En toute liberté.

 Dehors il fait froid. Petit Lion s'est vu signifier une interdiction de sortie et n'a pas passé une troisième nuit dehors. Il râlait, il grattait la porte, la fenêtre, mais rien ne s'ouvrait. A présent il se réchauffe les pattes sur le radiateur. Hier un vent violent soufflant du Nord Est ne nous a pas dissuadé la Ponette et moi d'entreprendre une longue promenade. 8 Km, dans le froid glacial, avec des petites côtelettes à escalader. Le manque de sortie, le manque de promenade durant ces longs mois avaient lourdement réduit mon potentiel, et c'est bien essoufflée que je suis parvenue à les boucler. Et je rêve de montagne !

Les paysages étaient encore enneigés, sur les étangs le gel avait dessiné des plantes et des arabesques du plus bel effet. Chemins et sentiers étaient recouverts par endroit de fines couches de glace qu'il fallait éviter au risque de tomber.

Dans un vallon, entre les arbres, des rases serpentaient. J'ai toujours aimé ces rases à travers prés.Elles me rappellent mon enfance quand notre père taillait le bocage  avec son taille-pré, pour entretenir les pâturages que les vaches avaient endommagés. Plus tard, quand il tomba malade, je  me chargeais de ce travail. J'aimais redonner forme à ces rigoles défoncées et reboucher les trous faits par les pieds de la Charmante, de la Roussette ou bien d'une autre. Je me revois dans nos Enclos, entretenir ce fond de marécage afin de l'épurer. Je me revois à la Lite Longue, creuser la narse pour en évacuer l'eau rouillée  qui stagnait. Au printemps quand l'herbe nouvelle repoussait, le pâturage était intacte et le foin pourrait être coupé sans risque de s'embourber. En attendant, j'admirais les paillettes de givre sur l'eau  gelée. Les joncs faisaient des bouquets hérissés au bord du marais. Nounours mon bon chien de berger à mes côtés se régalait de quelques mulots imprudents qui ne l'avaient pas entendu arriver.  Le temps de l'hiver, repos de la nature, nous trouvait toujours occupés. Mais j'aimais par dessus tout ce sentiment de liberté.

Un pâle soleil d'hiver éclairait la colline.... derrière les arbres, le soir montait



Nous croisâmes un chien et quelques chevaux,
nous étions presque arrivées. L'étang des cygnes à moitié gelé leur permettait  tout juste de s'élancer. A notre approche des rats musqués se faufilaient, apeurant les canards qui partirent en s'égosillant, entrainant leurs petits vers l’îlot protecteur  de leur empire du milieu.

La cascade du moulin écumait, nous restait la petite montée  à effectuer. Fort heureusement, elle était de courte distance et à notre retour, la Ponette  eut la merveilleuse idée de m'offrir une brioche de son boulanger. Super bonne la brioche ! J'ai eu la fève. Michka a partagé avec nous le gouter et nous avons bu une bonne tasse de jardin de reines, une infusion faite d'un mélange savant d'amande et de cannelle avec je ne sais pas quel autre parfum, mais trés subtile le mélange. 

Je suis repartie à la nuit tombée peu avant 18 heures, heureusement que chez nous le couvre feu est toujours à 20 h (à ma connaissance)  histoire de souligner encore plus le fait que nos droits se résument à des devoirs comme travailler et produire pour permettre de consommer.




 

2 commentaires:

  1. Une bien jolie balade très bien racontée, merci ! je ne connaissais pas les rases, ici, ce sont des fossés le long des prairies et pâtures,les rases qui serpentent sont bien plus jolies !

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    1. C'est clair ! aujourd'hui dans ces fossés on pourrait enterrer un boeuf ! Et c'est pas le moment de s'y embourber !

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