Le civet de ma belle mère.

Bien bien. alors hier était un autre jour. Aujourd'hui le vent emporte tout sur son passage. Parfois il pleut. J'ai bien appelé ma Ponette pour voir comment elle allait, mais son irrésistible besoin de paresser en pyjam' m'a tout de suite renseigné sur la façon dont la suite de la journée allait se dérouler. Face à une telle adversité, je suis  donc reparti mastiquer mon civet d'enfer  que le Patou rapporta jadis de chez sa mère. Déjà hier, nous l'avions servi à table. Mais un civet comme chacun le sait se mange réchauffé. Plus il mijote plus il est goûtu.
S'il se mange réchauffé, il se mange aussi parfumé. Et celui de bonne maman, demandait à être bonifié (elle ne sait pas faire le civet, elle !) j'ai donc rajouté à la sauce : vin en quantité,  romarin, thym, laurier, poivre et sel, toutes choses qu'il manquait. Par contre je n'ai pas pu enlever les carottes qui  déjà cuite confèrent un gout sucré à ce plat que ma propre mère réussissait à merveille.
Qui n'a pas gouté au civet que faisait ma mère ne peut pas savoir ce qu'est la finesse, le parfum, la saveur, la délicatesse subtile d'un tel met. Elle le laissé mitonné des heures sur le coin du vieux fourneau à bois. Rajoutant par petites touches les ingrédients qui allaient se marier au font de la vieille cocotte en fonte et bonifier la sauce au sang, mélangé au vin rouge léger, au thym, au serpolet, au laurier et au roux qu'elle avait préparé.
Maman n'était pas une fine gourmet, et se satisfaisait du peu qu'elle trouvait,  mais pourtant, même le lard qu'elle nous préparait avait un gout particulier : celui de l'amour qu'elle nous donnait. Je ne vous parle même pas de ses pommes de terre au four, ni de son ragout cuisiné avec la pointe des côtelettes du cochon que nous avions engraissé. Pas plus que du boudin savoureux, léger, affiné avec une touche légère de crème fraiche récolté sur la biche (la biche, le bichou, sont des récipients en gré où étaient stockées les denrées) aprés la traite de la veille pour qu'elle ait bien le temps de monter,  à cela elle ajoutait un peu de persil haché et de petits, tout petits bouts de poireau et d'oignon qu'elle avait mijoté. Quand nous tuions le cochon, c'était elle la préposée à leur fabrication. elle mettait sur le feu la grosse marmite noire où cuisaient d'ordinaire les pommes de terre qui servait à engraisser le porc avant de cuire ses boyaux. Dans cette marmite, qu' elle avait remplie jusqu'au tiers, elle ajouter un lit de paille sèche sur lesquels reposaient les boudins. Ceux ci mijotaient lentement , lentement, toute une aprés midi. En fin de journée, elle piquait une aiguille à tricoter dans le boudin pour en vérifier la cuisson. Et ceux ci étaient prêts à être consommés. Chacun des voisins venus en aide repartaient avec sa part. Il y avait là l'Antoine de Parel, le tonton Charlot bien sûr, puisque c'était lui le saigneur, le Marcel, parfois qui venait en renfort, et bien sûr ce trop de Roger avec le Lucien, son père, qui repartaient avant car il y avait les vaches  panser. Le lendemain matin, nous portions la grillade chez la Francine, vu que le Roger n'avait pu l'emporter, chez l'Odette et le Marcel, chez le Charles de Lospeux, mais ça c'était en dernier, car il était vieux, le Charles  et mon père et ma mère veillaient sur lui comme sur une couvée.
J'ai oublié de vous dire qu'avant de mettre les boudins dans la marmite, pendant que l'eau chauffait, maman avait mis le sang du cochon à  tiédir sur le fourneau avec un oignon piqué de clous de girofle. C'est pour ça qu'il était bon son boudin !

6 commentaires:

  1. Je garde en mémoire certains plats que nous préparait ma mère, encore maintenant je n'en ai pas oublié le goût ! Le civet de lapin en faisait partie aussi :-)

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    1. C'est effectivement un gout qui ne s'oublie pas ! Par contre, je doute que ma fille dise un jour la même chose de la cuisine de sa mère !

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    2. Coucou ma petite maman, je ne peux m’empêcher de répondre, j'affectionne tout particulièrement ton civet de lapin enfin surtout la sauce car la viande en elle même n'a pas spécialement de goût, tes pommes de terre au four, ton ragout, certes ce sont des plats que mémé faisait, mais tu les faits aussi bien qu'elle. Ce que je préfère c'est ta pompe aux pommes. Des gros bisous. Ponette

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    3. Wouais, wouais, wouais... je sais ce qu'il me reste à faire pour ce soir !

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  2. J'en ai l'eau à la bouche... ça me fait penser qu'il y a des années que je n'ai pas mangé de civet. Enfin, un qui aurait mijoté sur le coin du fourneau.

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  3. Évidemment ! pour trouver un fourneau qui fonctionne de nos jours c'est un peu compliqué ! Le micro onde et les plaques à inductions vitro ceram et compagnie ont surement des avantages, mais pas celui là !

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