A l'heure qu'il est, le jour n'est qu'à peine levé. Ce matin, depuis qu'il pleut, plutôt depuis qu'il bruinasse, je ne fait qu'ouvrir aux chats, tantôt pour rentrer, tantôt pour sortir, de préférence pas tous en même temps.Mais à une cadence qui découragerait un portier de faire son métier. il faut dire que depuis presqu' une semaine, il cherchent. Ils cherchent leur compagnon. Malheureusement, ils ne le reverront pas. Frappé par une maladie auto-immune, l'âge aidant, il s'est laissé doucement partir. La veille, nous discutions son docteur et nous de l'opportunité d'entreprendre une opération. Nous avions donné notre feu vert, pensant que si on ne faisait rien, il partirait définitivement. Il n'y avait que peu de chances qu'il s'en sorte, mais nous avons pensé que perdu pour perdu, autant tenter le tout pour le tout. Malheureusement durant la nuit, son état s'est aggravé et c'est dans une léthargie profonde qu'au moment où on allait lui donner des soins, l'équipe médicale l'a trouvé.
"Comme s'il attendait notre décision pour partir" m'a dit le docteur des animaux, sans bruit, sans éclat, celui de ses immenses yeux bleus s'étant éteint comme la flamme d'une bougie dont la mèche a fini de se consumer.
Nous l'avons posé en terre tout prés de sa petite soeur partie quelques années plus tôt. Dans le coin du jardin entouré de roses parfumées, de pivoines odorantes, de rodhos flamboyants et de pruniers sauvages. A l'ombre du grand tilleul, là où avec ses frères, sa soeur et tous ceux qui ont parcouru avec lui un bout de chemin, il aimait jouer, chasser, se reposer. Prés de là, notre coin repas d'été, repos du soir, s'étend dans une grande tranquillité.
C'est là qu'il y a bientôt 14 années, sa mère est venu les déposer tous, au fond de la cabane qui servait de maison de jeux à la Ponette, puis de remise de jardinier. Nous les avions trouvés un soir en rentrant de vacances. Vifs comme l'éclair, intrépides comme le vent. La Ponette mit plusieurs mois à les apprivoiser, puis à l'approche de l'hiver, ils consentirent à rentrer. D'abord, son frère et lui, puis sa soeur, les autres restant prudemment aux abords de la maison, sans trop s'aventurer... Treize années se sont écoulées, chacune avec ses joies ses peines, son lot de rires, de larmes et la roue a continué sa course, bon gré mal gré et malgré tous les malgrés.
La dernière page écrite ensemble, ainsi tournée, nous sommes un peu déboussolés. Ses congénères aussi, qui se sentent orphelin et tout désemparés.
Mais la vie continue malgré tout, et il faut bien avancer. Profiter tant qu'il en est encore temps de nos espaces de liberté. Ceux qui nous sont permis et que notre santé nous autorise encore. Car le temps passe si vite... et laisse des traces sous nos pieds comme sur nos vies écartelées.Hier le sol gelé ressemblait à un paysage enneigé. Le givre présent trés tard me permit de belles photos (enfin que moi je trouve belles par rapport à d'autres que je fais). C'est ainsi qu'à peine levée, je contemplais les moutons tout tremblant sous leur toison laineuse.
Puis je pris ma voiture pour une petite course que je devais faire et que j'ai dû différer par manque de temps, tellement j'ai préféré ces paysages magiques, dont j'ai du mal à me priver, d'abord le vieux pont de Solignac où je me suis arrêtée,
puis parcourant la campagne, j'ai pu marcher longtemps sur un chemin inconnu, mais que je ne regrette pas d'avoir emprunté.
Longeant la rivière, en contre bas des tours de Chaluçet,
que j'ai laissé derrière moi, j'ai remonté le courant, passant devant un vieux moulin restauré et dont la roue ne sert plus qu'à marquer le temps et le passage des truites et des goujons dans ces eaux écumantes et fraiches les soirs d'été. Glacées l'hiver et par endroits gelées.
jusqu'au hameau des Planches. et ses vieilles maisons abandonnées pendant que de nouvelles se sont édifiées.
A l'aller comme au retour, je me suis délectée de ces figures féeriques que l'eau quand elle se fige, se plait à dessiner. Paysage de verre, arbres cristallisés, morsures de l'hiver sur les fougères gelées,
arabesques sur le sol sculptées. Magie de la campagne où la terre craque sous nos pieds pesants de glaise accumulée à nos semelles épaisses pour bien nous protéger.
Je referai sans doute cette balade et ce sera différent. Mon état d'esprit aura lui aussi changé, chaque jour est un jour nouveau, chaque heure qui passe un temps différent que je me plais à apprivoiser.
C'était donc ça, ce silence des derniers jours ... ton texte est poignant, mais je pense qu'il vaut mieux que les choses se soient passées ainsi, que devoir subir une opération et des soins qui auraient sans doute perturbé ses derniers jours.
RépondreSupprimerJ'apprécie vraiment la publication de tes photos en grand, c'est bien plus agréable pour moi, j'adore celles de la rivière, tu t'en serais doutée.
Oui, profite bien des jours où tu peux encore bouger un peu en voiture.
Chaque jour est un jour nouveau, oui. Et un cadeau.
Gros bisous ma Délia
Bonjour Ambre, tu as raison, cela l'aurait perturbé mais nous avions espoir de le sauver. Comme tu le dis, c'est sans doute mieux ainsi.
RépondreSupprimerLa nature est généreuse pour qui sait l'apprécier. Cette rivière me réserve toujours de belle surprise. J'aime son cours tranquille qu'il se faufile à travers bois ou pâturages entouré de collines verdoyantes ou près de gorges escarpées, la rivière m'apaise. Comme prévu nos jours sont comptés alors oui, il faut en profiter ! Je te fais des bisous, bonne journée et merci pour le message.
Il était beau ton chat, ta bête à chagrin que tu n'oublieras jamais, je pense à tous les chats qui ont partagé ma vie.
RépondreSupprimerTes photos sont belles mais je suis sûre que ça ne te console pas.
Ce sont bien des bêtes à chagrin en effet. Nos compagnons, non on ne les oublie pas.
RépondreSupprimerLe plus magique dans la promenade, c'était les stalactites et mites qui se trouvaient sur l'écluse prés du moulin. Je me suis régalée.
J'adore cette photo de ton chat qu'une main aimante caresse, c'est poignant, ainsi que tes mots. Nos animaux nous donnent beaucoup de joie et autant de peine lorsqu'ils meurent.
RépondreSupprimerTu dis toujours que tes photos ne sont pas belles, eh bien moi je les trouve très chouettes !
Gros bisous ma Delia.
J'ai dû vous gaver avec mon moulin , quand même ! je m'aperçois que je n'ai pas lésiné sur la dose !
RépondreSupprimerMain caressante que celle de notre Ponette !
RépondreSupprimerJ'imagine ta peine !
RépondreSupprimerNous partageons tellement de choses avec nos compagnons à 4 pattes !
J'adore tes photos avec les stalactites.
Gros bisous Délia
Merci Fabie. Ah c'est pas rien ces chats !
RépondreSupprimerQue c'est triste de perdre un animal. Moi j'ai perdu un chat l'année dernière et j'ai versé des larmes !!
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