Je cherchais un sujet de devoir quand j’ai repensé à une toile de Mark Keller.
Une toile qui amena aussitôt une question : Où était cette image, j’étais sûr de l’avoir rangée quelque part dans les quelques milliers de gigaoctet qui encombraient ma machine.
Et la voilà, je l’ai retrouvée.
Et je me demande encore que fait-elle, cette jeune femme ?
Qu’attend-elle ?
Qui attend-elle ?
Que pense-t-elle ?
Sort-elle du lit ?
Y va-telle ?
Bref, des tas de questions se pressent.
J’espère lire vos réponses lundi…
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5 à 7
La tarte à la "belide"
C'est Adrienne qui me donne le fil conducteur pour mon billet aujourd'hui. Elle a un souvenir particulier de ce que ma grand mère appelait la tarte à la "belide". Autrement dit : la tarte à la semoule.
J'ai moi aussi des souvenirs bien précis de ces tartes à la bouillie confectionnées par nos grands mères dans les fermes d'autrefois.
Je sais que mon père les appréciait particulièrement et regrettait sans cesse au prés de ma mère qu'elle n'en fasse pas.
Par contre la cousine Henriette en était une spécialiste et les cuisinait à merveille. Pas un repas de fête à la maison, où elle était invitée souvent en tant que cuisinière, d'ailleurs, se déroulait sans que nous puissions apprécier ses fameuses tartes. Il faut dire que la cousine était fine cuisinière. Le premier repas où elle nous régala était celui d'une communion, je ne pense pas que c'était la mienne, plutôt celle d'une de mes soeurs, plus jeunes. Puis elle vint régulièrement lorsque l'occasion se présentait. Soit pour une fête de famille, soit pour un repas de batteuse.
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La cousine Henriette, au premier plan, à gauche sur la photo de communion de mes plus jeunes soeurs. |
C'était je pense les rares grands repas que nous célébrions à la maison. Je ne me souviens pas des menus, bien sur. Sauf des tartes de la cousine Henriette. Elle venait plusieurs jours à l'avance et participait aux travaux de la maison. Cuisine, ménage, préparation de la fête, traite des vaches, enfin toutes les tâches à accomplir, rien ne la rebutait. Pour ses tartes, elle faisait elle même la pâte, une pâte brisée dont elle avait le coup de main et le secret, qu'elle précuisait au four de la cuisinière à bois. Elle cuisinait ensuite une semoule épaisse boullie dans une bonne quantité de lait, parfumé d'une gousse de vanille. Quand la pâte était suffisamment résistante, mais assez souple encore, elle étalait la semoule et faisait cuire jusqu'à ce que la semoule soit bien dorée, juste ce qu'il fallait. Venait ensuite le tour des tartes aux prunes, puis de celles à la confiture. Rien de meilleur, je peux vous l'assurer, que les tarte de la cousine Henriette. Ma mère me demandait parfois de lui en cuisiner, mais j'étais loin de les réussir aussi bien. Je me souviens de la dernière que je lui avais confectionnée. Ce jour là, il n'y avait plus de confiture à la maison. Je descendis donc vaillamment à la ville chercher un pot de confiture, mais le goût n'avait rien à voir avec nos tartes d'antan. Plus récemment, une de mes soeurs me demanda si je me souvenais des tartes à la semoule de l'Henriette, car elle avait envie d'en faire gouter à ses enfants. Malheureusement, je n'avais pas le secret de la réussite et ne sais pas si aujourd'hui je serai capable de le retrouver. De toutes façons, elle ne serait pas aussi bonne. Seule Henriette savait les cuisiner !
Par delà nos souvenirs.
Je suis sûr qu’il y a chez chacune et chacun de vous une endroit qui, bien qu’il ait peu changé a subi un changement qui, pour petit qu’il soit, a modifié grandement votre perception de l’endroit où il a eu lieu.
Et je suis tout aussi sûr que vous mourez d’envie de le raconter.
Il en va ainsi chez moi du square Nadar, en haut de la Butte Montmartre, qui a vu arriver un élément de façon étrange depuis que je suis entré en sixième au lycée situé en bas de la Butte.
