Se relever

 Une semaine déjà.  Il pleuvait. Les larmes de ceux qui étaient se mêlaient à celles de ceux qui n'étaient plus. Comme si, partageant notre peine, le ciel nous les déversait. Je le signalais lors de l'éloge qu'au nom des miens je lui ai fait. Beaucoup de monde l'accompagnait. Mais seul, chacun l'était.  

 

Je projetais de revenir bientôt en Auvergne, aprés notre séjour lors des vacances de ma Ponette, celle ci ayant une formation professionnelle à Clermont dans la foulée, cela nous fit une petite quinzaine au pays. Mais pour moi, insatiable quand il s'agit de profiter de mes racines, cela faisait trop court. La pénurie d’essence  accablait la région Auvergne Rhone Alpes, nous avions, donc dû limiter nos sorties. mais nous avions pu profiter de belles rencontres en famille. Nathalie  fut la première à bénéficier de notre visite. La dernière aussi, puisqu'aprés nous avons repris la route dans l'autre sens. Nous n'avions pris qu'un seul véhicule, le lendemain, la Ponette retravaillait, il fallait rentrer. 

Il faisait beau, le soleil était chaud encore. Je me disais je repars dans les tout prochains jours et comme la crise s'estompe, je vais en profiter pour faire ce que je n'ai pas fait. En particulier fleurir les tombes de nos parents, faire des photos. La revoir encore une fois. Mais je savais que ce serait sans doute une des dernières. Confusément je le présentais. Son état s'aggravait et empirait vitesse grand V.

Je me préparais donc pour cette nouvelle escapade, qui n'allait plus tarder. .. Un coup de fil plus tard, les dispositions avaient changé. Je ne reverrai pas Nathalie.

Celle que je revis n'avait rien de commun avec la mienne.  Certains m'ont dit qu'elle était belle ? Non. Elle n'était pas belle. La mort enlève toute beauté. Elle n'était même plus humaine. Elle était apaisée. Soulagée du mal qui depuis 10 longues années, mais bien trop brèves sous un autre aspect, la rongeait. Bien trop longue pour sa souffrance, mais si courte pour ces petits et grands bonheurs que la vie sait aussi dispenser. En particulier la naissance de ses petits qui lui donnèrent tant de joie, de bonheur et de satisfaction à les garder de temps en temps, quand le répit le lui permettait. Du répit, elle en eut bien durant ces 10 années. Mais si peu. Ses derniers jours furent si ... douloureux. Agités. Perturbés. Absence de soins adaptés. Absence de  ceux qui l'aimaient et aussi de ceux qu'elle aimait, puisqu'il ne fallait pas la déranger sur le lit d'hôpital  où on l'avait posée. Sans même pouvoir la soulager.  Et quelle douleur pour sa fille avec qui au moins 3 ou 4 fois par jour, elle communiquait. Comme celle de son compagnon. L'absence est si lourde à porter.

Je sais leur peine immense. La mienne aussi lourd  qu'elle puisse peser, n'est rien à côté.  

Jusqu'au regard de son chien, que je n'oublierai jamais. Bien plus expressif sans les mots que la nature réserve aux humains.

 J'ai repensé aux yeux de Pyram ce bon vieux chien qui n'a jamais voulu vivre ailleurs que chez lui aprés le départ de son ultime maitresse. A Youki qui s'en vint mourir sur la tombe de son maitre, aprés être tous les jours durant trois mois  aller le visiter.

Il ne faut négliger la souffrance de personne. 

C'est le coeur bien gros que nous sommes revenus, en se disant à bientôt, mais en sachant que l'absence pèserai encore plus lourd désormais.

 Le coeur gros de ce qu'on laisse derrière soit, de ceux qu'on laisse  pour toujours parfois, comme là, cette fois. 

Et encore une fois, à peine sortis de Clermont, sur la route qui monte tant  aprés le point de vue sur la ville et les montagnes éloignées, où les couleurs de l'automne s'étalaient de bronze doré en rouge carmin parsemés de vert encore bien prononcé, je n'avais qu'une hâte, celle où la fois prochaine  je reviendrais. 

L'Auvergne a tant d'attraits !




Des fonds givrés de nos vallées, jusqu'aux sommets enneigés, passant par les brumes effilochées tout au long du val d'Allier.







De retour chez nous, j'eus vite fait de retrouver ma Ponette bien aimée. Avec elle nous avons partagé  un repas tranquille avant de nous offrir une petite promenade au parc voisin et d'admirer les beautés de la nature bien colorée, le repas des cygnes, uniquement mus par le plaisir de se régaler de quelques gourmandises improvisées.


