On ne voit pas le temps passer.

 A peine voit on ses enfants naître qu'il faut déjà les embrasser, et l'on étend plus aux fenêtre qu'une jeunesse à repasser. Plus je la repasse plus je la regrette cette jeunesse et encore plus ce que j'en ai fait. Ce que je regrette, ce n'est pas ce qui s'est passé, tous ces moments qui l'ont meublée mais bien le fait qu'ils soient passés et que plus jamais ne reviennent ces doux instants que j'ai partagés. 

J'ai eu de beaux enfants. De ceux qui donne le cap de votre vie et qu'il ne faut pas négliger. Mais le temps, ce voleur de printemps a emporté avec lui, leur jeunesse, leur insouciance et nos étés toujours joyeux, qui nous ont vu à chaque fois heureux de nous retrouver. 

Comme cette fois encore. Où j'ai préféré le moment d'avant à celui de maintenant. Avant, il est toujours bon d'attendre. L'aprés, lui, n'offre que des regrets. Que cela soit déjà fini, que ce temps du pendant soit si vite enfui.  Que le présent  soit si éphémère. Que l'absence prenne tout le temps et l'espace.  Que soudain on soit si démuni. Qu'il n'y ait tout à coup, plus rien à faire. Que soit inutile  un présent qui s'éternise tout au contraire des précédents. Et l'on reste là, accroché à ce vide, qui nous suspend. Vide de soi. Vide des autres. Vide de tout autre chose qu'une absence au bout des doigts. 

Il est parti tout à l'heure, j'aurais tant voulu le garder. A chaque fois ce sont des pleurs, et le coeur déchiré. Pourtant il faut raison garder. Se dire au revoir n'est pas un acte de désespoir. Des lendemains et des retours, il y en aura encore mais quand vient le soir d'une vie, on sait trop  bien qu'ils sont comptés. 

Je ne sais pas qui a inventé les départs, les distances, l'éloignement, le désespoir. Pour sûr, ce n'était pas une mère. Pas une comme celle que je suis devenue, car comme fille, je crois que je n'étais pas si bien non plus. Les heures s'égrainent et le temps passe. Le temps passé ne compte déjà plus.  

Il reviendra avec un an de plus. Un an de plus, c'est quoi au juste ? Est ce autre chose que le temps qui s'écoule, qui coule de lendemains en crépuscules et d'aubes nouvelles en  soirs tombants ? 

Un an de plus, n'est pas autre chose qu'une marque de plus sur nos visages, une ride creusée au creux d'une main. Un cheveu blanc qui étincelle,  une lueur au fond des yeux, qui s'éteint.  


8 commentaires:

  1. je sais comme ça fait mal, ce vide, ce trou béant, cette déchirure. Je sais aussi que cela va finir par passer. Que le chagrin du manque va s'amoindrir, rapetisser, comme tu dis "il faut raison garder" puisque de toutes façons on n'a pas le choix … et puis, pense au téléphone, puisqu'on a la chance de pouvoir se téléphoner.. ou cette chose que les jeunes font, "de visu".
    Mais dis moi, ya aucun moyen que ton fils revienne habiter plus près ?
    Je t'embrasse très très fort ma jolie Délia

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    1. Je savais que tout cela faisait écho en toi, tu connais bien le processus. Il est vrai que chaque départ est aussi suivi de nouvelles attentes et à chaque fois, ça recommence. Il ne reviendra pas pour l'instant du moins, c'est compliqué la vie active, là en plus avec ses problèmes de santé, il a été obligé de jongler avec ses congés et ses visites médicales. Je me dis que j'aurais dû choisir une autre route pour ma retraite. Ma place eut été là bas. Je t'embrasse aussi trés fort.

