Chant du départ.

La soirée est agréable.
Trois hommes et une femme semblent passionnés par leur conversation.
Sur quoi peut-elle bien porter ?
Racontez donc cette conversation et les répliques qu’elle vous a inspirées.


Nous nous réunissons souvent en marge,  Robert,  Benoit  Pierre et moi,  tous les midis, avant d'aller à la cantine. Mais ce midi, un camarade arrose son départ. Il fait valoir ses droits à une retraite bien méritée. 42 ans de carrière quand on a signé pour 37,5 , avouez qu'il y a de quoi se réjouir que cela se termine. D'autant que la reprise, sans aucune mesure de sécurité, en pleine crise de ce que vous savez  et les semaines qui s'ajoutent où on ne compte pas les heures ! 60 et plus ! le double d'avant ! et les congés qu'on vous impose sans pouvoir tergiverser, imposés, de force, et en période confinée, n'incitent pas à la gaité. Putain, y a de quoi péter les plombs ! Il a bien raison Maurice de se tirer de sous les pieds !


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Robert : - ça c'est bien passé la reprise ?  

Moi : - La reprise ? la vraie, celle où on pourra disposer de notre temps, de nos heures et de nos envies, de nos besoins,  On ne sait pas trop quand celle-ci aura lieu. Ni si elle aura lieu, les principales couches de la population, celles qui l'assurent, étant aux arrêts depuis plus de deux mois et vraisemblablement pour encore un temps certain, assez improbable mais indéterminé, sauf pour quelques uns dont nous, indispensable à la rentabilité de leur busness. 
Faut il alors se repasser des images du temps passé ou bien essayer d'anticiper sur un futur désenchanté ? 
Avouez que le choix cornélien qui nous échoit est assez peu engageant, voir désespérant. 
Aujourd'hui enfin une seule chose compte :
Faire la fête ! Oui faire la fête et pour cela braver tous les interdits qui nous sont faits et nous tiennent à bonne distance de ceux qu'on aime, de ceux avec qui on a des choses à dire et à partager, de ceux qui vont et viennent en temps normal et nous apportent joie et convivialité. Voilà les gars où j'en étais quand vous êtes venus me chercher. Oui vous avez raison.
Braver les dangers si danger il y a, autre qu'à se faire manipuler,  et pour les quels on risque un paquet de tune destinés à renflouer les caisses de l'état que nous dirigeants ont méticuleusement vidées. 
Ne plus les écouter  nous seriner en boucle de rester chez nous en attendant qu'on ait fini de nous anesthésier. De nous anéantir. De nous démolir. De nous contraindre et de nous agenouiller, comme cette bande de voyous qui prétendent nous donner des ordres et nous diriger mais nous envoient dans le mur, celui de la débâcle et de la honte.
Relever la tête et nous dire qu'il n'y a pas tant que ça de questions à se poser. Une ou deux pas plus, les autres découlant automatiquement de ces deux là : 
1) Qui orchestre tout ça ?
2) A qui ça profite  ?
Quand on aura la réponse à ces 2 questions, on y verra plus clair, déjà.
S'organiser pour se redresser et ne plus vivre le dos courbé. 
C'est le plus difficile. Chacun ses croyances à l'appui et ses solutions miracle
en poche n'étant pas prêt à écouter l'autre ni même à le laisser s'exprimer. 

Robert : - Ce que tu dis est vrai, on nous manipule et de plus en plus. Pour tes deux questions, elles sont basiques, c'est vrai, mais si beaucoup de choses en découlent, elles sont loin d'être simples et je ne suis pas sûr que tout puisse se résumer ainsi.

Pierre : - Tu vois, ce que je crois, moi, c'est qu'il y a tellement à faire pour arriver à coordonner une foule dont la plus part sont des moutons ! 

Benoit : - Bien sûr, mais si on ne fait rien ? Plus on laisse faire et plus les dégâts sont importants.

Moi : - Sans compter le temps qu'on leur laisse, en plus de celui qu'ils nous volent ! et ils ont déjà tellement d'avance !

Pierre : - Je ne sais pas trop comment  procéder. On ne voit rien coté FD,  Quant à la "Conf", je t'en parle même pas ! c'est inquiétant, tout ça.

 Benoit : - Aprés faut dire que c'est pas dans les merdias non plus qu'on leur donne trop la parole ! faut pas déconner non plus ! éh éh ! et puis les camarades, font ce qu'ils peuvent. ils  sont confinés je te rappelle  ! A mon sens, la solution est dans les boites, là où la production se fait, les autres couches de la population sont hors jeu en ce moment. Résistons,  organisons nous et avançons. N'attendons rien, que de nous mêmes. Mais n'attendons surtout pas qu'ils nous aient fichés, pucés, vaccinés. L'heure est grave. Tout est déjà en place pour nous isoler encore plus. Ils nous bâillonnent et pour cela pas besoin d'avoir un masque. Masque qu'ils tombent de plus en plus si on sait bien observer. Ne nous laissons plus abusés, ouvrons les yeux.  Associons les faits entres eux et tirons en les bonnes déductions et conclusions. Ne nous trompons jamais ni d'adversaire, ni de combat, et sachons toujours où l'on va ! Mon père me disait toujours "tu vois ti-gars, dans la vie, faut savoir d'où on vient pour savoir où on va".  Je ne manque jamais de jeter un oeil dans mon rétro pour savoir tout ça.

