Et voilà ! je veux écrire sur entrenoussoitdit, mon autre blog intimiste et canal me jette aprés avoir accepté de me tendre la main pour l'ouverture d'un nouveau message. Qu'à cela ne tienne, je vais écrire ici ce que j'avais à vous confier. Car c'est de confidences intimes dont il s'agit. Je ne me suis jamais épanchée sur ce sujet. Je n'en parle pas. Jamais. Faut-il qu'il me chatouille un peu l'esprit pour que j'y consente enfin ? Ce midi au cours de notre frugale repas nous avons échangé, le Patou et moi sur certaines questions des aspects de notre entourage. Il s'agissait de mon frère pour la circonstance. Je tentais de lui exposer les conditions dans lesquelles ce dernier avait été éduqué. Nous n'étions pas d'accord sur la finalité de cette dernière quant au résultat escompté. Nul ne guérit de son enfance. Et s'il le fallait ce que je vais vous exposer tente à le démontrer.
Mon frère fait preuve d'une certaine dextérité, pour ne pas dire une dextérité certaine qui le pousse à démonter tout ce qui peut se monter et à parfaire tout ce qui est imparfait. Malheureusement pour lui, il y a toujours quelque chose qui échappe à sa sagacité et transforme son oeuvre en gros oeuvre plus approximatif, qu'achevé. Son truc à lui, c'est le mécanisme, la mécanique, devrais je dire. Tondeuses, tracteurs et autre outils de jardinage, tondage, rafistolage, débroussaillage, tout y passe. Tout y casse. Il tond, il ramasse pierres et racines qui enrayent la mécanique. Et le voilà qui démonte et qui remonte en oubliant certaines pièces, alors il recommence, mais ça ne marche pas encore, il redémonte et toujours rien qui se passe, sauf la panne, irrémédiable. Irréversible qu'il abandonne. Il débroussaille, pareil. Il fait bruler, tout qui s'enflamme. Il veut éteindre, le feu repart de plus belle ! bref, rien n'est jamais acquis l'homme, surtout pas sa force mais plutôt sa faiblesse. Lui sa faiblesse, il la tient de son enfance.
Né comme moi un 16 juillet, 5 ans plus tard, nos destins sont carrément opposés. Lui, c'était un siège. Mal oxygéné, certaines conséquences ne furent pas sans effets. quatrième d'une fratrie où les difficultés furent nombreuses, son père, qui était aussi le nôtre aux trois précédentes, je le dis car cela a son importance. Mon père allant jusqu'à renier sa propre responsabilité dans la conception de cet enfant, garçon pourtant, mais qui ne correspondait pas à l'image que se fait un père, de sa descendance qu'il aspire à voir lui succéder.
De là, vous imaginez, je suppose, par quoi l'enfant a dû passer. Brimades, humiliations, sévices, y compris corporels, moraux surtout et il n'y a, on le sait bien, rien de pire pour un enfant se succèdent et s'enchaînent. Si bien que la mère, prise au piège, ne sait comment faire pour réparer cette injustice. Tout au moins pour créer un contre poids qui ne s'avèrera qu'inefficace, voir contre productif, le père, lui quant à soit, jouant de son pouvoir pour se servir du fils afin d' anéantir plus encore la mère, qu'inconsciemment il rend coupable de lui avoir engendré un fils qui ne peut en aucun cas être de sa lignée et encore moins de sa descendance. De là tout s'enchaîne et se dégrade. Je ne sais pas. Je ne sais pas dire pourquoi. J'étais une enfant. Pardonnez moi. Être victime des circonstances de sa naissance, comme si avant de naître on pouvait agir sur son avenir. Faut être con, quand même, pour ne pas réaliser en tant qu'adulte que ce n'est en aucun cas la faute de l'enfant. Je ne sais pourquoi, pourtant ils l'ont fait. L'un et l'autre, nos deux parents ont réglé leurs comptes entre adultes consentants à travers deux de leurs enfants. Je ne peux pas dire si je leur en veux. Ni si je culpabilise de n'avoir pas. De n'être pas. Réagit à leurs débordements, intervenue pour dire non, pas ça. Je ne savais pas. Comme un enfant ne sait pas. Où est le juste où est le mal, pris en tenaille entre ses parents à l'origine de sa conception, de sa construction, de sa formation et de son éducation. Ses repères, ses limites, sa place, c'est de là qu'il les tient. Personne ne peut objectivement faire la part des choses. Les parents sont les parents. On les aime. On les vénère. Pas question de les juger, ni de remettre en question quelque que soient les circonstances, ce qu'ils ont pu faire, ce qu'ils ont pu dire. On les aime, on les respecte. Point. Eux pareil. Ils nous aiment à leur façon. Ils font du mieux qu'ils puissent faire et ils font. L'inconscient fait le reste. Parfois la perversité. Mais là, il n'en est pas question. De perversité, ni de sadisme. Rien que des conditions de vie difficiles, une vie dure, des choses lourdes. Un passé encombrant. Et de tant de choses qu'il faut bien considérer. De tant de choses qu'on ne peut occulter. Mais qui constituent un tout auquel on ne peux échapper.
