branche en question, croyant à une branche plus éloignée côté maternel. Mais aujourd'hui, les recherches effectuées par cette même personne, aboutissent à cette tombe qui se trouve  être celle  de sa propre grand mère,  soeur de ma grand mère paternelle. Ben ça alors ! 

 

Dans la neige de février.

Ça faisait longtemps que je ne vous avais pas proposé de raconter une histoire.
Cette toile de John Salminen, peintre que j’aime car il me paraît parcourir Paris avec le même regard que Modiano me dit qu’il est temps qu’un véritable hiver arrive.
Et vous ?
Comment verriez vous cet hiver qui pousse la dame à pousser la neige dans le caniveau ?
À lundi j’espère…
davoir de Lakevio du Goût_143.png

 

Il y a tant de neige, que ce n'est pas certain que je puisse sortir d'ici où les routes ne sont même pas déneigées. Même les nationales... le service de l'équipement a bien perdu des plumes ces dernières décennies. Mais il faut faire des économies, n'est ce pas ? ....

Alors, je vais vous écrire, et même vous décrire cette neige par qui tout peut arriver. Le bon comme le mauvais.

Le bon, c'est la main chaude de maman, dans la tempête, qui nous accompagnait sur le chemin de l'école et qui arrivés à la Pinatelle, nous serrait plus fort encore, joignant le pas à la voix qui nous disait, "on rebrousse chemin, les congères sont trop épaisses, on ne peut pas passer."

C'est le raclement de la pelle que papa actionnait pour faire la trace de la maison à l'étable et de l'étable au bac, pour soigner les bêtes et pour les abreuver.




Le mauvais, c'est cette route rude qui me conduisait au pensionnat, ce 9 février 1965, alors que moins que jamais je  voulais y retourner.

 Le mauvais c'est encore ces interminables hivers avec toutes leurs corvées. Se ravitailler. Se chauffer. Faire les devoirs à la bougie parce que l'électricité était coupée. Se faire punir le lendemain par la maitresse, parce que des fautes s'étaient glissées. Laver et rincer  le linge aprés avoir cassé la glace sur la serve gelée, galérer pour le sécher  devant la cheminée où un mauvais bois brulait. Avoir froid. Etre malade. Braver la tempête pour aller à l'école, avoir les pieds mouillés et les garder toute la journée.  Se recroqueviller au fond d'un lit glacé... que même les briques chauffées dans le four de la cuisinière ne parvenaient pas à réchauffer.

 Peut être ne suis je pas pressée de voir l'hiver arriver. Pas plus que je n'étais pressée de voir tous ceux qui ont défilé depuis de bien nombreuses années. Lui et moi sommes fâchés. Irrémédiablement fâchés. Définitivement fâchés. 

Même si, se faisant plus rares de nos jours, je reconnais que les paysages enneigés ont quelques attraits et que j'éprouve un plaisir certain à marcher dans la neige, à l'entendre crisser sous mes pieds, faire des photos et même arriver à les trouver belles, magiques aussi, féeriques parfois.

Et puis il y a ces Noël, les yeux émerveillés des petits et même parfois des grands aussi, devant les choses que l'ont fait par plaisir et qui n'ont rien à voir avec celles faites par devoir et par nécessité.

Les hivers de mon enfance n'avaient rien de magiques, pourtant, certains sont émaillés de tendres souvenirs, comme justement ces cadeaux, les seuls qu'on recevait, bien posés sur nos petits sabots. D'autres s'inscrivent dans le grand livre, comme ce long mois de février 1956, où tant de personnes ont trouvé l'oubli. Où ma toute première petite soeur a frôlé la mort à causse d'une grave pneumonie. 

D'autres encore, dans un plus petit, comme celui digne d'un conte d'Henri Pourrat et que je vais vous raconter.

 Nous étions donc en 1965. Ma dernière  petite soeur venait de voir le jour. Je viens de vous raconter avec quelle tristesse je suis repartie de la maison, papa à mes côtés.

