La lettre


 Pour ce premier mai particulier, je ne résiste pas au plaisir de partager. Voici un texte, une lettre écrite par l'un de mes amis à qui j'adresse tous mes remerciements pour m'avoir autoriser à la publier. J'ai repris cette lettre en l'adaptant à ma situation personnelle et l'enverrai à mon tour continuant ainsi la chaine de solidarité, de lutte et de fraternité. Je pourrais publier la mienne, car mis à part mon nom  et mes données personnelles, je n'ai rien changé, car il n'y a rien à changer. Je la partage en tous points, mais il me semble juste de publier la sienne à lui, à qui revient tout le mérite de l'avoir écrite et de nous la partager.  (bien qu'il m'en ai donné l'autorisation, j'ai retiré son nom et ses coordonnées.
  Cette lettre la voici.

1er mai 2020 : confiné, mais pas sans exigences !

...... (...........), mardi 28 avril 2020.

Si j’avais pu manifester le 1er mai …

J’aurai défilé pour exiger : - l’abandon définitif du projet de réforme des retraites, - des moyens pour donner du travail aux millions de chômeurs que compte mon pays, - une augmentation significative du SMIC, des salaires et des pensions, - une réduction du temps de travail en dessous de 35 heures, sans perte de salaire, - un départ à la retraite à 60 ans (50 pour les métiers pénibles) et une retraite à taux plein au bout de 39,5 années de cotisations, - l’interdiction des licenciements, - l’égalité hommes-femmes et la fin de toutes les discriminations que ce soit par le sexe, l’origine, l’âge, etc.

Mais, je ne peux pas manifester, pour cause de confinement en raison de l’épidémie de coronavirus.

Je l’aurais fait encore, pour revendiquer une réappropriation, par le peuple, des services publics : - pour la santé, avec une nationalisation de tous les hôpitaux et cliniques privées, la réouverture des 100 000 lits supprimés depuis 10 ans, l’embauche d’un très grand nombre de soignants, la formation et le recrutement de spécialistes en nombre et compétences permettant de répondre aux attentes en matière de soin. Ne plus attendre des mois pour le moindre RDV, ne plus avoir à payer de dépassements d’honoraires, accéder à la gratuité de tous les soins. La formation d’un grand nombre de médecin et d’infirmière(ier)s pour que toutes les communes rurales puissent leur faire appel. - pour la recherche, la création d’un pôle public de recherche avec des moyens nettement supérieurs à ceux actuellement consacrés à ce domaine. - pour l’instruction, une école, de la maternelle à l’université, publique, gratuite et laïque. Le recrutement d’un grand nombre d’enseignants pour obtenir que les classes ne dépassent jamais 18 élèves. Où prendre l’argent pour tout ça ? Un gouvernement soucieux des intérêts du peuple confisquerait pour cela les 60 milliards de dividendes des entreprises du CAC 40 réalisés sur le travail et le dos des salariés.

J’aurais manifesté également,  - pour l’environnement, l’obligation pour les industriels de répondre de leurs exactions au regard de l’immense pollution générée par leurs productions. La relance d’un grand service public de transport, en privilégiant les moins polluants, en l’occurrence le ferroviaire. Notamment pour le transport des marchandises, en limitant au strict minimum les camions sur la route. Une tarification des services de transports publics, tant voyageurs que marchandises, sur la base d’une taxe kilométrique en créant des dessertes du plus grand nombre possible de point en France (réouvrons toutes les gares, toutes les lignes, créons-en de nouvelles). L’engagement de toute l’agriculture et l’élevage dans la production biologique. L’engagement sans concession dans la transition énergétique. - pour le bien-être, l’intégration dans la sécurité sociale des assurances, la disparition des mutuelles par le remboursement à 100%, par la sécurité sociale, de tous les soins, examens et médicaments de quelque nature qu’ils soient. J’aurais exigé, la nationalisation de tout le système bancaire et la
2

réquisition des avoirs des banques pour relancer la production des masques, des gants, des tests de dépistage, des respirateurs.

Je boue de ne pas pouvoir manifester, tant il est de plus en plus inacceptable que ce soient toujours les plus pauvres qui assument la charge de ce qui relève du bien commun !

Si j’avais pu manifester, j’aurais exigé la mise en place d’un impôt sur la fortune de 90%.

J’aurais exigé l’abolition de l’armée ; l’interdiction de fabriquer des armes, d’en vendre, d’en acheter ; la destruction de toutes les armes existantes, dont l’arme nucléaire ; le retour de tous les soldats, où qu’ils soient, et leur intégration dans des activités civiles ; des échanges internationaux mutuellement avantageux, basés sur la coopération et la diplomatie. J’aurais exigé que les 37,5 milliards d’euros du budget de la défense, pour prévoir les guerres avec leurs cohortes de morts, soient affectés à la vie et à l’instruction, à l’ouverture de crèches, de maternités, d’écoles, d’universités.

J’aurais exigé que l’on reloge immédiatement les 4 millions de mal-logés et les centaines de milliers de sans-abris en réquisitionnant les 3 millions de logements vides ; que l’on arrête de persécuter et d’expulser de France les réfugiés fuyant la guerre, pour plutôt leur attribuer un accueil et des moyens de subsistance dignes d’un pays qui est une des plus grandes puissances au monde.  

J’aurais exigé la concrétisation de lois pour garantir la liberté totale de circuler, de manifester, de s’organiser ; la liberté totale de conscience, par l’arrêt total du financement de quel que culte que ce soit ; l’application intégrale de la loi sur la laïcité de l’école et de l’Etat en restituant à la nation les 10 milliards de fonds publics attribués chaque année à l’école privée confessionnelle.

