Le palais des glaces.

 

Lectrices chéries, vous rappelez vous qu’aujourd’hui, ça fait deux cents ans que Baudelaire est mort ?
Il est parti se coucher au cimetière Montparnasse, squatter la tombe d’un beau-père détesté.
Il n’a pas eu le loisir d’y faire apposer l’épitaphe qui lui allait si bien :

« Ci-git qui pour avoir par trop aimé les gaupes
Descendit jeune encore au royaume des taupes »

Comme Heure-Bleue et votre serviteur, il fut un « nomade parisien » et y déménagea très souvent.
Il habita cet hôtel sur l’île Saint-Louis.
Ce lieu me rappelle évidemment quelque chose.
Mais à vous ?
Beaucoup d’entre vous ont vu un jour Notre Dame ou l’île Saint Louis.
Avez-vous erré dans les rues qui l’entourent ?
Qu’y avez-vous vu, qu’est-ce qui vous frappé, une des « petites choses de peu » qui vous frappent et vous émeuvent pour des raisons qui vous échappent jusqu’au moment où vous découvrez pourquoi elles ont remué votre âme.
Comme elles ont sûrement remué celle de Baudelaire.
Vous n’avez pas moins de talent, vous êtes seulement moins connues, alors dites lundi ce qui vous a remué.
(À part, bien sûr, cet appel au devoir, torché de main de maître par un Goût auquel France Inter a obligeamment donné le sujet du devoir car je ne savais pas quoi vous soumettre...)

Lectrices chéries, vous rappelez vous qu’aujourd’hui, ça fait deux cents ans que Baudelaire est mort ?
Il est parti se coucher au cimetière Montparnasse, squatter la tombe d’un beau-père détesté.
Il n’a pas eu le loisir d’y faire apposer l’épitaphe qui lui allait si bien :

« Ci-git qui pour avoir par trop aimé les gaupes
Descendit jeune encore au royaume des taupes »

Comme Heure-Bleue et votre serviteur, il fut un « nomade parisien » et y déménagea très souvent.
Il habita cet hôtel sur l’île Saint-Louis.
Ce lieu me rappelle évidemment quelque chose.
Mais à vous ?
Beaucoup d’entre vous ont vu un jour Notre Dame ou l’île Saint Louis.
Avez-vous erré dans les rues qui l’entourent ?
Qu’y avez-vous vu, qu’est-ce qui vous frappé, une des « petites choses de peu » qui vous frappent et vous émeuvent pour des raisons qui vous échappent jusqu’au moment où vous découvrez pourquoi elles ont remué votre âme.
Comme elles ont sûrement remué celle de Baudelaire.
Vous n’avez pas moins de talent, vous êtes seulement moins connues, alors dites lundi ce qui vous a remué.
(À part, bien sûr, cet appel au devoir, torché de main de maître par un Goût auquel France Inter a obligeamment donné le sujet du devoir car je ne savais pas quoi vous soumettre...)
devoir de Lakevio du Goût_76.jpg


La dernière fois que j'ai traversé l'Ile Saint Louis, c'était il y a trés longtemps, moins cependant que le jardin des Tuilleries, mais cela remonte bien quand même à pratiquement une quinzaine d'années voir plus.  Parmi ces petites choses de peu qui nous frappent, je me souviens particulièrement du jardin qui entoure l'Ile Saint louis, des miettes de notre fugace repas à la ponette et à moi, que nous avions lancé aux mouettes qui survolaient la Seine, face au pont Sully,  tourné vers la Bastille.

 Nous étions en partance pour son séjour d'équitation, le premier qu'elle fit, grâce à la participation généreuse de notre tout premier comité d'entreprise, surement à l'été 2006. Pourtant cela me semble plus ancien encore, mais comme pour notre passage au jardin des Tuilleries (devoir de la semaine dernière) je n'ai pas retrouvé les photos, ce qui fait que je suis obligée de m'en remettre exclusivement à ma mémoire vacillante et quelque peu,encombrée de pas mal d'autres souvenirs tout aussi imprécis.  

Naturellement nous n'avions pu nous abstenir d'un passage au palais des glaces, le seul, l'unique, le vrai, situé en bonne place sur cette ile chère à Léo Férré autant qu'à Baudelaire. Mais nous n'avions pas, autant qu'il m'en souvienne, retrouvé le plaisir à revenir en ce lieu féérique et enchanté. Ce palais aux 100 000 saveurs, par personne à ce jour égalé. Nostalgiques des temps où régulièrement nous venions le dimanche en promenade visiter le Paris historique, depuis notre banlieue proche.  A quelques pas, de chez nous, nous prenions le bus  85 qui nous laissait au coeur de la ville que nous aimions retrouver.

Cette fois encore, nous avions marché le long des quais, depuis Notre Dame et l'ile de la Cité, puis remonté le pont Saint Louis avant d’atteindre la rue de l'ile du même nom et le  glacier devant lequel, en même temps qu'une marrée humaine,  s’étalait une mer de glaces, dont le choix le plus cornélien était de trouver la meilleure, celle qui plus que toute autre allait nous pousser à commettre le pire des péchés de la capitale.

