C'était il y a trés longtemps. En ce temps là on pouvait aller et venir librement. On ne fêtait pas noël avec des agapes et des victuailles venues du monde entier. On consommait bio et local. Les hospitaux n'étaient pas surchargés vu qu'ils n'existaient pas. On accouchait chez soi entre la table et le banc à sel, sur la paillasse contre le mur de l'étable.
En cette belle nuit de ce jour qui n'était pas encore Noël, Marie venait de donner la vie à son premier enfant.
Marie était la fille du sabotier et son mari était charpentier. pour compléter leurs maigres ressources, ils avaient un âne et un boeuf qu'ils faisaient travailler à la vigne et aux champs. De temps à autre, ils échangeaient un peu de vin, de légumes ou de blé contre de la laine que leur procuraient les bergers venus de la montagne.
Ce jour là, venu parfois de trés loin, comme Gaspar et son confrère le berger, tout le village était regroupé pour la veillée.. Car on veillait autrefois, souvent cardant la laine, épluchant les chataignes, tissant la toile ou tressant l'osier. Quand les premières douleurs la prirent, Marie, pour échapper aux regards indiscrets, alla se cacher dans l'étable, entre son bon vieux bourricot et le boeuf qui la réchauffait de son halène parfumée de foin bien sec.
Lorsque les cris du nouveau né se firent entendre de l'autre côté de la cloison, tout le monde accourut et admira l'enfant qui vagissait dans son panier, allongé sur un coussin de paille.
Tous se penchèrent sur cet osier pour prodiguer les bienfaits qu'ils détenaient d'un ancêtre parfois fort éloigné.
Victor prédisait qu'il serait poète et devrait s'exiler. A ses côtés, le mage en faisait un sage qui porterait la bonne parole dans le monde entier. A genoux, le druide récitait des prières pour lui prodiguer la bonne santé. Face à lui, Gérard lui prédisait un destin exceptionnel et une grande renommée. Chacun avait pour l'enfant les meilleures prédictions et allait de son couplet. Seule Marie ne disait rien. Elle pensait. Elle pensait qu'il serait bien difficile de l'élever et de le nourrir jusqu'à sa majorité. Elle pensait aux lessives qu'il lui faudrait faire pour les gens aisés, si elle voulait lui donner à manger. Elle pensait que plus tard, lui aussi serait charpentier, et qu'il porterait sa croix quand son tour viendrait de quitter le foyer. Elle pensait à toutes ces choses bonnes ou mauvaises qui parsèment l'existence avant de vous emporter. Elle pensait ce que pensent toutes les mères, sans pouvoir le confier. Tous n'avaient qu'une idée : faire la fête et trinquer à la santé de ce nouveau né.
Magnifique, ton texte, j'adore !
RépondreSupprimerA l'époque lointaine de la naissance de cet enfant, un charpentier était un de ceux qui écrivait la Torah, j'ai vu l'église de Saint Pierre, c'était une synagogue en pierre et à ciel ouvert. Bon, j'aime mieux ta version.
RépondreSupprimerÇa sent pas vraiment l'enthousiasme, ta Nativité...
RépondreSupprimerEn plus, Marie n'a pas vu qu'un môme, ça te coûte un bras pendant vingt piges au moins.
Comme en plus, Marie était une mère juive, elle a gardé son fils jusqu'à plus d'âge... ;-)
Moi qui ne me sens pas très chrétien je trouve regrettable que la seule aprole qu'on aurait dû suivre ne soit jamais suivie.
Quelle idée aussi de dire à une espèce féroce, égoïste et cupide une chose aussi belle et simple que "Aimez vous les uns les autres comme moi-même je vous ai aimés."
Une approche aussi traditionnelle qu'occidentalisée, qui peu à peu s'estompe dans les esprits modernes.
RépondreSupprimerC'est peut-être pas plus mal.
Plus tard, le fils de cette mère juive tentera une incroyable révolution qui a fini par son massacre, tant c'était une aberration.
Incroyable ! Invraisemblable ! Une rêverie ! : Plutôt que d'aller à la messe déposer de l'argent : « S'aimer les uns les autres »
c'est pas de la connerie ça ?
L'amour ça ne sert à rien ! Le commerce, SI !
La preuve les gabegies de Noël…
La naissance de mes enfants ne m'a pas provoqué tant de questions. :)
RépondreSupprimerPour mon premier, mon ex mari a dit j'en prends pour 20 ans, lorsqu'il a su que le test était positif... Bon, il en avait déjà deux !
Partager de bons moments en famille, c'est ce dont nous rêvons tous actuellement.
joli travail, bravo!
RépondreSupprimerTrès joli texte.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ce texte, les descriptions ; c'est fabuleux comme cet accouchement passe comme une lettre à la poste :-) mais déjà cette maman pense à l'avenir de ce petit être...
RépondreSupprimerBisous ma Delia !
J'ai bien aimé ton texte ! réactualiser la nativité n'est pas une mince affaire !une scène qui passe les milliers d'années sans problème !
RépondreSupprimerColette
Fille unique, j'aiépousé l'aîné d'une fratrie de 8 enfants ! Autant vous dire qu'à chaque naissance, on ne s'est pas posé de questions existentielles. Il est vrai que le rôlr fr Jésus était déjà pris !
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