J’aurais exigé que cessent les violences policières et que la police soit au service du bien-être des citoyens ; la démocratisation de toute la vie en société par la mise en place d’un système électoral à la proportionnelle intégrale, de la commune jusqu’au niveau national, excluant de voter pour une personne, pour réserver le vote sur des engagements précis. Ainsi, la société aurait des personnes élues sur des mandats précis. Celles-ci seraient révocables à tout instant par ceux qui les auraient mandatés. Une revalorisation substantielle de la place des communes et de leurs moyens.

La souveraineté appartient au peuple ? Alors, qu’il l’exerce ! Sinon, elle ne lui appartient plus. Cela mettait fin à l’accaparement du pouvoir. Ne faut-il pas cela pour une vraie démocratie ?

Enfin, j’aurais manifesté parce que le 1er mai n’est pas une fête, mais, depuis 130 ans, la journée internationale de lutte des travailleurs, où ceux-ci manifestent dans tous les pays, pour des conquêtes sociales de nature à bâtir une société libérée des guerres, de la misère et de l’exploitation.  

Ah ! si j’avais pu manifester … Alors, certes, je ne peux pas manifester, mais j’exige tout cela au travers de ce message.

Si vous en partagez le contenu, alors envoyez-le à vos contacts. C’est une façon d’intervenir en ce jour si symbolique de l’expression revendicative au plan international.

Salutations fraternelles ........ Cheminot retraité, syndicaliste et Libre penseur de Haute-Vienne.

 Et parce qu'entre nous c'est devenu  une chanson fétiche, symbole de complicité et que nous l'aurions chanté encore ensemble,

Chant du départ.

La soirée est agréable.
Trois hommes et une femme semblent passionnés par leur conversation.
Sur quoi peut-elle bien porter ?
Racontez donc cette conversation et les répliques qu’elle vous a inspirées.


Nous nous réunissons souvent en marge,  Robert,  Benoit  Pierre et moi,  tous les midis, avant d'aller à la cantine. Mais ce midi, un camarade arrose son départ. Il fait valoir ses droits à une retraite bien méritée. 42 ans de carrière quand on a signé pour 37,5 , avouez qu'il y a de quoi se réjouir que cela se termine. D'autant que la reprise, sans aucune mesure de sécurité, en pleine crise de ce que vous savez  et les semaines qui s'ajoutent où on ne compte pas les heures ! 60 et plus ! le double d'avant ! et les congés qu'on vous impose sans pouvoir tergiverser, imposés, de force, et en période confinée, n'incitent pas à la gaité. Putain, y a de quoi péter les plombs ! Il a bien raison Maurice de se tirer de sous les pieds !


--------------
Robert : - ça c'est bien passé la reprise ?  

Moi : - La reprise ? la vraie, celle où on pourra disposer de notre temps, de nos heures et de nos envies, de nos besoins,  On ne sait pas trop quand celle-ci aura lieu. Ni si elle aura lieu, les principales couches de la population, celles qui l'assurent, étant aux arrêts depuis plus de deux mois et vraisemblablement pour encore un temps certain, assez improbable mais indéterminé, sauf pour quelques uns dont nous, indispensable à la rentabilité de leur busness. 
Faut il alors se repasser des images du temps passé ou bien essayer d'anticiper sur un futur désenchanté ? 
Avouez que le choix cornélien qui nous échoit est assez peu engageant, voir désespérant. 
Aujourd'hui enfin une seule chose compte :
Faire la fête ! Oui faire la fête et pour cela braver tous les interdits qui nous sont faits et nous tiennent à bonne distance de ceux qu'on aime, de ceux avec qui on a des choses à dire et à partager, de ceux qui vont et viennent en temps normal et nous apportent joie et convivialité. Voilà les gars où j'en étais quand vous êtes venus me chercher. Oui vous avez raison.
Braver les dangers si danger il y a, autre qu'à se faire manipuler,  et pour les quels on risque un paquet de tune destinés à renflouer les caisses de l'état que nous dirigeants ont méticuleusement vidées. 
Ne plus les écouter  nous seriner en boucle de rester chez nous en attendant qu'on ait fini de nous anesthésier. De nous anéantir. De nous démolir. De nous contraindre et de nous agenouiller, comme cette bande de voyous qui prétendent nous donner des ordres et nous diriger mais nous envoient dans le mur, celui de la débâcle et de la honte.
Relever la tête et nous dire qu'il n'y a pas tant que ça de questions à se poser. Une ou deux pas plus, les autres découlant automatiquement de ces deux là : 
1) Qui orchestre tout ça ?
2) A qui ça profite  ?
Quand on aura la réponse à ces 2 questions, on y verra plus clair, déjà.
S'organiser pour se redresser et ne plus vivre le dos courbé. 
C'est le plus difficile. Chacun ses croyances à l'appui et ses solutions miracle
en poche n'étant pas prêt à écouter l'autre ni même à le laisser s'exprimer. 

Robert : - Ce que tu dis est vrai, on nous manipule et de plus en plus. Pour tes deux questions, elles sont basiques, c'est vrai, mais si beaucoup de choses en découlent, elles sont loin d'être simples et je ne suis pas sûr que tout puisse se résumer ainsi.

Pierre : - Tu vois, ce que je crois, moi, c'est qu'il y a tellement à faire pour arriver à coordonner une foule dont la plus part sont des moutons ! 

Benoit : - Bien sûr, mais si on ne fait rien ? Plus on laisse faire et plus les dégâts sont importants.

