Rire aux larmes

Je l’ai repérée, voire reconnue, tout de suite. Elle m’a évidemment ramené à l’époque où je ne pensais pas à des tas de choses sans intérêt. Peut-être dans votre mémoire erre un souvenir que, j’en suis sûr, nous aimerions tous entendre. Raconté par vous il n’en sera que plus chouette. Alors à lundi
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Elle me fait penser à la chanson de Fanon. 

Qu'elle soit Juive ou Palestinienne, de Bohème ou de Clichy, Indienne, Mauritanienne, du Kurdistan ou de Turquie, de Pologne ou de n'importe où.

S'appelle-t-elle Liz ou autrement. Son sourire insouciant est peut être celui de Sana ou Malika, Natalie ou Fatima. 
D'où qu'elle soit et qui soit elle, mérite-t-elle la barbarie à laquelle son peuple est soumis. Les injustices et la misère la famine et la maladie.
Son destin de petite fille ne vaut il pas que la paix soit sur le monde. Que le respect de l'homme lui soit acquis et que les larmes lui soient épargnées. 
Petite fille du monde, tu es comme tous les enfants de la planète : ce qu'il y a de plus cher et de plus précieux. 
Tu me rappelles les petites filles que j'ai croisées, accompagnées, aimées et qui pourtant devenues femme ont galéré. Galéré pour être libres, galéré pour être heureuses, galéré pour être respectées et non soumises.
Petite fille d'ici ou de là bas, enfant bohème, sédentaire, ou en exil. Fille de mendiant ou fille de reine, ne mérites tu pas  qu'on t'aime et te chérisse pour que tu deviennes celle qui sauvera le monde de tous les crimes et autres villainies  ?

Je nous revois petites filles échevelées dansant dans les roseaux et dans les prés de mes Enclos. Je revois Françoise et Nathalie courir derrière les papillons, dans la prairie, cheveux au vent riant et chantant des chansons en sautillant. Je revois Annie, la toujours sage et Nicole, bouclettes brunes, jouer avec la Miss, la pauvre chienne que mon père n'aimait pas beaucoup. 
Notre insouciance, notre malice  sonnaient clair dans le silence de l'été, plombé par la chaleur  de juillet. 
Rien ne laissait présager de ce que serait l'avenir ni pour les unes ni pour les autres. Les mauvais coups et l'infortune vous tombent dessus sans se préoccuper de savoir si vous avez les moyens de les éviter. 
Toutes n'ont pas été épargnées.  A l'injustice des hommes quand il faut ajouter celle de la destinée, la chute est rude, il est bien difficile de se relever.
Il faut du courage. Beaucoup de courage pour affronter l'adversité. Le mauvais sort, la maladie, les écueils des mauvaises rencontres, les mauvais choix de route et toutes les embuches posées ici et là sur le parcours que l'on n'a pas toujours choisit.
Je voudrais juste rendre hommage à toutes celles qui moins fortunées que moi ont eu à affronter les duretés de la vie.

Combien de petites filles, de par le monde, ont dû passer sans transition du rire de l'insouciance de leur enfance aux larmes de la tragédie. Sans compter toutes celles privées d'enfance, de rires et de joies.
 A vous toutes, mes belles,  je viens me recueillir à genou devant votre courage et je voudrais dire à vous toutes et à vous tous combien on peut être trop occupés à surmonter et conjurer un sort qui nous accable avant que de s'apitoyer sur ce que nous sommes et de prendre le temps de larmoyer.

15 commentaires:

  1. Comme il serait normal que tous les enfants soient insouciants, malheureusement pour beaucoup, ce n'est pas le cas.
    Tu décris une réalité qui me serre le cœur!
    Bisous Délia

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    1. Qui pourtant est celle de la plus part. Bisous Fabie.

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  2. Tu mêles avec talent l'histoire du monde et la tienne propre avec beaucoup de justesse et cela, oui, comme dit Fabie cela serre le coeur, car aucune petite fille, aussi rieuse soit elle et amoureuse de la vie, n'est à l'abri d'une tragédie, à quelque moment de sa vie que ce soit.
    Belle journée à toi Délia, bisous

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  3. PS le 1er p'tit bouquin que j'ai écrit s'appelait "Du rire aux larmes" :-)

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  4. c'est tellement ça!
    (et tellement triste de ne pas pouvoir préserver les enfants)

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  5. Mais quand donc comprendra-t-on que tous, filles et garçons doivent pouvoir au vivre leur enfance avec légèreté ?
    Aller à l'école sans risquer plus qu'une écorchure à la récré ?
    Quand donc apprendra-t-on au moins à tous une stricte égalité des droits et un droit inaliénable au respect mutuel ?
    Que les filles ne soient plus des proies, que les garçons ne soient plus des cibles...

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    1. Quand la pandémie mondiale de la domination des uns par les autres sera terminée.

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  6. J'ai choisi d'en faire une petite fille qui allait devenir heureuse dans le pays d'adoption de ses parents. Il faut parfois être optimiste.

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    1. Sans optimisme on ne s'en sort pas et puisque cela arrive aussi, pourquoi n'en pas parler ?

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  7. Très beau texte...
    Un beau résumé de la vie !

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  8. Merci de ta visite. Hélas oui, la vie nous charge toujours plus qu'il ne faudrait. Même si globalement on a de la chance. Il nous faut s'en accommoder. Belle journée à toi.

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