Après cette première semaine un peu grise et perturbée, où se sont succédées balades, visites à la famille et où malheureusement nous avons dit adieu à une de nos proches, nous avons prolongé notre séjour sous un ciel radieux, bénéficiant de températures estivales et propices à de belles épopées.
Une petite balade au fil des prés autour des 3 Moulins et du ruisseau du Moulin du Mas.
Ce vieux hameau aujourd’hui disparu. Alors que dans d’autres lieux, des pans de murs bien plus anciens ont mieux résisté au temps, ici seules quelques pierres moussues le long d’un petit ruisseau, attestent de la présence humaine jusqu’au début du siècle dernier. Au moins une famille vivait ici, s’abritant entre les collines aujourd’hui boisées ou envahies par la végétation. Çà et là de vieilles murailles surplombent le ru. Un canal de dérivation des eaux du moulin reste apparent à la jonction de deux ruisseaux. Sur la pierre d’une écluse l’eau s’étale en nappe sableuse et claire avant de reprendre son cours. Une vieille prairie s’envase. C’est ici que vivait Marie une tante de mon père. Peut être la seule à avoir traversé le temps et les épreuves jusque dans les années soixante. Veuve de guerre, elle éleva sa fille la Clémence, avec l’aide de sa belle famille. Mes grands parents, mes tantes et mon père se montrèrent solidaires et ne les laissèrent pas dans l’embarras. Elle s’était établie chez mon oncle, lors de leur mariage juste avant la guerre, dans la maison voisine de la notre. Je la revois garder au ruisseau en bas du village, son troupeau de moutons. Il y avait toujours accroché aux clôtures quelques toisons de laine qui séchaient au soleil. Fruit de la tonte. Je pense que Marie les utilisait sans doute, peut être pour rembourrer des matelas, à moins que ce ne soit pour d’autres besoins de la famille. Je ne pense pas qu’elle cardait. Quand elle quitta ce monde, ma sœur et mon père sont allé lui dire adieu. Je n’ai pas voulu les accompagner. Une brouille ancienne avait séparée nos deux familles. Ce qui fait que j’ai partagé peu de choses avec elle.
A notre retour de balade, un incident
eut lieu avec lulu berlue, le malandrin, locataire indélicat de la maison d’en
bas. Il se répand sur chaque espace disponible, au mépris du
respect de l’environnement et de l’entourage. Personnage
ordurier, grossier et violent, j’ai cru un moment qu’il allait
nous frapper. J’ai eu le tort de faire une remarque à la
propriétaire qui lui loue la maison au sujet de son envahissement
jusque chez les voisins.Voilà les lieux avant que la maison soit rachetée et louée. Quelle misère !!!
Naturellement elle a transmit le message. Ce
que j’ignore, c’est en quel termes et comment elle a traduit
notre conversation. Toujours est-il que l’olibrius en question ne
l’a pas entendu d’une bienveillante oreille et nous a
copieusement insultés. J’ai ainsi pu découvrir l’étendu et la
variété de son vocabulaire, à part connasse, gros sac et connard,
c’est à peu prés tout ce qu’il connait.
Le soir une copine d’enfance est
venue. Nous avons papoté avant de mettre au point un rendez vous
pour une nouvelle balade au fil des bois ou des prés.
Le temps d'une petite halte dans un joli hameau sur
les hauteurs de la commune. Adossé au bois grand et à celui de la Modière. J’y
venais souvent enfant. Lorsque ma sœur vit le jour, je pris pension,
ici, chez ma tante, durant les mois de l’hiver 1955. J’ai gardé
d’excellents rapports avec mes cousins. Quand je reviens ici
quelques jours, il n’est pas rare que je leur fasse une visite
éclair parfois, plus importante d’autres fois. Avec mon cousin,
nous avons passé une bonne partie de la matinée. Puis à l’heure
du midi, nous avons partagé un repas de fortune avant une belle
promenade jusqu’au point culminant pour admirer le
somptueux panorama.
Nous avons terminé la journée dans la
douceur du bassin de Saint-Dier,
près de ma nièce et de ses
deux chérubins, avant de regagner notre campement où nous attendait
une belle surprise : une bouteille de lait bien frais offerte
par ma copine dont la sœur élève quelques vaches laitières. Le
lait était un régal !
Le lendemain, c'était jour de marché à la ville voisine. Sur la
route, un troupeau de sangliers traverse sous notre nez. Pas le temps
de dégainer l’appareil, ils sont déjà loin. La brume envahie la
vallée d’Ambert et les sommets du Livradois.
Températures
estivales pour cette belle matinée. J’aime ce marché, ses rues et
ses maisons à colombage.
J’en profite toujours pour ramener
quelques trouvailles, glanées ça ou là mais qui me rappelle le
passé. Mes racines, ma culture sont ici. Pourquoi les chercher
ailleurs ? L’accent prononcé des gens d’ici sonne bon le
terroir. Cela sent le patois. Au coin des ruelles, de rudes paysans
s’accordent à le parler, je le comprends encore un peu, parfois.
J’ai chiné quelques livres auprès de bouquinistes. Sous la halle
de la mairie, prés des producteurs locaux, se presse toujours une
clientèle de connaisseurs en quête de bons produits. Miels et
confitures, fromages, légumes de saisons, lentilles, champignons…
abondent pour le plus grand bonheur des gourmets. C’est ici que
souvent je me ravitaille, étant sûre de la qualité proposée.
Je vais de découvertes en découvertes!
RépondreSupprimerAmbert, une ville à découvrir !
RépondreSupprimerA part l'épisode de l'envahisseur mal poli, cela a dû te faire du bien de te rebaigner dans cette région qui est tienne. Que du bonheur! et comme tu racontes bien!
RépondreSupprimerQuel plaisir de te lire ce matin. Tu imagines combien ton récit me parle même si effectivement je ne suis pas des montagnes mais de la plaine de Limagne. Cependant ces noms me parlent ainsi que tes promenades et retrouvailles dans les hameaux de jadis. Mon grand-père paternel a vécu dans un moulin dont la meule de pierre etait il y a déjà quelques années dans les orties...
RépondreSupprimerDes mal embouchés, il y en a dans chaque village mais aussi dans les immeubles des villes...
Merci, Délia.