Moi : - Sans compter le temps qu'on leur laisse, en plus de celui qu'ils nous volent ! et ils ont déjà tellement d'avance !

Pierre : - Je ne sais pas trop comment  procéder. On ne voit rien coté FD,  Quant à la "Conf", je t'en parle même pas ! c'est inquiétant, tout ça.

 Benoit : - Aprés faut dire que c'est pas dans les merdias non plus qu'on leur donne trop la parole ! faut pas déconner non plus ! éh éh ! et puis les camarades, font ce qu'ils peuvent. ils  sont confinés je te rappelle  ! A mon sens, la solution est dans les boites, là où la production se fait, les autres couches de la population sont hors jeu en ce moment. Résistons,  organisons nous et avançons. N'attendons rien, que de nous mêmes. Mais n'attendons surtout pas qu'ils nous aient fichés, pucés, vaccinés. L'heure est grave. Tout est déjà en place pour nous isoler encore plus. Ils nous bâillonnent et pour cela pas besoin d'avoir un masque. Masque qu'ils tombent de plus en plus si on sait bien observer. Ne nous laissons plus abusés, ouvrons les yeux.  Associons les faits entres eux et tirons en les bonnes déductions et conclusions. Ne nous trompons jamais ni d'adversaire, ni de combat, et sachons toujours où l'on va ! Mon père me disait toujours "tu vois ti-gars, dans la vie, faut savoir d'où on vient pour savoir où on va".  Je ne manque jamais de jeter un oeil dans mon rétro pour savoir tout ça.

Moi : - Le mien disait pareil. Il disait aussi qu'oublier ses racines c'est se couper de son histoire et qui oublie le passé est condamné à le revivre. Alors il faut résister. Résister d'abord individuellement et faire en sorte que tous le sachent, car seul on est moins fort,  cela passe  par le refus. Refus de se soumettre à une autorité qui est  illégitime. Gandhi le disait, désobéir est un devoir quand l'état est hors la loi ou corrompu. Et il me semble qu'on en soit là.

Pierre : - ça pour être illégitime ! quand on est élu avec moins d'un quart de la population ! Et hors la loi quand on voit les décrets pris en ce moment au sujet de la santé de nos anciens !

Robert : - oui, mais même quand on est élu avec 1 voix, on est élu ! mais c'est sûr qu'à force qu'ils nous mentent tous, ils ne nous donnent pas envie de les élire, ni de croire en des futurs qui respirent la joie !

Benoit : - On n'en est pas légitime pour autant, ni plus fort, c'est même le contraire, si tout le monde, c'est à dire les + des 3/4 des autres s'opposent et s'organisent ! Quant à ce qui se passe en ce moment, il y a beaucoup à dire, et sur les responsabilités et sur la façon de traiter la crise. On nous prive de liberté, du droit de nous divertir, de nous aérer, mais pas du devoir de travailler et que dire de tous ces salariés à qui on a imposé des jours de congés ? Les congés c'est pour se reposer, se détendre, pas pour être enfermé et déprimer seul chez soi ou entassés à plusieurs dans une dizaine de mètres carrés, parce que c'est le cas aujourd'hui pour beaucoup d'entre nous ! 

Moi :  - le problème c'est la peur. Ils tiennent le monde entier par la peur. La faim fait sortir le loup du bois, mais la peur le fait se terrer au fond de sa tanière, quitte à en mourir. C'est pour cela qu'ils sortent en meute, soyons la meute et cessons d'avoir peur !

Ensemble : -Oui la question est bien de comment vaincre cette peur. 

Moi : - Informer, montrer que nous mêmes n'avons pas peur, rester ensemble rassure, conforte et renforce nos déterminations. Seul on ne peut rien faire, ensemble on peut tout.

Benoit : - tu as raison, tu as toujours été une mère poule pour nous, tu te souviens ?   Quand je suis arrivé au syndicat, tu étais là, c'est toi qui m'a appris ce que je sais aujourd'hui. On avance ensemble et parlons d'une même voix.

Pierre : - cela n'a pas toujours été simple, mais il dit vrai le Benoit, tu nous as toujours encouragés et nous as protégés comme une seconde maman. C'était bon de s'appuyer sur toi. Je suis prêt à te suivre.

Robert : - Beaucoup te critiquait, mais toi, tu avançais, sans faillir, tu avançais. Tu as toujours été debout, debout et droite... Je suis avec toi pour ce combat, là, encore. Tu peux compter sur moi, comme je pense tous ceux de la section.

Moi : - Oh ! les gars, faudrait moins picoler là, vous allez me faire chialer et c'est pas bon pour le moral, ça. Seul on n'est rien, ne l'oubliez pas ! sans vous tous, sans nous tous ensemble, personne n'est rien. allez on y croit et on continue d'avancer. On est en guerre, il l'a dit l'autre soir, le président,
 (Benoit en écho :- la guerre aux peuples ! la guerre aux pauvres !)  

Moi, en réplique, - c'est exactement ça, et bien dans une guerre, on mène des batailles. La première manche ils l'ont gagné et nous ne l'avons pas mené faute de combattant. En avant pour la deuxième et gagnons la. Ensemble, mais gagnons la !