Quand je revins une quinzaine de jours aprés, elle avait déjà changé. Elle commençait à s’intéresser à ceux qui l'entouraient. Pas au point cependant de réaliser tout ce qui autour d'elle, se passait.  En tout cas pas à cette histoire  de boeufs, même si plus tard, elle afficha la même passion que moi pour tous les bovidés. 

Dans la semaine, donc, notre voisine, la Francine devait  se faire livrer une nouvelle paire de boeufs. De beaux Aubrac, au poil cuivré charbonné, les yeux bien maquillés, leurs jolies cornes en forme de lyre, recourbées vers l'arrière. 

De bien belles bêtes déjà dressées pour le trait.

Seulement, voilà, ce jour là il neigeait. Une bonne couche de neige déjà recouvrait cette campagne d'Auvergne, où il ne faisait pas bien bon circuler. 

Le maquignon venant de Sauxillanges, par la route de Condat les Montboissiers, avait négligé de se renseigner sur l'état de la chaussée. Et tout pressé de faire rentrer des sous dans son porte monnaie, avait prestement chargé les boeufs dans son camion, en se disant que s'il tardait à les livrer, ils allaient manger du foin et que ça allait encore lui coûter !

Jusqu'au chemin de Lossedat, la route était encore dégagée, le chasse neige était passé depuis le matin, mais il ne fallait pas trop s'attarder. 

 C'est arrivé à ce chemin que les choses se sont dégradées. Impossible de circuler, le passage était bouché. Complètement bouché. Il fallait décharger les boeufs et continuer à pied. Ceux ci les yeux bandés, suivaient dans la neige, au son de la voix qui les guidait. Cela se passa avec quelques coups de trique pour les faire avancer plus vite, si bien qu'arrivés à destination, quand on leur enleva le bandeau des yeux et que la neige les aveugla, quand sous les coups on voulu les faire entrer dans cet étable inconnu, tout bascula. 

Affolés par les cris de ces gens dont ils ne connaissaient ni l'odeur ni la voix, il y avait là : la Francine, son homme le Lucien, la Popo et le Roger, ses enfants et le maquignon, les boeufs virent rouge. 

L'un d'eux se cabra et s'enfuit à travers bois, tandis que l'autre décampa plus prestement encore. La Francine envoya son trop de Lucien avec le marchant de bestiaux, courir aprés le premier, pendant que ce trop de Roger, allait quérir le Jean au fond du village, afin qu'ils vienne en renfort camper le deuxième.  Et c'est ainsi que tous les trois, le Jean, la Francine et le Roger, vécurent une nuit bien mouvementée, qui allait alimenter les conversations pendant quelques mois, et à la manière de Gaspar des montagnes, faire la "Une" de l'actualité, la presse ayant largement relaté l'évènement.

Les voilà donc partis à la reconquête de bison futé. Courant dans la neige, bravant la tempête et le froid (on se réchauffe comme on peut) ils gagnèrent vite l'orée du bois de la Modière sur les hauteurs de la commune, pendant qu'à une dizaine de kilomètres de là, le maquignon et ce trop de Lucien avaient réussi la capture du premier fuyard, l'ayant maitrisé sans trop de difficultés. 

Le second boeuf quant à lui continuait son périple et devenait enragé. 

Piétinant la neige, il chargeait déjà. Promptement,  le Jean avisa un sapin tout proche, dont il  agrippa les basses branches sur les quelles il se hissa, invitant ses compagnons d'infortune à l'imiter. Si le Roger, sous l'effet de la frayeur trouva à s'y réfugier, il n'en fut pas de même pour la pauvre  Francine moins leste à cause de son grand âge et de ses cotillons un peu plus encombrants et chargés de neige gelée.

Le boeuf chargeait dangereusement à présent. Le Jean exhortait toujours la Francine en patois "t'i fara be monta,  se, ce vole pas !" ("il t'y fera bien monter, lui, si tu veux pas" ! - et pardon pour l'orthographe, car si je parle quelques mots de patois, et en comprends certains, je ne sais pas les écrire-)  et sur ce,  depuis son perchoir, il saisit la Francine par la main et l'aida à se mettre hors de porté de l'animal. 