Moi : - Le mien disait pareil. Il disait aussi qu'oublier ses racines c'est se couper de son histoire et qui oublie le passé est condamné à le revivre. Alors il faut résister. Résister d'abord individuellement et faire en sorte que tous le sachent, car seul on est moins fort,  cela passe  par le refus. Refus de se soumettre à une autorité qui est  illégitime. Gandhi le disait, désobéir est un devoir quand l'état est hors la loi ou corrompu. Et il me semble qu'on en soit là.

Pierre : - ça pour être illégitime ! quand on est élu avec moins d'un quart de la population ! Et hors la loi quand on voit les décrets pris en ce moment au sujet de la santé de nos anciens !

Robert : - oui, mais même quand on est élu avec 1 voix, on est élu ! mais c'est sûr qu'à force qu'ils nous mentent tous, ils ne nous donnent pas envie de les élire, ni de croire en des futurs qui respirent la joie !

Benoit : - On n'en est pas légitime pour autant, ni plus fort, c'est même le contraire, si tout le monde, c'est à dire les + des 3/4 des autres s'opposent et s'organisent ! Quant à ce qui se passe en ce moment, il y a beaucoup à dire, et sur les responsabilités et sur la façon de traiter la crise. On nous prive de liberté, du droit de nous divertir, de nous aérer, mais pas du devoir de travailler et que dire de tous ces salariés à qui on a imposé des jours de congés ? Les congés c'est pour se reposer, se détendre, pas pour être enfermé et déprimer seul chez soi ou entassés à plusieurs dans une dizaine de mètres carrés, parce que c'est le cas aujourd'hui pour beaucoup d'entre nous ! 

Moi :  - le problème c'est la peur. Ils tiennent le monde entier par la peur. La faim fait sortir le loup du bois, mais la peur le fait se terrer au fond de sa tanière, quitte à en mourir. C'est pour cela qu'ils sortent en meute, soyons la meute et cessons d'avoir peur !

Ensemble : -Oui la question est bien de comment vaincre cette peur. 

Moi : - Informer, montrer que nous mêmes n'avons pas peur, rester ensemble rassure, conforte et renforce nos déterminations. Seul on ne peut rien faire, ensemble on peut tout.

Benoit : - tu as raison, tu as toujours été une mère poule pour nous, tu te souviens ?   Quand je suis arrivé au syndicat, tu étais là, c'est toi qui m'a appris ce que je sais aujourd'hui. On avance ensemble et parlons d'une même voix.

Pierre : - cela n'a pas toujours été simple, mais il dit vrai le Benoit, tu nous as toujours encouragés et nous as protégés comme une seconde maman. C'était bon de s'appuyer sur toi. Je suis prêt à te suivre.

Robert : - Beaucoup te critiquait, mais toi, tu avançais, sans faillir, tu avançais. Tu as toujours été debout, debout et droite... Je suis avec toi pour ce combat, là, encore. Tu peux compter sur moi, comme je pense tous ceux de la section.

Moi : - Oh ! les gars, faudrait moins picoler là, vous allez me faire chialer et c'est pas bon pour le moral, ça. Seul on n'est rien, ne l'oubliez pas ! sans vous tous, sans nous tous ensemble, personne n'est rien. allez on y croit et on continue d'avancer. On est en guerre, il l'a dit l'autre soir, le président,
 (Benoit en écho :- la guerre aux peuples ! la guerre aux pauvres !)  

Moi, en réplique, - c'est exactement ça, et bien dans une guerre, on mène des batailles. La première manche ils l'ont gagné et nous ne l'avons pas mené faute de combattant. En avant pour la deuxième et gagnons la. Ensemble, mais gagnons la !

Pierre : Bon, les gars, c'est pas tout, mais le père Maurice va s'étonner de ne pas nous voir. Nous lui devons bien ça.  Allons voir les autres... cela fait aussi parti de son combat. C'est le moment de leur Faire part de nos échanges, recueillons leur avis et si possible leur adhésion, c'est le moment où jamais, il faut saisir l'occasion quand elle se présente. Sans cela, tout seul  sur notre chaine, on n'y parviendra pas et entonnons ensemble le chant du premier mai.
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La scène se termine dans un tumulte général où chacun crie et vocifère que c'est la faute à l'autre si on a, si on n'as pas, s'il faudrait que, et qu'il aurait fallu, s'il fallait faire ou bien pas, mais que, et bien que, et au contraire,  et d'ailleurs y a qu'a, faut qu'on, et rien que ça. Puis finalement l'ambiance s'altère. Encore une occasion manquée. Maurice était content de son éclat. Pour sa dernière sortie, elle n'était pas mal réussie. Pouvait-il en rêver de  meilleure, lui qui sa vie durant avait consacré son temps à se battre pour les autres, pour un avenir qui chante et des jours heureux ? 
Cependant, les choses se décantent toujours et les idées font leur chemin, confortées par d'autres idées qui viennent enrichir le débat. On y voit de plus en plus clair et germent en chacun, les lueurs de l'espoir qui fait naître le courage pour affronter le lendemain. Il n'y a jamais d'inutile combat.

