Belle et riante


 C'est beau la campagne. C'est beau la nature. 

Depuis une semaine, je suis la gardienne des poules de ma petite voisine. Au passage, je nourris aussi les chats et Flocon qui squatte les gamelles des siens. Tout se passe bien. Trés bien même. Jusqu'à hier, rien à signalé. Mais hier, il y avait du vent, un vent chaud, d'Autan. De celui qui emporte les bricoles mal immobilisées. Rabat les portes et fait claquer les volets contre les murs de nos maisons. Hier donc, le portail qui permet aux poules de s'égailler sur le terrain était ouvert en grand. Le vent l'a refermé violement empêchant les pauvres bêtes de regagner leur nid douillet, à l'heure de leur coucher. Lorsque je suis arrivée sur les lieux afin de mettre tout ce petit monde en sécurité, maman poule et ses 8 petits étaient blottis au pied d'un rosier, tout contre le grillage pour se protéger, les deux autres, compère le coq et sa dulcinée cherchaient un endroit pour y passer la nuit. Bien sûr, j'ai ouvert et fait rentrer tout le monde au bercail. Ce fut simple pour monsieur et mademoiselle, mais pour maman et ses petits, beaucoup plus compliqué. Les petits, encore de taille modeste purent se faufiler derrière le grillage, mais maman insistait pour passer aussi. A part la tête, rien d'autre ne passait. J'avais beau insister avec ma gamelle de grain, elle ne voulait pas laisser ses enfants hors de sa vue. Si je ne m'en souvenais pas, j'aurais tout de suite compris ce que veut dire le verbe "couver" employer au figuré. Il fallait voir quel acharnement et quelle ténacité elle employait pour protéger ses petits. L'intelligence du coeur ne remplace pas forcément la réflexion, mais elle la vaut largement. Voilà pourquoi on utilise si souvent le mot "poule" à propos des parents. Je crois que je suis comme elle, inquiète et irraisonnable quand je perds le contact avec les miens. Mais on ne se refait pas. On a beau me dire de les laisser vivre leur vie et de leur lâcher la grappe, je le fais, mais à contre coeur et aprés avoir retenu si fort ma main pour l'empêcher de taper leur numéro sur mon clavier de téléphone. Aprés avoir parfois dévié ma route pour rejoindre celle qui me conduit vers eux. Toujours ma pensée me pousse à les retrouver. 



Le vent violent d'Autan, avec ses bourrasques et ses gros nuages a posé la poussière sur nos contrées et avec elle quelques gouttes de rosée. 

Ce matin, à l'heure des poules, un chevreuil broutait tranquillement dans le pré. Je l'ai regardé un instant, juste assez pour immortaliser ce délicieux instant. 


Plus loin, dans la brume, un troupeau se réveillait.



Quand je pris ma voiture pour aller chercher le pain du déjeuner, le soleil était déjà haut et jouait dans les roseaux sur le bord de la rivière. Je m'amusais à suivre son ascension astrale et capturais quelques instants de lumière. 






Les araignées qui avaient tissé leur toile se baignaient dans l'herbe mouillée d'un matin doré. C'était fabuleux à regarder.







Belle et souriante nature, tu vaux tous les baisers.

Questions

 Je me relance. Adrienne dans son article sur les façons d'écrire le langage parlé m'offre une occasion de me remettre le pied à l'étrier. Oh je n'ai pas plus d'idées pour autant, même aprés l'avoir lu. Mais aprés tout pourquoi pas me redécouvrir des faces cachées de mon no tallent d'écriture ? 

J'aurais aimé, beaucoup aimé, vous faire part de quelques sentiments qui m'animent parfois au sujet du passé. Je veux parler de cette nostalgie qui se cheville au corps et surtout à l'âme, au point de nous faire oublier le présent. 

Est ce propre à l'âge avancé qui nous joue des tours ? Est ce le fait de nos regrets, de n'avoir fait, de n'avoir dit, de n'avoir empêché ce que la vie nous a volé, nous a meurtri, nous a imposé aussi ? Est ce le fruit des ans qui s'amoncellent sur nos pauvres membres endoloris ? Est ce le temps qui passe, creuse des rides à nos fronts et pose des tâches brunes sur nos mains ? Nos mains qui ont tant besogné, tant souffert, tant se sont flétries ? Est ce le fruit des ans qui ont endormis nos corps lassé de se courber, de se déchirer, de se rabougrir sous l'effort arraché à nos besognes du quotidien, de l'indispensable, du nécessaire ? Ne laissant que si peu de place au superflu ? Sont ce les déchirures  de nos coeurs que le temps a façonnées à la manière des ravines que l'orage arrache aux collines avant d'en confondre la glaise avec celle des vallées emportée, par le fleuve éternel de nos amours mortes et de nos rires d'enfants évanouis à tous jamais ? 