"A l'aide, au secours", entendit l'Antoine, mon oncle de Parel, qui  sous le coup des 5 heure du soir faisait boire ses vaches au bac du village. Heureusement, il n'était pas sourd, et je peux vous dire que pour entendre depuis Parel, ce qui se passe à la Modière, même  en étant pas bien loin, il ne faut pas l'être !

 Redescendant chez lui, il prévint l'Anna, ma tante, qu'il partait à la Modière, d'où venaient des cris de détresse,   que peut il donc bien s'y passer" ? 

 L'Anna, compatissante se fit beaucoup de soucis. Le Jean, le Roger et la Francine  criaient encore et le boeuf chargeait toujours. 

Arrivé sur place, l'Antoine découvrant la scène resta interloqué  " Ma boun diou dô miladiou !" s'écria -t-il  avant de s'en revenir au village où il lia la Charmante et la Marquise, puis aprés en avoir avisé l'Anna, repartir avec son attelage dans l'intention d'amadouer la bête. 

Mais que néni, le boeuf indifférent aux belles Salers, chargeait toujours !

 L'Antoine revint chez lui, délia les vaches qui ne comprenant rien à l'affaire, furent soulagées de regagner leur crèche. 

L' Anna prépara du café, beaucoup de café, chargea une musette de pain, fromages et saucissons sur le dos de l'Antoine, et décrocha le téléphone, pour aviser les secours, dont le boucher d'Echandelys, qui possédait un troupeau de génisses, lequel dépêcha le Lexis son commis,  au secours des naufragés de la forêt.

Le boeuf chargeait toujours et ne fut pas plus sensible au charme des jeunes vaches du Lexis qu'il ne l'avait été  à celui des vieilles  du Toine. La nuit s'avançait, noire et froide, elle pesait lourd, à présent, sur les épaules du Jean, du Roger et de la Francine, mais laissait le boeuf fou, indifférent.

Il fallait aviser pour en finir rapidement avec cette folle histoire. Alors que ceux de la commune s'agglutinaient dangereusement aux alentours de la Modière, on fit  appel à la gendarmerie. Les gendarmes  venus de Saint Germain, durent se frayer un passage parmi cette foule  que la neige n'avait pas découragés. Le maquignon accouru depuis la capture du premier protagoniste ne faisait pas tout à fait le fier lorsque la marrée chaussée déclara son intention de tirer sur le fauve. "Ne tirez pas, ne tirez pas, il est doux comme un agneau !" s'exclama-t-il s'interposant entre le gendarme et l'animal. 

C'est alors que le père Faure des Deux Frères, hameau situé quelques kilomètres plus haut,  s'avança avec son tracteur, tous feux allumés et éblouit la bête.

La manoeuvre s'avéra efficace.

En effet, personne n'avait vu d'agneau aussi doux !

Au petit matin, quand monte la brume des vallées, que les étoiles (mais il n'y en avait pas) s'éteignent une à une, que le loup se jette sur la petite chèvre... il n'y en avait pas non plus, le boeuf capitula. 

Les villageois rentrèrent à l'étable avec leurs vaches. le Jean, le Roger, la Francine, les gendarmes, et les autres se réfugièrent chez l'Antoine où les attendait l'Anna qui leur paya le jambon, le saucisson, le fromage, le vin, le café et la goutte. Et les choses rentrèrent dans l'ordre. Le maquignon remballa son agneau si doux, le père Faure repartit avec son tracteur et  comme disent ici les Auvergnats, "bari bara le conte e tsaba !" ("bari bara, le conte est fini"). 

Cette histoire je l'ai déjà racontée d'autres fois, cela fait 57 ans de ça et je ne l'ai pas oubliée. 

N'ayant pas été témoin de la scène, maman me l'a racontée par le menu. Elle fut relayée dans la presse locale, "la Montagne",  ma tante, elle,  ne m'en a jamais parlé. La modestie des gens d'ici qui les fait agir plutôt que dire. 

