La ronde des souvenirs (3)



Après cette première semaine un peu grise et perturbée, où se sont succédées balades, visites à la famille et où malheureusement nous avons dit adieu à une de nos proches, nous avons prolongé notre séjour sous un ciel radieux, bénéficiant de températures estivales et propices à de belles épopées.
 Une petite balade au fil des prés autour des 3 Moulins  et du ruisseau du Moulin du Mas.





Ce vieux hameau aujourd’hui disparu. Alors que dans d’autres lieux, des pans de murs bien plus anciens ont mieux résisté au temps, ici seules quelques pierres moussues le long d’un petit ruisseau, attestent de la présence humaine jusqu’au début du siècle dernier. Au moins une famille vivait ici, s’abritant entre les collines aujourd’hui boisées ou envahies par la végétation. Çà et là de vieilles murailles surplombent le ru. Un canal de dérivation des eaux du moulin reste apparent à la jonction de deux ruisseaux. Sur la pierre d’une écluse l’eau s’étale en nappe sableuse et claire avant de reprendre son cours. Une vieille prairie s’envase. C’est ici que vivait Marie une tante de mon père. Peut être la seule à avoir traversé le temps et les épreuves jusque dans les années soixante. Veuve de guerre, elle éleva sa fille la Clémence, avec l’aide de sa belle famille. Mes grands parents, mes tantes et mon père se montrèrent solidaires et ne les laissèrent pas dans l’embarras. Elle s’était établie chez mon oncle, lors de leur mariage juste avant la guerre, dans la maison voisine de la notre. Je la revois garder au ruisseau en bas du village, son troupeau de moutons. Il y avait toujours accroché aux clôtures quelques toisons de laine qui séchaient au soleil. Fruit de la tonte. Je pense que Marie les utilisait sans doute, peut être pour rembourrer des matelas, à moins que ce ne soit pour d’autres besoins de la famille. Je ne pense pas qu’elle cardait. Quand elle quitta ce monde, ma sœur et mon père sont allé lui dire adieu. Je n’ai pas voulu les accompagner. Une brouille ancienne avait séparée nos deux familles. Ce qui fait que j’ai partagé peu de choses avec elle.
A notre retour de balade, un incident eut lieu avec lulu berlue, le malandrin, locataire indélicat de la maison d’en bas. Il se répand sur chaque espace disponible, au mépris du respect de l’environnement et de l’entourage. Personnage ordurier, grossier et violent, j’ai cru un moment qu’il allait nous frapper. J’ai eu le tort de faire une remarque à la propriétaire qui lui loue la maison au sujet de son envahissement jusque chez les voisins.Voilà les lieux avant que la maison soit rachetée et louée. Quelle misère !!!


Naturellement elle a transmit le message. Ce que j’ignore, c’est en quel termes et comment elle a traduit notre conversation. Toujours est-il que l’olibrius en question ne l’a pas entendu d’une bienveillante oreille et nous a copieusement insultés. J’ai ainsi pu découvrir l’étendu et la variété de son vocabulaire, à part connasse, gros sac et connard, c’est à peu prés tout ce qu’il connait.
Le soir une copine d’enfance est venue. Nous avons papoté avant de mettre au point un rendez vous pour une nouvelle balade au fil des bois ou des prés.


Le temps d'une petite halte dans un joli hameau sur les hauteurs de la commune. Adossé au bois grand et à celui de la Modière. J’y venais souvent enfant. Lorsque ma sœur vit le jour, je pris pension, ici, chez ma tante, durant les mois de l’hiver 1955. J’ai gardé d’excellents rapports avec mes cousins. Quand je reviens ici quelques jours, il n’est pas rare que je leur fasse une visite éclair parfois, plus importante d’autres fois. Avec mon cousin, nous avons passé une bonne partie de la matinée. Puis à l’heure du midi, nous avons partagé un repas de fortune avant une belle promenade jusqu’au point culminant pour admirer le somptueux panorama.

Nous avons terminé la journée dans la douceur du bassin de Saint-Dier,

près de ma nièce  et de ses deux chérubins, avant de regagner notre campement où nous attendait une belle surprise : une bouteille de lait bien frais offerte par ma copine dont la sœur élève quelques vaches laitières. Le lait était un régal !
Le lendemain, c'était jour de marché à la ville voisine. Sur la route, un troupeau de sangliers traverse sous notre nez. Pas le temps de dégainer l’appareil, ils sont déjà loin. La brume envahie la vallée d’Ambert et les sommets du Livradois.
Températures estivales pour cette belle matinée. J’aime ce marché, ses rues et ses maisons à colombage.




J’en profite toujours pour ramener quelques trouvailles, glanées ça ou là mais qui me rappelle le passé. Mes racines, ma culture sont ici. Pourquoi les chercher ailleurs ? L’accent prononcé des gens d’ici sonne bon le terroir. Cela sent le patois. Au coin des ruelles, de rudes paysans s’accordent à le parler, je le comprends encore un peu, parfois. J’ai chiné quelques livres auprès de bouquinistes. Sous la halle de la mairie, prés des producteurs locaux, se presse toujours une clientèle de connaisseurs en quête de bons produits. Miels et confitures, fromages, légumes de saisons, lentilles, champignons… abondent pour le plus grand bonheur des gourmets. C’est ici que souvent je me ravitaille, étant sûre de la qualité proposée.

4 commentaires:

  1. Je vais de découvertes en découvertes!

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  2. Ambert, une ville à découvrir !

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  3. A part l'épisode de l'envahisseur mal poli, cela a dû te faire du bien de te rebaigner dans cette région qui est tienne. Que du bonheur! et comme tu racontes bien!

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  4. Quel plaisir de te lire ce matin. Tu imagines combien ton récit me parle même si effectivement je ne suis pas des montagnes mais de la plaine de Limagne. Cependant ces noms me parlent ainsi que tes promenades et retrouvailles dans les hameaux de jadis. Mon grand-père paternel a vécu dans un moulin dont la meule de pierre etait il y a déjà quelques années dans les orties...
    Des mal embouchés, il y en a dans chaque village mais aussi dans les immeubles des villes...
    Merci, Délia.

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5 à 7