Question existentielle, mais avant quelques clichés pour ouvrir la séance.
Preuve que le jour a commencer, le soleil s'est levé ce matin
et comme tous ceux qui l'ont précédé, hier aussi
Et maintenant, que je suis sûre d'avoir vu le jour, la réponse à la question posée chez Adrienne : "que faisaient vos parents à votre âge ? "
Pour sûr qu'à mon âge, mes parents ne s'amusaient pas à photographier le lever du jour ni à tenir un blog !
Eux dès le lever du jour, voici à quoi ils s'employaient encore, mon père avait bien sa retraite mais ma mère n'en avait pas et devait continuer le dur travail de la ferme. Ils avaient encore 4 vaches et travaillaient la terre. Ici sur son tracteur, il rentre le foin. Il avait mon âge en 1984. Cette photo date de cette époque. La suivante est une carte postale dont je faisais la collection, symbolisant les temps anciens.
Quand les foins étaient rentrés, il fallait les engranger, mon père avait dans l'aprés guerre fait l'acquisition d'un déchargeur. Je revoie maman sur le char de foin lancer de grosses fourchées dans la gueule de la machine qui grâce à sa force motrice propulsait le foin bien sec directement dans la fenière où mon père le recevait et l'étalait en couches régulières sur le plancher. Ma petite soeur ou moi nous le tassions en sautant dessus. Trés tôt nous étions impliquées dans les travaux fermiers.
L'été était la saison la plus chargée, debout dès l'aube, il fallait commencer la journée. Faucher l'herbe déjà haute, la retourner, la rentrer sans oublier les travaux quotidiens de toute une année, car hiver comme été, jamais ils s'arrêtaient.
L'automne, offrait ses derniers beaux jours, mais pas question de se reposer, les moissons terminées, il fallait penser à récolter les pommes de terre et retourner la terre afin de l'ensemencer pour l'année d'aprés. Quand venait l'hiver, quelques fois bien avant la date du calendrier, le peu de répit qu'il offrait était consacré à de multiples tâches quotidiennes qui sans en avoir l'air restaient assez pénibles si le froid et la maladie s'en mêlaient.
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S'occuper du bétail, le nourrir et l'abreuver. S'il avait beaucoup neigé, dégager la porte de l'étable, puis faire un passage assez large jusqu'à l'abreuvoir, où il fallait casser la couche épaisse de glace qui le recouvrait. Mais aussi plein d'autres corvées comme par exemple couper le bois, réparer les outils, les bâtiments lorsque le temps le permettait et quand la neige disparaissait, entretenir les prés, faire les rases qui permettraient d'irriguer et bien drainer et aussi d'assécher les marécages où les vaches iraient dès le printemps pâturer. Le printemps en effet arrivait à point, car le foin récolté commençait à manquer. C'était la période où il fallait fumer les champs pour les cultures à venir, préparer le terrain pour accueillir les pommes de terres et les légumes, les céréales et autres plantes fouragères. Puis revenait l'été et la boucle était bouclée.
Ci dessous, mon père à mon âge s'occupant des bêtes à qui il donne à manger.
Dés le printemps, les prés étaient drainés avant de laisser place à l'herbe nouvelle au loin les semailles ont bien levé. Si la grêle et l'orage ne viennent pas les saccager, la moisson sera belle.
En plus de ces travaux maman s'occupait de nous, les 7, cuisinait, faisait des lessives (je n'ai pas de photos d'elle lors de ses besognes, mais cette carte postale l' illustre parfaitement, là c'est un vrai lavoir mais chez nous, il n'y en avait pas, c'est à la serve (retenue d'eau pour les besoins de la maison, comme pour ceux du bétail) qu'elle rinçait son linge, enlevant le limon à la surface tous les mois de l'année, en plus de la glace qu'elle cassait l'hiver avant de s'agenouiller, courbée sur l'eau glacée.

Elle participait à la traite, puis s'occupait des autres tâches, avant de faire son fromage, que tout le monde voulait goûter.
Elle participait aux travaux des champs, des semailles jusqu'aux récoltes, la double
ou triple journée ne laissait aucun répit. Levée la première, trés tôt, ses seuls loisirs, étaient de tricoter (je me souviens de nos pulls, qu'à l'école tout le monde nous enviait) aprés avoir avaler son café avant de nous préparer pour l'école et d'attaquer sa longue journée.
Comme avant eux, leurs père et mère, ont oeuvré sur ces terres depuis des générations abreuvant de leur sueur la terre nourricière que nous avons boudée puis fini par abandonner.
Pourtant nos enfants seraient contents de pouvoir en profiter. Déjà tout jeunes, ils n'hésitaient pas à offrir leur aide et étaient heureux de participer en compagnie de la mémée ou du pépé à quelques tâches qui leur convenaient tout à fait.
Liant avec les animaux, comme nous, enfant, l'avions déjà fait, des liens particuliers faits d'affection et de respect.
Faire comme les grands les amusait. Je les ai presque tous interrogés, tous lient leur enfance à ce terroir qui vit naître leur mère et gardent de cette époque le plus doux et merveilleux souvenir qu'un enfant puisse espérer.
Et s'il était à refaire, je crois qu'aujourd'hui je referais ce chemin qu'ils nous ont tracé.