l'hiver à la neige.

 En remplacement du devoir du lundi et sur une idée-proposition d'Adrienne. 


C'est l'hiver. Je ne suis pas aller en classe, c'est les vacances de Noël. A la rentrée, si les congères ne sont pas trop hautes, je retournerai à la grande école. Celle où il faut aller pour devenir grand. Pour apprendre tout ce qu'un enfant doit savoir. Tout ce qu'on veut qu'il sache, surtout.  Apprendre l'obéissance. L'ordre. La discipline. A devenir un homme, une femme, mais ce n'est pas pareil pour les deux. Il le faut bien. 

Un homme doit être fort, ne pas pleurer, commander, diriger, mais obéir aussi aux plus gradés que lui, bien sûr, car si on l'est moins, c'est à lui qu'il faut obéir. Une femme, elle doit être docile, bonne ménagère, bien tenir sa maison, être attentive à ceux qui l'entourent, bien élever ses enfants, prendre soin des vieux parents, des siens bien sûr mais de ceux de son homme, évidemment. Elle ne doit jamais protester, jamais se plaindre et bien gérer son foyer. Enfin c'est ce qu'on m'a enseigner quand j'allais à l'école dans les années 50. Oh bien sûr les choses ont changé depuis, les femmes ont appris à se rebeller et c'est tant mieux. Encore un pas, quelques pas, plutôt et l'égalité sera... ou pas.  

Pour l'instant, je savoure ma liberté. Je n'aime pas l'école, la maitresse est méchante. Elle ne m'aime pas, ni les enfants de ma condition. Pensez, une petite paysanne ! tout juste bonne à curer les vaches (ce qui ne me déplait pas, loin de là ! ) J'adore m'occuper de mes vaches. L'hiver justement, je vais à l'étable, je me blotti contre l'une d'elle, tout contre son épaule, elle me lèche de sa langue râpeuse et j'adore ça . Elle n'esquisse même pas un mouvement quand je sors l'étrille et lui enlève les grosses crottes qu'elle a sur son pelage, à l'arrière. Brave cette vache ! Plus qu'une vache, c'est ma confidente. C'est vers elle que je me réfugie, lorsque j'ai du chagrin. Par exemple quand papa est malade. Comme quand mon pépé est mort, l'année dernière. Comme quand maman a du chagrin et des soucis.  

Cet aprés midi, comme hier, quand le docteur est venu, je reviendrai voir ma vache pour lui confier un grand secret. Depuis hier, j'ai un nouvel attelage, un char avec des boeufs. C'est la tata Paulette qui me l'a eu au père Noël. Le père Noël, j'y crois plus guère, et ce depuis que je suis allée à l'école. C'est Martine, qui me l'a confirmé. Elle, elle a une grande soeur et une cousine, la Loulou, qui vit chez elle. Ce sont elles qui lui ont révélé la chose. Oh je m'en doutais bien un peu aussi ! vous pensez, un bon homme avec une longue cape toute rouge et une barbe en coton ! vous en connaissez beaucoup vous, des hommes avec une longue barbe en coton ? C'est bien le seul que j'ai vu ! d'accord, je ne suis pas bien vieille encore, mais quand même, faut pas me prendre pour une oie blanche, non plus !

 Tiens on dirait que le temps se lève un peu. Le soleil semble percer les nuages et éclaire le grand arbre devant la maison de la Francine. Le Roger coupe du bois au coin du chêne. La neige étincelle par endroits. Quand papa ira faire boire les vaches tout à l'heure, je le suivrai. J'adore m'occuper des vaches. Cet aprés midi avec mes petites soeurs, on ira aux Enclos, si la neige n'est pas trop haute sur le chemin de traverse. J'aime aller aux Enclos. Mes prés, mes champs ! toute ma vie quoi qui est là sur ces terres rudes à travailler. C'est papa qui les travaille, avec ses vaches, la Charmante et la Blonde, et la Jaccade et la Mignone, ou la Jolie, elles se relaient. C'est mieux d'en avoir plusieurs pour le travail. Comme ça quand il y en a une qui a son petit veau, elle peut se reposer et avoir plus de lait pour lui. Des fois quand il en reste, maman fait des fromages. Ils sont rudement bons ses fromages, même en hiver ! 

Quand on sera aux Enclos tout à l'heure, on ira voir le souterrain, prés de la maison de l'Erneste. Il parait qu'il y avait un château autrefois. Bien sûr je ne l'ai pas connu, moi, ce château. Il a brulé dans les années 1900, papa nous l'a raconté, un soir à la veillée. Il était petit, mais il s'en souvient. Bien sûr des choses comme ça, ça ne s'oublie pas, ça marque ! Les Enclos était un village relié aux châteaux alentours, celui de Montboissier, d'Echandelys, de Médat  de La Fayette et probablement d'autres encore. J'aime bien les Enclos parce que c'est tout prés du bois, et qu'il y a plein d'endroits pour se cacher, quand on garde en été (j'aime bien m'occuper des vaches ). Là les arbres sont sous la neige, comme sur le tableau que j'ai trouvé chez l' Adrienne. 

Mais pour l'instant, il faut que j'aide maman, il faut s'occuper des petites, faire à manger, panser les cochons, faire boire les vaches,  s'occuper des poules et des lapins.. Tiens je vais commencer par eux. Aprés je m'occuperai de balayer un peu la maison.  Et puis j'irai m'occuper des vaches, peut être qu'il faudra casser la glace pour les faire boire au bac,  là, elles n'ont pas encore fini de manger (j'aime bien m'occuper des vaches).  

Me revoilà.

 Un mois ! un moi et plus aussi ; Je remercie tous ceux qui se sont inquiété pour moi. 

