Constat

Savez vous pourquoi je suis venue ici ? Et bien je vais vous le dire.

Ici dans ce trou à rats, perdu au fond de la macronie centrale, plus rien n'existe. Regardez l'état des routes : un véritable terrain vague, où poussent les herbes folles. Les nids de poules sur la chaussée se creusent  aux rythme endiablé des coupes sombres dans les budgets. Les routes ne sont plus que des pistes à gymkhana, dignes des plus mauvais parcours traversant les hauteurs tumultueuses de l’Himalaya.
Voyez le réseau électrique. S'il subsiste encore quelques poteaux disséminés ça et là, c'est juste pour supporter quelque bout de fil qui pendouille à une extrémité incertaine. Je ne vous parle même pas de celui du téléphone, pas plus que de celui d'adduction d'eau courante. Ici l'eau courre par fortes pluies et subsiste en larges flaques sur le mitan de ce qui était autrefois la chaussée de la rue principale. Il y a longtemps que même les animaux errants ne l'empruntent plus, tellement la vie ici a disparu. Dans ce désert hostile, plus rien ne subsiste.
Cela a commencé du temps des anciens régimes, quand les commerces ont fermé boutique les uns aprés les autres. D'abord la boucherie, puis la boulangerie, le café bistrot et le tabac qui faisait parfois office de cabinet pour le docteur, qui venait une fois par mois. Puis ce fut le tour de l'école, de la mairie et même du cimetière qui n'accueille plus que les rats.
Les maisons se délabrent une à une, hiver après hiver. Qu'importe puisque personne ne vit plus ici depuis longtemps. Qui pourrait ?
Devant ce constat de délabrement général,  j'ai envisagé de recourir aux services d'une ONG, comme HMAP (Humanité Mondiale A Préserver) car il est honteux de laisser aux générations futures un tel panorama.
 Alors aujourd'hui, je suis venue faire des photos, pour sensibiliser HMAP,  car ils auraient du mal à me croire si je leur racontais,  la presse locale (du temps où il en existait encore une) et nationale ne se sont jamais intéressées à la vie des populations, pas plus que les gouvernants de ce pays où seul compte le pouvoir et l'argent pourvu que cela permettent à quelques uns de continuer de s'enrichir et de piller le bien commun.
Pourtant nous avons résisté, nous avons alerté, nous avons manifesté, mais ces forcenés ont continué de saccager.
Au fait, la voiture que vous voyez là bas, c'est un véhicule tout terrain que j'ai dû louer pour la circonstance.

20 commentaires:

  1. tu as bien raison, j'ai trouvé aussi que ce tableau était absolument tristounet, pas du tout un décor qui donne envie d'y vivre!

    RépondreSupprimer
  2. J'ai d'abord pensé à un village en guerre en regardant ce tableau, mais comme la guerre économique fait rage...

    RépondreSupprimer
  3. Tu sais, il transforme Paris en ville musée, les habitant quittent la ville, je me demande où va le monde.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est vrai pour toutes les villes, on est impressionné par le vide des centres villes occupés jadis par des commerces, par des administrations, par des immeubles riants et bien entretenus devenus des déserts économiques où banques et assurances se disputent les lieux avec les agences immobilières. Un désastre qui touche tout le monde, sauf les ultras riches.

      Supprimer
    2. Oui, grand centre-ville ou petite ville, même constat affligeant. Et, maintenant, une fois qu'on a tout transporté à la périphérie des villes, ces messieurs se disent "oh ben zut, y'a plus personne dans les centres villes, y'a plus que de la racaille et de l'insécurité"..
      Hier, j'en ai fait encore le constat dans ma jolie ville très commerçante. Dans la rue où nous avions notre commerce, des beaux commerces ont été repris par des coiffeurs, par des agences immobilières, par des banques...J'ai dit à mon mari "ça recommence comme il y a 15 ans, cette rue va mourir si ça continue Y'avait du monde, mais peu de vitrine éclairée...Un beau commerce dans une rue très commerçante qui faisait des grandes marques vient d'être revendue...pour un restaurant tunisien. C'est pour ça qu'une des plus belles rues, la rue de Paris est tombée à zéro et qu'on l'appelle maintenant "Barbès"...en plus, c'est la rue qui mène de la gare au centre ville..Je me demande ce qu'en pensent les touristes..

      Supprimer
    3. La racaille et l'insécurité ? c'est pas pour les banlieues, ça ?

