Une époque particulière

Je ne sais pas vous, mais moi je trouve qu'on vit une drôle d'époque. Parce qu'elle est compliquée, beaucoup d'entre nous se sentent perdus, abandonnés, démunis en tout cas. Et je crois que nous le sommes tous plus ou moins. Parce que nous perdons chaque jour quelques repères supplémentaires de ce qui fut notre culture, nos croyances et notre civilisation, nous ne savons plus à quel saint nous vouer. Et c'est grave. Grave parce que les égarés que nous devenons ainsi sont prêts à aller n'importe où, pourvu que ce soit ailleurs et que ceux qui ne le sont pas totalement encore sont aussi prêts à aller nulle part de peur de ne pas savoir.
Ainsi, les gilets jaunes, par exemple, il y a ceux qui participent, ceux qui encourage mais ne participent pas, ceux qui en profitent, ceux qui exploitent et ceux qui enragent. Cela fait un tout à faire exploser la machine si elle n'avance pas. Parmi tout ceux ci, il y a des gens sincères qui n'en peuvent plus, beaucoup, il serait bon que leur mal vivre soit pris en compte et que remède y soit porté. Je dis ça, je ne dis pas grand chose, mais il me semble que nous aurions tous à gagner un monde meilleur. Dommage que nous ne l'entendions pas tous de la même oreille. Dommage que certains n'aient pas d'oreille, d'ailleurs.
 Bref samedi je manifesterai et je serais en rouge.
 Je manifesterai  et je serai en rouge, car il me semble que ce dont on a besoin, c'est de pouvoir vivre dignement de son travail ou de son revenu quand on est retraité, par exemple. Parce qu'il me semble que ce qui manque, c'est un monde juste, même s'il n'est pas parfait. Parce que, ce  qui manque, c'est des perspectives valorisantes pour tous, jeunesse, si tu m'écoutes, c'est à toi principalement que je pense. Vivre dignement ce n'est pas se faire insulter ou mépriser, ce n'est pas s'entendre dire que la rue n'a qu'à être traversée. Il a vu ça où,  l'autre, là, avec sa cuiller d'argent dans la bouche ? Sous le sabot de son cheval ? Ou sous celui d'Attila ?
Alors ? On continue ou on se révolte ?
Si d'un côté on pense être assez nombreux pour refuser du monde, au motif ou au prétexte qu'on ne veut pas celui ci parce qu'il a un programme politique qui porte des propositions de nature à enrayer le mal (encore faut il savoir le lire ce programme, et accepter de le lire !) ou celui là parce qu'il a depuis longtemps décidé de s'organiser avec d'autres pour être plus forts au sein d'une organisation syndicale, et depuis longtemps déjà participé à des mouvements dits sociaux, que nous appelons aussi dans une langue plus simple, luttes syndicales, alors laissons tirer les ficelles à ceux qui savent si bien le faire, laissons nous rouler dans la farine par ceux qui nous enfument en rêvant à leur nouvelle virginité,  laissons le champs libre à tous ceux qui ne rêvent que d'une chose, actionner les leviers de la machine pour tirer leur épingle du jeu et laissons les continuer de jouer avec le feu.
Savoir qu'il n'y a pas de conquêtes sociales sans luttes. Sachons aussi qu'il n'y a pas de luttes  victorieuses sans unité et sans solidarité.
Sans dire les choses à demi mot, il faut toujours savoir d'où on vient et donc aussi d'où ils viennent pour savoir où on va soit : où on veut aller et où ils veulent nous conduire !

De coup d'éclat en coup de maitre.

Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. Enfin pas tous. Alors que sur le plan économique et social  nous sommes dans des zones les plus sombres, le prix du pétrole diminue pour la sixième semaine consécutive et des augmentations de prix des produits dérivés sont encore annoncées (prix du gaz, des carburants, entre autres, pompant inlassablement le budget des ménages et aggravant sans cesse la situation des plus précaires. Cette semaine se termine par une manifestation d'ampleur, non pas de la grogne, car il s'agit d'un véritable ras le bol et l'expression d'un puissant mécontentement de la part de ceux les plus méprisés par le président des riches et ses dignes accessoires, élus à la chambre des députés.  Le discours de la demie folle qui intervenait au nom de la majorité, hier sur les plateaux d'une chaine télé, tel un pantin désarticulé n 'aura convaincu personne du contraire : ce gouvernement se moque de nous. Plus  personne n'est dupe et gilet jaune ou pas, nous avons toutes les raisons d'être dans la rue, aujourd'hui, demain ou un autre jour pour que cesse cette mise à mal de nos droits, intérêts communs et ceux de notre pays tout entier. Lundi les enseignants avaient donné le coup d'envoi ( pour la semaine) car en vérité le coup d'envoi est donné depuis bien plus longtemps que ça. Les avocats, les agriculteurs, les personnels de santé, de la fonction publique, les retraités, etc, tous les maillons de notre société se retrouvent régulièrement à battre le pavé pour dénoncer les dures réalités de leur quotidien. Face à cela, mépris, insultes, arrogance et crise d'autorité sont les seules réponses du pouvoir. Une seule constante pour lui : piller les ressources communes au bénéfice d'une caste de privilégiés. Non l'intérêt de quelques puissants magnats de l'argent n'est pas compatible avec celui de la nation ni avec celui de ses citoyens.  Cette semaine se termine donc sur un coup d'éclat qui pourrait bien se transformer en coup de maitre, pour peu que chacun le moment venu, apporte sa pierre à l'édifice.

Les créations d'Orange.



Le mot et la couleur  proposés par Anne (Blogallet, consultable à partir d'ici sur le bandeau  en haut à gauche) vont-ils m'inspirer et quoi ?

Tout d'abord ancienne salariée d'Orange, et en tant que telle, je n'ai pas eu souvent l'occasion de faire preuve de beaucoup de création, ni même d'imagination. Voyez bien le côté déshumanisant et extrêmement frustrant de la chose ! Non, ce sont ses dirigeants actionnaires qui se réservaient le rôle de créateur, pour le moins grand bien des salariés et des  usagers d'ailleurs ! Précurseurs d'une gestion où le toyotisme fait des ravages, ils n'ont jamais lésiné sur les moyens. Ni nos batailles ni nos actions n'ont suffit à les dissuader.

Je ne vous raconterai donc pas ni ne vous parlerai des empreintes légères que tout cela a pu laisser sur mon esprit fertile depuis que je les ai quitté.

 L'orange c'est aussi le symbole de Noël qui était il y a bien longtemps le seul présent posé dans les galoches de nos ancêtres, pour peu que ceux ci ne fussent pas trop désargentés.
Maman me parlait souvent de ce temps où.... elle qui fit tout pour que nous ayons notre Noël dans nos sabot. Elle qui se priva toute sa vie. Elle qui n'eut de joies que celles de son enfance, j'en suis à peu prés persuadée. Elle qui pleura plus souvent qu'à son tour. Elle trima toute sa vie, pour bien moins encore, que si peu. Elle qui m'apprit tant de choses. Elle qui se souvint que plus pauvre qu'elle, était aussi possible. Elle qui fut tant émerveillée par le sourire de la petite fille qui leur avait été confiée, un matin de Noël quand elle découvrit cette orange dans ses sabots. C'était la première fois que cette gamine recevait un cadeau. Maman en fut marquée à jamais.

 L'orange était la couleur du ciel pour son dernier adieu, quand la grande porte  s'est refermée.


L'orange c'est la couleur du  soir sur les montagnes quand à la fin de la journée, le soleil va se coucher.



C'est la couleur de l'océan, quand l'astre sombre à l'horizon pour clôturer
une belle journée.
 L'orange c'est une belle récolte pour nous régaler les soirs d'automne avant d'aller se coucher.

Et puis l'orange,c'est la couleur des vaches dans ma contrée.

Charly et le drôle de drame.