Quant à l'hiver qui pousse la dame à pousser la neige dans le caniveau, j'en pense qu'avec l'accoutrement quelle a, il n'y aura pas que de la neige  dans le caniveau.

Elle ne semble pas mieux équipée que les agents des  services de l'état chargés de l'entretient du réseau routier.

En attendant lundi.

 Je ne vais pas me lancer dans des extravagances ce WE. Je ne vais pas aller dire bonjour à Belle Maman, je n'en ai ni la force ni le mental, son fils vient de s'y rendre. Il rapportera les derniers potins en même temps que des oeufs, des pommes de terre,  peut être des champignons, ils doivent pousser encore, il fait doux et humide et c'est la bonne lune pour les bolets.

Par contre je serais bien allée me promener, faire des photos, admirer les belles couleurs de l'automne, profiter d'un décor familier qui n'est pas celui que je voudrai. Mais comme c'est ça ou rien, je vais chausser mes brodequins, mes batons de randonnée et je vous retrouve tout à l'heure, aprés avoir oeuvré.

Quelques heures plus tard...

Nous sommes rentrés en même temps. Au croisement du chemin de chez nous, il y avait Jean Edouard entrain de compter ses moutons ? Ceux ci sans doute égarés, sortis du pré où ils étaient parqués.



J'ai eu le soleil en partant tout à l'heure. Mais il n'est pas resté longtemps. Quand j'ai traversé le pont, il bruinait. Un défilé de motards perturbait la circulation. J'ai attendu longtemps. Me suis faite engueuler par un jeune con parce que lorsque la circulation a repris, j'étais sous ses pieds et qu'il devait être pressé. Fais gaffe quand même trouduc, parfois la mort n'attend pas. C'est bête, hein !

Arrivée à la destination que je m'étais fixée, celle du pays des vaches ma sacrées, je les vis tout en bas dans le marais. Celui que le monsieur le maire entend leur laisser,  dans sa grande générosité. 

Pour l'instant, elles ont encore le droit de paturer les bonnes terres, mais cela ne vas pas durer.

Les clôtures sont faites désormais et bien délimitées les zones autorisées au pâturage de celle qu'il se réserve pour son jardin potager. 

 

D'ailleurs renseignements pris auprés de sources sûres, la communauté d'agglo chargée du projet a dédaigné la proposition de la commune voisine de mettre à sa disposition des terrains qu'elle possède et dont elle ne fait rien de particulier. Cela dit en passant. 

Malgré le temps assez bas, l'absence de couleurs vives et prononcées, j'ai quand même fait quelques clichés. J'ai même pu profiter d'un beau coucher de soleil, malheureusement, il ne rend pas aussi bien sur les photos que ce qu'il était en vrai.




Se relever

 Une semaine déjà.  Il pleuvait. Les larmes de ceux qui étaient se mêlaient à celles de ceux qui n'étaient plus. Comme si, partageant notre peine, le ciel nous les déversait. Je le signalais lors de l'éloge qu'au nom des miens je lui ai fait. Beaucoup de monde l'accompagnait. Mais seul, chacun l'était.  

 

Je projetais de revenir bientôt en Auvergne, aprés notre séjour lors des vacances de ma Ponette, celle ci ayant une formation professionnelle à Clermont dans la foulée, cela nous fit une petite quinzaine au pays. Mais pour moi, insatiable quand il s'agit de profiter de mes racines, cela faisait trop court. La pénurie d’essence  accablait la région Auvergne Rhone Alpes, nous avions, donc dû limiter nos sorties. mais nous avions pu profiter de belles rencontres en famille. Nathalie  fut la première à bénéficier de notre visite. La dernière aussi, puisqu'aprés nous avons repris la route dans l'autre sens. Nous n'avions pris qu'un seul véhicule, le lendemain, la Ponette retravaillait, il fallait rentrer. 

