De Fanon... à Fanou.

Fanon, Fanou, c'est presque pareil, juste la dernière lettre qui change  mais de si peu. L'une à l'endroit, l'autre à l'envers. Comme les mailles d'un pull over.

Je ne sais pas si comme dans la chanson de Fanon, c'est à l'heure blanche du laitier qu'au bout de ton chemin, ta chanson s'en est allée. 

" à l'heure où les loups sont chiens 

Au bout de ton dernier matin 
Que la chanson s'en est allée 

Ce n'est pas à l'aube du temps des cerises mais à celle  de la prise de la Bastille  que tant de  choses ont basculées. 

Tu n'as pas revu le soleil  de juillet et tous ceux qui depuis ont défilé. Je ne sais pas si tu as trouvé tes Marquises, ni même si tu as trouvé la paix.


Tu n'avais pas à la main, une rose en tissus noir, mais un crayon à papier. Que voulais tu alors écrire quand en un éclair ta pauvre vie a vacillé.
T'as vu quelle gueule elle a la mort quand elle a pris nos larmes et tes rires. Je ne sais pas si tu lu as dit si vite ? Je n'en pouvais plus de t'attendre depuis ce jour où la vie m'avait déjà tout pris. Il y a eu ce jour de novembre, où tu n'as pas tout compris et pourquoi tu m'a faite tant attendre alors que j'étais à ta merci. Tu as préféré en prendre une autre qui s'accrochait tellement à la vie.
"Cette année l'été fut plus pluvieux 
Au printemps est venue la garce 
La chanson a pris un coup de vieux 
De Saint-Germain à Montparnasse "
Je te revois petite, aux Narses , entre la fourche et le râteau,

tenir la main de Kitrima pendant que tout le monde prenait la pose, l'instant d'une simple photo. Et puis plus tard au fil des âges, avant que la vie qui est frivole ne fasse ses ravages
"Dans un sourire à la Jésus 
À celle qui stoppe les voyages 
T'as foutu un coup d' pied au cul 
Comme dernier libertinage 
Pour que vive la liberté 
Unique guerrière de tes guerres 
C'est la paix avec toi, signée 
Qui t'ouvre l'ultime frontière " celle que tu avais implorée.
Mais regarde nous, de quoi on a l'air, nous qui n'avons pas vu venir, n'avons non plus su retenir ce qui nous tient encore debout. Qui te tenait toi, suspendue, au fil du tout dernier soupir et que le temps a rompu.

"Avec ton pouce suçant le temps 
De dernière bière en dernière blonde 
Plus rien ne s'ra plus comme avant 
Au pied nu de la mappemonde 

Faut quand même la vivre sa vie 
En conjuguant le verbe croire 
Avoir trop bu, avoir trop ri 
Même s'il ne faut plus se revoir 
C'est donc ça la mélancolie 
Une écharpe qui devient poussière 
Et ce mardi mouillé de pluie 
À faire pleurer un cimetière ..."
Être et avoir et n'avoir plus. Ne plus être et n'avoir pu. Ne plus jamais te revoir, t'avoir laissée trembler de peur, de désarroi, te laisser nue. Et ne jamais rien savoir, de toi, ce qu'il est advenu, ce que fut ton départ, au beau milieu de l'inconnu.

§§§§§
J'ai emprunté à cette chanson de Yannick Mathias, mise en musique par Jean Marie Vivier, toute la substance et l'essentiel de ses paroles, que je ne trouvais pas moi même. Moi qui n'ai pas pu trouver de mots, trouver assez de larmes afin de te dire adieu.
C'est en juillet que tu es partie, quelques jours aprés ton dernier anniversaire. Pour toi le temps s'est arrêté. Pour nous aussi quelque part, quelque chose s'est figé. Nous garderons dans notre mémoire celle que pour nous tu as toujours été. La petite soeur enjouée. Celle qui toujours aimait chanter, rire, boire la coupe jusqu'à la lie, danser, faire la fête et ne savoir pas s'arrêter. Aimer la vie, aimer les autres, mais être si seule à en mourir au point d'en partir sans que personne n'ai su te retenir, sans même y prendre garde, te laisser t'éloigner au point de te laisser perdre et ne jamais te retrouver.

Fanou, Fanfan, Fanette, oh Marie, si tu savais...
Tout le mal qu'ils t'ont fait, comme on aurait voulu les empêcher. On n'a pas pu, on n'a pas su, on a pas fait. Pardonne nous, on a échoué. Tous nos remords, tous nos regrets, il n'est plus temps de les avoir, ni même de les montrer. Notre souffrance est peut être sans doute dérisoire face à celle que tu as éprouvée.


9 commentaires:

  1. Je te serre très fort dans mes bras, ma Délia
    ♥♥♥

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    1. Merci, tu sais, ça va ça vient, on fait avec. Je t'embrasse aussi ma Fabie

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  2. La boule dans la gorge qui m'étouffe là ! et ma vue qui se trouble...
    Puisse ces mots (super bien écrits) être une thérapie pour toi.
    De gros bisoudoux ma Délia ♥♥

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    1. C'est effectivement, souvent le cas que les mots soient une thérapie, encore faut-il pouvoir les exprimer. Parfois ils restent coincés, d'autres fois, ils manquent ou n'existent pas. C'est à chaque fois différent et pour chacun c'est différent. Gros bisous ma Praline.

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  3. Ça, mourir sans personne pour te tenir la main, te laisser mourir dans ton coin, seule comme elle semble l'avoir toujours été, c'est dur, très dur.
    Je la plains de tout mon coeur.

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    1. L'avoir toujours été, oui, c'est ça qui est dur. Merci de ta compassion.

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  4. j'ai lu et relu ton texte après l'avoir imprimé et comme les amis j'ai été bouleversée ..
    Tu écris super bien, c'est ce que je te dis dans le mail que je viens enfin de t'envoyer et Praline le dit aussi
    De douces pensées vers toi,
    et le lien d'un article avec lequel tu ne vas qu'être d'accord
    https://actu.orange.fr/societe/insolite/contre-le-stress-des-eleveurs-anglais-proposent-des-seances-de-calins-avec-leurs-vaches-CNT000002aaBEw.html

    Je t'embrasse, Délia Jolie

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  5. Oui, en effet, je ne peux qu'être d'accord avec cet article. Malheureusement, je n'ai pas de vache à ma disposition et par ici, à part pour l'entrecôte, personne ne lui trouve d'intérêt.

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  6. Les gens ne sauraient pas être assez bienveillants avec elle. Ils ne la méritent pas. Une vache peut être tout aussi fidèle qu'un chien, moins égoïste qu'un chat et moins traitre qu'un cheval. La vache est la compagne idéale pour être épanoui. Personne ne le sait et moi je ne le dis pas assez. J'ai lu ton long message. ça valait le coup d'attendre. Je t'ai répondu d'ailleurs et je t'embrasse.

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