Bon. Me revoilà. Les nouvelles ? Elles ne sont pas que bonnes. Depuis plus d'un mois, pensez donc ! Un mariage, deux enterrements.  Des maladies, sournoises. Des avec des conséquences ? plus plus plus. Des avec des inconvénients, bien sur. Des comme on les aime pas trop, quoi. Bref on fait et on avance. Comme vous tous. 

Noël est passé, l'année presque aussi. On ne va pas épiloguer 107 ans pour dire qu'elle fut ni bonne, ni mauvaise mais plus mauvaise que bonne. 


La cuisine depuis  mi novembre est en chantier. Jusqu'à ? ...

Le mois de novembre s'est achevé par un mariage. Voyage à Lyon pour la cérémonie. Passage obligé (pour moi, par Clermont Ferrand, bref coucou à la famille, oblige). C'est au cours de cette journée ci que nous apprîmes le décés du Roger. Vous savez, le Roger, ce trop de Roger, comme disait sa pauvre mère, la Francine, dont j'ai ici beaucoup parlé. J'aimais, moi, la Francine. Le Roger, son fils, me faisait marrer. C'était le pauvre gars de notre enfance. Celui dont il fallait se moquer.  Celui dont les mille et une frasques nous faisaient nous délecter. Le tombereau chargé à bloc sur l'arrière et qui "levait". les boeufs qui se sauvaient à la Modière et qu'il fallait aller "camper" dans la neige et dans la nuit de février. ici .

 Le clou dans le pâté aux pommes qui tombait sur lui quand on le partageait. Le char de foin qui se renversait dans le tourant des Bèzes. parce que l'attelage avait mal été conduit. Le char qui s'encastrait dans l'arbre, les pantalons dont les petites soeurs coupaient les ficelles qui le maintenaient, pendant qu'il leur attrapait les branches de cerisiers trop hautes pour elles.  Les choses qu'ils avaient apprises chez les frères à Saint Germain. Son retour mouvementé de la caserne de Briançon où il avait cherché en vain la masse pour enfoncer le piquet d'incendie. Tant de péripéties. Tant d'occasions de se moquer ! L'enfance est rude parfois. Dure aussi. Et durs sont les petites têtes blondes et brunes ! Roger donc est parti. Avec lui une page de nous. De notre enfance. Le livre délite ses pages à l'infini ? Non car tout un jour fini. Le 30 novembre, c'est le jour maudit que choisit aussi mon beau frère pour faire une mauvaise chute, juste à la tombée de la nuit. Quand entre chiens et loups, l'horizon se noircit. Nous avons appris le lendemain son infortune. Nous avons enterré Roger le mardi. Mercredi, le lendemain, nous étions un 4 décembre, une mauvaise crise de goutte m'immobilisait et je retardais mon départ du sol Auvergnat. C'est ce jour là que Lionel nous quitta. Il n'a pas survécu à sa chute. Pas plus qu'au départ de Nathalie, dont il ne s'est jamais remis. Lionel...

Gentil Lionel. Serviable. Toujours prêt pour donner la main. Pour accueillir. Pour aider. pour aimer. Lui qui prit tant soin de notre  petite soeur. Jusqu'à son dernier souffle. Qui lui permit de rester jusqu'aux derniers moments chez elle, l'accompagnant de tant de soin et d'amour aussi. Lionel, donc est parti. 

Je ne pouvais pas faire autre chose que d'être là avec eux, avec ses proches, avec ... et prolongeais donc mon séjour jusqu'aux obsèques. mais... Mais. La veille de la cérémonie, une mauvaise chute sur un mauvais trottoir d'une rue mal éclairée, me projeta en avant. Bilan, défigurée, hématomes au visage, lunettes en miettes. Je ressemblais plus à une nouvelle espèce de panda roux (Champroux) qu'à une vache Montbéliarde, une vache Abondance, ou Aubrac, voir Normande éventuellement, mais pas à l'humanoïde que je croyais être. 


Toujours qu'un peu sonnée et dans l'incapacité de me déplacer, Lionel est parti sans moi. Sans mon dernier adieu.  Lionel, tu ne méritais pas ça. Tu ne méritais pas de partir ainsi. Tu aurais pu vivre encore un peu, profiter de ta retraite, mais il est vrai que quand on est usé par les 3x8, par la chaleur des fours, par les cadences des chaines de production, par les levers dès 3 heure du matin pour prendre son poste à 5, par les couchers tardifs au lendemain d'une nuit sur la machine à produire l'acier, on n'a pas forcément les mêmes chances que dans un bureau rue de Varenne ou de l'Elysée. Bien.  Toutes ces choses qui coûte cher à la nation, qu'ils nous reprochent sans savoir ce qu'il en coûte à l'humain. 

Le temps passant, le mieux allant,  je suis rentrée à la maison à la fin de la semaine suivante, le temps de  faire quelques courses, mettre un peu d'ordre sur le chantier de la cuisine toujours bien encombrée. Accueillir mes enfants, mémé, pour qui le temps passe aussi. Et voilà que la machine à laver s'en est mélé. Choisissant à son tour de me lâcher.
Elle n'a pas supporter tant de linge d'un coup à laver. Alors, elle a manifesté, à sa façon.  Nous voici donc partis en quête d'une nouvelle à laquelle, coûtant la vie à mon pull préféré qui à son tour, a rendu l'âme.  Bref, la trêve des confiseurs s'achève, une autre année se profile. Résultats d'examens médicaux passés en décembre, vont surgir en janvier, d'autres suivront.  A quoi faut il s'attendre ? Je redoute tout autant cette nouvelle année que j'ai eu de raisons d'appréhender celle qui s'achève. Combien serons nous encore debout à sa fin ? Combien serons nous tout simplement ? 

Alors, le coeur à la fête ? Pas vraiment. 

