Elle avait pour toute fortune, une vieille bicoque encore plus vieille et branlante qu'elle, un menu courtil qui lui permettait guère que l'entretient d'un carré de choux verts et de deux ou trois poules qui picoraient par les charires. Elle avait aussi une vache, une vieille carne qui n'avait que les quatre montants et dont le boucher ne voulait pas. Comtesse s'appelait-elle. Elle paissait par les chemins, allant d'un couder à l'autre, pendant que la vieille ramassait un fagot de genet, par ci par là. Les gens et leur chien chassaient la vieille, mordaient la vache et leur lançaient des pierres, mais la vieille tenait bon et ne répliquait pas. Quand elle rentrait chez elle, elle attachait sa vache sous l'appentis qui lui servait de toit, allumait sa cheminée pour chauffer le chaudron, puis elle allait mi trottinant mi boitant cueillir quatre feuilles de choux pour tremper son bouillon. C'est alors qu'une fois ses menues tâches accomplies qu'elle s'occupait de la Comtesse pour lui soutirait quatre goutes de lait. Le lendemain recommençait avec la même constance, rythmée par les mêmes gestes au fil de la journée. Monotone et tranquille, un jour poussant l'autre, se déroulait le temps. La vieille sortait sa vache de dedans son étable et l'emmenait par les chemins. "Mandso ma Comtesse, Mandso" lui disait elle, tandis que sur leur passage, bêtes et gens se déchainaient sans fin, insultant l'une et brusquant l'autre. Mais la vieille imperturbable continuait inlassablement... "Mandso ma Comtesse, Mandso," et regardant en direction des chiens et des gens, " sabé pas quié te mandsara".
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La vieille.
Elle avait pour toute fortune, une vieille bicoque encore plus vieille et branlante qu'elle, un menu courtil qui lui permettait guère que l'entretient d'un carré de choux verts et de deux ou trois poules qui picoraient par les charires. Elle avait aussi une vache, une vieille carne qui n'avait que les quatre montants et dont le boucher ne voulait pas. Comtesse s'appelait-elle. Elle paissait par les chemins, allant d'un couder à l'autre, pendant que la vieille ramassait un fagot de genet, par ci par là. Les gens et leur chien chassaient la vieille, mordaient la vache et leur lançaient des pierres, mais la vieille tenait bon et ne répliquait pas. Quand elle rentrait chez elle, elle attachait sa vache sous l'appentis qui lui servait de toit, allumait sa cheminée pour chauffer le chaudron, puis elle allait mi trottinant mi boitant cueillir quatre feuilles de choux pour tremper son bouillon. C'est alors qu'une fois ses menues tâches accomplies qu'elle s'occupait de la Comtesse pour lui soutirait quatre goutes de lait. Le lendemain recommençait avec la même constance, rythmée par les mêmes gestes au fil de la journée. Monotone et tranquille, un jour poussant l'autre, se déroulait le temps. La vieille sortait sa vache de dedans son étable et l'emmenait par les chemins. "Mandso ma Comtesse, Mandso" lui disait elle, tandis que sur leur passage, bêtes et gens se déchainaient sans fin, insultant l'une et brusquant l'autre. Mais la vieille imperturbable continuait inlassablement... "Mandso ma Comtesse, Mandso," et regardant en direction des chiens et des gens, " sabé pas quié te mandsara".
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Elle n'a pas l'air si "pille" que ça, la comtesse ! J'ai reconnu les mots de patois, même si le mien est un peu différent.
RépondreSupprimerJe ne me souvenais presque plus que les "vieilles" de l'époque, qui n'étaient pas si vielles que ça, portaient un foulard pour se couvrir les cheveux. Une femme n'avait jamais la tête nue. Certaines, portaient un chapeau avec des cerises dessus...
https://www.youtube.com/watch?v=--mM38Xq6lQ
dans nos campagnes c'était des vraies, les cerises, en plus. Je me souviens bien qu'il n'y a pas si longtemps que les filles ne mettent plus de fichu sur leurs jolis cheveux. Comme quoi, on peut toujours se moquer !
SupprimerJ'adore tes histoires, à Paris, on se moquait des vieilles aussi, ça doit être encore vrai mais derrière notre dos.
RépondreSupprimerOui tu as raison ! dans notre dos ! et comme on devient un peu sourde et de plus en plus aveugle, ils n'auront bientôt plus besoin de se cacher !
SupprimerJ'aime ton histoire et la carte ancienne.
RépondreSupprimerDes histoires comme la tienne, j'en ai dans mon escarcelle que j'ai notées pour la postérité. Quelques unes ont aussi été posées sur le blog.Je comprends ce patois.
Bravo, Délia.
Courage et continue vaillamment. Ma fille dirait : fais un planning : le jour de lessive, celui de ménage, les heures au jardin et les heures plume ou crayon en main ou clavier !
Je t'embrasse.
Ta as bien fait de les noter, on oublis ces perles de notre culture et nos racines bien trop souvent !
SupprimerPour le planning, c'est comme pour les résolutions, chez moi, ça ne tient pas plus d'une journée, je devrais faire ça tout le temps et j'oublierai la moitié du reste. Je fais les lessives quand il fait beau et des fois quand il pleut (aussi !) le ménage quand ça me prend, de toutes façons c'est toujours sale et la cuisine, mon mari passe devant ! en moyenne je fais assez ce que je veux quand même.