Après Anne-Françoise Coulomy et ses portes dont on se demande toujours où elles mènent ou ce qu'elles cachent, voici Fernando Saenz Perdrosa et ses attentes d’un train qui mènera je ne sais où pour rejoindre je ne sais quoi ou échapper à je ne sais qui.
C’est toute l’histoire de « Le je ne sais quoi et le presque rien ».
A vous, et à moi, de jouer d’ici lundi…
Vive le 93 ! Certains sont fous du 49.3, bien moi c'est du 9.3 et je vais vous dire pourquoi.
Quand j'ai quitté ma belle province, pas celle du Canada où je n'avais pas de cabane, mais quelques lopins d'une terre propre à la polyculture, orge, avoine, seigle, pommes de terre et autres denrées sensées empêcher le citadin de mourir de faim, terre d'élevage de quelques maigres troupeaux, cause de mon départ sous des cieux incertains, c'est à Paris que je suis venue poser mes bagages. Oh pas ce balluchon que vous voyez ici sur l'image, mais ma grosse valises. La petite gare où je pris le train, ressemblait fort à celle d'ici, avec son unique voie, sous la pluie. Par contre, dans la mienne de gare, la micheline se profilait sous le pont des Croisettes, depuis le Sud, venant d'Arvant, elle ralentissait un peu dans le virage pour s'engager sur le pont ferroviaire au dessus de la Couze et s'arrêtait à mes pieds au bord du quai. C'est le coeur gros que je me logeais contre la vitre à contre sens de la marche, pour mieux admirer encore une fois ce paysage magnifique bordant l'Allier et que je ne reverrais pas de si tôt. Cela dura des années, jusqu'à ce jour où je me suis réfugiée en Seine saint Denis. Saint Ouen m'a accueillie et a protégé mes enfants. Il y avait sur cette commune, héritière d'un passé de 45 ans de gestion communiste, tout ce qu'il fallait pour s'éduquer, se divertir; se loger, se soigner. Se loger avec un parc de logements sociaux inégalé, s'épanouir en tant que parent et enfant avec pas moins de 6 chèches pour 40 000 habitants. Son stade Bauer où évoluait l'équipe du Red Star. Sa bibliothèque gratuite et ouverte à tous, bien fournie en ouvrages d'éveil comme spécialisés, ses transports en commun, ses centres de soins et de santé, ses centres de loisirs et de vacances où petits et grands profitaient de moments magiques : Fort Mahon, Jullouville, saint Véran, Pré Manon , serre Chevallier... autant d'endroits où des vacances de rêves étaient à la porté de chacun. Tout à côté de Paris, j'allais au travail à pied (une demie heure) et de plus, j'aurais pu prendre le bus depuis la porte de Clignancourt, j'en avais deux qui me laissaient, un en bas de chez moi, l'autre à 2 pas. Un réseau social d'une grande qualité et diversifié, des rapports humains facilités par une écoute et un sens du dialogue peu commun. Bref, tout pour être bien. Et je l'étais. Nous l'étions. Alors pourquoi en être partie, me direz vous ? Je ne sais pas, vous répondrais je. Parce qu'on m'avait vendu un ailleurs plus juteux. Moins pollué. Plus tranquille. Plus vert. Plus prés d mes sources et de mon univers. La campagne ! pensez ! si je l'avais languies celle là ! et comment ! Et bien, je peux vous dire que si c'était à refaire, je ne referais pas le même chemin
Mon service fermait. J'allais devoir chercher de l'ouvrage ailleurs. La providence, en la personne bien intentionnée d'un ancien collègue à qui la province allait si bien, s'invita lorsque le printemps revint. Nous étions en avril. En avril ne te découvre pas d'un fil ! j'airais dû écouter ma mère ! La Haute Vienne cherchait des techniciens pour son réseau téléphonique (quand on voit ce qu'ils en ont fait de ce réseau, là comme ailleurs !) C'était bien la peine ! on serait bien, il fallait accepter. Bien ? Il aurait fallu voir ! En tout cas, je ne le fus guère et ne le suis toujours pas. Je ne suis pas bien car beaucoup de raisons y contribuent. Je m'y sens seule. Pas d'ami véritable, loin des miens que je vois peu, si ce n'est pour les voir décliner avant de disparaître tout à fait.
