"En haut de la rue Saint-Vincent, un poète et une inconnue,
S'aimèr'nt l'espace d'un instant, mais il ne l'a jamais revue.
Cette chanson, il composa, espérant que son inconnue,
Un matin d'printemps l'entendra quelque part au coin d'une rue."
S'aimèr'nt l'espace d'un instant, mais il ne l'a jamais revue.
Cette chanson, il composa, espérant que son inconnue,
Un matin d'printemps l'entendra quelque part au coin d'une rue."
(La Complainte de la Butte)
C'est de "l'espace de l'instant" que je voudrais que vous me parliez.
Histoire inattendue, éphémère, dès lundi !
Bercée par la musique de la rue, je ne me rendais pas compte que l'heure tournait. il était déjà midi 3/4 et je n'allais pas tarder à devoir regagner mon poste au rez de chaussé du 114 de la rue Marcadet. C'est là que je travaillais pour une grande entreprise du service public de l'époque. J'avais coutume lors de ma coupure repas d'aller errer quelques rues plus haut. J'aimais ce quartier où l'ambiance n'était comparable à celle de nul autre. Fait de demeures simples et populaires autant que de riches villas appartenant à quelques célébrités, il en émanait une douce mélancolie, celle des années cinquante où j'étais née. J'avais grandi bercée par Mouloud, la môme et Francis Lemarque. Dalida résidait à deux pas et Nougaro enchantait l'avenue Junot. Je me rendais souvent en haut de la rue Custine où je savais trouver à la quincaillerie du coin ce dont j'avais besoin et ne trouvais pas ailleurs. Je prolongeais doucement jusqu' à la rue Saint Vincent dont les vignes me rappelaient mon coin de campagne. Passant rue de l'abreuvoir, j'imaginais les boeufs encore liés venir se désaltérer avant de reprendre leur labour. Je revenais tranquillement par la rue des Saules et coupant les rue Lamarck et Caulaincourt, je regagnais la rue Francoeur avant de dévaler les escaliers de la rue Cyrano de Bergerac. Les studios Pathé me faisaient rêver, et c'est dans les étages d'un immeuble adjacent que je retrouvais Romain que je laissais là tous les matins. J'étais à deux pas de mon travail et d'ordinaire, je regagnais vite mon bureau. mais ce jour là rien ne se déroulait comme les autres jours. Lors de mon périple, j'étais tombée sous le charme d'un artiste de rue qui maniait l'accordéon d' une dextérité remarquable accompagnant sa voix magnifique à vous couper le souffle. Je restais longtemps comme hypnotisée, là face à lui, rien que pour le plaisir de l'écouter. Ce fut une belle rencontre, je ne le vis qu'une fois, mais l'espace d'un instant, la butte retrouvait pour moi ses airs d'autrefois.
Tu travaillais donc à La Poste, les "PTT" !
RépondreSupprimerTu te promènes très bien dans mon quartier.
Il est beau et plein de poésie, non ?
D'ailleurs tu l'as très bien compris et aimé, ça se voit.
J'ai adoré ton histoire.
Merci mon cher Gout. Oui, je travaillais aux PTT, plus précisément à France Télécom. La poste était juste derrière, rue Duc, c'est là que nous avions notre cantine, nous descendions la rue Trétaigne tous les midis quand je mangeais. Il y avait au coin de la rue Marcadet et Trétaigne un bistrot, "chez Léon", c'est sur ces banquettes en sky marron que nous prenions notre café et refaisions le monde à notre manière. Sinon, oui, ce quartier et cette Butte ! mon dieu ! Que de souvenirs, les meilleurs et de loin, pour la parisienne que j'ai finalement beaucoup aimé être. Ce quartier est non seulement beau et plein de poésie, mais il est tellement chargé d'Histoire et qui plus est, de mon histoire. J'ai beaucoup de chance de l'avoir connu. J'y ai vécu 15 ans, que du bonheur.
SupprimerBravo! belle description! tu as l'air de vraiment bien connaître le coin, tu donnes envie d'aller y faire un tout :-)
RépondreSupprimerJe suppose que le quartier à changé lui aussi. Le café du coin dont j'évoque la mémoire en réponse en commentaire "du Goût", a disparu depuis longtemps. Le central téléphonique a disparu en 1996 où tous les services ont été supprimés. Les studios Pathé n'existent plus, l'hopital Bretonneau non plus et je le suppose, l'ambiance du village de Montmartre, n'est plus qu'un vague souvenir dont quelques anciens comme nous gardent la mémoire. C'était un chouette quartier. Quand je reviendrai à Paris, j'y retournerai pour voir. Merci de ta visite.
SupprimerEt puis, aussi, j'ai toujours en moi l'odeur : à côté des studios Pathé, il y avait une biscuiterie, celle ci embaumait tellement l'air de la rue, qu'on ne sentait que lui, c'était un délice dont je ne me détache toujours pas et que je tente de retrouver chaque fois que ma route croise une fabrique de biscuits. Authentique !
RépondreSupprimerLa poste existe toujours, l'hôpital Bretonneau aussi sauf que d'hôpital pédiatrique, c'est devenu un mouroir et les célébrités aiment toujours ce quartier, c'est un quartier toujours attachant gangréné par AirBnB.
RépondreSupprimerMerci Heure Bleue ! Bretonneau, mais oui, mais bien sûr,les enfants ont bien vieillis ! et puis la gangrène est partout.
RépondreSupprimerJolies évocations. Je connais peu ce quartier de Paris pas très accessible aux tordus dans mon genre !. Cela m'a donné toutefois l'occasion d'aller le visiter : merci Google Maps !…
RépondreSupprimerC'est vrai qu'avec tous ces escaliers, cela t'obligerait à faire pas mal de détours. Qui en valent la peine aussi, d'ailleurs. Bonne visite en notre compagnie.
RépondreSupprimerLa Butte est incontestablement le quartier le plus attachant de Paris et je l'aiiiiiiiiime !
RépondreSupprimerJe suis entièrement de ton avis et tu as bien raison de l'aimer comme tu l'aimes.
RépondreSupprimerMerci pour cette belle évocation d'un cher passé. J'aime Montmartre mais malgré tout, même si je sais où passer pour en retrouver tout le charme de village, il reste quand même un village "dans" Paris. Mes préférence à moi vont au Marais.
RépondreSupprimerMais il est vrai que, malgré les touristes, il est des coins,des rues inviolés et très évocateurs d'un autre temps, celui des vignes, des artistes, des mimi pinsons...
Merci, Délia. Très beau texte.
Le côté nord de la bute a bien plus de charme que le côté Sacré Coeur, place du Tertre, bien plus authentique et moins prisé, il avait gardé son côté populaire et sa simplicité. C'était un vrai bonheur !
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