-"Je me demande si le tableau de la grande est bien droit, qu'en penses tu, Lisa ? "
-" Hum, je le mettrais un peu plus à gauche, près du mur, car, il ne me semble pas tellement centré et puis il n'est pas droit. Je sais bien qu'elle dodelinait souvent de la tête, la grand mère, mais là elle penche beaucoup, non ? "
-" Heu ? tu trouves ?
-" ah ben si, elle ne va pas tarder à rejoindre le plancher si tu l'inclines encore un peu ! et puis, elle ne va pas bien à cette place, mets là plutôt de l'autre côté, tiens, alignes là sur l'angle de la cheminée, elle a toujours été aux fourneaux de son vivant, ça ne la changera pas beaucoup !"
-" Bon, comme tu voudras. Je vais la mettre au coin dans la cheminée."
- Ha ha ha ! très drôle, au coin dans la cheminée ! dis moi, tu n'aurais pas quelques comptes à régler avec elle, toi, par hasard ?"
-"Heu, non pourquoi dis tu ça ?"
-"Pour rien, ça m'amuse de penser que tu te venges en maltraitant son portrait."
-"C'est vrai qu'elle nous en a fait voir de toutes les couleurs du temps où on était gamin ma soeur et moi. Tu te rends compte, elle nous fermait à clé dans le cabanon sous l'escalier, pour amuser le Gustave, son dernier, alors qu'elle était sensée nous garder pendant que nos parents étaient aux champs ! plus on criait, tellement on avait peur, plus ils riaient, les deux, dans la cuisine. Et quand elle venait avec un bouquet d'orties, nous frictionner les fesses, au prétexte qu'on ne voulait pas aller garder les oies !"
-"Je ris à la pensée de vous imaginer trépigner de colère ou de désarrois pendant que la mégère vous asticotait avec son bouquet !"
-"Ah ouais ! ça t'amuse ! on voit bien que tu n'es pas passée par là, toi ! tu aurais moins ri si tu avais comme nous tâter aussi du martinet et si tu t'étais retrouvée enfermée avec la grosse truie, parce que tu ne voulais pas manger le riz trop cuit qu'elle nous préparait pour le repas de midi. On aurait dit du plâtre tellement il collait aux dents et à l'estomac ! Et quand on se plaignait aux parents, elle s’arrangeait toujours pour tourner la situation à son avantage et papa nous punissait à son tour. Combien de fois n'a -t-on pas fait de séjour au poulailler parce qu'elle racontait des histoires à dormir debout à notre sujet. Des soit disant misères qu'on lui aurait faites, à elle et au Gustave, ce branquignole ! quant à maman, la pauvre, que d'humiliations elle a subit de sa part ! Je ne t'en parle même pas. Évidemment, papa ne désavouait pas sa propre mère, je crois qu'il la craignait davantage qu'il l'aimait."
-"Tu crois ? "
-"Écoute, je ne sais pas, mais il est certain qu'elle ne débordait pas de tendresse envers ses enfants, tout comme envers ses petits enfants. Le seul qu'elle arrivait à tolérer, c'était le Gustave, parce qu'il était comme elle, aussi affreux. "
-"Tiens en parlant du Gustave, on dit au village qu'il serait revenu au pays avec une fiancée aussi terrible que sa mère, c'est étrange, non ? "
-" Etrange, pour la fiancée ou pour son retour au pays ? "
-" Oh pour les deux, aprés tout !"
-"Bon alors, pour la fiancée, je veux bien, quoique, si elle est comme lui, ça ne m'étonne qu'à demi, qui se ressemble s'assemble, et il valait mieux pas qu'il s'acoquine du temps du vivant de la grande, sinon c'aurait fait un drame. Mais pour son retour, il vient pour l'héritage, pardi !"
-" C'est ce que les gens disent..."
-"Ah ?"
-" Oui, j'ai surpris une conversation chez la boulangère, ce tantôt. Elle disait à la Germaine que le grand sacqué de Gustave avait débarqué l'autre jour, au bras d'une pétronille aussi laide que gourde, mais que celle ci avait de la suite dans les idées !"
-"Ah, elle serait pas si gourde qu'elle en aurait l'air ? "
-"Apparemment !"
-"Bon, ben, si c'est comme tu dis, il faut vite se dépêcher d'accrocher ce fichu portrait, qu'ils n'ailles pas dire qu'on n'a pas de respect pour la grand mère. Parce que si je me fie à son tempérament, à l'autre Gus, il ne va pas tarder à débarquer et ça va encore faire des histoires !"
-" Tiens ! d'ailleurs, j'entends le chien qui jappe."
Ah, ben, quand on parle du loup, il sort du trou ! bonjour Gustave, bonjour madame, quel bon vent vous mène ?
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il faut le brûler, ce portrait! un bon gros feu et le portrait au milieu :-)
RépondreSupprimerAttends, il faut d'abord voir le testament !
SupprimerRèglement de compte à OK Corral !
RépondreSupprimerJ'aime.
On ne sait pas encore combien il y aura de victimes, mais comme il ne faut jurer de rien, on va réserver le pronostic.
SupprimerDire que mon arrière grand'mère me manque toujours, celle que tu nous décris ne manque à personne.
RépondreSupprimerSurtout si le magot est bien fourni !
SupprimerJe suis de l'avis d'Adrienne, ce portrait ne peut apporter que de mauvaises ondes!
RépondreSupprimerc'est la prochaine étape, sans doute.
SupprimerA force de le trimbaler à droite et à gauche ce tableau, il finira bien par tomber dans la cheminée (allumée !) après tout elle a tellement aimé le fourneau cette grand mère !
RépondreSupprimerDu vécu ?
Non pas du vécu mais du sordide qui peut bien avoir existé. Je pense que la mère grand verra son portrait en enfer, effectivement !
RépondreSupprimere suis rassurée en lisant à la fin des coms que ce n'est pas du vécu ! Belle imagination : :)
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