 Est ce tout simplement vieillir ? Grandir ? Murir ? Murir avant de mourir. Avant de poser notre dernier pas. A peine le temps de se retourner et de se demander : qu'ai je donc fait de tout cela ? Avant de pousser un soupir et de se dire :  déjà.  

Chaque pas en avant nous projette d'un bon en arrière, mais le temps ne se remonte pas. Ecrire pour ne pas oublier ce qu'un jour on oubliera ? Qui n'intéresse pas, tellement chacun est préoccupé de soi. 

Pas de géant sur l'échelle de notre propre existence. Pas de fourmi sur celle du temps. Echelle qui a englouti avant nous tant des nôtres de nos générations passées. Qui laisse tant de questions à celles qui nous suivent? Tant d'incertitudes ? D'angoisses,  de lassitudes  ? 

Du baume sur les plaies.

 De deux mois si vite passés. 

Il y eu ce coup de Trafalgar initié par le grand ordonnateur tout puissant (qu'il croit) qui à présent fait comme si rien ne s'était passé.  Nous aurions dû partir fin juin, pour la Bretagne. Nous n'avons donc pas pu. Et c'est tant mieux, car d'autres catastrophes se sont enchainées. Et puis il y a eu la chaleur et impossible de bouger. Recommande-t-on à un malade d'aller marcher en pleine chaleur ? Non bien sûr. Nous avons donc passé pas mal de temps dans le noir. Les garçons devant la télé à regardez des jeux de Romain, et moi dans mon coin a attendre le meilleur moment pour sortir faire des courses, ramasser quelques fruits tombés de l'arbre (cette année, pas de légumes), à faire quelques petits pots de confiture et à me morfondre au fond de ma tanière en attendant mieux.  Ce qui nous a conduit jusqu'à hier. Hier il faisait un temps plus frais. Gris, ciel voilé. Toujours pas de Bretagne. Mais une petite escapade, chez nos amis Lotois.  Comme toujours, cet intermède entre deux trains de train train nous a permis de nous ressourcer un peu. Oh bien sur, quelques heures et le temps d'un partage généreux et chaleureux; cette maison pourrait être la maison du bonheur tant on s'y sent bien. Discussions enflammées sur des sujets brulants d'actualité. Ombres du passé imprimées sur les murs du gré jaune du Causse Lotois. Qui imprègnent  le voyageur de passage, l'ami de toujours, le Résistant, le Partisan, le défenseur acharné des causes justes et dont le maitre des lieux aime par dessus tout rappeler combien cette terre rouge du Lot fut terre de Résistance et combien fut lourd le tribu payé à l'ennemi par la population des bas quartiers.




Infatigable narrateur, il fait revivre la difficile existence de ses parents, la solidarité dont ils ont toujours fait preuve envers les plus infortunés. N'hésitant pas à évoquer les moments les plus terribles de leur vie, émaillant ses récits d'anecdotes amusantes, parfois tragiques  mais toujours empreintes d'amour et de fierté. François le crapaud, à qui son père avait ressoudé une patte coupée par la faux lors du fauchage de la prairie où il se prélassait. La couleuvre qu'il invitait à dormir sur la fraîcheur de la terre battue de la cave et qu'il ne fallait pas déranger.  Tant de souvenirs, tant d'humanité qui méritent le respect. 


Au bout de la table, tout à côté d'une immense armoire Caussenarde,  trône une image, icônique symbole de l'amitié.

 


Et  nous en écho nous bavardons en buvant notre café. Quand s'avance la fin de l'aprés midi, les hôtes des lieu nous invitent à partager une balade, à la découverte d'un patrimoine naturel et historique remarquable. Le Lot, berceau de la nuit des temps de l'aventure terrestre, s'offre alors à nous dans ses plus beaux recoins. On n'a plus qu'à se laisser guider, qu'à écouter et regarder, admirer, les falaises, la rivière qui serpente entre deux colonnes façonnées, ses paysages tantôt verts, tantôt secs et grillés. Son bâti, ses cultures, sa culture, son histoire, ses grottes, ses gouffres, ses truffes, ses noix,  ses vins et son foie gras !  









Je pourrais réècrire ce que j'ai déjà écrit, qui se vérifie à chaque fois pareille. Du baume sur nos plaies. Une parenthèse enchantée.  

On ne voit pas le temps passer.

 A peine voit on ses enfants naître qu'il faut déjà les embrasser, et l'on étend plus aux fenêtre qu'une jeunesse à repasser. Plus je la repasse plus je la regrette cette jeunesse et encore plus ce que j'en ai fait. Ce que je regrette, ce n'est pas ce qui s'est passé, tous ces moments qui l'ont meublée mais bien le fait qu'ils soient passés et que plus jamais ne reviennent ces doux instants que j'ai partagés. 