L’état de quasi ruine du lycée montre qu’on accorde plus d’importance à l’état d’un minuscule recoin d’un square inconnu que d’un établissement chargé d’amener les jeunes gens aux sommets des savoirs de l’humanité…
Bon, il faut admettre que le haut de la Butte est plus rentable grâce aux touristes que le lycée grâce aux élèves…
J’espère donc lire lundi « l’effet papillon » que de petits changements produisent sur votre vie…
Au printemps, dès que les dernières neiges disparaissaient, un tapis de jonquilles le recouvrait. C'était le moment de remettre en état les prairies. Papa, muni de son taille pré désengorgeait la rase pour rendre à l'onde claire sa trajectoire et éviter les ornières que les vaches avaient creusées. Le frais cresson bleu réapparaissait alors, prêt à nous régaler de bonnes salades dont tout le monde raffolait.
Nous, pendant ce temps, nous nous occupions à tisser des joncs pour en faire des colliers et des bracelets. La Lorette, notre chien de berger chassait les mulots et autres rats des prés. Bientôt, l'herbe serait assez longue et nous pourrions, elle et nous, nous adonner à notre activité préférée (faire des rondelous ) en gardant à nouveau notre maigre troupeau. La rase était bordée de pommiers que mon père et mon grand père avaient soigneusement plantés. Pommes à cidre et pommes à couteau formaient un petit verger qui donnerait à l'automne de quoi nous occuper. Pour l'heure, leur floraison était du plus bel effet et nous nous enivrions telles des abeilles, à respirer l'air embaumé. Plus bas, là où la rase faisait un coude afin d'irriguer une autre partie du pré, se dressait une rangée de cerisiers. L'été mes soeurs et moi, chapardions les premières cerises qui noircissaient nos lèvres de leur jus acidulé. C'était notre aire de jeux et nous, tous les enfants nous en donnions à coeur joie, le chien Lorette ou un autre à nos côtés. C'était l'endroit magique où beaucoup de nos souvenirs s'enchaînaient.
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au même endroit, sous le grand pin en haut la route, avant qu'il n'existe plus. |
nos champs des Enclos à l'ombre des pommiers, des cerisiers et des sorbiers au coeur des paturages, en premier plan, la Bretonne (dite Plancouët) la Charmante, la Blonde et la Nono
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aprés le ravage, mais cela avait moins de sens |
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nos bonnes terres remplacées par des joncs ! |
Et maintenant, que fait-on ?
Je suis tombé sur un dessin d’Alcide, artiste dont j’ignorais totalement l’existence.
Ce dessin, probablement inspiré par le risque de voir l’extrême droite arriver à l’Élysée
m’a rappelé l’époque où les Algériens vivant en France étaient l’objet de remarques
racistes quand ce n’était pas d’agressions ou d’accusations diverses.
Ce dessin m’a rappelé quelques scènes vécues dans l’enfance.
Mais à vous ?
Je sais d’expérience que parmi les premières choses dont on avertit « l’étranger » qui arrive à la
Gare du Midi à Bruxelles est souvent « Faites attention aux Marocains ».
Les saints étant une petite minorité de la population, il est probable que le dessin donne une idée de ce que risque de devenir la société sous peu, vu la façon dont s’étend la pensée qui a mené à ce dessin…
Que vous ayez été témoin ou qu’un souvenir plus ancien vous revienne, on verra bien lundi ce que vous en pensez…
La blondinette s'en va en cours cartable au dos.
La mère part faire son jogging en forêt avant d'aller au boulot.
Pendant ce temps, Farid quitte tranquillement son logis sous les toits et aprés avoir accompagné sa petite soeur à la maternelle, et laissé deux de ses frères l'un en CP et l'autre au CE1, il regagne la cour de sa classe, dans l'école d'à côté. Là il retrouve, Tariq un autre enfant de la cité, qui joue aux bille avec Romain, David, Julien et Malick, quelques filles font cercle autour d'eux, un autre groupe plus loin tente de les interpeller, parmi eux, Léopold et Pierre-François, les deux plus grands. Ils sont à l'affut de la petite Caroline qu'ils voudraient bien embrasser. D'ailleurs, ils ont fait un pari : lequel lui volera le premier baiser aura le droit d'intégrer la bande à Jacques-Marie, le fils du notaire, bien connu pour être le chef du gang des midinettes, car c'est lui le don juan du quartier. Il fait fureur auprés des étudiantes de la faculté.