Pierre : Bon, les gars, c'est pas tout, mais le père Maurice va s'étonner de ne pas nous voir. Nous lui devons bien ça.  Allons voir les autres... cela fait aussi parti de son combat. C'est le moment de leur Faire part de nos échanges, recueillons leur avis et si possible leur adhésion, c'est le moment où jamais, il faut saisir l'occasion quand elle se présente. Sans cela, tout seul  sur notre chaine, on n'y parviendra pas et entonnons ensemble le chant du premier mai.
 ------------                                         
La scène se termine dans un tumulte général où chacun crie et vocifère que c'est la faute à l'autre si on a, si on n'as pas, s'il faudrait que, et qu'il aurait fallu, s'il fallait faire ou bien pas, mais que, et bien que, et au contraire,  et d'ailleurs y a qu'a, faut qu'on, et rien que ça. Puis finalement l'ambiance s'altère. Encore une occasion manquée. Maurice était content de son éclat. Pour sa dernière sortie, elle n'était pas mal réussie. Pouvait-il en rêver de  meilleure, lui qui sa vie durant avait consacré son temps à se battre pour les autres, pour un avenir qui chante et des jours heureux ? 
Cependant, les choses se décantent toujours et les idées font leur chemin, confortées par d'autres idées qui viennent enrichir le débat. On y voit de plus en plus clair et germent en chacun, les lueurs de l'espoir qui fait naître le courage pour affronter le lendemain. Il n'y a jamais d'inutile combat.

Les trésors du père Cartier.

De « confinement » à « enchaîné » il n’y a qu’un songe.
Cette photographie du Russe Gueorgui Pinkhassov vous inspire-t-elle ?
Ce serait gentil de commencer ce qu’elle vous a inspiré par cette remarque d’Oscar Wilde :
« Discerner la beauté d’une chose est le plus grand raffinement que l’on puisse atteindre »

Et si vous le terminiez par ces deux vers d’Agrippa d’Aubigné« Mon penser est bizarre et mon âme insensée
Qui fait présente encor’ une chose passée. »
Ce serait parfait.
Entre les deux, libre à vous.

 

Discerner la beauté d'une chose est le plus grand raffinement que l'on puisse atteindre et
 je suppose que cette personne au teint si clair, ne s'est pas posé la question de savoir d'où venaient les perles de son collier, lorsqu'elle l' a acheté dans la boutique en ligne de chez Cartier.

Cartier, le bijoutier, pas l'épicier qui faisait la tournée dans le village de mon enfance avec son vieux tube bleu. Quand il arrivait, il se positionnait au beau milieu du hameau. Nous étions les plus prés du coup de klaxon et vite accouru de peur que la Popo, notre voisine ne passe avant nous. Car figurez vous qu'il y a des rivalités en tous lieux en ce bas monde. Ainsi, nous gamins, collectionnions à l'époque les images de nos vedettes préférées,  contenues dans les boites de camembert de la marque Blanc-Blanc", je ne sais pas si cette marque vous dit quelque chose. Il était donc d'une impérieuse nécessité que nous arrivâmes les premières, nous ruant sur les boites à fromage, tel un troupeau d' américains sur une cargaison de masques, en période de pandémie. Une façon à lui couper l'herbe sous le pied et  choisir avant elle, celles que nous voulions lui laisser. Sous l'oeil amusé du père Cartier et agacé de la Francine, la mère de la Popo, nous procédions méticuleusement à la sélection hebdomadaire de ce qu'aujourd'hui on nommerait le top 10 des meilleures ventes d'artistes de variété. 
 Le problème, c'est qu'aprés il fallait bien manger ces camenberts, déjà un peu trop faits même si nous préférions le Saint Nectaire et le fromage de la maison. La photo de Claude François, de Johnny ou de Sylvie ne se glissait pas toujours dans la bonne bonne boite et il me semble bien me souvenir que nous choisissions aussi le fromage pour sa qualité, crémeux, fondant à coeur, ce qui faisait l'intérêt d'arriver les premières, tant pis pour la voisine si elle devait se contenter d'un fromage plus malodorant, car chez Cartier, il n'y avait aucun risque d'échapper au fromage trop fait et heureusement il y avait ce trop de Roger pour le manger. 
Pour les images  on ne faisait pas de  quartier et la Popo dans son coin bougonnait à souhait.

 Enfin pour en revenir au collier de la reine, qu'elle a acheté chez l'autre Cartier, celui qui est fortuné, et qui possède son président, si elle savait avec quoi il est fait  ! Je suis certaine qu'il vient des  Iles. Celles du Ponant. Il y a las bas une créatrice de bijoux fantaisies, faits main, à base de crottes de lapins. Loin de moi l'idée de dire qu'ils ne valent pas un pet.
Mais je m'égare, mon penser est bizarre et mon âme insensée qui fait présente encor' une chose passée."


Quiz.

En ce temps gris et confiné, je vous propose un petit jeu si vous voulez bien vous y préter.
1) Qu'est ce qui vous ferait le plus plaisir en ce moment ?

Moi c'est de pouvoir aller et venir à ma guise dans mes bois mes champs mes prés, voir mes vaches, mes soeurs et mes enfants. Bon voilà ça c'est fait. C'est dit et ce n'est pas prêt de changer, c'est même une priorité absolue nécessaire à ma bonne santé, à mon équilibre, à  ma survie.J crains le pire, j'ai une allure, mes pauvres ! à faire pâlir d'envie un ex soixante huitard même attardé. Encore un peu et je ressemble au professeur Choron, mais avant je passe par la case  professeur Raout. Bien  que celui là je le trouve bien sympa avec sa cloroquinte qui me fascine comme les coloquines qu'ont met en ornement dans nos coupes à fruits. Parlant de coupe, je m'en offrirais bien une  de bon champagne pour noyer mon chagrin et toute cette fiente qui nous entoure et que nous ne pouvons contourner tant elle est prégnante à longueur de nos jours.

2) Où voudriez vous être en ce moment ?

