Je me souviens, c'était vers la fin des années cinquante. Je me promenais souvent sur le boulevard des Capucines avec Mamzelle Cricri, mon caniche adoré.
Il pleuvait ce jour là.
Je me souviens bien. Quand nous étions parties de la maison, elle et moi, quelques nuages flottaient dans le ciel qu'un bleu hésitait à parsemer. Le vent soufflait par rafales, mais rien ne laissait présager la pluie qui n'allait pas tarder à arriver.
Tout doucement, puis de plus en plus fort, elle se mit à cingler les vitrines des magasins, à inonder les trottoirs, rendant glissantes les marches de l'opéra. Je pressais le pas, entrainée par Cricri qui tirait sur sa laisse, ayant hâte de rentrer. Je m'apprêtais à pousser la porte du café voisin, quand je vis une horde de gens qui se précipitaient au dehors. Je trouvais cette attitude bizarre, il pleuvait vache qui pisse, tout le monde essayait de chercher un abri et eux se précipitaient, poussés par je ne sais quelle force qui les attirait au dehors.
Soudain je les vis, elle tout de bleu vêtue et lui, la protégeant de son grand parapluie. J'avais l'impression de les avoir toujours connus. Je me retournais pour mieux les détailler, au moment où emportés par une brutale bourrasque du vent, ils se précipitaient entre les portes du bus qui allait les emporter loin des regards et de la foule.
Ils riaient comme deux enfants heureux, elle l'ange providentiel et lui le pauvre coeur brisé.
Sortis d'un rêve fou, d'un mirage, ils étaient là, tout proche. Je n'aurais jamais pensé les rencontrer à cet endroit. C'était pourtant bien elle la belle SISSI, l'impératrice qui me fit tant rêver quelques années plus tôt, quand petite fille je parcourais encore les pentes de la montagne d'Auvergne où je naquis. Elle était là, devant moi, et elle courait prendre le bus qui dessert les beaux quartiers de la capitale.
Je n'en croyais pas mes yeux ! Lui c'était Henry, je le reconnu aussitôt. Je l'avais déjà croisé jadis aux abords de la rue qui descend aux galeries, un jour que j'allais aux commissions. Maman était avec moi, et ensemble nous étions parties dans Clermont qu'elle ne connaissait pas, n'ayant jamais été plus loin qu' à la foire à Saint Germain (l'Herm), je précise. Il achetait des cigarette au tabac de la Prefecture. Moi je voulais un timbre poste mais je n'avais pas de monnaie. Devant mon air embarrassé et l'air dépité et honteux de maman, il avait gentiment proposé de nous dépanner. Quand il eut tourné les tallons après avoir payé et que nous nous soyons confondus en excuses, la vendeuse nous confia à l'oreille : "C'est Henry Vidal, l'acteur, vous savez, celui qui joue dans L'ange de la nuit, vous ne le connaissez pas ? Il vient souvent ici !"
Pensez si ma mère connaissait ! elle qui ne sortait jamais plus loin que les 10 km qui nous séparent du canton ! Et moi, je ne connaissais pas plus, le cinéma ce n'était pas pour nous les gens de rien issus de la campagne !
Mais quand même, SISSI et Henry ! Les voir là, à deux pas et se précipiter dans un bus ! je n'en revenais pas.
Quand je racontais à maman, cette aventure, lors de ma visite suivante, jour de foire à Saint Germain, elle eut cette phrase magnanime : "Quand même, le monde est petit !"
J'appris par la suite que le couple était en tournage sur un film qui s'appelait "Mademoiselle Ange". Une autre histoire d'ange. Elle était vraiment faite pour les belles histoires, SISSI !
Alors là ! Entendre parler de Saint Germain l'Herm à propos de cette image, les bras m'en tombent. Comme quoi tous les chemins etc. (nous avons une maison près d'Arlanc...)
RépondreSupprimerC'est vrai ? Le monde est vraiment petit, alors !
RépondreSupprimerAh, Sissi, que je l'ai vue, revue, au moins des dizaines de fois. J'étais presque triste que Romy en ait eu marre de cette Sissi…
RépondreSupprimerJ'ai toujours été en admiration devant cette si belle actrice au destin presque aussi tragique que son héroïne. J'aurais aimé la rencontrer. Je ne connais pas ce film "mademoiselle Ange..