Mon frère donc, n'a pas bénéficié de soutien, ni même d'éducation qu'il aurait dû recevoir. Pas plus du temps de la communale, ni même du temps d'aprés. Au prétexte qu'il cassait tout ce qu'il avait sous sa main, gauche qui plus est, tout le monde a renoncer à faire montre de patience à son encontre et il en est resté ce qu'il en est.
Parti dès son cours élémentaire, dans un centre de santé, loin des siens, la communauté religieuse qui l'accueillit pour lui prodiguer soins et réeducation, car outre ses problèmes d'ordre psychiques, il souffrait aussi de carence en développement physique, ne se souciait pas tellement de l'enseignement scolaire mais plus des prières. Ainsi, quand il revint au bout d'une année, il était l'âge pour lui d'être orienté. Parallèlement, l'éducation nationale de l'époque, n'avait que faire non plus de ceux qui restaient sur le bord du fossé. On choisit pour lui. Il aimait la mécanique et aurait pu faire un bon ouvrier. mais c'est de menuiserie qu'on l'instruisit. Bien sûr, il n'avait aucune base solide, point de mathématique, pas plus que de français. Il sait tout juste lire aujourd'hui, et pas toujours compter. L'école à deux vitesse, il n'y a même pas eu accés. Lui est reste à l'entrée.
Alors, oui, aujourd'hui en résulte ce qu'il en est. Mal dans sa peau. Mal dans son être, mal dans sa vie, toujours ce besoin d'être sécurisé. Toujours ce besoin d'être réconforté. Et parallèlement, ce besoin de s'exprimer. De s'accomplir et d'être soi, de faire pour soi. De décider de sa propre destinée. C'est légitime. C'est humain. Alors plutôt que de l'accabler, de le juger, au moins essayons de comprendre et de l'aider.
Je crois que je n'ai jamais été aussi loin dans mes confidences, peut être que je vieilli, que je grandi et prends conscience de mon impuissance à ne pouvoir pas soulager les peines de ceux qui me sont chers. Qu'ils me pardonnent. Mais au moins, je ne partirai pas un jour sans l'avoir écrit.
Mais dans cette histoire, un petit garçon n'a jamais pu trouver ni de repaire, ni sa chance, ni d'éducation. Ni même faire d'études, avoir accés à un minimum. C'est triste et c'est ainsi.
chère Claude, je venais te souhaiter une bonne fête... et je tombe sur cet article que je vais prendre le temps de lire car il ne peut être parcouru à la va-vite !
RépondreSupprimerDes bisous, et j'espère que tu as passé une bonne journée !
Merci. La journée s'est déroulée normalement, il faisait beau, j'ai fait semblant de jardiner. Je t'embrasse.
SupprimerAh oui, c'est vrai, c'est ta fête, alors très bonne fête tout d'abord ! :)
RépondreSupprimerCompliqué ces différences d'éducation entre les enfants d'une même fratrie !
Surtout qu'à l'époque on ne détectait pas certaines pathologies !
Cela me fait penser à un des petits fils de Zhom qui est dyspraxique , petit il était hyper maladroit et nous pensions tous qu'il ne faisait pas attention !
Heureusement il a été détecté en maternelle (après bien des errances) et maintenant il a un ordinateur pour sa scolarité, mais cela aurait été à la même époque que ton frère, il serait resté en rade aussi !
Mon second a été "refusé" par mon ex, aussi j'ai compensé, et du coup ai un peu "laissé tomber" mon aîné... Compliqué pour les deux !
Culpabiliser pour les actes qu'ont commis nos parents, je connais, étant l'aînée et ayant subi la première tous les actes de maltraitance de mon père, j'ai culpabilisé de ne pas en avoir préservé mes sœurs et mon frère, mais vois- tu je crois que ce n'étais pas de notre ressort, ni à toi, ni à moi !
Je te serre très fort dans mes bras Délia ♥♥♥
Oui, c'est compliqué. Bien des choses auraient été différentes si elles avaient eu lieu un quart de siècle plus tard. Comme tu dis, on culpabilise et surtout on se sent coupable car on se pense complice. Dans ton cas, c'était encore différent puisque tu as été la première à souffrir des actes de ton père. Pour ma part, je n'ai subi aucun mauvais traitement. Je sais que la vie a été trés dure pour mes parents, c'est pour cela que ni je condamne ni je juge qui que ce soit. Par contre je m'en veux de n'avoir rien dit, rien fait juste laissé passer. Je t'embrasse toi aussi.
Supprimerje n'ai rien commenté à ce sujet mais qu'aurais tu pu faire ? tu n'y étais pour rien !
SupprimerSans doute. mais aujourd'hui cela ne m'empêche pas d'avoir des regrets. Je t'embrasse ma belle.