Cela ne m'empêche pas de vous souhaiter quand même, à tous, une bonne nouvelle année, passez de bonnes fêtes. Et surtout, n'oubliez pas que ce qui est pris n'est plus à prendre. Profitez des bons moments pendant qu'il en est temps. 


Je vous aime. 



5 à 7

 Je cherchais un sujet de devoir quand j’ai repensé à une toile de Mark Keller.
Une toile qui amena aussitôt une question : Où était cette image, j’étais sûr de l’avoir rangée quelque part dans les quelques milliers de gigaoctet qui encombraient ma machine.
Et la voilà, je l’ai retrouvée.
Et je me demande encore que fait-elle, cette jeune femme ?
Qu’attend-elle ?
Qui attend-elle ?
Que pense-t-elle ?
Sort-elle du lit ?
Y va-telle ?
Bref, des tas de questions se pressent.
J’espère lire vos réponses lundi…



Elle attends quelqu'un ou quelque chose, j'en suis sûre, car son regard intense en direction de la rue insiste. 
J'imagine, qu'elle le guette, lui, son amoureux. Car en petite nuisette devant un verre de vin, la bouteille à moitié vide, personne ne croira qu'elle vient de terminer sa nuit, non plus qu'elle s'apprête à la commencer. Je dirais plutôt un 5 à 7, tant que c'est encore possible.





La tarte à la "belide"

 C'est Adrienne qui me donne le fil conducteur pour mon billet aujourd'hui. Elle a un souvenir particulier de ce que ma grand mère appelait la tarte à la "belide". Autrement dit : la tarte à la semoule. 

J'ai moi aussi des souvenirs bien précis de ces tartes à la bouillie confectionnées par nos grands mères dans les fermes d'autrefois. 

Je sais que mon père les appréciait particulièrement et regrettait sans cesse au prés de ma mère qu'elle n'en fasse pas. 

Par contre la cousine Henriette en était une spécialiste et les cuisinait à merveille. Pas un repas de fête à la maison, où elle était invitée souvent en tant que cuisinière, d'ailleurs, se déroulait sans que nous puissions apprécier ses fameuses tartes. Il faut dire que la cousine était fine cuisinière. Le premier repas où elle nous régala était celui d'une communion, je ne pense pas que c'était la mienne, plutôt celle d'une de mes soeurs, plus jeunes. Puis elle vint régulièrement lorsque l'occasion se présentait. Soit pour une fête de famille, soit pour un repas de batteuse.  

La cousine Henriette, au premier plan, à gauche sur la photo de communion de mes plus jeunes soeurs.


C'était je pense les rares grands repas que nous célébrions à la maison. Je ne me souviens pas des menus, bien sur. Sauf des tartes de la cousine Henriette.   Elle venait plusieurs jours à l'avance et participait aux travaux de la maison. Cuisine, ménage, préparation de la fête, traite des vaches, enfin toutes les tâches à accomplir, rien ne la rebutait.  Pour ses tartes, elle faisait elle même la pâte, une pâte brisée dont elle avait le coup de main et le secret, qu'elle précuisait au four de la cuisinière à bois. Elle cuisinait ensuite une semoule épaisse boullie dans une bonne quantité de lait, parfumé d'une gousse de vanille. Quand la pâte était suffisamment résistante, mais assez souple encore, elle étalait la semoule et faisait cuire jusqu'à ce que la semoule soit bien dorée, juste ce qu'il fallait. Venait ensuite le tour des tartes aux prunes, puis de celles à la confiture. Rien de meilleur, je peux vous l'assurer, que les tarte de la cousine Henriette. Ma mère me demandait parfois de lui en cuisiner, mais j'étais loin de les réussir aussi bien. Je me souviens de la dernière que je lui avais confectionnée. Ce jour là,  il n'y avait plus de confiture à la maison. Je descendis donc vaillamment  à la ville chercher un pot de confiture, mais le goût n'avait rien à voir avec nos tartes d'antan. Plus récemment, une de mes soeurs me demanda si je me souvenais des tartes à la semoule de l'Henriette, car elle avait envie d'en faire gouter à ses enfants. Malheureusement, je n'avais pas le secret de la réussite  et ne sais pas si aujourd'hui je serai capable de le retrouver.  De toutes façons, elle ne serait pas aussi bonne. Seule Henriette savait les cuisiner !

Par delà nos souvenirs.

 Je suis sûr qu’il y a chez chacune et chacun de vous une endroit qui, bien qu’il ait peu changé a subi un changement qui, pour petit qu’il soit, a modifié grandement votre perception de l’endroit où il a eu lieu.
Et je suis tout aussi sûr que vous mourez d’envie de le raconter.
Il en va ainsi chez moi du square Nadar, en haut de la Butte Montmartre, qui a vu arriver un élément de façon étrange depuis que je suis entré en sixième au lycée situé en bas de la Butte.
L’état de quasi ruine du lycée montre qu’on accorde plus d’importance à l’état d’un minuscule recoin d’un square inconnu  que d’un établissement chargé d’amener les jeunes gens aux sommets des savoirs de l’humanité…
Bon, il faut admettre que le haut de la Butte est plus rentable grâce aux touristes que le lycée grâce aux élèves…
J’espère donc lire lundi « l’effet papillon » que de petits changements produisent sur votre vie…


Il y a prés de 30 ans que je n'ai pas revu la Butte. Sans doute elle a bien changé elle aussi. Je ne suis pas certaine d'aimer autant ce que je retrouverais que ce que j'ai laissé. Déjà mon vieux central a fermé définitivement ses portes au début des années 2000. J'étais partie déjà, non pour retrouver trace de mes ancêtre mais pour une autre contrée que j'ai vu se métamorphoser à son tour. 
La roue tourne inévitablement et laisse des traces où peu à peu tout s'efface. Mes racines sont aujourd'hui ensevelies  sous des montagnes de souvenirs qui ne me rendront jamais l'âme de ce passé. 


