Balades au cours desquelles j'ai recherché désespérément les premières jonquilles, qui ne semblent pas ici, se trouver sous les sabots d'une vache. Mais j'ai enfin pu étancher ma soif . Je cherchais des jonquilles, j'ai trouvé... des vaches, mais je les préfère, vous savez bien.
Tout petit et déjà si déterminé ! il brave le danger (qu'il croit) et affronte l'adversaire faisant preuve de bravoure. Si j'avais un nom à lui donner, je l'appellerais Bayard.
Je suis triste pour cette vache mutilée. Je ne pense pas que son "maître" ait songé à la privée de ses cornes, d'ailleurs, le bandage autour de son chignon laisse penser qu'il s'agit d'un accident et non d'une torture. Sa copine à ses côtés tente de la réconforter. Elle lui murmure à l'oreille des mots doux pour l'apaiser. Je les avais déjà observées ces deux là, cet été, elles semblaient trés proches. C'est extraordinaire l'attitude de ces animaux en liberté. J'ai déjà vu ça chez moi quand j'étais petite et aujourd'hui encore chez mes chats. Bien sûr parfois ils se bagarrent, mais se manifestent un grand intérêt et souvent une solidarité entre membres d'une même communauté.
Celle ci qui semble en colère, malgré son regard sévère, (c'est la tâche autour de son oeil qui donne cette impression, ) elle est surtout curieuse et intriguée.
Les rivières sont bien gonflées, ici la Vayres à sa sortie du plan d'eau de Rochechouard, fait des geysers avant de suivre son cours jusqu'à sa confluence avec la Graine qui ira rejoindre la Vienne, puis la Loire et l'océan.
La veille, j'avais admiré cette belle rousse avant de profiter d'une belle soirée
Le matin c'est mon couple de chevreuils que j'avais admiré. Broutant une herbe tendre dans le pré des chevaux, juste à côté de la maison.
Pour la suite, on verra demain...La suite c'est un temps pluvieux et gris, un froid de canard et une espèce de mélancolie qui en résulte.
Je ne sortirai probablement pas de ma tanière et si je le fais ce sera par nécessité. Mais rien ne me manque pour aujourd'hui, on verra demain.
Je me répète avec ça, mais je crois que c'est mon expression du moment.
En même temps, comme dit l'autre, vous savez, celui par qui beaucoup de malheur arrive, je me sens prisonnière de moi même. Prisonnière de ma lassitude, de mon manque d'énergie et d'envie. Blasée. Pas malheureuse, non, j'ai tout ce qu'il me faut et qui manque à beaucoup. Juste ce manque de motivation qui me fait perdre mes jambes. Pourtant elles ne demandent qu'à s'entrainer. Ce sont bien le courage et la volonté qui font défaut. Pourtant la campagne regorge de belles choses à nous faire découvrir. Depuis quelques jours, je cherche des jonquilles. Comme quand on était petites et qu'on allait aux Enclos cueillir les premières.
Comme quand nos enfants étaient petits et qu'on allait à Charel en cueillir. On revenait avec de tellement gros bouquets qu'il fallait plusieurs vases pour les poser. Au retour, les enfant prenaient un gouter, probablement fait de tartines, de chocolalat chaud ( non ce n'est pas une faute, c'est un clin d'oeil !) de BN ou encore de pépitos. Puis la journée terminée, "il est 6 heure, Nicole, il faut y aller !", chacun repartait à la ville et déposait sur la table de sa salle à manger un gros bouquet qui tiendrait la semaine, jusqu'à ce qu'on le remplace par un nouveau. Venait ensuite la période des coucous, ces petites primevères sauvages jaune pale, qu'on associait souvent aux pervenches.
Quand les narcisses recouvraient les prés de Lossedat, de la Sagne ou de la Litte Longue, on ne manquait pas d'en ramasser plein nos tabliers. Une odeur entêtante se répandait autour de nous jusque dans la maison qui embaumait à son tour. C'était ensuite le temps des lilas, puis venait celui des glycines et des pivoines, une explosion de senteurs, de couleurs et de bonheur.