 Et pour nous qui nous serions damnées, même si comme le chante le poète,

L'île Saint-Louis en ayant marre 

D'être à côté de la Cité

Un jour a rompu ses amarres
Elle avait soif de liberté
Avec ses joies avec ses peines
Qui s'en allaient au fil de l'eau
On la vit descendre la Seine
Qu'elle prenait pour un bateau
Quand on est une île
On reste tranquille
Au coeur de la ville
C'est ce que l'on dit
Mais un jour arrive
On quitte la rive
En douce on s'esquive
Pour voir du pays

De la mer Noire à la Mer Rouge
Des îles blanches aux îles d'or
Vers l'horizon où rien ne bouge
Point n'a trouvé l'île au trésor
Mais tout au bout de son voyage
Dans un endroit peu fréquenté
On lui raconta le naufrage
L'île au trésor s'était noyée
Quand on est une île
On vogue tranquille
Trop loin de la ville
Malgré ce qu'on dit
Mais un jour arrive
Où l'âme en dérive
On songe à la rive
Du bon vieux Paris 

L'île Saint-Louis a de la peine
Du pôle Sud au pôle Nord
L'océan ne vaut pas la Seine
Le large ne vaut pas le port
Si l'on a trop de vague à l'âme
Mourir un peu n'est pas partir
Quand on est île à Notre Dame
On prend le temps de réfléchir
Quand on est une île
On reste tranquille
Au coeur de la ville
Moi je vous le dis
Pour les îles sages
Point de grands voyages
Les livres d'images
Se font à Paris.
Quant à nous, c'est ici et nulle part ailleurs que nous voulions nous offrir le plaisir délicieux de savourer  une dernière  fois une glace de chez monsieur Berthillon.  

J'aimais particulièrement celle au chocolat, mais quand il s'agissait des sorbet, je ne savais jamais lequel j'allais déguster, tant il y en avait. Les enfant, eux, savouraient un parfum vanille, fraise ou framboise, chocolat, pistache ou encore nougat, abricot, mangue ou passion. Toutes les saveurs se trouvaient ici, en ce palais, seules les occasions n'étaient pas assez nombreuse, de venir s'y régaler.

 Pourtant, peut être sous l'effet du coeur serré et de la gorge nouée par une séparation redoutée, pour moi, la dernière n'avait pas le goût de toutes ces années passées. 

18 commentaires:

  1. Pour le coup tu as plus de choses à raconter que notre "maître" ;)
    Et tu le fais bien, on sent toujours que tu aimes Paris, lorsque tu racontes tes souvenirs.
    Gros bisous ma Délia

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    1. Je suis d'ailleurs surprise qu'il n'ait pas une petite anecdote à nous confier, mais le syndrome de la page blanche atteint aussi les grands maitres.
      Dommage que tu n'aies pas écrit aussi. bisous ma Fabinou.

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    2. Dossier de l'ex femme de Zhom + plaie qui n'évolue pas + vente de notre maison en Vendée contre mon gré (affaire quasiment pliée en 10 jours) + manque d’anecdotes = Paresse ! ;)

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    3. Que de choses tristes et ennuyeuses ! Je comprends qu'on ne puisse pas toujours avoir l'esprit léger ! Bon courage à vous soignez vous tout de même. Re gros bisous.

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  2. Ah ! Tu as cédé au charme des glaces de Berthillon !
    Reconnais tout de même que ce coin est magnifique. ;-)

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  3. Qui n'y a pas succombé ! et je suis d'accord, ce coin comme bien d'autres dans Paris est absolument magnifique ! il est étrange que tu n'aies rien trouvé de particulier à nous en dire, d'ailleurs, mais comme je le dis à Fabie plus haut, le syndrome de la page blanche, n'est ce pas.

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  4. Le coin est superbe, les glaces de Berthillon étaient délicieuses avant de devenir une industrie qu'on trouve dans tous les cafés, lorsqu'ils sont ouverts, tu aimes Paris, on le sent.

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  5. Ah, donc tu me confirmes bien ma dernière impression, ce n'était pas le spleen qui m'avait fait leur trouver un goût de glace "Gervais" !

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  6. La glace Berthillon, c'est la "madeleine" de Délia !
    Sans le thé... ;-)

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    1. Je n'aime pas les madeleines, mais j'aimais bien les glaces Berthillon, maintenant elles ne sont pas meilleures que les glaces ordinaires de n'importe quel industriel. Tout se perd !

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  7. Voilà un récit à la poétique aussi délicieuse que les glaces Berthillon

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    1. Avant ou aprés leur passage à la grande industrie ?

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  8. J'ai raté les glaces Berthillon, mais beaucoup aimé ton texte, une ode à l'île Saint-Louis !

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    1. Dommage car maintenant elles ne sont qu'ersatz de glaces, mais tu a pu compenser avec la langouste des Caraïbes, c'est bien aussi.

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  9. Berthillon, voilà un arrêt qui ne manquait jamais à nos séjours parisiens avec les élèves, on leur offrait une glace et c'était toujours un bon moment :-)

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    1. C'est le souvenir que j'avais gardé avant de revenir et découvrir leur glaces gervais.

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  10. Que de souvenirs intacts !
    Dommage que la dernière glace ait eu un goût si amer.
    Gros bisous ma Délia.

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  11. Pas amer, Praline, non trop sucrées et industrielles aussi. On ne peut pas faire du fric et de la qualité.
    Bisous ma Praline.

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La tarte à la "belide"