Je me souviens de ce coin où j'ai grandi. C'était un petit coin de terre où il faisait bon se reposer. Nous étions enfant et notre passe temps favori était de faire des roulades, on disait des "rondelous", sur les pentes gazonnées jusqu'à la rase en contre bas. Là un tapis d'herbe rêche amortissait notre course depuis le haut du pré. Située en contre bas de la route, la partie la plus haute restait en friche et abritait quelques faune sauvage, que nos vaches ne dérangeaient qu'à peine lorsqu'elles y pâturaient au milieu des genêts.  Bordé par une tuvelle (bordure qui limitait l'espace entre deux natures de terre) un champ s'étendait sur une belle surface où cultiver seigle et pommes de terre était aisé. Pendant que nos parents le travaillaient, nous surveillions nos bêtes pour qu'elles n'ailles pas s'égailler dans l'herbe grasse réservée aux foins dès l'été. Parfois, l'une d'elle venait nous lécher les pieds ou renifler notre goûter fait d'une tranche de pain bis et d'une barre de chocolat meunier. 

Au printemps, dès que les dernières neiges disparaissaient, un tapis de jonquilles le recouvrait. C'était le moment de remettre en état les prairies. Papa, muni de son taille pré désengorgeait la rase pour rendre à l'onde claire sa trajectoire et éviter les ornières que les vaches avaient creusées.  Le frais cresson bleu réapparaissait alors, prêt à nous régaler de bonnes salades dont tout le monde raffolait. 

Nous, pendant ce temps, nous nous occupions à tisser des joncs pour en faire des colliers et des bracelets. La Lorette, notre chien de berger chassait les mulots et autres rats des prés. Bientôt, l'herbe serait assez longue et nous pourrions, elle et nous, nous adonner à notre activité préférée (faire des rondelous ) en gardant à nouveau notre maigre troupeau.   La rase était bordée de pommiers que mon père et mon grand père avaient soigneusement plantés. Pommes à cidre et pommes à couteau formaient un petit verger qui donnerait à l'automne de quoi nous occuper. Pour l'heure, leur floraison était du plus bel effet et nous nous enivrions telles des abeilles, à respirer l'air embaumé. Plus bas, là où la rase faisait un coude afin d'irriguer une autre partie du pré, se dressait une rangée de cerisiers. L'été mes soeurs et moi, chapardions les premières cerises qui noircissaient nos lèvres de leur jus acidulé. C'était notre aire de jeux et nous, tous les enfants nous en donnions à coeur joie, le chien Lorette ou un autre à nos côtés. C'était l'endroit magique où beaucoup de   nos souvenirs  s'enchaînaient.

Mes Enclos vus du fond de la Pinatelle
En haut la route
 au même endroit, sous le grand pin en haut la route, avant qu'il n'existe plus.

nos champs des Enclos à l'ombre des pommiers, des cerisiers et des sorbiers au coeur des paturages, en premier plan, la Bretonne (dite Plancouët) la Charmante, la Blonde et la Nono

Et puis un jour, des gens avides de bonnes terres ont fait venir de la  ville, des ingénieurs qui d'un coup de leur crayon ont tout réagencé. Pelleteuses, bulldozers, ont  saccagé nos haies, nos chemins, nos fruitiers. Le remembrement était passé par là, de notre jardin d'Eden, plus rien n'a subsisté. Déracinés les pommiers. Abattus les cerisiers.  Détournée la rase et son eau claire. Finis les rondelous sur la pente inclinée, elle aussi fut rabotée. Plus de sorbiers. Plus de genêts. Plus de cresson dans la rase engorgée.  tout cela, dégagé ! Le remembrement pour les uns, le démembrement pour les autres. Nos prés et nos champs, "l'empire" (cinq malheureux hectares) que mon grand père et avant lui son père, s'étaient constitué, fut  dépecé. Nos bonnes terres furent  attribuées à d'autres qui les ont massacrées.   A la place on nous attribua quelques tourbières  difficiles d'accès et  assez improductives pour qu'on puisse en vivre et les exploiter. Le chemin qui desservait le grand champ des Enclos fut englué sous des monticules de remblais. Les terres arables manquaient et on les compensa par de mauvais  sentiers improvisés en champs, impossibles à cultiver. Les  Mêmes se partagèrent un gâteau bien amère pour ceux qui en firent les frais, même notre vieille Charmante fut sacrifiée. 

Il ne restait plus rien de nos jeunes années. La vie ici ne serait plus jamais pareille, plus rien ne subsistait.
Ce fut un rude coup pour mon père qui ne s'en remit jamais. 

aprés le ravage, mais cela avait moins de sens

nos bonnes terres remplacées par des joncs !


Elle était pourtant jolie ma campagne. Mais c'est partout pareil, un monde disparait, un autre se crée pour le meilleur ? Le plus souvent pour le pire, et disparaissent avec lui nos jours d'antan, où nous étions heureux. Ce coin d'Auvergne m'a rendue heureuse et mon père fier de moi. Je crois que mon grand père aurait aimé savoir qu'il a guidé mes pas. Les enfants ? Ils y ont implanté leur souche. Se sont imprégnés de ces lieux  et les aiment autant que moi. La boucle se boucle malgré soi mais les graines semées ça et là ont pris racine et je suis contente de voir que parmi la fratrie, je ne suis pas seule à défendre nos souvenirs enfouis. 
  



Et maintenant, que fait-on ?