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  2. Ne soit pas triste ma Délia, le temps qui passe nous y sommes tous confrontés, le principal c’est de bien profiter des moments passé ensemble, et c’est ce que tu fais lorsque tes enfants sont avec toi. Ce n’est pas toujours simple, car lorsqu’ils sont en couple la symbiose est moindre, et c’est bien normal, je le respecte et ne m’impose pas, peut être pas assez même…
    Mais pour mon fils aîné à qui je demandais fin juin, comment cela se passait avec la mère de ses enfants, j’ai eu cette réponse : «  ce sont nos affaires, cela ne regarde que nous ».
    J’ai encaissé, et compris car de « l’autre côté » l’intrusion est permanente, avec des jugements souvent négatifs en ce qui concerne mon fils.
    En plus le fait que mes fils soient avec deux sœurs jumelles compliqué encore plus l’affaire…
    Moi, je me dis que l’essentiel c’est que mes fils aillent bien, et ça me suffit, je les aime et j’adore mes petits enfants, mais je me fais discrète.
    Le problème de couple de mon aîné dure depuis 8 ans, j’ai beaucoup «  souffert » de cette situation, j’ai pris un peu de distance pour ne pas y laisser ma santé !
    Bon des garçons ça ne donne pas beaucoup de nouvelles, et parfois ils ne répondent aux messages qu’au bout de plusieurs jours, alors il faut arriver à rester zen.
    Prends soin de toi, c’est ce dont ont le plus besoin tes « petits » .
    Je t’embrasse fort ma Délia 😘


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  3. Je sais bien, Fabie, je sais bien. Les garçons ne sont pas parfaits et les filles guère moins. Les histoires de jumelles en plus, c'est compliqué, pour un peu que ce soit des vraies, voilà autant de sujets à s'arracher la tête pour la belle maman ! C'est facile à dire tout ça, on a beau savoir que c'est comme ça, que leurs affaires ne sont pas les notres, on a quand même du mal à accepter non pas qu'ils nous échappent mais plus simplement à penser qu'ils puissent souffrir et ne pas être heureux. Et puis on est des mères, en tant que femme c'est compliqué mais en tant que mère, d'autant plus. Pourtant on est celles qui sommes capables de faire le plus pour eux, ça j'en suis persuadée, même si personne ne démérite. Naturellement je ne parle pas des mères qui ont failli, car il y en a, je crois que tu sais aussi ce que je veux dire. Je t'embrasse. T'inquiètes, ça va passer.

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  4. c'est vrai, tout départ de quelqu'un qu'on aime est une petite déchirure de plus, et vivre dans le présent sans regret du passé ni peur du futur, c'est beau en philosophie mais difficile dans la vie réelle :-)
    bon courage!

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  5. A l'heure qu'il est, c'est à dire 12h34 ce lundi 12 aout 2024, il est dur de ne pas avoir peur du futur, je dirai même quasiment impossible. Crises sociales, guerres, crises morales et identitaires, tout y est pour faire de l'avenir une énorme source d'angoisses les plus partagées. Mais il faut bien partager ! quand aux regrets du passé, si doux fut-il, il ne reviendra pas, jamais, seul son souvenir peut atténuer

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  6. (suite) quelle idée de cliquer où il ne faut pas !) atténuer... leur impacts. Se souvenir des belles choses, tirer des leçons des moins bonnes s'efforcer d'oublier celle qui peuvent l'être. Vivre avec tout ça et se construire en conséquence. La philosophie, ça peut aider, mais en théorie comme tu le dis. Mais il reste vrai que partir, c'est à chaque fois mourir un peu. Bonne journée à toi.

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  7. Je te comprends... j'ai eu une période de déchirures lorsque mes enfants et petits-enfants me disaient au-revoir... Encore maintenant mais beaucoup moins violent. Il faut dire qu'ils n'habitent pas très loin mais jamais je ne m'impose, jamais je vais chez eux à l'improviste. Maintenant je suis plus sereine, je me dis qu'ils sont heureux et c'est tout ce qui compte, ce qui m'aide à supporter le manque quand il surgit.
    Gros bisous ma Delia ♥

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Quel b. !