Quel b. !

 Cette toile d’Anne-Françoise Coloumy, à défaut d’être nette, me renseigne.

Ce n’est pas la première fois que je vous propose de raconter une histoire sur une toile de cette dame.
Cette fois, je vous en demande une autre à propos de la toile qu’elle a peinte et que je soumets à votre imagination.
Comme vous, j’espère en savoir plus lundi…



Quel b. ! mais quel B ! jamais vu  un bazar pareil ! Il y en a des choses là dedans ! c'est pire que l'atelier du Patou. On ne sait pas par quel bout le prendre. Il a essayé de ranger un peu, mais c'est pour mieux entasser d'autres  choses. Quant à celles qu'il a débarrassé, c'est pour les entreposer ailleurs. Il ne faut rien jeter, ça peut toujours servir. 

Ma mère  aurait dit "qu'une truie n'y trouverait pas ses cochons", c'était son expression, ça. . Elle n'était pas une pro du rangement, mais à sa décharge, avec tout ce qu'elle avait à faire, entre les cochons justement, les vaches et puis les veaux, les poussins et les couvées, les gamins, le jardin et les champs, la pauvre femme, elle avait bien assez à faire. Alors elle entassait "au pouillu" comme elle disait. Quand on lui demandait quelque chose, elle nous répondait invariablement :  "ça doit être là au pouillu", ou bien quand elle nous donnait quelque chose à ramasser, elle disait "t'as qu'à le poser là au pouillu, et c'est généralement là atterrissait la plus part des choses de la maison, linge, papiers, chacun sur son tas, naturellement" et autres bricoles aux quelles on ne savait pas bien attribuer de place précise. Ainsi il y avait des tas de pouillu dans la maison, de sorte en effet que parfois, une truie n'y aurait pas trouvé ses petits. Nous non plus d'ailleurs, ce qui fait que quand on apercevait au milieu du reste, la chose convoitée, on tirait dessus et tout le tas venait. Aprés on triait. 

A propos de la truie, savez vous que cet animal est un des plus propres qui soit . Pour les avoir bien observées lors de mon enfance, j'étais surprise par leur sens de l'organisation. Elle choisissaient toujours le coin de leur soue le plus propre possible et se lovaient dans la paille la plus fraîche possible. Leurs besoins, elles les faisaient toujours au même endroit, le plus en  bas de la pente pour garder le reste propre. Leurs petits, elles les allaitaient toujours là où c'était le plus confortable pour eux et dans le clos, derrière la maison, quand elles se roulaient dans la boue, c'était dans une boue propre, faite de glaise et d'eau propre, jamais dans l'eau croupie faite de vase et découlement de purin. Elles faisaient ça, nos truie, des bains de boue, pour se débarrasser des parasites. On disait sale comme un cochon, mais quand les bains d'argile sont venu à la mode pour les humains, on a plus rien dit. Pourtant c'est de notre faute si les animaux s'entassent dans des cages ou des box au beau milieu de leurs excréments. Dans la nature, vous avez déjà vu des vaches crottées jusqu'aux cornes ? Vous ? Enfin quand elles ont des cornes. Parce que pour les défigurer on s'y entend mieux que pour les entretenir, n'est ce pas ! 

Bon enfin il est sympas son petit atelier à la Françoise. En désordre, mais sympa. J'aimerais bien y farfouiller, je suis sûre que j'y trouverai plein de choses intéressantes. J'ai toujours aimé le désordre comme celui ci. Je suis la reine pour y contribuer.   Et si vous ne me trouvez pas, ne cherchez pas, je suis sous la pile entrain de fouiner !

11 commentaires:

  1. J'adore ton texte ! plein de fraîcheur et de jolis souvenirs d'enfance !
    "le pouillu", voilà une expression que je ne connaissais guère !
    Bon début de semaine ma Délia !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je crois que ces expressions imagées qui font partie de notre terroir ne nous survivront pas, moi même j'ai tendance à les oublier, faute de les entendre et de les employer. Alors je m'efforce d'en dénicher quelques unes de temps en temps. Gros bisous.

      Supprimer
    2. mes filles ont retenu certains mots suisses qui font partie de ma façon de parler, vu que ma mère les utilisait et que je croyais que c'était du français. Comme "routrouiller, rapercher", mais beaucoup d'autres expressions seront perdues ... C'est dommage

      Supprimer
  2. excellent! et je suis entièrement d'accord, les animaux sales, ça n'existe pas, sauf si les circonstances imposées par l'homme les y contraignent.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. c'est tout à fait ça, on est des sales et on l'impose aux autres.

      Supprimer
  3. Nous on ne nous entasse pas dans des cages.

    Les poules, les cochons, les vaches sont maltraités alors que nous, on nous fait habiter dans des tours de 15 ou 20 étages où les gens sont entassés, dont les couloirs sont squattés, les ascenseurs en panne pendant des mois et en plus on est sales !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh mais tu sais, l'humain ne considère pas mieux ses semblables quand il a le pouvoir sur eux, que les animaux et la nature. Le respect du vivant ça coûte, ça ne rapporte pas !

      Supprimer
  4. Pouillu, nouveau mot !
    Comme toujours tes souvenirs sont supers bien décrits, on vous imagine bien tous alimentant le pouillu !
    Gros bisous ma Délia ♥♥♥

    RépondreSupprimer
  5. C'est tout à fait ça, chacun alimentait le pouillu sans se soucier de rien, Chacun tapait dedans, sans se soucier plus de savoir comment le tas allait tenir ! Gros bisous à toi aussi.

    RépondreSupprimer
  6. J'aime beaucoup de ton texte, moi la fille de la ville, qui ne connait pas vraiment la /campagne.

    RépondreSupprimer
  7. J'adore ton texte, tu m'as fait sourire mais tes mots m'ont émue aussi.
    Quand j'étais petite, nous avions une petite ferme, quelques cochons, vaches...
    Mon petit frère s'était pris d'affection pour une truie qui, tous les matins, venait près de lui, se couchait et attendait des caresses qu'il lui prodiguait avec un petit bâton. Autant te dire que quand ce fut la saint cochon... on était au fin fond du lit à pleurer et se boucher les oreilles.
    Gros bisous ma Delia ♥

    RépondreSupprimer

5 à 7