Voici l'heure où commence l'histoire de Germaine Malorthy, du bourg de Terninques, en Artois.
Après une soirée bien arrosée, elle pris la route malgré les suppliques de ses amis. Elle roula une partie de la nuit jusqu'à ce qu'elle rencontre ce sanglier sur son chemin. Il faut dire qu'ici ils sont nombreux, la nuit, à s'aventurer prés des sous bois.
Dans son brouillard, elle ne les vit pas. Seulement quand le pare choc de sa voiture heurta le train d'un gros mâle, le choc fut si terrible qu'il la réveilla. D'abord vaseuse, elle se frotta le nez et réalisa qu'elle n'était pas dans son lit comme elle venait de le rêver, ni dans les bras du jeune homme qui tout à l'heure la courtisait, mais au volant de sa voiture et seule. Elle se souvint alors vaguement avoir pris le volant après quelques tournées : le Beaujolais nouveau était âpre cette année. Avoir roulé sans but particulier jusqu'à son réveil brutal. Se disant qu'elle devait avoir pas mal picolé et que sans doute sa voiture dont elle avait perdu le contrôle venait de heurter quelque chose. Elle descendit de son véhicule pour constater les dégâts. Prise de panique, à la vue du sang sur la route, elle pensa avoir renversé quelqu'un. Elle s'enfuit à toute jambe à travers la forêt.
Combien de temps dura son escapade, que se passa-t-il  durant ses longues heures d'errance ? Nul ne le sut jamais.
Le lendemain matin las de s'inquiéter, son mari donna l'alerte. Son signalement fut diffusé sur toutes les ondes et placardé aux devantures des rares commerces qui subsistaient.
Victor Trudeau le maire du village, forestier de son état, se rendant sur son chantier trouva en travers de sa route un véhicule abandonné dont le train avant avait été défoncé. C'est lui qui avertit la gendarmerie. Celle ci n'eut guère de mal à identifier le véhicule. Le rapprochement entre l'accident et la disparition de Germaine fut immédiat. Des recherches alentours furent organisées. De Germaine point de traces ne furent trouvées. Au bout d'une huitaine de jours, après avoir scrutés tous les recoins sur des kilomètres carrés, les battues furent abandonnées.
Au crépuscule d'un jour d'automne, l'année d'après, un chasseur tua un énorme sanglier. Lorsqu'il le dépeça, il vit qu' une entaille ancienne avait cicatrisée sur son poitrail. En ouvrant ses entrailles, il découvrit un os de la taille d'un fémur humain. Sans rien dire, il enterra le tout sous un buisson du jardin. Médor le chien de la ferme voisine avait le museau avisé. C'est lui qui déterra les restes de l'os. Intrigué, le Rougeaud, c'est comme cela qu'on le nommait, maitre du chien au flair affuté, emprunta l'objet de l'énigme et se rendit à la gendarmerie. Une enquête eut lieu. Le fémur analysé révéla son secret.  Charly, Le chasseur  fut soupçonné de meurtre et de recèle de cadavre. Mais aucun autre indice ne permit qu'il soit inculpé.  Le bourg de Terninques retrouva son calme mais Germaine Malorthy ne fut jamais retrouvée.
La nuit noire et le bruit assourdissant des criquets s'étendent, de nouveau, sur le jardin et la terrasse, tout autour de la maison.

Elle était belle, elle était douce.