Moi c'est clair : ici et ailleurs, partout où il y a des choses à voir à sentir, à aimer, à dire, à chanter, à humer, à se délecter. Vivre quoi !

3) Avec qui aimeriez vous être en ce moment ?

Moi, avec tout le monde. Je ferais une grande fête pour célébrer le printemps. Vous seriez là avec moi, bin sûr,  mes proches aussi évidemment  et qu'est ce qu'on rigolerait !qon boirait du bon vin ( du Tarani, impossible de passer outre, c'est le meilleur des vins, alors !) on mangerait une tarte aux pommes de ma composition faite avec les meilleures pommes du verger des espèces oubliées qu'on ne trouve plus que chez quelques passionnés dont moi et au musée de la pomme de Saint Gervais sous Meymont (ne cherchez pas, vous ne savez peut être pas où c'est, mais moi je connais, on y fait de trop belles balades à me rendre malade de ne pouvoir y retourner. Je vous y aurais bien conduit mais je ne retrouve pas mon dossier photos, tans pis. Il y a d'autres lieux enchantés.

4) Que faudrait il faire pour permettre aux gens qui le méritent d'être heureux (vous et moi, pardis ! parce que les autres, ils l'ont bien cherché, ils n'ont que ce qu'ils méritent !) OLé ! ?

Moi je sais, déjà il faudrait changer la société mais y a du boulot ! réeduquer les foules ne se fait pas comme ça d'un coup de cuiller à pot.
 Le plis de l'individualisme est pris. Les solidarités, celles qui durent au delà du 20 heure et  des applaudissements, même s'ils y participent et des cloches qui s'agitent dans leur beffroi. Tiens par exemple, comme celle qui ont construit la Résistance en 1940 et ont permis les jours heureux à la Libération. Celle qu'on m' a enseigné et à vous aussi qui me lisez,  mes frères , mes compagnons de rue et de misère au poing levé.

5) Qu'aimeriez vous que je vous dise et que je vous écrire pour vous distraire et vous faire oublié ce temps volé ?

Moi je suis toute disposée à satisfaire vos volontés.  Et je dis chiche, je ne prends aucun risque, je vais parier que personne ne répondra.
 Aller zou ! au travail.

Anniversaires.

Des anniversaires il y en plein, des qu'on voudrait ne pas fêter , comme celui ci, où je pris cette photo, symbolisant une silhouette s'élevant au dessus des montagnes éclairée par un soleil couchant. Celle qui croyait au ciel. Et nous en bas qui n'y croyons pas. A la porte d'un jardin qui se referme par une lourde porte en fer, grinçant sur les gisants.

 -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------



Et des qui se fêtent. Alors comme je sais qu'elle est seule, comme nous tous confinée, je lui offre un joli bouquet. Je sais bien que les tiens vont penser à toi et que tu ne seras pas seule complètement, mais voilà,
Bon anniversaire Pralinette. des bisous avec.

Des printemps il y en a...

Le jardin n'a jamais été aussi beau que cette année. Les cerises et les prunes se  forment doucement, les fleurs sont parfumées et épanouies.

Il a plus hier soir, un gros orage, bénéfique pour la terre .
Aujourd'hui belle balade et j'ai glané en route un bouquet d'aubépine,


 Les vaches assoupies à l'ombre des arbres en renaissance et les poulains endormis
 étaient prés du chemin. Tandis qu'au loin dans la prairie Flocon s'adonnait à son jeu favori.
 Le chemin ombragé sentait bon l'aubépine et le genêt fleuri.

 Ce chemin, c'est notre préféré avec la Ponette. Je l'emprunte seule désormais. Faisant renaître quelques doux souvenirs. Comme cette fois où nous l'avons découvert pour la première fois, au tout début que nous étions ici. Dans le pré, il n'y avait pas encore de chevaux, mais des vaches dont une laitière que nous appelions la Normande car elle était Normande. Je me souviens de cette veille de Noël où elle et moi étions partie chercher du houx. En chemin nous appelions  le père Noël en parodiant les Inconnus : " Oh ! Père Noël descends ! Pour quoi faire ? J'en sais rien, descends !" Elle avait 6 ans. A cet âge on y croit encore. Et puis le printemps est venu, nous avons continué nos explorations et profité de ces vues magnifiques. Maman avec mes soeurs est venue à son tour nous rendre visite. Ensemble nous avons fait une belle promenade comme celle d'aujourd'hui. 







 Maman je pense à toi en cette veille anniversaire de ton départ. J'ai concocté pour toi un bouquet de glycine, de roses en bouton  de pivoines, j'ai choisi la reine qui est en avance pour l'occasion et de lilas,  celui de Romain, tout simple, mais qu'il n'a pas eu le coeur à voir mourir sur la décharge sauvage posé là en bordure d'un chemin. Alors il l'a récupéré et ensemble nous l'avons planté. Chaque année, lui qui était vieux et malade, il refleurit..   9 ans déjà. Nous étions là il y a 9 ans.





Là, c'est Saint Joseph des Bancs, un coin perdu du côté d'Aubenas. Lilas et glycines étaient en fleurs. La nature ailleurs s'éveillait aussi.
Toi sur ton lit à l'agonie, tu souffrais le martyr. Nous ne le savions pas. Si nous l'avions pu savoir !
 Sans doute tu n'aurais pas voulu que nous changions notre programme, mais si nous avions été à tes côtés, combien de choses auraient était différentes ?  Au moins nous aurions pu t'embrasser, te rassurer, être avec toi pour passer de l'autre côté.
C'est la Jubine qui était à notre place.