 Je suis tombé sur un dessin d’Alcide, artiste dont j’ignorais totalement l’existence.
Ce dessin, probablement inspiré par le risque de voir l’extrême droite arriver à l’Élysée
m’a rappelé l’époque où les Algériens vivant en France étaient l’objet de remarques
racistes quand ce n’était pas d’agressions ou d’accusations diverses.
Ce dessin m’a rappelé quelques scènes vécues dans l’enfance.
Mais à vous ?
Je sais d’expérience que parmi les premières choses dont on avertit « l’étranger » qui arrive à la
Gare du Midi à Bruxelles est souvent « Faites attention aux Marocains ».
Les saints étant une petite minorité de la population, il est probable que le dessin donne une idée de ce que risque de devenir la société sous peu, vu la façon dont s’étend la pensée qui a mené à ce dessin…
Que vous ayez été témoin ou qu’un souvenir plus ancien vous revienne, on verra bien lundi ce que vous en pensez…

Oui maman, d'accord maman ! 

La blondinette s'en va en cours cartable au dos. 

La mère part faire son jogging en forêt avant d'aller au boulot. 

Pendant ce temps, Farid quitte tranquillement son logis sous les toits et aprés avoir accompagné sa petite soeur à la maternelle, et laissé deux de ses frères l'un en CP et l'autre au CE1, il regagne la cour de sa classe, dans l'école d'à côté. Là il retrouve, Tariq un autre enfant de la cité, qui joue aux bille avec Romain, David, Julien et Malick, quelques filles font cercle  autour d'eux, un autre groupe plus loin tente de les interpeller, parmi eux, Léopold et Pierre-François, les deux plus grands. Ils sont à l'affut de la petite Caroline qu'ils voudraient bien embrasser. D'ailleurs, ils ont fait un pari : lequel lui volera le premier baiser aura le droit d'intégrer la bande à Jacques-Marie, le fils du notaire, bien connu pour être le chef du gang des midinettes, car c'est lui le don juan du quartier. Il fait fureur auprés des étudiantes de la faculté. 

Caro, la petite blondinette passe devant le groupe de Farid au moment où une bille mal contrôlée roule devant ses pieds et manque de la faire trébucher. Comme sa maman le lui a conseillé, elle se précipite auprés de la maitresse en faisant semblant de boiter tout en chouinant que Farid l'a faite tombée. 

Aprés avoir examiné le prétendu bobo, la maitresse qui n'a rien vu, promet de punir le coupable qui dès la récréation devra copier 100 fois, je ne dois pas faire tomber mes camarades. Un lettre verte, une lettre bleue, une lettre noire et une lettre rouge, s'il vous plait !

Farid, lui qui n'a rien fait, essaie de se défendre et plaide sa cause : "j'ai rien fait m'dame,  z'avez qu'à demander aux autres, on jouait aux bille, on l'a même pas vu  Caro !"

Veux pas savoir dit la maitresse, exécution, sinon, je double  la sentence ! 

Penaud, le pauvre Farid regagne sa place pendant que Romain, témoin de la scène et prêt à intervenir à la moindre injustice, se précipite pour innocenter son copain. Malika qui n'aime pas l'injustice non plus intervient à son tour. 

Je ne veux rien savoir, dit la maîtresse, vous êtes punis aussi ! Et puisque c'est ainsi, je supprime les billes , interdites dans la cour !  Exécution !  Rompez ! 

La semaine dernière, c'est le ballon qu'elle avait confisqué. Avant hier, c'était les  Pokémons, source de dispute entre deux clan. Mais que reste-t-il à ses pauvres enfants ? Et comment vont-ils se divertir à la récréation ? Avec des lignes à 4 couleurs ? Voilà comment on fait aimer l'école ! 

Mais là n'est pas le sujet, n'est ce pas. 

Le sujet, lui traite d'un sujet bien plus grave et bien plus sérieux qui dès demain (nous sommes lundi 4 novembre 2024, veille du mardi 5 novembre 2024) embrasera, le risque est grand, le monde entier. C'est déjà loin d'être la joie partout où l'on va...

Farid, Malik et les autres ont déjà la vie dure. Bien dure, hélas !

La suite de mon histoire, c'est qu'encouragées par le dénouement de la scène précédente, Caroline et quelques autres, garçons et filles se sont plaints d'autres faits dont Farid et sa bande auraient été coupables. Au bout du compte, Farid fut renvoyé de l'école. N'étant coupable de rien, les méfaits on continué. Les parents d'élèves sont intervenus au prés du directeur qui promit d'être vigilant, il faisait toujours la même promesse au parents qui venaient se plaindre, mais n'intervenait jamais. 

Un climat délétère s'installa rapidement. Dans la rue, certains parents s'insultaient, parfois même se bousculaient en venant même à des actes  de plus en plus violents. La violence engendre tours plus de violence ? Que resta-t-il alors à ces enfants pour s'exprimer ? A ces parents pacifistes, car il y en a n'est ce pas, pour lutter contre cette haine rampante et ce désastre lié à l'inculture et au rejet de l'autre ? 

* Ce texte est une fiction, bien entendu !

Et si la maitresse avait été comme moi ? Elle aurait renvoyé Caro à ses prétendues écorchures et bleus de nulle part, aurait, dès la cloche sonnée, entretenu ses élèves d'une leçon de tolérance, expliqué que   même si le droit le permet, il n'est pas toujours légitime. Qu'il ne doit pas être au détriment de certaines catégories de personnes. Que celui ci n'est pas un droit, parce qu'il est discriminent et, pire, c'est du racisme, ce qui est un crime.  Que la vie est faite d'imperfections et qu'il incombe à tous de faire en sorte que la vie ensemble ne soit pas un calvaire pour les uns et marche pied pur d'autres. 


Et maintenant que fait-on ? Bon courage, les amis ! 

197e du nom. Au théâtre ce soir.