Je pris donc le train pour venir, en éclaireuse, découvrir cette merveilleuse région. Mais ce n'était pas la mienne. Seule la gare avait plus de charme. Les montagnes oubliées lors de sa création, me manquaient cruellement. Le roux des vaches ne remplacerait jamais les couleurs variées de celles d'à côté. Le soleil trop chaud me brulait la peau. La pluie trop fréquente réveillait mes douleurs. Le voisinage hostile (toujours) me créait de multiples problèmes. Le travail était inintéressant. Les mentalités y étaient rétrogrades. Et moi ? Je me mortissais dans cet univers pas fait pour moi. Deux ans aprés notre installation, la tempête du siècle emportait plus de 20 000 ha de forêt, toitures arrachées, pour notre part nous étions resté un mois sans chauffage ni électricité.
Par contre à cette occasion, nous avions mesuré les plus grands élans de solidarité dont étaient encore capables les êtres humains qui nous entouraient. Ce fut je crois l'occasion de me réconcilier avec cette population, loin d'être pire qu'une autre et tout aussi touchée par les mêmes effets et méfaits, que moi, d'une civilisation qui se dégrade plus vite qu'elle ne s'est développée.
L'autre jour, en rentrant de chez mémée, en voyant un troupeau de sangliers traverser la route devant nous, je me suis extasiée. La nature était belle. Mes regrets étaient définitivement envolés.
Deux jours plus tard, le cauchemar recommençait.
Cependant avec beaucoup moins de dégats et de moindres effets. La nature renaitra, se transformera, avec notre concours ou contre nous, c'est à nous de le dire.
quelle tranche de vie!
RépondreSupprimeret bravo, bien dit, tout ça :-)
Je suis contente, ton blog a accepté mon com ! Merci de ton passage.
SupprimerSi tu étais restée dans la région parisienne, tu serais aussi loin des tiens, et en plus tu n'aurais aucune vache à photographier, toi qui les aimes tant.
RépondreSupprimerTon voisinage n'a pas contribué à te sentir bien, je pense que c'est ça qui est très compliqué...
Difficile de quitter son environnement, ses amis, tu l'as fait deux fois, c'est très courageux !
Je t'embrasse très fort ma Délia
Il faut du courage et nous en trouvons toujours et je me demande où nous le trouvons.
RépondreSupprimerBravo Delia !
Et pour la Terre, ne t'en fais pas, la Terre s'en tirera tiujours.
Plutôt mieux sans nous qu'avec... ;-)
Oui on se demande d'où on le sort ce courage, pourtant, il est là où on ne le soupçonne pas. C'est peut être parce que lorsqu'il faut faire face, on le fait et on se pose les questions aprés ? Pour la terre, tu as raison, plutôt sans nous qu'avec !
SupprimerEn te lisant, je me suis dit jamais deux sans trois et je réalise que la troisième sera la dernière, probablement, alors en attendant je vais tâcher d'apprécier ce que la vie me donne et éviter de me prendre la tête. Ce sera déjà pas mal. Gros bisous ma Fabidouce (j'ai vu que j'allais devoir payer des droits d'auteur à Praline, mais que je ne serai pas la seule !)
RépondreSupprimerCoucou, une histoire de vie profonde et douloureuse puis un chemin d'espoir puisé dans l'épreuve. Je pense aux nombreuses personnes dont certaines sont décédées, d'autres qui ont perdu beaucoup de biens face aux deux dernières tempêtes. La nature souffrante reprend ses droits, l'homme n'est rien, ne l'oublions pas ; nous la respectons mais la situation climatique devient dramatique pour beaucoup de pays, de personnes. Restons très humbles. Bonne soirée à toi.
RépondreSupprimerL'homme n'est rien, non. Pourquoi se croit il si puissant ?
SupprimerS'il était à refaire je ne referais pas ce chemin, dis-tu... Puis je lis que tes regrets sont définitivement envolés... cela me rassure.
RépondreSupprimerGros bisous ma Delia ♥
(PS : c'est quoi cette histoire de droits d'auteur ??)
Coucou Praline, non je ne referai pas ce chemin, mais j'en choisirai un autre. Serait il meilleurs ?
RépondreSupprimerpour les droits d'auteur, je vais me taire, ça me coutera moins cher !
Aller bisous.