De Romy Scheideir, je ne connais que les films de Sautet, je n'ai pas vu Sissi, à part quelques épisodes par ci par là, mais j'appréciais sa beauté et son talent. D'Henry Vidal, je n'ai vu aucun film. je sais juste qu'il st né et enterré du côté de Pontgibaud dans le Puy de Dôme et qu'il fut le mari de Micelle Morgan. Ma culture s'arrête là.
SupprimerQuelle belle histoire, Délia. J'aime beaucoup cette rencontre magique avec deux acteurs appréciés. Je n'ai jamais vu l'un ou l'autre en vrai, seulement au cinéma mais je sas où est la tombe d'Henry Vidal : à Pontgibaud dans le 63 !
RépondreSupprimerBises et merci pour cette super participation.
La personne en bleu sur le tableau me fait penser à Romy Schneideir. Naturellement, cette fiction n'a jamais existé, même pas la foire à Saint Germain, où si elle subsiste encore, je n'ai jamais mis les pieds ! (j'avais eu bien trop de mal avec la fréquentation de son collège, dont je ne me suis jamais remise !!!)
SupprimerBonne semaine, bisous.
Une belle rencontre pour les fans ! passer du rêve à la réalité est parfois bien intéressant !
RépondreSupprimerJe crois qu'il m'est arrivé une fois ce genre de situation, j'en suis encore toute chose, mais ce n'était pas une vedette de cinéma. Toujours est il que je n'ai pas su comment réagir et trop timide pour approcher celui que je croyais, je me suis vite éclipsée, beaucoup trop timide pour l'importuner !
SupprimerDis donc, tu as été bien plus romantique que moi ! d'habitude je suis fleur bleue mais là je n'ai pas su ;-)
RépondreSupprimerBravo, belle histoire. Bisous
J'aime bien d'ailleurs quand tu es fleur bleue, cela donne beaucoup de sensibilité. Mais comme tu écris bien, j'ai bien aimé aussi celui que tu as écrit.
SupprimerTrès beau texte ma petite maman.Gros bisous la ponette.
RépondreSupprimerBisous la Ponette, j'ai pensé à toi dimanche, quand j'ai reçu un message à 4 h de l'aprés midi. Je me suis précipitée, mais ce n'était pas toi ! Pour le texte, si tu avais lu la première mouture, tu aurais pensé que je suis dingo !
SupprimerBonjour Délia,
RépondreSupprimerquelle histoire merveilleuse! Et oui, tu as raison, elle a complètement un air à Sissy, le regard, le sourire surtout! Drôlement bien vu, bien raconté, du coup on y croit totalement à ton histoire!
Je te souhaite une belle journée,^possiblement sous la pluie après le beau temps qu'on a eu ce week-end.... d'un côté ça fait peur, une telle chaleur à la mi octobre..........!
Gros bisous, Délia!
Bonjour Ambre, la pluie a fait son entrée ratée dimanche dans la nuit et s'est attardée un peu hier jusqu'en fin de matinée. Le soleil l'a remplacée et aujourd'hui se montre plus clément mais plus frais. Mon histoire, plausible mais inventée, m'est venue assez spontanément en voyant la silhouette de la jeune femme en bleu. Je suis persuadée que c'est Romy Schneideir ! et si on recherche sur internet, à un moment on tombe sur une image, celle du film dont je parle (Mademoiselle Ange) où elle apparait avec la même coiffure, exactement ! Belle journée à toi également.
SupprimerQue de souvenirs !! Sissi a accompagné ma jeunesse :-)
RépondreSupprimerC'est vrai que Sissi a accompagnée l'enfance de beaucoup de jeunes de notre génération. Perso, ce ne fut pas le cas. J'ai découvert Romy bien plus tard, dans la deuxième partie de sa carrière avec les films de Claude Sautet et je l'adorais littéralement !
SupprimerSissi et Henry ! Que du beau monde.
RépondreSupprimerJe n'ai pas vu le film en question, mais oui, un beau casting, comme ils disent.
SupprimerQuand un ange passe il ne reste derrière lui que le silence qui suit les concertos de Mozart !
RépondreSupprimerMerci pour la balade ostro-clermontoise !
Tu es un connaisseur à ce que je vois. Mozart !
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