Mr Renoir en peignant « La loge » porte un regard qui me semble critique sur ce couple dont je ne sais s’il est au concert ou au théâtre.
Mais à quoi pensent donc les deux moitiés de ce couple ?
Écoutent-ils ?
Regardent-ils ?
Songent-ils mais à quoi ?
Nous en saurons plus lundi j’espère…


Regarde, Nini, tout en bas, au fond, là bas, ne dirait on pas Monet, et juste à côté Monsieur Turner ? 

Il faut absolument que j'ailles les voir, tout à l'heure à l'entr'acte. 

Bien sûr Edmond, bien sûr. 

J'ai besoin de m'entretenir avec eux au sujet de ce nouveau mouvement dont me parle sans cesse Auguste.

Mais pourquoi ne lui demandes tu pas à lui  justement ? Tu ne me semble pas être le plus mal placé pour cela ? 

Mais parce que je veux écrire un  article pour ma chronique du jour dans le magazine des arts, et je veux que celui ci soit le plus neutre possible.

Monet d'accord, je comprends. Mais ce monsieur Turner ?

Et bien, il se trouve que Claude est allé longtemps en Angleterre et que monsieur Turner est un des principaux maîtres en la matière. Je veux creuser un peu plus le sujet pour comprendre mieux ce qui se cache derrière ce nouveau courant. 

Tu as probablement là le bon filon pour créer l'originalité de ton sujet, je le lirais avec délectation s'il parait un jour.

Bien sur qu'il paraitra ! ne joue pas les oiseaux de mauvais augure. Prend plutôt les jumelles qui encombrent tes genoux et scrute avec moi, pour me dire s'il y a d'autres pistes à exploiter. 

Dites 33

 Oui, 33. C'est désormais le chiffre de l'année. Et ce depuis hier. 



Que liriez vous sur cette carte, si vous aviez de bons yeux ?  Je vais vous le dire, comme elle n'est pas trés nette, j'ai voulu couper et agrandir, mais pas concluant mon affaire !

Hier c'était le joyeux anniversaire de la Ponette, et aussi de Jean Ba, le fils d'Ambre et de Lumière. Nés le même jour, à quelques minutes d'intervalle. 

Mais revenons à celui de la Ponette, il fut bien arrosé, mais non, pas avec ce que vous croyez ! enfin ! un peu quand même, mais pas que, beaucoup d'eau surtout. Et malgré cela, un super belle journée. 

Avec plein d'invités. Quand la maison fut vide, un peu tard dans la journée, je n'ai pas eu le temps de poster. Je le fais maintenant avant de m'attaquer à d'autres tâches. Le soleil est revenu. Tout à l'heure, son frère regagnera ses pénates. Elle, est au travail (tout comme hier matin), et cet aprés midi, elle fera chez elle ce qu'elle n'a pas pu faire hier. Ménage, balade avec Fellow son chien, qui n'est pas beaucoup sorti hier aprés midi, vu le temps, mais qui a bien profité quand même de changer d'air. Puisque lui aussi était de la fête.  Pas de cuisine pour moi aujourd'hui, il y a assez de restes. Un peu de rangement, un peu de ménage, et si le temps qui est compté reste suffisant, une balade pour faire des photos. J'en ai fait trop peu ces derniers temps. 

Bon anniversaire ma Ponette. Bon anniversaire aussi à Jean Baptiste. 

devoir 1936 Ce tango a mis le temps.


La première chose qui m’est revenue quand j’ai vu cette image, c’est la voix de Tino Rossi.
« Le plus beau de tous les tango du moooonde… C’est celui que j’ai dansé dans vos braaaas »
Mais pas seeulement.
Mais vous ?
Que vous inspire cette toile de Mark Keller ? Un souvenir ? Un spectacle ? Un morceau de vie ?
Nous verrons bien lundi qui ce tango aura inspiré…
Espérant toutefois que le sujet ne fera pas peine à Alainx qui n’a pas pu danser le tango mais semble néanmoins très bien passé de la danse pour fasciner quelqu’un pour le suivre pour la vie.


Je ne sais pas danser. Pas plus le tango qu'autre chose, Même la danse des canards. 

Par contre, j'aime la danse, mes deux pieds, non. J'aime la musique d'entrainement que provoque ou qui provoque la danse. Je pense avoir ça dans la peau. D'ailleurs pour le devoir précédant, je regrette de n'avoir pas été plus perspicace et de n'avoir pas évoqué cet arrière  grand père, joueur de violon, appris sans doute sur un chantier de maçons à la capitale comme nombre de ses pères lors de chantiers innombrables aux quels se livrèrent les maçons Auvergnats, Creusois, Limousins, Corréziens, de la Loire de la Dordogne ou bien d'ailleurs. Passé commun de notre histoire, riche de notre culture, de nos savoirs. Ce sont nos racines, c'est notre gloire. Je les remercie de tout ce qu'ils nous légué en mémoire. 

Peu importe que je ne saches pas danser. J'ai le sens du rythme dans la peau, j'aime la musique. J'aime les mots. 

Du plus loin qu'il me souvienne, dès mes 15 printemps, il faut me croire, j'ai essayé de participer à ma mesure à ces bals, non pas de faux culs, de vrais bals de fêtes foraines, où une fois l'an, je me devais, c'est ça aussi le droit d'ainesse, d'accompagner mes petites soeurs   au bal des conscrits lors de la fête foraine de notre patelin. C'était l'unique fois où maman  nous laissait à ma soeur cadette et à moi, quartier libre : accompagner nos jeunes soeurs jusqu'au bal, sans quoi, point de sortie. Je n'aimais pas ces sorties forcées, ma soeur, ne les détestait pas, voyant en celles ci l''occasion de s'amuser un peu et de rompre avec un quotidien fait de corvées plus que de loisirs et d'amusement qui malgré notre jeune âge, nous faisait défaut plus qu'il n'en faut. 