Quand nous sommes revenus, la reine déjà se fanait.
 La Jubine continuait son cirque avec la maison, pas la maison, le clos des poules, pas le clos des poules, déménager, rester, s'incruster et nous pourrir la vie.
Je suis triste de tout cela. Je le dis à chaque fois. Je ne m'en suis pas remise encore. Je ne sais si j' y parviendrais un jour. Il y a des choses dont on ne se remet pas.

La cléf des champs.

 C'est toujours le printemps mais si la nature se régale, nous pas trop.
A peine si on peut faire dix pas sans être sur le qui vive. Outre ces fabuleux animaux, j'ai croisé aujourd'hui comme hier plusieurs congénères qui tentaient eux aussi d'échapper à l'assignation à résidence, bien qu'à plus du km concédé. J'ai aussi observé jonchant le sol quantité de mouchoirs en papier. J'espère que ceux ci ne contenait pas de virus ! Mais les gens égaux à eux mêmes n'ont pas plus de respect pour la nature que pour qui que ce soit , ce n'est même pas se respecter soi même que d'agir ainsi.
De quoi me faire oublier que la nature est belle et que malgré tous les malgré elle ne demande qu'à nous ravir. Alors rien que pour vous,

en chemin
 mon lilas double
 ma reine des pivoines
 ma glycine
 mon cognassier du Japon
 mon potager en devenir
 les chevaux du pré d'en haut
 les enfants sous la garde de leurs grand parents
 sur le bord des fossés
 mes merveilles
et la clé des champs.

Rêve et chatiment

 Avec retard pour cause de problème logistique, voici mon devoir du lundi, avec mes excuses pour cette perturbation involontaire du calendrier.

Dites quelque chose sur ce printemps magnifique dans une ville déserte.
Une histoire qui commencerait par :
« L’air était moins étouffant que la veille et j’ai même cru sentir la caresse d’une brise, en marchant sous les arcades, jusqu’à la place de la Concorde. »
Et dont les derniers mots seraient :
« Malheureusement je ne crois pas qu’il suffise de traverser la Seine. »




L'air était moins étouffant que la veille et j'ai même cru sentir la caresse d'une brise, en marchant sous les arcades, jusqu'à la place de la concorde.
Patrick était parti en province chez sa mère, cochant la case numéro 4 "pour motif impérieux et porter assistance à personne vulnérable". Cela faisait maintenant 5 semaines que nous étions confinés, chacun de notre côté. Nous coincés ici dans cet immense bordel sans nom. Les enfants chacun à leur travail. L'un  à son domicile en Auvergne, l'autre à l'hôpital où elle exerçait ses fonctions et la grand mère chez elle avec son genoux en panade, ses poules et son chat comme unique compagnie. L'herbe qui poussait dans la cour  envahissait son esprit au point qu'elle ne pouvait trouver l'apaisement que son grand age nécessitait pourtant.
Nous l'appelions tous les jours, ainsi que nos proches, l'inquiétude gagnait chaque jour du terrain et c'est avec angoisse, que Patrick se décida à partir bravant tous les interdits et traversant la France,  pendant que moi restée ici, je n'avais d'autres choix que de me promener dans Paris. L'air embaumé de ce printemps guilleret me donnait comme une envie de pleurer. 
Qu'elles étaient loin mes montagnes avec leur ciel bleuté, leurs fleurs nouvelles, leurs chants et leurs cris familiers. Qu'elles sentaient bon l'herbe fraiche, les feuilles dentelées des chênes, vert tendre des hêtres et musquée  des sous bois ressuscités. Qu'ils me manquaient mes bois et mes champs, mes crêtes et mes vallées. Quand  reverrais-je enfin mes ruisseaux où se reflétaient dans l'onde claire la silhouette de chacun des arbres de mes forêts ? Et mes pâturages, couverts de tâches blondes, brunes, rousses et barrées ? Que j'avais hâte d'entendre chanter les cloches dans les prés !
Je pensais à tout cela, aux enfants que j'espérais en bonne santé. Que j'avais envie de serrer si fort dans mes bras, qu'à cette simple pensée, je ne pouvais qu'avoir envie de crier. De hurler de douleur, du manque de pouvoir les rassurer. Qu'ils me manquaient tous ! Quand serions nous enfin  délivrés ? Il ne suffisait pas d'une simple date au bas d'un laisser passer pour retrouver un peu de sérénité. Le discours larmoyant autant que doucereux du grand chef de guerre, président des financiers, n'était ni sincère ni réconfortant.Plutôt angoissant on comprenait bien que nous avions mangé notre pain blanc. Que demain, ceinture serrée, gorge nouée, échine ployée, il nous faudrait payer. Payer pour expier toutes leurs fautes et leur incompétence à gouverner. Car si qualités ils avaient c'est au service de leur caste qu'ils les mettraient. Pour cela ils ne manquaient pas de moyens ni d'inventivité. 
Beaucoup de gens autour de moi râlaient, se plaignaient, maugréaient, rechignaient, même se révoltaient. Cette année nous serions privés du droit de manifester le premier mai. 
Comme j'aurais voulu voir véritablement les choses changer, que des leçons soient retenues de ce noir passé, qu'enfin les gens comprennent qu'ils ne fallait compter que sur nous mêmes et qu'il était temps de s'emparer enfin de nos affaires pour voir le monde s'améliorer. Pour cela beaucoup de route restait à faire j'étais prête à m'emballer, mais "malheureusement, je ne crois pas qu'il suffise de traverser la Seine".

langage des fleurs



Monsieur
aimez moi


comme


je vous aime

 non, comme j'aime les vaches !