Il faisait beau, le soleil était chaud encore. Je me disais je repars dans les tout prochains jours et comme la crise s'estompe, je vais en profiter pour faire ce que je n'ai pas fait. En particulier fleurir les tombes de nos parents, faire des photos. La revoir encore une fois. Mais je savais que ce serait sans doute une des dernières. Confusément je le présentais. Son état s'aggravait et empirait vitesse grand V.

Je me préparais donc pour cette nouvelle escapade, qui n'allait plus tarder. .. Un coup de fil plus tard, les dispositions avaient changé. Je ne reverrai pas Nathalie.

Celle que je revis n'avait rien de commun avec la mienne.  Certains m'ont dit qu'elle était belle ? Non. Elle n'était pas belle. La mort enlève toute beauté. Elle n'était même plus humaine. Elle était apaisée. Soulagée du mal qui depuis 10 longues années, mais bien trop brèves sous un autre aspect, la rongeait. Bien trop longue pour sa souffrance, mais si courte pour ces petits et grands bonheurs que la vie sait aussi dispenser. En particulier la naissance de ses petits qui lui donnèrent tant de joie, de bonheur et de satisfaction à les garder de temps en temps, quand le répit le lui permettait. Du répit, elle en eut bien durant ces 10 années. Mais si peu. Ses derniers jours furent si ... douloureux. Agités. Perturbés. Absence de soins adaptés. Absence de  ceux qui l'aimaient et aussi de ceux qu'elle aimait, puisqu'il ne fallait pas la déranger sur le lit d'hôpital  où on l'avait posée. Sans même pouvoir la soulager.  Et quelle douleur pour sa fille avec qui au moins 3 ou 4 fois par jour, elle communiquait. Comme celle de son compagnon. L'absence est si lourde à porter.

Je sais leur peine immense. La mienne aussi lourd  qu'elle puisse peser, n'est rien à côté.  

Jusqu'au regard de son chien, que je n'oublierai jamais. Bien plus expressif sans les mots que la nature réserve aux humains.

 J'ai repensé aux yeux de Pyram ce bon vieux chien qui n'a jamais voulu vivre ailleurs que chez lui aprés le départ de son ultime maitresse. A Youki qui s'en vint mourir sur la tombe de son maitre, aprés être tous les jours durant trois mois  aller le visiter.

Il ne faut négliger la souffrance de personne. 

C'est le coeur bien gros que nous sommes revenus, en se disant à bientôt, mais en sachant que l'absence pèserai encore plus lourd désormais.

 Le coeur gros de ce qu'on laisse derrière soit, de ceux qu'on laisse  pour toujours parfois, comme là, cette fois. 

Et encore une fois, à peine sortis de Clermont, sur la route qui monte tant  aprés le point de vue sur la ville et les montagnes éloignées, où les couleurs de l'automne s'étalaient de bronze doré en rouge carmin parsemés de vert encore bien prononcé, je n'avais qu'une hâte, celle où la fois prochaine  je reviendrais. 

L'Auvergne a tant d'attraits !




Des fonds givrés de nos vallées, jusqu'aux sommets enneigés, passant par les brumes effilochées tout au long du val d'Allier.







De retour chez nous, j'eus vite fait de retrouver ma Ponette bien aimée. Avec elle nous avons partagé  un repas tranquille avant de nous offrir une petite promenade au parc voisin et d'admirer les beautés de la nature bien colorée, le repas des cygnes, uniquement mus par le plaisir de se régaler de quelques gourmandises improvisées.


 

Toujours, comme à chaque fois, il faut se relever.

Je voulais aussi vous remercier encore de vos mots de réconfort. Posés ici, ailleurs, chez l'un ou l'autre, chez tous, chez chacun. Merci à Fabie d'avoir partagé et fait partager. Merci à Virevolte, déjà si durement, elle même éprouvée. Adrienne, Le Goût et sa douce Lumière de ses jours, Estérina, Ambre, Colette, Emma, Praline...pardon pour ceux et celles que j'ai oublié de citer. Je sais que vous êtres là et c'est important pour moi, comme pour ceux des miens qui viendront lire ici chacun des mots posés.

absence non programmée.

