Et maintenant, que fait-on ?

 Je suis tombé sur un dessin d’Alcide, artiste dont j’ignorais totalement l’existence.
Ce dessin, probablement inspiré par le risque de voir l’extrême droite arriver à l’Élysée
m’a rappelé l’époque où les Algériens vivant en France étaient l’objet de remarques
racistes quand ce n’était pas d’agressions ou d’accusations diverses.
Ce dessin m’a rappelé quelques scènes vécues dans l’enfance.
Mais à vous ?
Je sais d’expérience que parmi les premières choses dont on avertit « l’étranger » qui arrive à la
Gare du Midi à Bruxelles est souvent « Faites attention aux Marocains ».
Les saints étant une petite minorité de la population, il est probable que le dessin donne une idée de ce que risque de devenir la société sous peu, vu la façon dont s’étend la pensée qui a mené à ce dessin…
Que vous ayez été témoin ou qu’un souvenir plus ancien vous revienne, on verra bien lundi ce que vous en pensez…

Oui maman, d'accord maman ! 

La blondinette s'en va en cours cartable au dos. 

La mère part faire son jogging en forêt avant d'aller au boulot. 

Pendant ce temps, Farid quitte tranquillement son logis sous les toits et aprés avoir accompagné sa petite soeur à la maternelle, et laissé deux de ses frères l'un en CP et l'autre au CE1, il regagne la cour de sa classe, dans l'école d'à côté. Là il retrouve, Tariq un autre enfant de la cité, qui joue aux bille avec Romain, David, Julien et Malick, quelques filles font cercle  autour d'eux, un autre groupe plus loin tente de les interpeller, parmi eux, Léopold et Pierre-François, les deux plus grands. Ils sont à l'affut de la petite Caroline qu'ils voudraient bien embrasser. D'ailleurs, ils ont fait un pari : lequel lui volera le premier baiser aura le droit d'intégrer la bande à Jacques-Marie, le fils du notaire, bien connu pour être le chef du gang des midinettes, car c'est lui le don juan du quartier. Il fait fureur auprés des étudiantes de la faculté. 

Caro, la petite blondinette passe devant le groupe de Farid au moment où une bille mal contrôlée roule devant ses pieds et manque de la faire trébucher. Comme sa maman le lui a conseillé, elle se précipite auprés de la maitresse en faisant semblant de boiter tout en chouinant que Farid l'a faite tombée. 

Aprés avoir examiné le prétendu bobo, la maitresse qui n'a rien vu, promet de punir le coupable qui dès la récréation devra copier 100 fois, je ne dois pas faire tomber mes camarades. Un lettre verte, une lettre bleue, une lettre noire et une lettre rouge, s'il vous plait !

Farid, lui qui n'a rien fait, essaie de se défendre et plaide sa cause : "j'ai rien fait m'dame,  z'avez qu'à demander aux autres, on jouait aux bille, on l'a même pas vu  Caro !"

Veux pas savoir dit la maitresse, exécution, sinon, je double  la sentence ! 

Penaud, le pauvre Farid regagne sa place pendant que Romain, témoin de la scène et prêt à intervenir à la moindre injustice, se précipite pour innocenter son copain. Malika qui n'aime pas l'injustice non plus intervient à son tour. 

Je ne veux rien savoir, dit la maîtresse, vous êtes punis aussi ! Et puisque c'est ainsi, je supprime les billes , interdites dans la cour !  Exécution !  Rompez ! 

La semaine dernière, c'est le ballon qu'elle avait confisqué. Avant hier, c'était les  Pokémons, source de dispute entre deux clan. Mais que reste-t-il à ses pauvres enfants ? Et comment vont-ils se divertir à la récréation ? Avec des lignes à 4 couleurs ? Voilà comment on fait aimer l'école ! 

Mais là n'est pas le sujet, n'est ce pas. 

Le sujet, lui traite d'un sujet bien plus grave et bien plus sérieux qui dès demain (nous sommes lundi 4 novembre 2024, veille du mardi 5 novembre 2024) embrasera, le risque est grand, le monde entier. C'est déjà loin d'être la joie partout où l'on va...

Farid, Malik et les autres ont déjà la vie dure. Bien dure, hélas !

La suite de mon histoire, c'est qu'encouragées par le dénouement de la scène précédente, Caroline et quelques autres, garçons et filles se sont plaints d'autres faits dont Farid et sa bande auraient été coupables. Au bout du compte, Farid fut renvoyé de l'école. N'étant coupable de rien, les méfaits on continué. Les parents d'élèves sont intervenus au prés du directeur qui promit d'être vigilant, il faisait toujours la même promesse au parents qui venaient se plaindre, mais n'intervenait jamais. 

Un climat délétère s'installa rapidement. Dans la rue, certains parents s'insultaient, parfois même se bousculaient en venant même à des actes  de plus en plus violents. La violence engendre tours plus de violence ? Que resta-t-il alors à ces enfants pour s'exprimer ? A ces parents pacifistes, car il y en a n'est ce pas, pour lutter contre cette haine rampante et ce désastre lié à l'inculture et au rejet de l'autre ? 

* Ce texte est une fiction, bien entendu !

Et si la maitresse avait été comme moi ? Elle aurait renvoyé Caro à ses prétendues écorchures et bleus de nulle part, aurait, dès la cloche sonnée, entretenu ses élèves d'une leçon de tolérance, expliqué que   même si le droit le permet, il n'est pas toujours légitime. Qu'il ne doit pas être au détriment de certaines catégories de personnes. Que celui ci n'est pas un droit, parce qu'il est discriminent et, pire, c'est du racisme, ce qui est un crime.  Que la vie est faite d'imperfections et qu'il incombe à tous de faire en sorte que la vie ensemble ne soit pas un calvaire pour les uns et marche pied pur d'autres. 


Et maintenant que fait-on ? Bon courage, les amis ! 

Et maintenant, que fait-on ?