Françoise Marguerite.

Je ne vous ai jamais parlé de Françoise Marguerite. Alors voilà. Quand je suis arrivée dans sa famille, elle vivait dans sa petite maison, seule avec son chien Véga. Véga était énorme. C'était un berger au museau de feu. Douce et tendre avec les gens qu'elle connaissait ou  dont elle estimait la bonté. Les chiens ont cette capacité innée de détecter bien des choses. Véga n'échappait pas à la règle. Elle aimait le jeu et lorsque nous rendions visite à sa maitresse, elle s'empressait de nous fêter. Mon petit tou était bien jeune et ne commençait qu'à peine à tenir sur ses petites jambes. Mais Véga le savait, elle se laissait approcher par le bébé qui lui faisait mille caresses qu'elle appréciait d'un coup de langue. Françoise que tout le monde appelait Marguerite la grondait, Véga se couchait alors à ses pieds et se tenait tranquille un moment puis recommençait. Quand Véga est partie, Marguerite n'a plus voulu de chien. Elle vécu seule désormais jusqu'à un âge avancé. Mais la vieillesse qui a vite fait de vous séduire, lui rendait la vie difficile. On installa un lit dans une partie de la pièce commune, celle où elle nous recevait dans sa maison et où elle nous payait le café. Sa maison n'était pas bien grande, juste assez pour vivre. Jadis,  sur l'arrière, côté nord et côté chemin, elle tenait un petit commerce d'épicerie. Elle nous parlait parfois de cette époque, où avec son mari Martial, dit Bambi, ils élevaient leurs cinq enfants. Lui, Martial était menuisier charpentier et outre leurs activités respectives, ils  élevaient un petit cheptel de vaches Limousines que les grands, Aimé et Louis Désiré allaient garder sur les landes de Chaudot, des Grandes Chaumes où du moulin de Brie. Les filles, les jumelles, Georgette et Huguette jouaient sur le coudert avec leur petites cousines Danielle, Claudette,   Gisèle et Jacqueline pendant que Marguerite besognait à la maison. La grand mère, autre Françoise, s'occupait tant bien que mal des petits, tout en surveillant son logis, ses poules, ses canards et ses cochons dont elle avait grand soin.
Et puis ce fut la guerre. Les privations.  Il fallait assurer le quotidien. Les vaches donnaient un peu de lait, les poules quelques oeufs que les enfants ramassaient. Le jardin fournissait pommes de terre et choux pour les potées, topinambours, rutabagas et autres légumes rustiques évitaient les famines. Le surplus était écoulé dans le petit commerce. Parfois Martial liait ses vaches et les attelait au tombereau à la nuit tombée. Direction les landes où il était chargé de récupérer du matériel et des munitions destinés au maquis, trés actif dans la région.
Mariée à 17 ans, Françoise que nous appelions Marguerite pour la différentier de l'autre Françoise qui était  sa belle mère, avait déjà 4 enfants plus les cousins qu'il fallait nourrir. Ce n'était pas tous les jours fête, on peut le croire, mais la solidarité aidant, chacun prenait sa part de ce fardeau bien lourd et aidait comme il pouvait pour adoucir le sort des plus infortunés. 
Quand vint la libération et la fin de la guerre, elle vit débarquer un jour, dans sa maison, un homme, un grand gaillard, qui se dit être son frère, Maurice et dont elle ignorait l'existence.  Celui ci en effet confié trés jeune à l'assistance publique lui avait  été caché par leur père si bien que Marguerite ne sut pas d'abord  si c'était du lard ou du cochon. Mais trés vite le contact fut établi avec Maurice qui se révéla un frère bon et attentionné.  Orpheline à l'age de 7 ans,   alors que leur père était au front, en 1917, avec sa petite soeur, qui n'avait que 4 ans, sans doute avaient elles été recueillies par la famille proche dans ce village où elle vécu  toute sa vie durant, car c'est là que sa petite soeur s'éteignit à l'aube de sa huitième année. Leur père remarié entre temps,  n'était pas présent.  C'était l'été, journalier agricole, sans doute était-il occupé aux lourds travaux des champs. De son deuxième mariage, il leur avait donné une  demie soeur, Marie Louise,  puis vint Maurice, dont on ne sait s'il était le frère ou le demi frère de Marie Louise, car le père fut remarié une troisième fois. De son enfance, Marguerite n'était pas loquace. Les secrets étaient bien gardés. D'elle nous ne savons que peu de choses. Pour l'avoir connue, je me souviens d'elle comme d'une femme aimante, endurcie par la vie.  Rude, mais aimante.
Elle tomba gravement malade, il fallu l'opérer du coeur. Elle passa quelque temps dans un centre de repos mais elle pouvait  plus rester seule dans sa maison, elle fut accueillie par Georgette sa fille et ma belle mère. Je la revois prés de la porte fenêtre, assise dans son fauteuil, tricoter ou ravauder quelque peille qu'on ne voulait pas jeter aux vieux chiffons, lire son journal ou un livre dont je l'approvisionnais souvent, sur lequel elle avait soin de marquer mon nom.
Pour les enfants, elle avait toujours dans sa poche un sachet de caramel Wetters qu'elle dépliait avec application, des bonbons au miel ou des pastilles qu'elle proposait en récompense, avant d'aller faire un petit tour avec eux, au jardin, ou le long de la maison.
Je la revois assise sous le grand chêne, les jours d'été, tenant sa canne  ou jouant de la tapette à mouche pour chasser cette vermine qui lui dévorait la main.
Je la revois aussi ce jour d'enterrement de l'autre grand mère, à l'écart, nous tenant  le bras, marchant derrière le cercueil quelques pas  plus loin et me disant, la prochaine, ce sera moi.
Elle est partie en février de l'année 2002. Nous étions en vacances de l'autre côté de la barre rocheuse qui nous sert de frontière entre l'Auvergne et le Limousin. Elle endura le martyr pendant une semaine. Son coeur tenait. Nous avions hésité à partir, puis aprés avis, nous avions cédé, un mieux s'étant déclaré.
Elle attendit que nous ayons le dos tourné et que nous soyons loin, pour ne pas nous déranger, comme toujours. D'un pas discret, sans bruit, elle s'en était allé.
Longtemps son fauteuil vide nous a laissé muets. Puis un jour, le soleil des souvenirs, entré par la fenêtre nous a réveillé.
C'est en fouillant dans le passé que j'ai pu reconstituer quelques bribes de sa vie. Si ce jour avait été plus tôt, j'aurais pu la questionner et sans doute la délivrer de bien des lourds secrets dont elle n'a jamais su parler.
Mais c'est d'un autre regard que je me penche aujourd'hui sur ce passé.

