Avril au portugal


Distendu, ralenti, comme dans un rêve, une musique trottait en moi, c'était la musique d'avril au Portugal. Je ne me lassais pas de cette musique depuis qu'il m'avait serrée si fort dans ses bras. Nous étions tous réunis pour  la petite fête que donnaient ses amis. J'en tremble encore. Il était beau, il était jeune,  La musique diffusée  offrait une douce ambiance propice au lâché prise. Bien calée contre lui, je savourais le parfum ambré de sa peau. Il me chuchotait des mots doux, des mots tendres comme autrefois. Son regard s'était posé sur mes mains qu'il scrutait avec minutie. "Tu as des doigts d'ange me disait il, tes mains de madone sont à faire damner tous les curés". Nous nous revîmes souvent par la suite, à chaque fois, c'était un pur délice. Un moment échappé du temps, des instants volés qui donnent du piment  au quotidien. Cela aurait pu durer l'éternité si la vie n'était si cruelle. Je revoyais en songe notre ultime rencontre. En me quittant, il m'avait serrée contre lui comme si c'était notre dernière sortie. Tandis qu'il amorçait la sienne, nous étions là sous une pluie battante a attendre la fin de la cérémonie. L'église était pleine à craquer. Sur la pelouse, devant la  petite chapelle, sortaient en silence les derniers fidèles. Dans le ciel entre deux nuages, il y eut une brusque embellie. Le cortège dirigé par le prêtre se mit en  marche et je suivis comme une automate, mécaniquement le mouvement de la foule.
   Je n'oublierai jamais ce moment terrible où on le mit en terre. Je laissais échapper un cri. Ce fut une plainte, une longue déchirure. Tandis qu'on le descendait sur des cordes, je retombais  dans une sombre léthargie. J'étais  comme en un rêve et de nouveau son regard s'attardait sur mes mains.

4 commentaires:

  1. C'est horrible d'être séparé comme ça...
    Ça ne devrait pas arriver.
    Et pourtant...

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  2. Dur à lire, ça ne devrait jamais arriver, c'est plus que triste.

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  3. Triste... Me voilà plombée pour la journée.

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  4. Perdre un être cher est toujours éprouvant...

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Dans le jardin d'mon père...