Elle était belle, douce et grise. Elle avait un poil soyeux, lisse et velouté. Elle venait parfois frôler nos jambes, se frotter à nous, cherchant caresses et attention. Elle n'était pas difficile à vivre. Sa satisfaction lui venait des parties de chasses qu'elle entreprenait du temps de sa jeunesse. Elle n'était pas si vieille pourtant.  11 ans.  Que cela passe vite, onze ans. Onze ans déjà. Onze ans que nous avons poussé la porte de la cabane où elle dormait prés de ses frères, seule fille de la portée. Onze ans que  la Ponette, qui n'était pas encore Ponette, mais une Boucle de Sarrazin avait apprivoisé cette tribu qui n'a cessé de nous donner bonheur et joie. Jour après jour, du premier soleil à la dernière lueur, au dernier souffle de leur vie. Frimousse, en tête. Mais aussi Jaunet le vagabond, Ti-Gris le sauvage, Chaussette le peureux mais néanmoins très pot de colle et caressant  et elle la discrète.
Elle que ses frères et tous les autres s'amusaient à poursuivre dans les pièces de la maison, dans les allées du jardin, dans les prés, sur les chemins. Parce qu'elle était peureuse et parce qu'elle n'aimait pas certaines familiarités qu'ils lui imposaient.
Si le harcèlement sexuel était reconnu aussi pour les chats, elle aurait été une bonne cliente pour les tribunaux pour chats.
Nous la défendions quand nous la voyions en détresse. Elle avait choisi une place où personne ne pourrait l'importuner, tout en haut dans un carton perché, mis là exprès sur la bibliothèque, mais où ils finissaient tout de même par la déloger.
D'elle il ne reste rien. Rien. Rien qu'un petit corps recroquevillé, posé sous un tapis de fleurs  qu'à l'endroit  j'ai eu soin de repiquer. Rien que ce carton où elle avait fini par ne plus aller.
Elle était malade, son mal ne pouvait avoir de remède, et nous avions choisi de ne pas l'embêter avec quelque traitement hasardeux qui ne retarderait pas l'échéance et ne serait pour elle qu'un supplice de plus à supporter. Nous nous étions employé à soulager ses douleurs et à rendre moins rude son existence. Je ne sais dans quelle mesure nous y sommes parvenus. Elle est partie par une après midi ensoleillée. Elle nous suppliait de l'aider. Son regard insoutenable nous disait autant que ses cris son supplice et qu'il fallait la délivrer. La Ponette était là pour la réconforter. Nous l'avons doucement emmenée jusqu'au cabinet vétérinaire où une main douce et secourable l'a prise en charge pour ses derniers instants, qui de toutes façons n'allaient plus tarder. La soirée s'est terminée sans elle. La Ponette avec moi est restée. Nous avons parlé.  Parlé.  Et encore parlé. D'elle. Des autres. De tous les autres et des peines. De nos peines et du chagrin que leur départ nous a causé. Mais aussi des joies qu'ils nous ont procurées. Des joies immenses, surtout.
Frimousse, mon beau Frimousse, toi qui fut le premier. Le premier, le volontaire, l'intrépide, le courageux, le téméraire. Accueille la, protège la  comme tu le faisais, en bas sur la terre. Je l'ai posée prés de toi, juste à deux pas. Près de la cabane où nous vous avions trouvés et où, parfois, vous vous réfugiez.
Je l'ai posé en terre par une fraiche matinée. La brume se levait sur la vallée. Le soleil n'éclairait qu'à peine la rosée. Et moi, mon coeur saignait.
Toute la nuit la Ponette  a pleuré.

* Je sais que c'est désuet de vous confier cette peine. Quand tout va mal. Quand le monde va mal. Quand partout autour de nous se jouent des drames et dont certains d'entre vous ne sont pas épargnés. Je vous soutiens comme je le peux. Avec mes mots. Rien de plus, mais puis je faire plus ? De toutes façons ni vous ni moi n'y pouvons rien changer. Une douleur est une douleur, une peine une peine.  Mais il n'y a rien de comparable. Des drames, il en est de toutes les natures. Quand il touche à l' humain, il est plus dur, tellement plus dur mais seulement plus dur. Celui là n'est pas démesuré. Il est.

Pas encore l'heure.

Je crois que ces quelques jours loin de chez moi m'ont permis de non plus faire le vide, mais au contraire de recharger les batteries et ce fut une belle occasion de retrouvailles. Celles ci parfois un peu tumultueuses, s'étant bien passées, je suis revenue avec quelques résolutions supplémentaires. Comme par exemple, ne pas jeter l'éponge de la gestion des affaires communes. Comme autre exemple, faire contre mauvaise fortune bon coeur et  me satisfaire du moment qui nous est offert. Et puis laisser pisser le mérinos comme le disait souvent mon père.
Pourtant le voyage sur les petites routes de la Creuse, truffées de radars et à vitesse limitée tantôt à 70, tantôt à 80 km / heure ne fut pas d'un grand bonheur. Long, quand il  faut plus de 3 heures pour parcourir les quelques 180 km qui nous sépare du point A au point B. Fastidieux, quand il faut traverser des agglomérations où se pavanent quelques péquins distraits qui se promènent à la vitesse grand V d'une tortue courant un marathon. Épuisant nerveusement, quand il faut surveiller le compteur de vitesse et la route d'où peut débouler quelques victimes de chasseurs mal intentionnés (comme si un chasseur pouvait être bien intentionné !).
Mais nous avons réussi. Réussi, à ne pas prendre de flash. Réussi à faire tout ce périple, Réussi à ne pas nous énerver et même comme le prétend sir Edouard, grand pourchasseur de chauffard, réussi même si j'ai souvent cru mourir, à admirer le paysage. Celui ci par endroit parsemé de blanc mêlait aux roux de l'automne sa clarté lumineuse qu'entrecoupaient quelques nuages tantôt gris, tantôt blancs mais qui incitaient à la flânerie. J'aurais bien dégainé mon appareil si le Patou dont un rien  enraye le fonctionnement n'avait chaussé ses œillères. L'occasion pour moi aussi de relever encore combien nos routes sont parallèles ! Nous n’évoluons pas sur les mêmes planètes et pas non plus à la même vitesse. La sienne est plate et sans fantaisie, elle se parcours au pas lent et laborieux de l'attelage aux labours. Il n'y a pas de sel, ni  piment ni  couleur. Sa vie en noir et blanc se déroule sans accoue que seule la voiture qu'il conduit peut produire en franchissant les ornières.  Si je n'ai pas mouru, c'est qu'il n'était pas encore l'heure. Par contre, malgré la beauté du paysage, je n'ai pas non plus réussi à faire la moindre photographie !