 Ne me cherchez pas, je suis ailleurs. Absente pour raisons graves.

Ces petites phrases qui nous emprisonnent.

Évidemment, cette toile de Thierry Duval me rappelle quelque chose.
Mais à vous ?
Rappelle-t-elle quelque chose qui commencerait par « La joie venait toujours après la peine ».
Et si en plus votre récit se clôt sur « Pendant quelques heures, nous posséderons le silence, sinon le repos. Enfin ! » ce sera parfait.
À vous de jouer !
À lundi.

Devoir de Lakevio du Goût_141.jpg


La joie venait toujours aprés la peine. Cela peut être déroutant, voir culpabilisant mais les peines même les plus grosses ne peuvent dispenser de quelques instants de bonheur parfois même de trés grands... La vie est ainsi faite. C'est ce que venait de me dire madame doc gynéco, alors que je sanglotais à gros bouillons en recevant la nouvelle de l'arrivée future d'une petite graine qui poussait déjà dans mes entrailles. Marchant le long des quais de la Seine, je pensais à mon père qui venait de nous quitter. Le printemps s'annonçait doux, nous étions fin mars et les arbres déjà avaient leurs premières feuilles. Comme la vie qui poussait en moi, ils renaissaient du long hiver qui les avait dépouillés de leurs attraits.  Moi j'étais triste. Il faut  dire que cette tristesse ne m'assaillait pas par hasard. Une certaine culpabilité en découlait que je ne parvenais pas à maitriser. Selon les anciens, qui le répétaient souvent quand une lumière s'éteint, une autre s'allume. Je pensais sans cesse à ce  moment où je l'entendis de la bouche de mon père. Mon grand père, son père à lui, venait de s'éteindre. 8 jours plus tôt une petite loupiote s'était allumée. Nous savions que le vieil homme allait bientôt partir.  Mon père nous répéta souvent que cette nouvelle lumière allumée dans la nuit, remplaçait celle qui venait de s'éteindre. C'est ainsi que ma petite soeur endossa le message et ne se vit qu'en remplaçante, toute sa vie, et encore aujourd'hui. Je me disais que moi, en choisissant de donner la vie, c'est la mort que je provoquais. Je ne parvenais pas à me défaire de cette idée. Plus le temps passait, plus je culpabilisais. Si bien que lorsque le grand jour arriva  de ma délivrance, en voyant cette petite être si fragile,  je crus lire en elle tant d'inquiétude, tant de souffrance, celle que malgré moi, je lui avais faite porter et je culpabilisais davantage encore. De ne pas être à la hauteur, de ne pas avoir consacré plus de temps à préparer sa venue, de l 'avoir  laissée seule et démunie pendant que dans mon ventre, elle grossissait, de ne pas l'avoir aimée plus  alors qu'en devenir, déjà elle ressentait le poids de tout ce qui l'entourait,  d'avoir fait peser sur elle une chose si lourde... J'étais LA mauvaise mère, celle par qui le malheur arrive et se perpétue. Celle qui, égoïste n'avait pensé qu'à sa peine et pas au bonheur nouveau d'être ensemble avec cette nouvelle personnalité. Que tout cela n'allait pas l'aider à grandir... et malgré moi je la surprotégeais, n'arrivant plus à m'en détacher, aggravant par là même le problème de fusionnalité. Car fusionnelles nous l'étions désormais. Longtemps aprés nous le sommes restées. Peut être même, sans doute, sans aucun doute, nous le sommes toujours.

Il m'arrive encore aujourd'hui de penser à tout cela et de me dire qu'au fond si les choses étaient ainsi, ce n'est pas le verre à moitié vide, qu'il faut voir mais au contraire, la fin étant inéluctable,  la naissance est l'éternel recommencement. Elle ne remplace pas l'absence, elle ne comble pas un vide, elle est la source du bonheur inépuisable, celui sans lequel on ne peut avancer. C'est le sens profond des paroles de mon père : la joie vient toujours aprés la peine.  Imprégnons nous en. Pendant quelques heures, nous posséderons le silence, sinon le repos. Enfin !