Je me revois, sur le banc assise, à faire tapisserie, comme on disait. En compagnie de quelques vieilles venues profiter de l'occasion pour cancaner. Parmi elles, l' Alphonsine qui aimait bien se délecter de nouvelles  amours naissantes et supposées et d'amourettes tout juste nées. Parmi elles, aussi la Francine. Venue en garde du corps de sa fille lourdement handicapée, dont elle le savait bien, des jeunes ou des moins jeunes, peu scrupuleux, ne tarderaient pas à profiter. 

Un soir de fête, ma soeur et moi, revenant, minuit passé, par la Pinatelle, en chemin nous rencontrâmes une âme errante.  Sur le moment, nous eûmes fort  peur. Quelqu'un nous suivait. Nous retournant, nous reconnûmes notre voisin, le Charles. Celui ci avait fort arrosé la fête et comme ancien poilu, parlait à un personnage imaginaire, l'interpellent en allemand. Nous n'avons pas tardé à l'identifier. Soulagées, nous nous écriâmes : "mais c'est toi ! le Charles !  notre voisin Charles faisait partie de nos familiers, un intime. Ma toute jeune soeur, d'ailleurs, n'hésitait pas à le positionner en bonne place sur la liste de ses nombreux pépés. Mais quelle ne fut pas notre déconvenue, lorsqu'arrivées à notre hauteur, ne nous reconnaissant pas et croyant avoir à faire à un fantôme des tranchées de Verdun, il nous menaça avec un bâton, qu'il brandit comme une baïonnette. Surprises, nous passâmes notre chemin, sans plus de façons et le lendemain, nous confiâmes notre peut bleue à maman. 

J'ai quelques autres souvenirs, de fêtes foraines qui me reviennent aussi. Quelques années plus tard. Ma cousine Jeanine, âgée de deux  ans ou trois de plus que moi, se faisait fort de nous entraîner mes soeurs et moi, dans les bals de localités voisines. Cela reste de bons souvenirs malgré tout. Tout ce temps passé ensemble, à papoter sur le chemin du retour, comme sur celui de l'aller. 

Je vous offre le plus lumineux des tangos. On a toujours un plaisir immense à évoquer ce monument de la chanson française. je vous laisse un instant en sa brillante compagnie.


ou bien celui là



195ème Devoir de Lakevio du Goût

 Cette toile de Mark Keller me rappelle quelque chose et m’inspire un conte.
Mais à vous ?
Qu’inspire-t-elle ?
On le saura peut-être lundi…


Quand jules est au violon, c'est  la danse des canards qui redémarre. Ceux ci s'invitent de loin et forment une chaine tout au long de la mare  se secouant le bas des reins tout en faisant coin-coin. De couacs en couacs, le violon de Jules leur répond. Un canard qui ne picore pas du pain dur, se perche alors sur le mur et entame avec Jules une discussion. Coin-coin, couac-couac, quoi que cela ne soit pas trés clair, couac-couac, coin-coin, et voilà que dans son coin, Jane et sa cane se disent tout bas : " ce charivari  vaut bien  une contre danse jusqu'à ce qu'un  chat ivre arrive en trouble fête,  tagada tsoin-tsoin pour faire  ron-ron, tagada tson-tson. Jane et Jules s'en vont au bal   avec Léon à l'accordéon, accordez, accordez, accordez  donc tous vos violons. 

La Jane, fait partie de la bande au Léon et avec Jules ils s'éclatent en couchant au violon car il est caméléon.

Devoir 193. L'automne


J’aime particulièrement l’automne mais que vous inspire-t-il ?
Certains lieux me remuent le peu d’âme qui me reste, surtout celui-ci que j’ai parcouru tant de fois.
Êtes-vous plus « Ô bruit doux de la pluie, par terre et sur les toits »
Ou « Longue comme des fils sans fin, la longue pluie
Interminablement, à travers le jour gris, »
Êtes vous plus branchés Verlaine ou Verhaeren ?
Ou êtes vous simplement vous et vos rêves ou vos idées ?
À lundi, j’espère…



