Mirage

 

 J’aime la façon dont Mark Keller use pour nous faire comprendre que les choses ne se passent pas toujours comme prévu…
Mais vous ?
Que pensez-vous qu’il nous dise là ?
On en saura peut-être plus lundi.
Du moins je l’espère…

 Devoir de Lakevio du Goût_145.jpg

 

- La dernière fois que je l'ai vue, elle était assise à cette table. Le dos tourné, elle faisait face à l'entrée. Elle buvait son café à petites gorgées. Elle ne me voyait pas mais elle m'entendit. Je m'assis prés d'elle. Doucement elle posa sa tasse et sans me regarder, me dit "Je ne suis pas morte, tu sais, je suis avec toi, je serai toujours là, prés de toi. " Je savais que ce n'était pas vrai. Pourtant je l'ai cru. Cela m'a apaisé. 

Quand je lève les yeux, elle est là et me regarde de son regard si doux. Alors je prends ma guitare et je joue pour elle. Elle aimait ma voix. Souvent le soir quand tombe la fraicheur et qu'elle me disait : "viens, il commence à faire froid", je passais mon bras autour de sa taille et doucement nous franchissions le seuil de la maison prés de la mer.  Par la fenêtre nous pouvions voir le soleil décliner sur l'horizon. Au moment où délicatement il plongeait dans la mer, nous nous asseyons prés de la cheminée et elle fredonnait ce refrain qui parlait d'un bateau perdu en mer et d'où aucun marin ne reparu jamais. Engloutis au creux des flots tumultueux et profonds. Je lui prenais la main et la serrais bien fort sur ma poitrine. 

" Chante me disait elle, chante pour eux et pour toutes celles qui font fondre leurs yeux. " Alors je prenais ma guitare et je jouais prés d'elle jusqu'à ce qu'elle s'endorme enfin rassurée. Je restais là et je la regardais. Parfois le jour nous surprenait, enlacés. Un autre matin s'avançait. 

 Au loin, poussées par la marée, des chalutiers rentraient. Dans le ciel qui s'éclaircissait, les mouettes faisaient leur ballet. Sur la vague glissait lentement le reflet d'une femme dessinée par le levant qui jouait avec les nuages,  et moi... 

Et moi, c'est une autre que j'apercevais. 

- C'est un mirage que tu voyais, viens, il se fait tard,  il faut rentrer à présent. Les autres vont s'inquiéter.

24 commentaires:

  1. elle est drôlement jolie ton histoire, j'adore !

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  2. Tu sais faire rêver, aucun doute.
    Texte superbe, merci beaucoup.

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    1. Le problème avec les rêves, c'est quand on se réveille !

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  3. Superbe, émouvant, poétique ! merci ma Delia, gros bisous.

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  4. Il est délicieux ton devoir, poétique.

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  5. J'aime beaucoup ce texte léger qui flotte comme une étole de soie soulevée par une brise marine. Bravo.

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  6. Un très beau texte qui touche le corps et l'âme

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  7. oui... parfois on s'isole dans nos pensées... jusqu'à ce que quelqu'un vienne nous ramener dans la réalité....

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  8. Tu as raison, restons sur terre.

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  9. ... ...
    Ils sont tristes, douloureux « tes cris » exhalant des silences de l’instant, subliment exprimés ;
    Il me semble entendre pleurer les mouettes sur l'azur, dehors, invoquant la "chère disparue" !
    Dans ce bar [où tu t’asseyais toujours à la même place], il me semble encore sentir les effluves délicats de ton parfum embaumant mes narines ;
    La vitre embuée de ma nostalgie m’offre d’entr’apercevoir ta silhouette par la fenêtre, lorsque tu sortais un peu avant moi, me laissant le temps de méditer sur tes ressentis, après que j'aie reposé ma guitare -dont les notes restaient longtemps suspendues, me disais-tu- ...
    ... ces mélodies que seule toi comprenais, buvais, recomposais...
    … je me souviens d’une fois, lorsque tu buvais ton café, qu'une larme avait subrepticement coulée de ta joue, instillant une perle au centre du calice de la tasse, j'avais remarqué ce diamant, le temps que tu baisses les yeux et moi lève les miens...

    Aujourd’hui, même si les flots naufragés de mes larmes ont grandi sur la moindre flaque alentour,
    Lorsque je gratte sur les cordes de ma guitare,
    Je sens ta main se poser sur ma poitrine,
    Et, si les autres s’inquiètent, moi je n’ai pas envie de rentrer… car tu es là, à fleur de brise, à fleur d'accords, à fleur d'amour ...
    … …

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  10. N.B. : lire : avait subrepticement coulé ...

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  11. Tu aurais pu poster ce texte dans ton propre espace, cela aurait fait une participation supplémentaire pour l'exercice du lundi, on n'est jamais trop à participer.

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  12. Coucou chère Délia, je n'ai pas encore "sauté le pas" pour publier à vos côtés ; au fil des semaines je vous lis tous avec plaisir ; j'avais "écrit" ces quelques mots par rapport à ton texte qui m'a particulièrement émue ...
    Vous accompagner serait d'opter pour le devoir du lundi ... difficile pour moi qui écris peu ...
    Proposerais-tu de publier le texte précité avec la photo de Monsieur le Goût des Autres, sur l'un de mes blogs, précisant en exergue sa proposition ? même si je n'écris pas chaque semaine ?
    Si oui, à réfléchir ... Faut-il s’inscrire auprès de monsieur le professeur ou se rend-t-on sur son site chaque lundi ? si tu pouvais m’en dire plus ? Gwen l’avait évoqué. Merci.

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