C'est Adrienne qui me donne le fil conducteur pour mon billet aujourd'hui. Elle a un souvenir particulier de ce que ma grand mère appelait la tarte à la "belide". Autrement dit : la tarte à la semoule.
J'ai moi aussi des souvenirs bien précis de ces tartes à la bouillie confectionnées par nos grands mères dans les fermes d'autrefois.
Je sais que mon père les appréciait particulièrement et regrettait sans cesse au prés de ma mère qu'elle n'en fasse pas.
Par contre la cousine Henriette en était une spécialiste et les cuisinait à merveille. Pas un repas de fête à la maison, où elle était invitée souvent en tant que cuisinière, d'ailleurs, se déroulait sans que nous puissions apprécier ses fameuses tartes. Il faut dire que la cousine était fine cuisinière. Le premier repas où elle nous régala était celui d'une communion, je ne pense pas que c'était la mienne, plutôt celle d'une de mes soeurs, plus jeunes. Puis elle vint régulièrement lorsque l'occasion se présentait. Soit pour une fête de famille, soit pour un repas de batteuse.
La cousine Henriette, au premier plan, à gauche sur la photo de communion de mes plus jeunes soeurs. |
C'était je pense les rares grands repas que nous célébrions à la maison. Je ne me souviens pas des menus, bien sur. Sauf des tartes de la cousine Henriette. Elle venait plusieurs jours à l'avance et participait aux travaux de la maison. Cuisine, ménage, préparation de la fête, traite des vaches, enfin toutes les tâches à accomplir, rien ne la rebutait. Pour ses tartes, elle faisait elle même la pâte, une pâte brisée dont elle avait le coup de main et le secret, qu'elle précuisait au four de la cuisinière à bois. Elle cuisinait ensuite une semoule épaisse boullie dans une bonne quantité de lait, parfumé d'une gousse de vanille. Quand la pâte était suffisamment résistante, mais assez souple encore, elle étalait la semoule et faisait cuire jusqu'à ce que la semoule soit bien dorée, juste ce qu'il fallait. Venait ensuite le tour des tartes aux prunes, puis de celles à la confiture. Rien de meilleur, je peux vous l'assurer, que les tarte de la cousine Henriette. Ma mère me demandait parfois de lui en cuisiner, mais j'étais loin de les réussir aussi bien. Je me souviens de la dernière que je lui avais confectionnée. Ce jour là, il n'y avait plus de confiture à la maison. Je descendis donc vaillamment à la ville chercher un pot de confiture, mais le goût n'avait rien à voir avec nos tartes d'antan. Plus récemment, une de mes soeurs me demanda si je me souvenais des tartes à la semoule de l'Henriette, car elle avait envie d'en faire gouter à ses enfants. Malheureusement, je n'avais pas le secret de la réussite et ne sais pas si aujourd'hui je serai capable de le retrouver. De toutes façons, elle ne serait pas aussi bonne. Seule Henriette savait les cuisiner !