 Cette rue qui descend de la butte a quelque chose de familier. J'en ai parcouru tant de ces rues depuis qu'un jour de mai 1981 j'ai découvert pour une quinzaine d'années Montmartre d'Est en Ouest du Sud au Nord et dans bien de ses recoins. Printemps, ou été, automne ou hiver, les charmes divers  de ces quartiers, au fil des saisons m'ont envouté. Je l'ai dit 100 fois, mais cent fois, c'est pas beaucoup, c'est surtout pas assez. 
L'automne a ceci de particulier : c'est la saison des vendanges et à Montmartre, les vendanges ne doivent pas se rater. C'est aussi la saison des amours mortes aprés un été mouvementé. Mortes mais sans cesse renouvelées. Avec ses rencontres plus sereines, plus durables et rassurantes, car on le devine, on y prend des engagements qui dureront au delà du printemps. J'aime particulièrement l'automne. A Montmartre, comme ailleurs, depuis que je ne vais plus à l'école, c'est à dire depuis de bien nombreuses années. 
Tout à commencé avec mes souvenirs de quand j'étais enfant, où revenant des champs quand le soir tombait, la main dans celle de maman, on rentrait le troupeau à l'étable. Papa s'occupait des dernières pommes de terre qu'il ramassait séparant les grosses des plus petites qui serviraient à la nourriture des cochons. Puis venait les labours avec ses deux vaches liées, tantôt la Charmante et la Blonde, tantôt la Jacade et la Mignone, papa tenait le manche de la charrue pendant que maman, marchant devant, l'aiguillon à la main  guidait l'attelage et pour moi, le plaisir de suivre aux champs surveillant les 3 autres qui n'étaient pas de corvée. Bien emmitouflée dans mon manteau laineux, je me blottissais au pied du grand pin qui m'abritait du vent,  je regardais le soleil qui descend derrière les montagnes lointaines, couvrant d'or et de feu, les sapins tout proches du bois des Barthes où bientôt on irait ramasser les airelles, les champignons et les châtaignes tombées sur le chemin des Bordes, pendant que papa et maman, feraient provision de bois mort pour garnir le fourneau, unique source de chaleur  quand l'hiver viendrait.
L'automne pourtant c'est la porte à Toussaint, les vivants qui s'occupent des morts, au moins une fois dans l'année. Les chrysanthèmes et les noix, les raisins et les pommes, le cidre doux, le vin âpre, l'huile pressé au moulin, le givre et les champignons qu'il ne faut pas ramasser. Les saisons qui se suivent, le temps qui passe, effaçant les anciens, laissant place aux nouveaux sans garantie de meilleur, chaque jour offrant sa  peine aux miséreux.
L'automne c'est aussi la plainte des corbeaux volant sur la plaine quand elle est dénudée. L'aboiement d'un chien dans le soir qui tombe, quand passent les charrettes sur le chemin de pierres, écorché.
C'est le vent froid venu du Nord qui se brise dans les genêts. 
C'est la douceur d'un foyer et la soupe qui fume dans l'âtre attendant le début de la soirée. 
C'est la veillée où chacun retrouve sa place devant la longue table, une fois le labeur terminé. 
La sérénité des chaumières calfeutrées, le calme retrouvé seulement rompu par le chien sous la table qui frappe le sol en  grattant   ses puces avant d'aller se coucher. 
C'est nous tous réunis.  Nous tous fatigués mais tellement heureux d'être ensemble, même si  on ne  le savait pas encore. Ce sont les jours qui s'égrainent et qui ont la saveur d'un passé retrouvé dans les histoires racontées par les pères et grand pères et qui ne reviendront jamais. 
L'automne c'est la plénitude avec  le sentiment du devoir accompli, du repos bien mérité, enfin gagné dont on va pouvoir profiter. C'est la récolte engrangée. Le fenil bien garni. C'est l'hiver qui s'avance, les semailles prochaines pour garantir un autre automne tout autant bien rempli.    

A l'aventure.

 Et bien me revoilà ! Je vous ai manqué ? Mais là  je sens que vous allez être gâtés. Je ne sais même pas par quel bout commencer. Des nouvelles, des bonnes, des moins bonnes, en veux tu zen voilà. 

Commençons donc par le début.  Nous étions le 23 septembre et nous apprêtions à prendre le large. Passant devant chez la voisine, j'avais remarqué une épaisse touffe de poils roux. 

Evidemment, Ti-Lion était passé par là et à tous les coups s'était battu avec quelqu'un, mais qui ? Grand mystère !

Par contre le lendemain matin, la joue pleine de pu nous indiquait que la blessure n'était pas de la veille et que nous devions réagir. 

Petit séjour en clinique, traitement pour combattre l'infection, dispositions prises pour qu'il soit bien, nous pouvions décoller. La ponette avait pris les rênes  et nous la route. 

Sous des trombes d'eau nous avons regagné la Bretagne où nous étions attendus, y compris par le soleil. Nous étions le vendredi soir et la mer était haute. 

Le lendemain nous avons fait notre première balade entre bois, rivière et chasseurs. La balade, je la connaissais déjà pour l'avoir faite il y a quelques années. Cette année là, les bois avaient brulés, il ne restait que quelques souches calcinées. Cette fois, la végétation avait repris ses droits. 




Sur l'autre rive du  fleuve, sur son éperon rocheux, le château de la Roche Jagut dominait la vallée. 

Dimanche en famille, puis balade tardive le lendemain, comme à notre habitude, notre halte au gouffre de Plougrescant avec un vent contraire et une mer sans vague, mais sous un ciel de traine particulièrement changeant. Le vent assez fort avait provoqué des dégats électriques et la totalité des fourchettes bloquées dans le lave vaisselle, nous avons mangé le soir à la lueur des bougies de fortune avec des fourchettes de bébé !




 

Lundi une jolie promenade dans les marais pendant que la mer remontait, nous offrait de beaux décors où de belles vaches Highland paissaient dans le marais.






Nous arrivions ainsi doucement au mardi. Plus vaillants que jamais, nous avons attaqué une balade un peu plus compliquée faite de bois escarpés le long du Leguer, autour du château de Tonquédec. Mais se trompant d'itinéraire, au hasard des sentier, nous nous sommes aperçu que nous en faisions une autre  à l'envers, plus difficile et bien moins jolie !





Mercredi, jour des enfants et des anniversaires. Nouvelle rencontre avec les petits et les grands enfants, belle soirée, agrémentée au par avant d'une mini promenade prés de l'embouchure du Yaudet.





 Puis jeudi qui s'avance timide et chaud pour la saison, ou c'est moi qui transpire de montées en descentes sur les rives du Jaudy  cette fois. De moulins en moulins avec au fil de l'eau quelques espaces ouverts sur une nature généreuse et pleine de surprises insolites. 









Quand le dernier jour se profile, nous on en prend encore plein les yeux, juste assez pour rater le dernier coucher de soleil, rose orangé, caché par les feuillages d'une haie bien trop haute pour permettre un cliché. 








Ce fut une bonne semaine. La route du retour ensoleillée ne fut pas si longue qu'à l'aller et me laissa encore du temps pour récupérer l'intrépide chat écorché. 


 Sans vous dire laquelle de ces balades j'ai préféré, toutes sont magnifiques, je vous laisse découvrir en quelques pas, en bord de lignes, ces fabuleux paysages qui ne sont jamais les mêmes tout à fait, mais offrent tant de ressources et de joie à l'oeil du promeneur qui ose s'y aventurer.

Quoi de neuf aujourd'hui ?