Le petit monde d'Edmond et d'Anna.

Les sourires peuvent cacher bien des choses

ou révéler d'heureux ou surprenants moments...

A quoi (à qui) pense donc Anna ?

A qui  (à quoi) pense donc Edmond ?


Je suis sûre que vous savez.

Vous partagerez leurs pensées, lundi !


Quand je regarde ce cadre au mur de la salle à manger, je me dis que la vie peut nous donner quelques bons moments qu'il nous faut apprécier, tout comme ont su le faire Anna et Edmond, mes arrières grands parents.

Lui était cocher à Paris, elle couturière. 

Quand il rentrait le soir, elle n'avait pas toujours terminé sa journée, c'est lui qui s'occupait alors de faire réchauffer le fricot et donner les soins aux enfants, s'occupant de leur devoirs. 

Grand mère m'avait souvent raconté des histoires au sujet de ses parents. Elle s'amusait parfois à retracer pour moi quelques bribes de leur mémoires. Je m'amusait alors à faire dialoguer ces personnages hauts en couleur tel qu'ils me paraissaient sur la photo, la seule que j'ai eu l'occasion de voir.

Ainsi je me plaisais à faire dire à Anna combien elle était fière de son homme. Toujours attentionné envers elle, envers les enfants et aussi envers ses clients. Cocher n'était pas de tout repos quand il fallait conduire madame la comtesse dont les caprices les plus divers pouvaient vous occuper des journées entières. Il passait alors son temps à faire le tour des boutiques de mode de grand luxe. Quand il rentrait le soir il décrivait à Anna avec tant de détails qu'elle n'avait qu'à s'emparer d'un crayon, d'une feuille et noter tout cela. Le lendemain, elle traçait, coloriait puis façonnait des patrons qui lui serviraient pour ses nouvelles collections. C'est ce qui fit sa réputation de bonne couturière et le succès rencontré par ses créations témoignait de son talent. Anna savait que sans Edmond elle n'aurait était qu'une simple ouvrière besognant pour les gens huppés du quartier, pas toujours accommodants. Et puis ce qui faisait l'admiration d'Anna pour son homme, c'était surtout les anecdotes qu'ils rapportait suivant les trajets qu'il avait du effectuer. Elle parcourait en pensées, les beaux quartiers tout comme les pavés des rues encombrées. Elle connaissait tous les coins et recoins où une dame convenable devait ou pas s'aventurer. L'histoire des rues de la capitale la captivait et c'est à Edmond qu'elle devait le savoir et la connaissance qui font la différence entre la prétention et l'instruction. 

Quant à Edmond, lui, était fière de sa femme qui tenait la dragée haute aux bourgeoises de sa clientèle qui pensaient pouvoir l'écraser de leur suffisance, alors  qu'ignorantes elles étaient. Aussi quand la comtesse recevait dans ses appartements, Edmond se faisait toujours accompagner d'Anna qu'il présentait comme une artiste (qu'elle était cependant), la sachant capable de tenir une conversation d'un niveau tel que le  tout Paris  érudit se bousculait à ses côtés tant ses propos étaient intéressants. Anna savait concilier le bon sens et la sagesse des petites gens au savoir et à la culture des gens de haut rang.Autant qu'Anna était fière de son homme, autant Edmond admirait cette petite dame qu'il avait épousée jadis et qui l'avait accompagné toute sa vie durant. 

Ah j'oubliais ! la photo du salon, c'est un portrait fait par un peintre célèbre rencontré au château, lors d'un séjour campagnard où madame la comtesse avait convié Edmond et Anna, de peur de s'ennuyer. 

Il était une fois.