Le muguet ne poussait pas chez nous, car on est en altitude et il fait froid souvent pendant longtemps; Nous allions par contre en cueillir plus bas, à Manglieu, chez l'Henriette, plus tard, ces avec Nat... que j'allais en chercher. Je me souviens parfaitement de son dernier bouquet. Une tristesse infinie. Un serrement de coeur qui ressurgit. Il en faut peu pour tout faire basculer. Il en faut pourtant si peu pour se sentir heureux. Chez nous on vivait chichement. mais j'ai toujours senti l'amour autour de nous. La tendresse, même si celle ci ne s'exprimait pas facilement. Le tout était d'en avoir le sentiment. Souvent la rudesse s'invitait au foyer. Rudesse de mon père envers nous, envers les bêtes. Mais surtout rudesse de la vie qui ne faisait aucun cadeau. Cela ne constituait sans doute pas une excuse, mais c'était une explication. C'était le temps des mauvaises récoltes, des mauvais foins, des ventes à perte. Du pain durement gagné qui même noir s'éloignait du bout de la table, parfois pour de longues semaines ou des mois entiers. Il restait le lard, souvent rance et trop salé, avec quelques feuilles de choux et des pommes de terre, il faisait tout de même de bonnes potées. Aujourd'hui, même ça, devient un luxe que toutes les familles n'ont pas la chance de partager. Il y avait la FNSEA qui déjà faisait sa loi. Dure envers les petits, avide de terre pour produire et pour chasser de la leur ceux qui n'avaient que peu pour vivre et qui voulaient subsister. Ils se défendaient pourtant comme ils pouvaient. Mon père était un membre actif du MODEF (mouvement de défense des exploitants familiaux, dit aussi Mouvement de Guéret, car c'est à Guéret qu'il vit le jour.)
Je vous partage ici, le début de son histoire :
"Le 7 avril 1959 (Ve République) à Toulouse, se crée la deuxième confédération d’exploitants agricoles de l’après guerre, sous le nom de Mouvement de coordination et de défense des exploitations agricoles familiales. La création de cette institution professionnelle par des exploitants agricoles traduit a priori une rupture territoriale au sein de la FNSEA créée en 1946, notamment sur les territoires de ce qui correspond aujourd’hui aux régions Occitanie et Nouvelle Aquitaine, autour du leitmotiv de la défense des petits et moyens exploitants, non pris en compte selon les créateurs du «Comité de Guéret» par la déjà puissante FNSEA. Une rupture territoriale, une rébellion politique vis-à-vis de la FNSEA
L’unification des professions agricoles sous sa seule bannière s’était réalisée non sans mal, nonobstant le rassemblement large opéré sous l’égide de la Résistance dans la Confédération générale de l’agriculture (CGA). Elle s’était néanmoins traduite par une disparition non seulement des structures proches du gouvernement de Vichy, mais aussi de celles qui, dans les années 19230, avaient essayé de percer dans le giron de la SFIO (Confédération nationale paysanne) ou du Parti communiste (Confédération générale des paysans-travailleurs). La rébellion organisée par Philippe Lamour et Roland Vieil, membres du bureau de la CGA, réactive en fait une orientation de gauche, par opposition à une FNSEA considérée comme dominée par la droite. Le Parti communiste, d’abord réticent, apportera ainsi son soutien au mouvement, tout en préconisant de jouer à la fois la carte des FDSEA et de la combattre lorsque la mouvance Modef est prépondérante dans le tissu local des exploitants."
Chez nous, la lutte pour l'amélioration du quotidien est une longue histoire. Il m'aurait fait dépit de ne pas y contribuer. Mon père était malgré tout, un père aimant, à sa façon, avec ses qualités, ses défauts, ses terreurs, ses certitudes, ses doutes aussi. Ne croyons surtout pas que ce fut un sur homme, il faisait ce qu'il pouvait comme il pouvait. Nous ne sommes à la place de personne pour savoir comment les choses se vivent à l'intime de chacun. Nous nous sommes efforcés de garder le cap qu'il a voulu nous indiquer. Trente trois ans, demain, qu'il s'éteignait. Dans la souffrance , au petit matin de ce qui devait être une belle journée. Sa disparition, la première d'un proche aussi proche, à laquelle, adulte, j'étais confrontée, m'a marquée à tout jamais.