 

pom pom pom pomme

 Aujourd'hui je n'ai rien fait de beau. Depuis mon retour d'Auvergne, je ne songe qu'à y  retourner.

En attendant, depuis le début de la semaine j'ai essayé  de travailler des chataignes, pour les transformer en marrons glacés. L'essai n'est pas trés concluant je dois bien l'avouer ! et le résultat est loin d'être à la hauteur des efforts engagés.

Pendant qu'ils sèchent, je suis allée baguenauder dans un endroit où je sais trouver de la pomme d'origine. C'est à dire de vieilles variétés. Carrette , Paradis Carteau, Denise, Belle d'ici, Belle de là ou de là bas, Belle limousine, Belle-fille (Hollande de l’Indre), Calville rouge de Savignac, de Verneuil...

Chaque canton avait sa pomme, celle qui n'avait que le goût de son terroir, rien d'autre, différent sur chaque parcelle. Nos anciens n'ont pas attendu les écolos pour faire du bio et du local. Richesse inestimable de nos terroirs, on n'imagine pas la quantité de variétés que l'on pouvait trouver avant. Avant la golden si  délicieuse que des chercheurs on dû la croiser avec une autre variété à peine meilleure pour en faire un ersatz de fruit consommable par quelqu'un qui ne veut pas s’aseptiser. Pas besoin d'avoir le covid pour perdre le goût avec de telles besognes ! l'avantage étant qu'en les mangeant, on ne sait pas si on a chopé le virus, on peut donc l'oublier. C'est simple finalement pas besoin d'un vaccin à plusieurs doses, ni de  l' hydroxychloroquine du professeur Raoult, c'est Chirac qui avait raison, mangez des pommes !

Bref, comme le ramassage est autorisé, un peu comme dans le temps quand les glaneuses ramassaient les épis de blé oubliés, ou les grappilleurs les grains de raisins aprés les vendanges j'ai ramassé quelques fruits, de quoi me régaler, car ceux là sont fameux et non trafiqué. Comme ça je verrai bien si je souffre d'un simple rhume ou d'autre chose de plus dangereux. 

Tout cela me ramène évidemment à mon enfance quand avec mon père on ramassait nos pommes. Il aimait bien ses pommes, et lui aussi avait pris soin de diversifier son verger. Il y avait de la Carteau justement, avec sa joue rouge et l'autre jaune, il y avait la  reinette grise dont ma mère fabriquait de fameuses gelées, la reinette de Normandie, beaucoup de pommes à cidre, si amères qu'on ne pouvait pas les manger, mais par contre, quel bon cidre on fabriquait avec !

 Aller, vive les pommes !

Ma cueillette du jour fera de bonnes pompes aux pommes. Et nature, ce sera un pur régal !

 



































s.

26 octobre 13h05

 Juste un petit SMS à l'heure pile.

Je ne sais plus quoi vous raconter depuis le temps qu'on se connait, au risque de me répéter. Ce qui est sûr, c'est qu'il passe vite le temps. La semaine dernière, c'était l'Auvergne que je retrouvais pour quelques jours de liberté entravée. Entravée, car les difficultés d’approvisionnement en carburant, faute à qui vous savez surement.  (et je ne vise bien entendu pas les malheureux actionnaires et pédégés qui empochant 19 Milliard de bénéfices....  Ah ! ces salauds de grévistes et ces salauds de pauvres qui n'ont qu'une idée en tête em...millarder le riche, celui qui réussi, celui qui... non ! )

Bon, l'Auvergne c'était bien. Mais aujourd'hui, c'est bien aussi. Ma Ponette... vous le savez aussi... fête son anniversaire. Comme je vous ai déjà raconté pas mal de choses à ce sujet, je vais me contenter de peu. J'ai fais des cookies, des cookioches, des paquets cadeaux et maintenant  et bien je réfléchi. 