14 commentaires:

  1. Je te le dis : Que ceux qui entassent à leur profit les richesses qu'on crée, aillent gagner eux-mêmes leurs fortunes !

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    1. Oui, ben, c'est pas encore ! et je crains que les annonces futures de sieur Edouard n'aillent guerre (non, non, c'est pas une faute d'orthographe !) dans ce sens !

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  2. et tout ça en sirotant du champagne, tout de même, question de joindre l'utile à l'agréable (ou vice versa ;-) )

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    1. Pourquoi pas ? Le champagne n'est pas le monopole de la mondanité. Quoique ! (j'ai honte, mais aprés tout,puisque c'est Alainx qui me le prescrit !)

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  3. Aller ! Après ce merveilleux défoulement collectif :
    Champagne pour tout le monde ! Garçon remettez-nous ça !
    De toute façon on va tous crever !

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    1. Une bonne réserve de derrière les fagots, tiens, allez à la tienne, puisqu'on va tous crever ! (un jour, mais je ne suis pas pressée, pour ma part).

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  4. Deux questions primordiales...
    Désobéir, je l'ai beaucoup pratiqué, avec mes parents, et pourtant je risquais gros.
    Au boulot, en voulant qu'il n'y ait pas d'injustice.
    Il est certain que si on n'avait pas fragilisé le système de santé, on n'aurait pas eu peur de surcharger les hôpitaux, et le confinement aurait pu être plus souple...
    Là on nous fait peur, en disant que les "populations fragiles" (vieux, diabétiques, obèses) ne pourront pas être soignées, alors lorsque tu te trouve dans le lot, tu confines, et sur confines !

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    1. Tu as entièrement raison. Tout découle en cascades de cela.

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  5. Tu prépares le 1er mai ? Un 1er mai sans défilé cette année. Mais, parait que les militants vont accrocher quelque chose à leur fenêtre. Des banderoles ? Tu vas faire quoi ? Les routiers ont déposé un préavis de grève pour le 8 mai. Des jours noirs attendent les salariés, et, va savoir pour nous aussi..Mon pauvre oncle ne défilera plus, lui qui, jusqu'à ses 95 ans l'a fait. Dans ses souvenirs ne restent plus que ses engagements de militant...Il dit qu'il attend le déconfinement pour faire des conférences..Un de ses amis a dit que la CFDT perd un de ses meilleurs éléments..J'admire ceux qui vont au bout de leur engagement et ne dévient pas de leur route...tiens, comme toi aussi..

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    1. Oui Julie, je prépare le premier mai, en premier lieu, je signe en ligne la pétition qui s'intitule "ce que je veux pour le jour d'aprés" https://www.policat.org/p/9113
      et puis il y a plein d'autres choses comme tu dis : banderoles, casseroles, interpellation des élus...

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  6. Camarade Délia, tu mènes le combat avec ardeur mais contre le covid 19 et le manque de moyens dans les hôpitaux, les camarades se taisent.

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    1. Comme le dit Benoit dans mon texte, si on doit compter sur les merdias aux ordres, pour montrer où sont les militants et les "camarades", on n'est pas tirés d'affaire ! Pourtant, moi je les entends, je les vois aussi peut être parce que je suis à leur côté ?
      Voilà des années que nous descendons dans la rue, eux et moi pour dénoncer les mauvais coups que ce soit pour la santé, la retraite, la casse du tissus économique de notre pays, les revenus ou le climat, du reste. Que nous dénonçons sans relâche les mauvais coups portés contre les peuples, y compris sur les libertés. Qu'elles soient individuelles ou collectives. Les soignants, les usagers, les populations n'arrêtent pas d'alerter et de manifester ( 3 fois par semaine depuis le mois de décembre jusqu'au 12 mars dernier encore), que mes camarades salariés perdent leurs journées de salaire, 0 sur les fiches de paye en bas à droite pour les cheminots et la RATP pour décembre et janvier, guère plus en février et mars, (oui, je sais ça vous a emmerdé) mais je ne crois pas qu'il soit juste de dire que l'on se tait.

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  7. voui...voui..voui!!!! tu sais quoi ...ce sont les pères qui ont raisons ! :)

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  8. Parce qu'à cette époque, c'était eux qui avaient la paroles et les femmes le droit de se taire. Mais les mères sont là aussi pour dire les mêmes choses.

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