 

Toujours, comme à chaque fois, il faut se relever.

Je voulais aussi vous remercier encore de vos mots de réconfort. Posés ici, ailleurs, chez l'un ou l'autre, chez tous, chez chacun. Merci à Fabie d'avoir partagé et fait partager. Merci à Virevolte, déjà si durement, elle même éprouvée. Adrienne, Le Goût et sa douce Lumière de ses jours, Estérina, Ambre, Colette, Emma, Praline...pardon pour ceux et celles que j'ai oublié de citer. Je sais que vous êtres là et c'est important pour moi, comme pour ceux des miens qui viendront lire ici chacun des mots posés.

11 commentaires:

  1. Oh ma Delia, comme il est émouvant ce texte, j'ai les yeux brouillés. J'espère de tout mon cœur que c'est un exutoire pour toi, que tous ces mots t'aideront à évacuer cette grande souffrance dont la vie te fouette en ce moment...
    Je pense très fort à toi, ma sensible que j'aime très fort et que j'embrasse bien tendrement. ♥

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    1. Merci ma douce Pralinette. La vie ne manque pas de lanières à son fouet. Aujourd'hui moi, demain un autre, plusieurs en même temps. Mais nous ne manquons pas de ressources car il en faut bien pour affronter les assauts prochains. Laisser aller sa peine et trouver en écho le réconfort, c'est beaucoup. Merci de tes mots.
      Je t'embrasse.

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  2. Comme Praline, mais ces jours ci je perds tous mes mots.. Tes photos sont belles, j'ai le coeur serré pour l'épreuve que tu traverses. Je t'embrasse DéliaJolie ♥

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  3. Merci, Ambre, avoir mal n'empêche pas la compassion. C'est ce que tu fais et je sais que pour toi c'est aussi difficile d'avancer. Tes mots tu ne les as pas perdus, puisqu'ils sont là. Que je les lis, qu'ils me réchauffent. Et puis on a bien le droit de les chercher et de ne pas les trouver ! Je t'embrasse.

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  4. De belles images pour une grande peine.
    A l'image de la vie. Le beau, le laid, la joie le chagrin, la bêtise et l'intelligence. Puisse le positif emporter la bataille, toujours.
    Pensées douces.

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  5. Chère Délia,
    Hélas nous traversons tous des moments douloureux au cours de notre vie, seul le temps apaise la souffrance, on finit par apprivoiser l'absence.
    Je ne peux que te souhaiter du courage.
    mes meilleures pensées t'accompagnent.

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  6. Le Sancy n'a été blanc qu'une fois, cette saison. Vu de chez moi, il semblait flotter au dessus d'une mer de brume, tel un vaisseau amiral, éclaireur de l'hiver.
    Cette nuit, il pourrait bien revêtir sous blanc manteau...
    Même si je ne le dis pas ou peu, mes pensées t'accompagnent. C'est pas grand chose.

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  7. La photo que j'ai prise, c'était surement avant que le soleil fasse sont travail, c'était dimanche, la nuit avait été froide encore, je revenais de Fournols et descendais sur Aix La Fayette. Le lendemain, la montagne avait quitté son manteau. C'est vrai que la nature nous offre vraiment de sacrés beaux paysages.
    Pour le reste t'inquiète pas, je le sais. Chez nous on n'a pas besoin de dire les choses. Rien qu'à les penser. Je trouve d'ailleurs que les mots sont vains et que les silences sont forts. Mais quand même merci de ton message.

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  8. Je pense bien à toi, pour avoir vécu presque la même chose il y a un mois, je sais que le plus dur est de penser à la solitude de la personne aimée alors que c'est le moment où elle aurait eu le plus besoin d'accompagnement...

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  9. J'ai beaucoup pensé à toi moi aussi au cours de cette épreuve. La dégradation de la prise en charge des malades et de leur famille est bien une réalité, quoiqu' en disent nos dirigeants. La souffrance psychologique s'ajoute à l'autre souffrance. Quant à celle du deuil, quelles qu'en soit les circonstances, je pense qu'on n'a pas une raison de l'alimenter, mais toutes. On trouvera toujours quelque chose pour nous faire mal qui nous conduise à culpabiliser envers l'être aimé. On est toujours seul quand vient l'ultime moment, que l'on soit mort ou bien vivant. Peu de nous savent accompagner.
    Je te serre contre mon coeur.

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  10. Je partage vos mots, vos pensées ... restant en cœur à cœur !

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7 extraits.