J'ai eu de beaux enfants. De ceux qui donne le cap de votre vie et qu'il ne faut pas négliger. Mais le temps, ce voleur de printemps a emporté avec lui, leur jeunesse, leur insouciance et nos étés toujours joyeux, qui nous ont vu à chaque fois heureux de nous retrouver. 

Comme cette fois encore. Où j'ai préféré le moment d'avant à celui de maintenant. Avant, il est toujours bon d'attendre. L'aprés, lui, n'offre que des regrets. Que cela soit déjà fini, que ce temps du pendant soit si vite enfui.  Que le présent  soit si éphémère. Que l'absence prenne tout le temps et l'espace.  Que soudain on soit si démuni. Qu'il n'y ait tout à coup, plus rien à faire. Que soit inutile  un présent qui s'éternise tout au contraire des précédents. Et l'on reste là, accroché à ce vide, qui nous suspend. Vide de soi. Vide des autres. Vide de tout autre chose qu'une absence au bout des doigts. 

Il est parti tout à l'heure, j'aurais tant voulu le garder. A chaque fois ce sont des pleurs, et le coeur déchiré. Pourtant il faut raison garder. Se dire au revoir n'est pas un acte de désespoir. Des lendemains et des retours, il y en aura encore mais quand vient le soir d'une vie, on sait trop  bien qu'ils sont comptés. 

Je ne sais pas qui a inventé les départs, les distances, l'éloignement, le désespoir. Pour sûr, ce n'était pas une mère. Pas une comme celle que je suis devenue, car comme fille, je crois que je n'étais pas si bien non plus. Les heures s'égrainent et le temps passe. Le temps passé ne compte déjà plus.  

Il reviendra avec un an de plus. Un an de plus, c'est quoi au juste ? Est ce autre chose que le temps qui s'écoule, qui coule de lendemains en crépuscules et d'aubes nouvelles en  soirs tombants ? 

Un an de plus, n'est pas autre chose qu'une marque de plus sur nos visages, une ride creusée au creux d'une main. Un cheveu blanc qui étincelle,  une lueur au fond des yeux, qui s'éteint.  


Rétro

 D'abord on n'y croit pas. On n'y croit pas, mais elle est là, sournoise, qui guète le moindre de vos faux pas.  Il va falloir faire attention, ma vieille si tu veux le devenir encore plus. Les résultats des dernières analyses ne sont pas bons. Sans t'en rendre compte, tu souffres en silence d'un drôle de mal. Oh rien ne dit que c'est celui là qui t'emportera. Il y a tellement de façons de sauter le pas. 

En attendant, profite de chaque jour qui passe, de chaque instant que t'offre la vie. Ne te plains pas, vis. 

 J'ai concocté pour vous une petite rétrospective de ce dernier mois passé un peu vite, sans vraiment laisser le temps de souffler et de s'arrêter. Il a démarré par ce coup de Trafalgar que fut la fantaisie du grand seigneur de notre temps, qui fut de nous empêcher de partir comme on aurait pu le faire, tranquillement sans plus de tracas que celui de vivre le quotidien. puis il y eut la sournoise qui se mit en tête de nous jouer de vilains tours. Opération, convalescence, le rituel depuis ces dernières années. La dessus, le sort s'en est mêlé pour en rajouter une couche, il a fallu s'occuper de la mamie, vieillissante et pas trop agile, au point de s'entraver dans son outil de jardin et de se percer la jambe. Enfin, avec l'arrivée de mon vacancier préféré, ce furent les grosses chaleurs qui se sont mises de la partie. Peu de sorties, peu de balades, peu de photos. Quelques unes quand même, sans grand éclat, à peine de quoi satisfaire mon appétit de belles choses, de beaux paysages, de cadres idylliques, mais tout de même de beaux moments, apaisants, reposants et réconfortants. 





 Comme mon joyeux anniversaire par exemple où mes amies et ma Ponette se sont décarcassées pour mon plus grand plaisir.

Quelques petites balades aussi, en compagnie, 


En bordure d'étang ou en forêt
au jardin

le long des prairies

et puis, au coeur du passé, histoire de se souvenir , de surtout ne jamais oublier  
qu'il n'y a pas de bonnes raisons de voter pour le rassemblement national, héritier de ce si lourd passé. 



Le camp de Saint Paul, un des lieux  de détention des prisonniers politiques, en Haute Vienne, avec Nexon et Saint Germain Les Belles. 

Et pour clore ce billet, les dernières photos de ma dernière balade, celle de ce soir, seule pendant que le Patou plantait ses salades.  










Comme un ultime message