Lettre à Marie Hélise

Cette toile de Vettriano me fait irrésistiblement penser à Baudelaire.
Je verrais bien un devoir qui commence par :
« 
Je logeais dans la maison du principal, et j'avais obtenu, dès mon arrivée, la faveur d'une chambre particulière »

Et qui finirait par :
« Néanmoins un moment de réflexion me décida à attendre la fin de l'aventure. »
Ça, ce serait chouette…
»Heartbreak Hotel.jpg

« Je logeais dans la maison du principal, et j'avais obtenu, dès mon arrivée, la faveur d'une chambre particulière » ce qui était pour moi, non seulement un gage de confiance extrême, mais en plus l'assurance  de voir journellement la fille de ce dernier, dont tout le monde ignorait qu'elle était ma maitresse.

Je saisis l'aubaine sans maudire qui que ce soit ayant voulu m'enfermer dans un pensionnat aussi délicieux. pour tout dire, j'y serais resté ma vie durant tant les lèvres de ma bien aimée me semblaient délicieuse. Tant son corps frémissant  me faisait, à mon corps défendant,  me pâmer dès son apparition. Oh elle n'était pas indifférente au mien non plus ! surtout si j'en crois son allure non chat lente quand elle s'approchait, me frôlant divinement  de ses cotillons en mousseline et tendant vers moi son cou de cigogne dans un souffle langoureux, le regard aguichant, les mains moites et les lèvres entrouvertes d'où s'échappait un filet de salive sulfureuse.

Notre aventure dura quelques temps, puis je me rendis vite compte de son influence néfaste sur mes études de notaire. Certes les jeux  de rôle aux quels elle m'associait étaient bien plus drôles que le code des familles et l'étude des différentes hypothèses en matière de droit de succession. Mais les  distractions  étaient rares et je dois bien admettre que la personne était plaisante. Bien sûr je n'ignorais pas non plus que je n'étais pas le seul prétendant à la cour de mademoiselle.  Je voyais bien les yeux rouges et le regard tendre que lui lançait le gros Fernand. Je voyais bien aussi et j'entendais surtout leurs rires gras, quand dans l'escalier qui descend à la cave, il l'embrassait dans le cou. Je voyais aussi combien de fins gourmets la courtisaient et je supputais son esprit de résistance bien plus limité que ses talents d'aguicheuse. De plus, les plus anciens ne se privaient pas de ricaner sur mon passage, ne manquant aucune allusion à monsieur de Montespan.  Le nom de Montallant fusait parfois sur mon passage. Je savais bien qu'autant que mes études, ma réputation pâtissait gravement de cette situation et que je devais me ressaisir rapidement, présageant une fin future à notre idylle. Pour ne pas perdre la face, je lui écrivis une longue lettre, qu'elle lirait sans doute si elle avait le temps. Je préparais ma missive, la pliais en 3, cherchais une enveloppe, pour la mettre de dans, mais ne l'envoyais pas au dernier moment. « Néanmoins un moment de réflexion me décida à attendre la fin de l'aventure. »

 

 

14 commentaires:

  1. Oh l'imprudent! envoyer une lettre!
    :-)
    bien joué, ça colle parfaitement!

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    1. finalement non, réflexion faite, il ne l'a pas envoyée

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  2. Il a eu raison de ne pas envoyer la lettre, Marie Hélise, qui semble être bien légère, aurait pu lui faire du chantage. ;)

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  3. Bien trouvé ton histoire ! et l'on comprend son air déprimé ... on le sserait à moins ! :-(

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  4. Comme Adrienne : Ce type est imprudent et l'entreprise est risquée !

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    1. Déjà qu'il a pas trop une tête à prendre des risque, il fait bien d'attendre, les choses se feront toutes seules, comme souvent, c'est ce qu'on appelle avoir le sens des responsabilités.

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  5. De toute façon, elle va bientôt le laisser tomber.

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  6. C'est vrai qu'il est une tête à se laisser berner !
    La fille du tôlier les lui roulait dans la farine… un futur notaire qui perd la boule… c'est pas mon signe !

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  7. Il n a pas de c.. heu...cran..... elle est bien trop frivole....il est de la race des cocus

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