Rêverie

 Nous sommes le 11 novembre. Le 11 novembre 2020, qui plus est. A quoi peut bien ressembler un 11 novembre, jour du souvenir. Jour de l'armistice d'une guerre mondiale, la première,  dont chacun se plait à évoquer l'union sacrée ? Vous savez, cette union où tous les peuples furent appelés à se faire massacrer pour le bien être d'une minuscule minorité de psychopathes milliardaires. Les mêmes qu'aujourd'hui. Ne vous en déplaise. Mais que cela vous plaise ou non, c'est pourtant bien la même guerre qui est livrée aujourd'hui aux peuples. Les tout puissants bien calés sur leur piédestal et nous dans la fange et la glu d'un monde en déliquescence qui n'a rien à nous proposer d'autre que du travaille et tais toi voulu par l'élite mondiale pour son plus grand profit.

Voilà à quoi je songeais devant mon verre de Tarani et mon assiète de truffade, faite comme au pays.

Puis  je me suis laissée emportée. De mon grand père et des combattants de la grande guerre, j'en suis venue à cet anniversaire, celui du centenaire. Je me suis revue dans le cimetière où sont couchés mes anciens.  Devant le monument aux morts, écouter le long appel des noms couchés dans la glaise, morts pour la France et dont l'écho résonnait en moi comme la salve des canons déployés pour les faire taire. Les faire taire à jamais. Comme si plus jamais leur voix et la notre ne devait s'élever. La salle des fêtes de notre village où un film était projeté, ode à tous ces combattants, ode à tous ces sacrifiés,  était tout juste assez grande pour contenir leurs descendants venus manifester leur intérêt à la mémoire, au terroir et au sang versé. 

Il faisait beau. Un soleil magnifique irradiait cette contré du Haut Livradois que je n'imaginais pas qu'un jour j'en serrai privée. 

Alors suivant mes pas je me suis évadée.

Aujourd'hui jour du 11 novembre 2020, j'ai refait ce voyage. La Ponette en congés m'accompagnait. Nous étions venues passer quelques jours et nous ressourcer dans la maison, dont pas un enfant de la famille, depuis qu'elle est maison, n'a renié qu'elle fut, soit et sera racine. Berceau de nos ancêtres, berceau  qui fut le notre, celui de nos enfants et pourquoi pas de leurs enfants. De nos  aïeux portant l'empreinte et qui page aprés page a vu écrire l'histoire de tant de destinées. 

 Nous avions rejoint mon grand père, mon père, ma mère, mes soeurs et frère, mon fils en congés lui aussi nous accompagnait. Nous avons bu et nous avons chanté et puis le soir venu, nous nous sommes endormis sur ce qui sera toujours le même chant d'amour pour notre passé retrouvé. Le même livre était ouvert, celui d'une histoire inachevée. 

C'est ce que nous aurions dû faire, c'est ce que nous aurions pu faire, en ce 11 novembre 2020. Malheureusement en pleine troisième guerre mondiale, ceux qui nous font la guerre, autrement en ont décidé. 

 Je suis cloîtrée chez moi, autorisée à sortir qu'avec un laisser passer, pour une heure, rien qu'une heure, une heure seulement et dans un rayon d'un km. Je suis à plus de 200, voyez le nombre d'heures ! Ils sont comme moi, autorisés à passer leurs congés enfermés, chez eux, loin du bruit, loin de la foule, loin de ce qu'il nous reste de tendresse... même pas de liberté.

Voilà.

2 commentaires:

  1. coucou mamounette, ton texte est très beau, j'en ai le coeur qui se serre, pas encore les larmes mais c'est tout comme. En ce jour de commémoration, nous le passons enfermé dans une prison qui est notre domicile, avec un jardin ou un balcon ou rien de tout ça. J'aurais tant aimée aller gambader avec toi dans la campagne au delà des 1kms en ce jour ensoleillé. Je te fais de très gros bisous, je t’appelle plus tard.
    PS: La trufade était bonne ?

    Je t'aime la ponette

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