Voilà le sort réservé à nos nobles créatures, mères nourricières de toute l'humanité. A celles grâce à qui l'enfant de la famine ne meurt pas. A celles qui donnent leur douceur, leur chaleur, et le fruit de leurs entrailles pour que l'humain se repaisse de veaux gras. Aujourd'hui plus qu'hier, elles sont malmenées, maltraitées, mal considérées. Machine à produire du lait pour certaines, branchées en permanence sur une trayeuse afin qu'aucune goûte ne se perde, dans des usines dites de mille et une vaches. L'orifice anal canalisé, débouchant sur des tuyaux d'un méthaniseur puissant. Quant à leur veaux (parce que je suppose qu'elles ont un veau pour avoir du lait !) il est surement entassé avec d'autres dans une usine de fabrication de chair blanche pour la consommation de gens peu regardants sur l'origine de leur pitance.
Machine à produire de la viande pour d'autres, parquées dans des enclos où une maigre pâture les sustente, complémentée de farines, de maïs ou d'autres ingrédients qui les feront grasses à souhait quand à l’abattoir on les conduira.
Elle n'ont plus le loisir de s'ébattre avec un partenaire de leur nature, quand le moment en est venu. Les naissances programmées aux périodes les plus propices à la consommation, font naitre les petits en hiver sous la neige, la pluie et le froid. Pas une haie où s'abriter du vent. Pas un endroit chaud et confortable. Aucun soin, aucune attention portée à ces pauvres bêtes qui n'ont pour tout réconfort que le regard compatissant de leurs congénères ou celui curieux de quelques passants.
Depuis combien de temps, cette bête est là sur le flanc ? Je ne l'ai pas repérée hier, mais peut être le soir venu, quand la nuit noire enveloppa la campagne, était elle déjà dans la souffrance et la difficulté d'un accouchement périlleux. Peut être était ce dans l'aube fraiche et pluvieuse. Abandonnée à son sort, elle n'a pas pu mettre au monde son petit qui lui a du mourir avant de voir le jour.
Quand nous étions enfants, et qu'une vache était sur le point de donner naissance, nous passions la nuit à l'étable, notre mission consistait à surveiller la vache et de prévenir le père pour qu'il vienne aider à l'accouchement. Il se munissait de solides cordes qu'il attachait au pied du petit à venir. Ensuite, selon ses instructions à des moments précis avec des gestes précis, nous aidions à tirer le petit veau qu'il frictionnait avec de la paille fraiche pour le réchauffer. Son lit douillet était aménagé dans le fond de l'étable bien abrité des courants d'air. On s'occupait ensuite de la mère qui avait droit à un peu de réconfort et des douceurs en récompense de ses efforts. C'était un autre temps. Nos vaches on les aimait. On les considérait. Elle faisaient partie de la famille autant que parfois certains humains. Je garde cet amour profond pour la plus noble servante que l'homme n'ait jamais eu et qu'il n'aura jamais.
Je suis infiniment triste et lasse d'un tel monde. Je suis infiniment meurtrie et choquée que la nature soit si cruelle. Je suis désespérée de constater combien l'homme est vil.
Je me dis que notre espèce est surement la pire que la nature ait engendrée. Si elle courre aujourd'hui à sa perte, ce n'est pas par hasard. Elle a déjà tout saccagé.
la Charmante et son veau en 1979 |
les vaches du marquis sans haie, sans toit et sans amour |
rebonjour Délia,
RépondreSupprimeroh la la ça me fend le coeur de lire cela.... Le pire, c'est qu'on ne peut pas dire qu'on ne le sait pas... Mais on ne veut pas le voir, et la vie continue....
Ta conclusion paraît donnée au coin du bon sens, mais je veux croire que ce n'est pas une généralité, que tout n'est pas perdu, même si comme tu le dis on ne peut qu'être triste et las d'un tel monde... Où en serions-nous si des gens comme l'Abbé Pierre, Coluche, Gandhi, avaient pensé la même chose?
L'humain peut être capable du pire... et du meilleur. Tu en es une preuve vivante.
Bien sûr qu'il existe des gens comme tu le dis. Mais s'ils étaient les plus nombreux, il n'y aurait pas autant de misère sur terre, tant de souffrances non plus, et nous ne serions pas pris en tenaille entre l'envie de faire et l'incapacité de.
SupprimerNon là, je crois vraiment que l'homme est entrain de courir à notre perte et que si tous ensemble il y a un jour, ce sera dans la défaite et dans l'horreur d'un apocalypse que je redoute. on va bien voir la suite des évènements.
Quant à cette pauvre vache, je ne sais comment manifester mon désarroi, ni comment aider à améliorer le sort de ces divines créatures et celui de bien d'autres. Je reste toutefois persuadée que c'est en améliorant le sort de tout le monde qu'on y parviendra, c'est pour cela que je me bats et c'est ce qui me fait avancer avec d'autres, en gilet jaune ou chiffon rouge (je préfère quand même cette solution à l'immobilisme).
C'est terrible ce que tu nous racontes sur cette pauvre vache !! Est-ce possible d'agir ainsi avec des bêtes ? personne ne réagit autour de lui ?
RépondreSupprimeril est donc tout puissant et peut faire ce qu'il veut ?!
c'est un peu ça, oui, il a les autorités dans sa poche, par ailleurs, on le voit régulièrement dans ses prés venir donner à manger aux vaches. Au sens de la justice, il ne maltraite pas ses bêtes.Je pense aussi que ce sont les conditions d'élevage qui sont comme ça et que tous font pareil.
RépondreSupprimerCe que tu racontes là me tire les larmes des yeux. J'ai aussi connu ton époque et le soin et la crainte pour la vache qui vèle et la perte de deux têtes de troupeau qui pourrait arriver... Il est donc bien riche ce monsieur de pouvoir se permettre la perte de son bétail...
RépondreSupprimerJe crois qu'il est comme beaucoup : indifférent. La crainte de perdre un animal, pas plus que sa souffrance, ils s'en moquent. Ils ont les assurances qui les dédommagent, parfois plus grassement que ne leur rapporte la vente de leur animaux et donc leur travail.
RépondreSupprimeret un voisin, le véto ??? dans un environnement rural personne à qui signaler la chose, j'en suis ébahie et triste.
RépondreSupprimerEn même temps, parfois la vie vous empêche d'etre "au cul des vaches", est-ce habituel chez lui cette... désinvolture ?