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RépondreSupprimerOui, merci, maintenant que l'hiver est chaud,... à la saint tricot, je m'emploie, je suis entrain de terminer celui que j'avais entièrement défait parce qu'il avait rétréci au lavage essorage, plutôt, je sais déjà lequel je vais entreprendre d'ici la fin de la semaine. Bonne soirée à toi, gros bisous.
RépondreSupprimerChère Délia
RépondreSupprimerj'ai commencé à rédiger un commentaire ... qui s'allongeait, s'allongeait... pour finir j'ai écrit sur mon blog ! Je t'embrasse, bon dimanche ♥
J'ai vu, merci. Je viens de te répondre. Je t'embrasse aussi.
RépondreSupprimeroui c'est infiniment triste, et je l'ai vu souvent comme les enfants restent loyaux envers leurs parents, même s'ils ont eu à en subir des choses graves.
RépondreSupprimerEt oui, c'est pour la vie, on n'en guérit pas.
Mais je suppose que ton frère sait que tu l'aimes et que ta présence lui fait beaucoup de bien.
Ce n'est certainement pas à toi de culpabiliser!
Bises.
Culpabiliser ? Non, peut être n'est ce à personne. Mais j'en veux à la vie qui fut si dure pour eux. Comme pour bien d'autres. Sans cette dureté là, que je mesure complètement, je pense qu'ils auraient pu être heureux, et le destin aurait changé de face. Pour eux comme pour nous. J'apprécie ton point de vue. C'est une aide pour l'analyse que j'essaie de faire aprés ces si nombreuses années. Merci Adrienne.
RépondreSupprimerJe suis loin de penser que ces enfants là sont mieux lotis de nos jours!
RépondreSupprimerEt non, les enfants ne peuvent pas être tenus responsables des actes de leurs parents. Les enfants n'y sont pour rien. Ne te culpabilise pas. C'est l'entourage adulte qui a laissé faire qui est à blâmer.
RépondreSupprimerLa première chose que je soulignerai, c'est la confiance que tu nous fais et dont je te remercie. J'espère que pour toi ce sera un soulagement, un apaisement et une étape.
Ensuite il y a le regard juste et aimant que tu portes sur ton frère. Tu as envers lui des mots de la vraie fraternité. Tu exposes avec justesse les conséquences néfastes de ce qu'il faut bien appeler un rejet de la part du père, qui s'enracine dans sa propre histoire et sa déception qu'il n'a pas su gérer. Avec le recul tu analyses très bien l'ensemble de la situation, ses tenants et aboutissants. Petite enfant tu n'avais pas encore la conscience suffisamment développée pour comprendre la complexité des problématiques d'adultes. D'autant plus que personne ne t'expliquait rien du tout. Évidemment une enfant ressent, mais elle n'a pas la faculté d'analyser ses ressentis comme un adulte, et n'a pas de pouvoir d'action comme un adulte. Surtout si l'enfant est seule au milieu des naufrages des tempêtes. Manifestement ton frère n'a pas eu « son compte légitime » d'amour et de présence éducative qu'il était en droit d'attendre. Comme toi. Comme les autres. Comme nous tous enfants.
Mais ce qui me marque le plus en te lisant, c'est à la fois la lucidité sur la situation, ton absence de condamnation des personnes, ton intense affection pour ce frère qui a eu à subir « tout ça » et supporte si encore les conséquences. Tu dis une chose très importante : « prendre conscience de mon impuissance à ne pouvoir pas soulager les peines de ceux qui me sont chers ». C'est vrai. Nous n'avons pas tous les pouvoirs. Mais nous pouvons accueillir l'autre tel qu'il est dans son état difficile ou douloureux et être « à côté et accompagner ». J'appelle cela la compassion active, cette attitude qui ne laisse pas seul ou qui n'abandonne pas celui qui souffre. C'est un des sommets de la grandeur et de l'humanité que peuvent partager les hommes et femmes.
À la fin tu dis « qu'ils me pardonnent » mais de quoi donc ? Tu n'as rien à te faire pardonner, c'est tout le contraire. Ton cœur est empli d'amour vrai, et même envers ceux qui ont failli. Y a-t-il sentiment plus grand et noble ?
Bonjour Alainx, Je ne sais pas quoi dire. Je ne suis pas en droit d'attendre quelque commentaire que ce soit. pourtant je dois bien reconnaitre que cela me fait plaisir, d'une part, et s'agissant des tiens, cela me fait encore plus plaisir car je les sais toujours constructifs et fort à propos. Ton analyse de situations que l'on confie ici, ailleurs aussi, mais moi, je n'ai que la chance de le faire ici, pertinente et bienveillante réconforte.
RépondreSupprimerAlors c'est moi qui vais te remercier chaleureusement d'avoir pris ce temps d'écoute. Tu as de grandes qualités pour ça. Toute mon amitié Alainx et à bientôt de te relire à nouveau.