      Supprimer
  4. Ce n'est pas un devoir !
    C'est un manifeste !
    Et tu as raison, tu montres en filigrane comment en entourloupant quelques élus qui permettent de semer quelques hypermarchés, tu vides les villes et les villages de leurs commerces et de leur vie.
    Après, ce sont les services publics qui s'envolent et puis les villages s'éteignent et leurs habitants vont s'agglutiner autour des villes et la pauvreté transforme leurs nouveaux habitats, invivables et laids, en zones de non-droit, de relégation...
    Merci Delia de nous rappeler comment tout cela est arrivé insidieusement.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci à toi surtout, de compléter le tableau avec un résumé de quelques unes des conséquences.

      Supprimer
  5. Mais au fait, à te lire, je me demande si tu ne serais pas une de ces dangereuses gauchistes peut-être même communiste dont on nous dit de nous méfier ? ;-)

    RépondreSupprimer
  6. Ce n'est pourtant pas compliqué : il suffit d'être riche et de vivre dans une ville de riches !
    Être premier de corps des riches, voilà la solution !
    À chacun de choisir son camp.
    C'est simple ! Non ?
    (note pour ceux qui ne comprennent jamais rien à grand-chose : ceci se veut humoristiquement grinçant, même s'il n'y a pas toujours de quoi rire.)

    RépondreSupprimer
  7. Bonjour Alainx, ben ? J'y avais bien pensé à cette solution, mais il y en a toujours qui ont été plus rapide que moi pour la première place, car je suppose que c'est la meilleure. Toujours est il que même simple, ça reste tout de même difficile à atteindre.
    J'aime toujours autant ton humour. Smack !

    RépondreSupprimer
  8. Que ce soit toi ou moi, nous sommes aussi affligées l'une que l'autre par ce triste constat où on ne voit plus que des centres-villes fantômes..Je l'ai amené différemment mais pour en arriver au même constat...Je me demande pourquoi, je ne me suis jamais syndiquée, vu comme j'ai parfois la rage. Parfois, je me sens communiste, socialo, droitière...Je suis pour que tout le monde vive bien et heureux, que ce soit dans un château ou dans une petite maison, du moment que tout le monde ait à mettre quelque chose dans son assiette, puisse se chauffer et éventuellement s'offrir quelques vacances ou quelques bons chocolats...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Si tu t'étais syndiquée ? Mais il n'est jamais trop tard !

      Supprimer
  9. Au fait, la voiture que vous voyez là bas, c'est un véhicule tout terrain .
    Tu veux en venir où avec ta voiture tout terrain ?
    Pour pouvoir circuler sur ces routes défoncées ?
    Parce qu'au fond, tu cries ta rage, mais que, toi aussi, tu aimes rouler en belle voiture super puissante et que de t'offusquer, ça te donne bonne conscience, un ptit arrangement en somme pour mériter ton paradis ?
    Quand je dis "toi", je parle de ton héroïne bien sûr...you comprendo ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Non, je n'ai pas triché Julie, juste un peu édulcoré avec ma geep tout terrain que j'ai loué pour l'occasion, si tu as bien lu, car c'est le seul véhicule qui puisse circuler sur ces routes défoncées ! ça m'a couté un bras, mais je ne le regrette pas, plus personne ne vit ici, c'est un village fantomme comme tous ceux à cent lieues à la ronde, les cars macron ne sont jamais venu ici, non plus, pas assez rentable pour eux, je n'allais tout de même pas venir à pied, à mon age !
      Du reste on peut rouler en voiture ou en tracteur ou en brouette, comme tu voudras et s'offusquer que les choses aillent si bien. Nous ne sommes pas suffisamment nombreux à le faire pour refuser du monde !
      J'ai bien comprendu ton commentaire et je ne crois pas au paradis.

      Supprimer
  10. Ton texte m'a plongée dans la déprime ! Et à mon âge, ce n'est pas bon de broyer du noir, sauf pour se faire un café à l'ancienne...

    RépondreSupprimer
  11. T'as raison Gwen ! sauf pour le café à l'ancienne, qui du reste était bien meilleur que le café soluble de maintenant.

    RépondreSupprimer
  12. Pamphlet politique ? Il est sans appel ! Ceci dit, en lisant ta description, j'ai cru que tu parlais du patelin (belge) dans lequel je vis : le chemin qui passe devant chez moi (qui autrefois fut une route) se trouvait au plan de rénovation le siècle dernier. Il n'a bien sûr jamais été réalisé... Notre faute : ne pas avoir d'élu qui vit dans notre quartier. Par ailleurs, l'image de départ représente un coin d'Angleterre. Non, l'herbe n'est pas plus verte ailleurs : elle n'est plus verte nulle part...

    RépondreSupprimer

7 extraits.