A chacun son enfer.

 Dans cette toile de Joseph Lorusso, quelque chose me frappe.
Je ne vous dirai pas quoi aujourd’hui, évidemment.
Mais j’aimerais bien savoir ce qui vous a frappé vous.
Et même si rien ne vous a frappé, je suis sûr que vous avez le talent de dire ce qui ne vous a pas frappé.
À lundi, donc…

Devoir de Lakevio du Goût_165.jpg 

 


Des drames, elle en a connu cette gamine. Depuis qu'elle est toute petite, déjà la vie sur elle s'est acharnée. Elle s'est construite avec cette douleur, perpétuelle douleur. Elle s'y était accoutumée. Mais elle savait sur quelqu'un pouvoir compter. Une épaule sur qui se reposer. Des bras prêts à la consoler. 

Demain elle portera en terre celle qui toujours a su la réconforter, la protéger,  l'encourager et l'aimer comme personne, sans doute ne l'aimera jamais. Petite chose, perdue dans cet océan d'absurdité, elle réalise ce que veulent dire les toujours et les jamais. Assise sur la banquette de ce troquet, elle laisse aller ses larmes et couler son chagrin. Le verre de vin n'est pas pour elle à moitié plein. Il est bel et bien entrain de se vider.  

Pensant à celle qu'elle ne reverra jamais, elle n'a qu'une envie, celle de tout plaquer ici et de ne plus reparaître parmi les hommes qui ne sont plus que des pantins articulés. Elle ne voit rien, ne veut rien, ne peut plus exister. Ce qu'elle ne sait pas encore, c'est qu'un jour, parfois longtemps aprés, revient le temps des découvertes. Qu'un coeur en berne ne peut pas le rester l'éternité. Elle se réveillera et le printemps à nouveau lui sourira. Elle pensera à ce douloureux passé, mais ce qu'elle aura au coeur, c'est un sourire, celui de l'être aimé. Se réveilleront les fleurs semées pour elle par ceux qui ne l'ont pas quitté, tout juste s'en sont éloignés. Elle ouvrira en grand une fenêtre sur bonheur nouveau et tout recommencera. La vie parfois a aussi de bons côtés. A chacun ses secrets.

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On ne sait jamais si on doit rire ou bien pleurer. Aujourd'hui est jour de larmes, elle a le vin triste son compagnon vient de la quitter. Il est parti avec une autre. Seule avec un enfant à élever, elle se demande comment elle va y arriver. Peut être qu'il participera à l'éducation de son fils, peut être pas. Peut être qu'il lui versera une pension, peut être pas. Elle sait bien que beaucoup s’assoit sur leurs obligations et que ce fut déjà le cas. Alors, elle boit. Pour oublier. Pour ne pas sombrer dans la déprime, elle boit. Ce qu'elle ne sait pas, c'est que le tapis de la déchéance se déroule déjà sous ses pieds. Que la déprime déjà est enclenchée. Sous un autre angle elle va la broyer, la détruire jusqu'à en faire une loque. Une épave que plus personne n'aura envie de regarder. Ses proches auront beau se relier à son chevet, l'encourager, la porter, la pousser à se relever. Rien n'y fera, de plus en plus elle s'enfoncera. Le trou sombre dans lequel elle sera plongée deviendra un gouffre jusqu'à la tombe. Personne ne la repêchera.

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Je suis infiniment triste de tout ça. J'aurais tant voulu que cela ne soit pas. Je pleure car je ne peux que rester dans le constat. Mon verre même à moitié vidé ne m'aidera en rien. Le monde va mal. Les gens vont mal. La douleur quand elle n'est pas physique, elle est mentale et c'est pas bon pour le moral. Alors je bois. Au début j'y croyais. Je ne buvais pas. Je pensais qu'on allait pouvoir changer le monde et qu'aprés tout irait mieux. Mais je vois bien qu'à mon âge, je n'ai fait qu'épuiser ma vieille carcasse. Les autres n'ont pas voulu y croire. Je me suis trouvée seule bien des fois. Trop souvent sur le pavé, maintenant dans le fossé. Oh je sais bien qu'il ne faut pas. Que boire n'est pas bon pour moi, mais je ne peux pas m'en empêcher. Le plis est pris. 

Demain je partirai en cure, alors un dernier avant la brisure, n'est ce pas, c'est pas ça qui changera quoi que ce soit. Peut être que cette fois, ça marchera.

 

7 commentaires:

  1. j'applaudirai le jour où on sera tous bien conscients que l'alcool est une drogue comme les autres ;-)

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  2. si j'ai bien compris, trois devoirs pour le prix d'un ;-)
    Je suis d'accord avec Adrienne, j'ai toujours fui l'alcool, j'ai même été traumatisée dans mon enfance par ça, je ne bois même pas de vin
    Belle journée à toi Délia, gros bisoux

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  3. C'est les soldes ventes privées ! Parfois les souvenirs d'enfance produisent l'inverse, c'est compliqué de se soustraire à un fléau comme celui là. Je suis contente de te retrouver ici. Je t'embrasse.

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  4. Quand l'Etat prélève une taxe très rentable, que ce soit sur l'alcool ou le tabac, ce ne sont pas des drogues, c'est bien connu...

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  5. C'est vrai que ce tableau est triste, l'alcool l'aide pour un court instant à oublier.. hélas lorsque les vapeurs seront évaporées la douleur sera toujours présente...
    Belle journée

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  6. Trois histoires.
    Trois tristesses.
    Trois drames.
    Trois textes qui impactent
    Il est vrai que le tableau proposé n'incitait pas à la gaudriole…

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  7. Textes profonds et émouvants.
    Ne pas juger... nous avons tous connu des personnes qui buvaient...
    Née dans le Beaujolais, je n'ai jamais bu une goutte d'alcool... ce poison qui continue de "bousiller" des vies entières ! Bisous à toi, à bientôt.

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