Cette porte de grange ou d’étable, va savoir, me rappelle quelque chose ces temps-ci.
Je profite après le début de l’Avent avant Noël, pour vous suggérer de fait un sujet en complément des fêtes.
Elle m’inspire évidemment une histoire.
Plus exactement un dévoiement.
Mais à vous ?
Vous lira-t-on lundi ?Petite maison dans la prairie ? Cabane au Canada ? Là haut sur le plateau de l'Aubrac, un buron perdu dans la brume, au milieu de nulle part. C'est là que se réfugient les vachers gardiens de troupeaux rouge ou fauve brun charbonné. Ils y font la fourme, celle que nous aimons. Celle que nous partageons les mois d'hiver, car la fourme du Cantal se déguste l'hiver. Fabriquée avec le lait d'estive, elle mature dans de vrais cavous en pierres, jamais moins de 6 mois où elle est encore jeune, idéale à 18 et parfaite à 24, elle constitue le principal ingrédient des repas des transhumants. Les citadins en raffolent en truffade ou bien comme moi, avec un bon canon de rouge ou de rosé bien frais, l'été quand il fait soif et que le chaud soleil tape trop fort sur nos têtes alanguies en mal de sensation.
Enfin ça, c'était avant. Il y a bien longtemps. Du temps de mes grands parents et même encore de mes parents. Mais les choses ont bien changé. On transhume à présent en camion. Les belles rouges ou blondes ne broutent plus le long des routes qu'une fois pour la montade et peut être une autre pour la devallade. Et encore, en ont - elles vraiment le loisir ? Poussées par les chiens de troupeau, impatients de montrer de quoi ils sont capables et pour quoi ils ont été dressés. Et l'envie, apeurées par les cris d'une foule de curieux, qui sont là à pousser des HI FOUFOU ! à gorge déployée et à applaudir bêtement au passage des belles encornées, tout empanachées de guirlandes qu'elles devront déposer sitôt l'estive gagnée lestées de lourdes clochettes qu'elles devront supporter tout l'été. Les vachers viendront en quad s'inquiéter de leur devenir et les soulager de leur lait pour laquelle une salle de traite ambulante aura été improvisée. Toute la bonne saison de mai à octobre, elles brouteront en liberté les hauts pâturages de l'Aubrac, de la Margeride ou du Cézalier.
Durant la guerre, elle fut peut être le refuge de maquisards, théâtre de drames, comme celui du Mont Mouchet. Peut être fut elle le refuge du Colonel Gaspard, chef du maquis d' Auvergne, aprés l'arrestation de Jean Chappat, chef des MUR. Peut être ?
La vieille cabane ne sert plus désormais qu'à l'entrepôt de choses hétéroclites, allant de bottes de paille, de foin , de matériel pour le moins sommaire tel une fourche ou un taille pré ou encore quelques outils de dépannage pour parer au plus pressé.
Le promeneur s'y abrite parfois par temps d'orage. Les amoureux y cherchent un refuge pour leurs amours naissantes ou confirmées.
L'hiver, y souffle une bise froide et sifflante qui s'infiltre à travers ses planches disjointes prêtes à s'ébranler. Au loin les corbeaux planent sur les pâtures et répondent à un loup solitaire affamé.
Mais elle est toujours debout. Même, elle n'a plus d'âge. Seulement là pour se souvenir que tout le monde ne vit pas ni d'amour ni d'eau fraiche. Que la vie est rude et que beaucoup s'en contenteraient pour s'abriter de la chaleur l'été et du froid l'hiver par temps glacé.
en quad pour aller voir ses vaches? le romantisme géorgique fout le camp dans des vapeurs d'essence ;-)
RépondreSupprimermerci pour ces infos (je pensais qu'on disait le fourme, mais donc c'est féminin?)
comme dit GWen, tout fou le camp.
SupprimerTout change ma bonn' dame... et tout fout l'camp ! J'ignorais que les troupeaux étaient maintenant transportés par camions.
RépondreSupprimerUn beau jour, nous apprendrons que les sardines bretonnes sont mises en boîte avant d'être pêchées !
Nous sommes nombreux dans ce cas.
RépondreSupprimerCet été nous avons roulé longtemps sur la route de Margeride, c'était superbe !
RépondreSupprimerEt oui ces granges en ont vu des histoires, belles et moins belles.
Il faudrait pouvoir les préserver...
Gros bisous Délia
Préserver notre patrimoine car c'est le bien commun et il est précieux. Et non ce qui rend beau le paysage, ce ne sont pas les éoliennes, mais nos vieilles batisses et leurs troupeaux. Bisous Fabie.
RépondreSupprimerTranshumance en camion !
RépondreSupprimerC'est dingue !
Et des touristes en bagnole pour regarder des vaches.
Bon, en même temps, je me demande s'il n'y a pas des gens qui pensent qu'on fait le fromage avec du lait de tracteur...
Bonjour, Le pastoralisme n'existe que grâce à des passionnés qui en maintiennent la tradition, préservant ainsi bien des aspects de la nature. Les autres veulent vivre du mieux possible, cela passe forcément par des méthodes moins respectueuses de l'environnement. Mais est il possible quand on a plus des centaines de bêtes à transhumer, voir des milliers pour les moutons, d'emprunter les routes pour parcourir des distances considérables qui ne manquerait pas, qui plus est, de constituer une gène pour les automobilistes, quels qu'ils soient, qui ne manqueraient pas de s'impatienter et de créer des incidents, graves, parfois ?
SupprimerPour le fromage, je me souviens qu'une de mes cousines, institutrice, m'avait rapporté cette anecdote ; interrogeant ses petits élèves sur la provenance du lait, (dans les années 70, et dans un chef lieu de canton rural) avait reçu cette réponse : " chez (le nom de l'épicier du coin)
C'était avant....Maintenant il faut produire, aller vite.....Le temps presse....Mais la cabaneest toujours là!
RépondreSupprimerElles n'ont pas l'air mais elles tiennent debout parfois longtemps ces cabanes ! Pour le reste : autres temps, autres moeurs, mais pas sans conséquences en effet.
SupprimerEt dire qu'on appelle ça le progrès.
RépondreSupprimerImpossible retour vers le passé, plutôt vivre avec son temps.
SupprimerLa Margerides, mon pays. Peu de cabanes isolées, dans le Cantal. Des burons oui, des granges non.Les habitants se regroupaient en hameau ou en villages, pour survivre dans le cantal de l'époque, il fallait un tant soit peu de solidarité.
RépondreSupprimerMaurice Montel, dont il est fait mention dans le lien wikipédestre, était aussi un des 80 parlementaires à avoir dit non aux plein pouvoir à pétain. Après la guerre, il venait régulièrement chez nous, c'était une sorte d'ami de la famille... Il fut, (je crois) le patron des assurances de Paris (UAP, anciennement la séquoinaise). Il "pistonna" deux de mes sœurs qui y firent carrière.
Merci Xoulec, pour ce précieux témoignage.
RépondreSupprimerBurons dans le Cantal et tras dans les Monts Dore, ou Jas dans le Forez, creusés dans la terre pour les tras, en pierre recouverts de lauzes pour les burons et de chaumes pour les jas, ( les granges de ce type n'auraient pas tenu longtemps sous l'effet des vents et de la neige ! ) ces ouvrages d'art constituaient l'habitation principale pour les transhumants, jusque dans les années 50 - 60 en effet.
C'était l'époque de l'indispensable solidarité et où les élus de la nation étaient encore proches de leurs administrés Maurice Montel en faisait partie. Nous n'avons pas aujourd'hui d'élus aussi courageux qu'ils le furent !