J'habite dans le 9-3, au dixième étage d'un immeuble. En face de chez nous, il y a le cimetière de la ville de Paris. Clignancourt est à deux pas. Face à la maison de Lescogriffe, superbe demeure que nous surplombons, je peux admirer le ballet des tourterelles qui font leur nid dans les tourelles. Les bourgeons des grands platanes de l'avenue Michelet éclatent leur corset vert. De la rue Eugène Berthout on peut voir les premières fleurs. Madeleine à sa fenêtre regarde les enfants jouer dans sa cour. Ils ont de 3 mois à 10 ans, c'est elle qui les garde, les autorités lui ont autorisé d'aller jusqu'à 8 car la crèche et l'école sont fermées. Au loin le Sacré Coeur et les tours du Mont-Cenis invitent à l'évasion. Même si Paris revit aussi en ces temps incertains, les rues silencieuses et désertes me donnent envie de revenir dans ce quartier si familier et de l'avoir à moi toute seule pour prendre quelques clichés. Ce matin le ciel est gris, quelques gouttes de pluie s'écrasent sur le balcon. Par précaution, j'ai pris mon parapluie et je suis montée sur la Butte. Monte là dessus, me disait souvent mon père quand j'étais petite, tu verras Montmartre. Je l'ai vu souvent depuis. Même je l'aimais bien ce Montmartre tel qu'il était dans les années 80. On peut même dire que j'y ai fait carrière. J'en parle parfois quand l'occasion se présente. C'est à dire à chaque fois que quelqu'un l'évoque devant moi. Je revois cette rue qui descend vers le marché Saint Pierre, tout en bas chez Reine j'achetais mon tissus. Besoin de mercerie ? Je trouvais boutons et rubans, dentelles et quincaillerie pour rideaux que j' achetais aussi. J'ai toujours aimé trainer dans les rayons de mercerie. Si j'avais été commerçante, j'aurais pris une mercerie, ou une librairie. J'ai toujours aimé les livres aussi. Les couleurs, les belles choses et les histoires. Je suis en pleine rêverie. Je m'imagine sur une mer d'huile voguant vers des horizons lointains comme dans un tableau du douanier Rousseau.
Et soudain, le vent se lève. Venus de derrière la butte, de gros nuages noirs s'amoncellent. des volets claquent. Un tourbillon de poussière m'enveloppe. D'un geste prompt j'ouvre mon parapluie dont les baleines se retournent sous l'effet de la bourrasque. Bien vite je courre sur les pavés qui se mouillent à la vitesse de l'ouragan et je descends l'escalier pour trouver un abri. Je pense au Marché Saint Pierre. Mais tout est fermé. Heureusement je trouve refuge sous un porche et attends avec impatience que l'orage se dissipe, car l'heure tourne et je dois vite rentrer. Je suis confinée.
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Je me serais bien vue moi aussi tenir une mercerie, mais surtout pour la broderie et le tricot, je ne suis pas très couture...
RépondreSupprimerTu as de beaux souvenirs de ta vie parisienne, j'y ai passé un ou deux mois, il faudra un jour que je raconte.
Oui raconte, j'aime bien cette vie que j'ai eu là bas. La liberté, la découverte d'autres moi mêmes... et l'ouverture aux autres. Et toi tu étais dans quel quartier ?
SupprimerC'est chouette ce que tu écris.
RépondreSupprimerMa mère (qui m'a dit aissi "monte là dessus tu verras Montmartre") est née en 1921 et allait chercher son tissu au Marché Saint Pierre, chez Reine.
Une amie blogueuse, née en 1949 va aussi chercher le sien au même endroit, toi tu es née dans les années 80 et tu y vas aussi.
Je sais, pour y être passé cet été avoir vu des jeunes gens d'une vingtaine d'années, que les gosses nés dans les années 2000 y vont.
Toi, apparemment tu vivais à Saint Ouen devant le "Cimetière Parisien de Saint Ouen".
Je vivais à Paris dans les années 80 et j'ai déménagé en 1985 face au cimetière parisien de Saint Ouen, quand j'ai eu mon fils. Cette belle demeure dont je parle nous faisait rêver, on imaginait tout un tas d'histoires avec des monstres gentils et des dragons pas gentils, car elle s'y prêtait. Sinon je fais partie des vieux à risques maintenant ! J'aimais bien aller chez Reine même au grand marché aux halles Saint Pierre. Je faisais des couvertures pour mes enfants avec de jolis motifs. Je trouve que c'est bien que les jeunes redécouvrent les vertus créatives de la confection personnelle.
RépondreSupprimerQu'est-ce que tu écris bien ! c'est très vivant, on est avec toi en ces lieux.
RépondreSupprimer"Monte là-dessus tu verras Montmartre" ma grand mère aussi me disait ça :-)
C'est une réplique trés répendue grâce à une chanson des années 20. Le net nous apprend que cela aurait été l'hymne de la République de Montmartre ?
SupprimerOui... confinée... comme nous tous ! Je te pardonne de prendre le large de temps en temps, car vivre en appartement, même au 10e ça laisse peu d'espace pour un footing
RépondreSupprimerTu nous racontes bien ton escapade sous l'orage !
Remarque, c'est plus facile pour prendre de la hauteur par rapport à la situation !
SupprimerJe peux aller Rue des Abbesses mais je ne peux pas aller jusqu'à Montmartre sans tricher avec le confinement alors je regarde dépérir la rue des Abbesses.
RépondreSupprimerQue c'est triste tout de même, 1 km c'est peu, mais j'en connais et j'en vois qui ne se gênent pas pour transgresser la règle, ils misent sur la chance, c'est peut être eux qui ont raison, personne ne les contrôle. Par ailleurs, le port du masque va être obligatoire, mais on n'est pas capable de protéger les soignants !
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