Quelle photo vais je choisir ? 

Celle là qui représente un endroit de notre coin d'Auvergne que nous aimons ? La Modière 28 octobre 2021



Celle là, qui date de son dernier anniversaire ?

Celle ci, peut être ? 02 novembre 2021

J'aime bien celle là, ,au cours d'une de nos promenades d' automne




Mais celle ci aussi. Mon jardin au mois de mai


Mais je vais choisir celle là parce qu'elle symbolise à la fois nos peurs, nos craintes, nos espoirs et le bonheur d'être ensemble. Une embellie aprés la pluie. Sainte Feyre, mai 2022.

Bon anniversaire ma Ponette. Bien sûr que nous aurons encore des jours heureux !

PS : (mais non ! pas le parti socialiste ! ) je dois vraiment les aimer ces photos, parce que je viens de me rendre compte, qu'à part les deux dernières datant de 2022,  c'est celles que j'avais déjà choisi l'an dernier pour vous parler d'elle et de son anniversaire.

ici

Juste une légende

 Enfin ! depuis un an que j'attendais ! Je n'étais pas revenue depuis novembre dernier. J'ai trouvé bien du changement, tant dans mes lieux familiers que parmi mes proches éprouvés par la maladie pour certains, l'age pour d'autres, les soucis aussi pour chacun. Les petits ont bien grandi, les adultes plus ou moins bien vieilli.L'Auvergne est toujours aussi belle. Nos seules sorties furent pour aller en foret nous balader.
 

J'ai pu constater encore une fois combien une mère peut être attachée à son enfant. N'ayant plus rien à se mettre sous la dent, ces deux petits garnement avaient franchi la clôture pour aller batifoler au bois voisin. Les mères inquiètes les ont appelé, nous avons pu voir rappliquer sans tarder les deux petits intrépides et prendre un bon petit gouter.













Nos visites furent pour la famille, exclusivement les plus proches. Quelques jours, c'est vite passé.
De vielles variétés de pommes et de poires attendent d'être pressées. Elles vont donner un jus de fruit excellent et je vais me régaler. Je ne seras pas la seule. Petit Homme s'est empressé d'aider à la fabrication du jus de pomme. Il a même payé sa tournée, plusieurs fois même, c'était fabuleux de voir ce petit bonhomme pas plus haut que trois pommes assises, avec son regard  émerveillé, participer comme un grand, donnant la main à son pépé pour  ce travail que bien peu connaissent encore. Le pressoir, un vieux pressoir, une vieille antiquité qui marche encore, datant, nous dit le pépé, de son propre grand père, soit au moins 150 ans. Le bonheur pour une fois, était dans le pré.



Et puis, coïncidence,  le lendemain, dans mon village, que les néoruraux ont colonisé,

une démonstration de pressage était donnée  à l'aide d'un petit pressoir à main, rien à voir avec celui de la veille. Celui là c'était de la rigolade pour amuser le citadin.  J'en ai profité pour refaire à pied une partie du chemin de l'école et j'ai admiré une fois encore ces paysages tant aimés.




Mes racines un peu partout disséminées se sont réveillées, j'étais tellement heureuse et c'était tellement bien de les retrouver. De voir ma vielle cheminée à nouveau fumer. 





Ma vieille porte, datant de je ne sais quelle année. Elle tient toujours. mais un jour il faudra la remplacer.

Ils sont craquants ceux là aussi !



Je ne me suis pas lassée de ces magnifiques paysages. Seul le temps m'a manqué. Obligée de restreindre sorties et visites sous peine de ne pouvoir circuler et rentrer à la maison retrouver mes malades et mon Petit Lion toujours aussi beau et autant familier.




Il a une façon de me regarder qui me fait immédiatement craquer. Il est fondant mon Lionceau !



 Le ciel, lui, est toujours aussi beau.

La vie de chateau

  Pourquoi cette salle est-elle si déserte ? Pourtant, on dirait bien qu’il y a peu quelqu’un était dans cette salle, il a laissé des saleté...