La véritable histoire des citrouilles.


 Puisque cela ne semble pas être un poisson, reprenons voulez vous notre histoire de citrouilles.

Donc, il était une fois,  au beau pays de ma naissance, un pauvre paysan qui ne savait quoi faire. Il errait dans le village, de ci de là et pour se distraire, cultivait un arpent de terre à quelques pas  du jardin de mon frère. Il poussait  de tout dans ce jardin.  Mais surtout des citrouilles.  Des potimarrons, des courges de quoi rendre envieux et jaloux le voisinage en particulier les Lanouard qui n'avaient pas de potager.

Voilà donc ce qui arriva la veille d'un jour de foire à Sauxillanges  où la belle Solfie Lanouard aimait à se rendre avec son petit panier.

La nuit au clair de lune, la mère Lanouard se rendit au potager du Gaston et remplit à pleine  brouettée son saoul de potirons. Seulement voilà, la Violette, le chien du Fernand, le voisin le plus proche se mit à japper. Et jappe que tu jappes, le Fernand sans faire trop de bruit, histoire de pas réveiller la Mauricette, se leva et alluma la lampe du dehors pour voir ce qui se passait. Voyant la lumière allumée et se sentant démasquée, la Solfie bascula la brouette pleine de citrouilles dans le fossé et se cacha dans le petit bosquet juste au coin du hangar de Prosper. 

Mais quand elle s'apprêta à en sortir, la Violette se remit à aboyer et la lumière se ralluma chez le Fernand, qui cette fois, muni d'une lampe torche explora les environs.

Zut, se dit la Solfie, mal lunée, je suis refaite comme un rat ! si jamais il me voit ma réputation va en prendre un sacré coup, car il ne va pas manquer de raconter par le pays que je rapine partout et fini les bonnes affaires. 

Pendant que la mère Lanouard tentait de se camoufler, le Fernand, lui, parti explorer le secteur, se dit : "Tiens, mais  que fait cette brouette toute remplie de citrouilles à moitié renversée dans le fossé ?"  Et sans plus réfléchir à l'affaire, voilà qu'il embarque le chargement, 



direction la cour des poules, où il remise les citrouilles dans le tombereau, prêtes à partir pour le marché. Mais pas celui du lendemain  à Sauxillanges, ni celui du surlendemain à Cunlhat, non celui du jeudi qui a lieu à Ambert, beaucoup plus important et plus éloigné aussi.

Pendant ce temps, la Mauricette réveillée par tout ce raffut, préparait le café.

-Dis donc le Fernand, que se passe-il, ? T'es bien de bonne heure ce tantôt !  t'es pas si matinal d'habitude !

-Oh Mauricette ! si tu savais ! j'en ai une bonne à te raconter.

Et pendant que Fernand entretenait la Mauricette de l'affaire, devant chez lui, Gaston Leroux et Solfie Lanouard à peine remise de ses émotions, tenaient conversation, au beau milieu du chemin.

Evidemment, à bonne heure, le Gaston était venu prendre des nouvelles de ses potirons. Voyant le désastre, il ne manqua pas de pousser des hauts cris, ce qui réveilla la Solfie qui espérait bien passer inaperçue en rentrant chez elle aprés la nuit tumultueuse qu'elle venait d'endurer au coin du hangar  à Prosper. 

 


 Bien sur il  lui parla de citrouille elle ne lui confia pas la sienne, ni ne le renseigna sur  ce qu'elle faisait là à une heure si matinale, mal fagotée et son sac à la main. Mais toujours est-il que sur les hauteurs du Monestier le jeudi, aprés avoir fait la foire à Ambert, on en connait deux qui  ont bien rigolé autour d'un pâté de campagne,  d'un bon vieux rouge et d'un pot de rillettes dûment appréciées avant de regagner leurs pénates, bien pénards et loin de la  rumeur, de tous ces Maigret en herbe. Mais à chacun sa soupe, pas vrai ?

Devoir de Lakevio du Goût_118.jpg

18 commentaires:

  1. merci pour cette véritable histoire des citrouilles, qui illustre fort à propos quelques proverbes :-)

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    1. Par exemple, tel est pris qui croyait prendre ou encore un tien vaut mieux que deux ou bien l'habit ne fait pas le moine, pour ma part, je retiendrais bien que l'occasion fait le larron. A chacun de choisir le sien finalement. Bonne semaine Adrienne.

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  2. Finalement tu as fini par avoir une idée ;)
    Originale et bien illustrée !

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  3. L'idée était sur le feu depuis la semaine dernière, c'est le temps qu'il me fallait pour la mise en oeuvre de ce délicieux potage, vois tu ! il fallait bien le préparer et le laisser mijoter avant de vous le servir bien chaud, quoique... pour certains c'est peut être déjà du réchauffé !

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    1. c'est ce que j'ai pensé en te lisant, que la semaine supplémentaire avait aiguisé ton imagination et donné de temps de peaufiner une vraie histoire :-)

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  4. Tu vois que tu peux nous faire de chouettes histoires bien plus drôles que "Le Livre des Proverbes" de l'Ancien Testament.

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  5. Oui, alors quel proverbe attribuerais tu à cette histoire ? Cela dit en matière de testament, je ne connais absolument pas ni l'ancien ni le nouveau. Je sais à peine de quoi je parle quand je parle de ce que nos anciens nous ont laissé, et encore pas de tout !

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  6. J'adore ton histoire, tu as vraiment fait un chouette devoir.

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  7. Moi aussi j'adore ton histoire qui sent bon le terroir !
    Gros bisous ma Délia

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    1. Pour sentir le terroir, ça tu peux le dire ! merci de ton appréciation. Gros bisous à toi.

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  8. Que n'en v'là une histoire ! originale et passionnante en sus ! Ma copie me semble insipide à côté, mais je ne l'ai pas peaufinée comme tu as su le faire.
    Bravo !

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    1. Ta copie n'est pas insipide du tout, elle est attendrissante ton histoire, et puis chacun fait aussi avec le temps qu'il a. Merci en tout cas, belle journée à toi.

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  9. voilà une histoire qui doit encore se raconter lors des veillées devant la cheminée!

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    1. Je ne sais pas s'il subsiste tant de cheminées que cela, mais à mon avis, il ne s'y raconte plus guère d'histoires, on y est plutôt scotché devant plus belle la vie !

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  10. Je reconnais parfaitement la mairie d'Ambert. Facile ! Je n'ai pas de proverbe adéquat. Je me suis amusé de cette histoire de potirons.

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  11. La mairie d'Ambert ! tous ceux qui ont être trainé leurs guêtres dans le coin la reconnaissent assez facilement, même sans avoir lu "Les copains" de Jules Romain.
    J'aime bien le marché d'Ambert, moins important que celui d'Issoire, j'y avais mes habitudes comme par exemple l'achat d'allumettes à la boulangerie de la place du Pontel qui n'existe sans doute plus aujourd'hui.

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    1. j'ai découvert cette ville, et sa mairie, à la faveur de l’emménagement de ma sœur E. Elle allait occuper son premier emploi de monitrice d'auto-école. C'était il y a une éternité.

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