Caro, la petite blondinette passe devant le groupe de Farid au moment où une bille mal contrôlée roule devant ses pieds et manque de la faire trébucher. Comme sa maman le lui a conseillé, elle se précipite auprés de la maitresse en faisant semblant de boiter tout en chouinant que Farid l'a faite tombée.
Aprés avoir examiné le prétendu bobo, la maitresse qui n'a rien vu, promet de punir le coupable qui dès la récréation devra copier 100 fois, je ne dois pas faire tomber mes camarades. Un lettre verte, une lettre bleue, une lettre noire et une lettre rouge, s'il vous plait !
Farid, lui qui n'a rien fait, essaie de se défendre et plaide sa cause : "j'ai rien fait m'dame, z'avez qu'à demander aux autres, on jouait aux bille, on l'a même pas vu Caro !"
Veux pas savoir dit la maitresse, exécution, sinon, je double la sentence !
Penaud, le pauvre Farid regagne sa place pendant que Romain, témoin de la scène et prêt à intervenir à la moindre injustice, se précipite pour innocenter son copain. Malika qui n'aime pas l'injustice non plus intervient à son tour.
Je ne veux rien savoir, dit la maîtresse, vous êtes punis aussi ! Et puisque c'est ainsi, je supprime les billes , interdites dans la cour ! Exécution ! Rompez !
La semaine dernière, c'est le ballon qu'elle avait confisqué. Avant hier, c'était les Pokémons, source de dispute entre deux clan. Mais que reste-t-il à ses pauvres enfants ? Et comment vont-ils se divertir à la récréation ? Avec des lignes à 4 couleurs ? Voilà comment on fait aimer l'école !
Mais là n'est pas le sujet, n'est ce pas.
Le sujet, lui traite d'un sujet bien plus grave et bien plus sérieux qui dès demain (nous sommes lundi 4 novembre 2024, veille du mardi 5 novembre 2024) embrasera, le risque est grand, le monde entier. C'est déjà loin d'être la joie partout où l'on va...
Farid, Malik et les autres ont déjà la vie dure. Bien dure, hélas !
La suite de mon histoire, c'est qu'encouragées par le dénouement de la scène précédente, Caroline et quelques autres, garçons et filles se sont plaints d'autres faits dont Farid et sa bande auraient été coupables. Au bout du compte, Farid fut renvoyé de l'école. N'étant coupable de rien, les méfaits on continué. Les parents d'élèves sont intervenus au prés du directeur qui promit d'être vigilant, il faisait toujours la même promesse au parents qui venaient se plaindre, mais n'intervenait jamais.
Un climat délétère s'installa rapidement. Dans la rue, certains parents s'insultaient, parfois même se bousculaient en venant même à des actes de plus en plus violents. La violence engendre tours plus de violence ? Que resta-t-il alors à ces enfants pour s'exprimer ? A ces parents pacifistes, car il y en a n'est ce pas, pour lutter contre cette haine rampante et ce désastre lié à l'inculture et au rejet de l'autre ?
* Ce texte est une fiction, bien entendu !
Et si la maitresse avait été comme moi ? Elle aurait renvoyé Caro à ses prétendues écorchures et bleus de nulle part, aurait, dès la cloche sonnée, entretenu ses élèves d'une leçon de tolérance, expliqué que même si le droit le permet, il n'est pas toujours légitime. Qu'il ne doit pas être au détriment de certaines catégories de personnes. Que celui ci n'est pas un droit, parce qu'il est discriminent et, pire, c'est du racisme, ce qui est un crime. Que la vie est faite d'imperfections et qu'il incombe à tous de faire en sorte que la vie ensemble ne soit pas un calvaire pour les uns et marche pied pur d'autres.
Et maintenant que fait-on ? Bon courage, les amis !