O rage.

J'habite dans le 9-3, au dixième étage d'un immeuble. En face de chez nous, il y a le cimetière de la ville de Paris. Clignancourt est à deux pas. Face à la maison de Lescogriffe, superbe demeure que nous surplombons, je peux admirer le ballet des tourterelles qui font leur nid dans les tourelles. Les bourgeons des grands platanes de l'avenue Michelet éclatent leur corset vert. De la rue Eugène Berthout on peut voir les premières fleurs. Madeleine à sa fenêtre regarde les enfants jouer dans sa cour. Ils ont de 3 mois à 10 ans,  c'est elle qui les garde, les autorités lui ont autorisé d'aller jusqu'à 8 car la crèche et l'école sont fermées. Au loin le  Sacré Coeur et les tours du Mont-Cenis invitent à l'évasion. Même si Paris revit aussi en ces temps incertains, les rues silencieuses et désertes  me donnent envie de revenir dans ce quartier si familier et de l'avoir à moi toute seule pour prendre quelques clichés. Ce matin le ciel est gris, quelques gouttes de pluie s'écrasent sur le balcon. Par précaution,  j'ai pris mon parapluie et je suis montée sur la Butte. Monte là dessus, me disait souvent mon père quand j'étais petite, tu verras Montmartre. Je l'ai vu souvent depuis. Même je l'aimais bien ce Montmartre tel qu'il était dans les années 80. On peut même dire que j'y ai fait carrière. J'en parle parfois quand l'occasion se présente. C'est à dire à chaque fois que quelqu'un l'évoque devant moi. Je revois cette rue  qui  descend vers le marché Saint Pierre, tout en bas chez Reine j'achetais mon tissus. Besoin de mercerie ? Je trouvais boutons et rubans, dentelles et quincaillerie pour rideaux que j' achetais aussi. J'ai toujours aimé trainer dans les rayons de mercerie. Si j'avais été commerçante, j'aurais pris une mercerie, ou une librairie. J'ai toujours aimé les livres aussi.  Les couleurs, les belles choses et les histoires. Je suis en pleine rêverie. Je m'imagine sur une mer d'huile voguant vers des horizons lointains comme dans  un tableau du douanier Rousseau.
Et soudain, le vent se lève. Venus de derrière la butte, de gros nuages noirs s'amoncellent. des volets claquent. Un tourbillon de poussière m'enveloppe. D'un geste prompt j'ouvre mon parapluie dont les baleines se retournent sous l'effet de la bourrasque. Bien vite je courre sur les pavés qui se mouillent à la vitesse de l'ouragan et je descends l'escalier  pour trouver un abri. Je pense au Marché Saint Pierre. Mais tout est fermé. Heureusement je trouve refuge sous un porche et attends avec impatience  que l'orage se dissipe, car l'heure tourne et je dois vite rentrer. Je suis confinée.

Brèves du samedi.

Il a gelé cette nuit. Les fruitiers en ont pris un coup. Ce sera la 4ième année consécutive sans, dans mon jardin. Dommage les fleurs étaient prometteuses.
Sinon hier soir, Petit Lion est venu se faire câliner. Il n'en finissait pas de ronronner. Toute la journée profitant du soleil il s'était roulé dans la terre fraichement retournée du jardin.
Cela m'a fait penser à une histoire que je racontais à mes enfants quand ils étaient petits. C'était l'histoire d'un petit lion courageux qui partait à l'aventure.et qui commençait ainsi :
" Sur la route poussiéreuse, chemine Prosper le petit lion courageux..."
Mon fils aimait beaucoup cette histoire, je la lui lisais souvent. Un jour, je le trouvais assis sur sa petite chaise le livre entre les mains. Quel âge avait-il ? trois ans, peut être quatre tout au plus.
Il lisait, comme un grand, il lisait.
Cela donnait ceci " Sur la route soupièreuse, chemine Prosper, le lion poussièreux".
J'avais bien ri cette fois là, comme cette autre fois où il racontait à quelqu'un que sa mère lui tricotait des pulls parce que son père ne savait pas le faire.
Je ne lui tricote plus de pull, il est devenu un peu exigeant. Mais son père ne sait toujours pas tricoter.
Par contre ce dernier m'a mise en colère ce matin. Je voulais faire un gâteau roulé au chocolat. J'ai toujours plusieurs plaques de chocolat à cuire en réserve.
Je casse mes oeufs mélange mon sucre et ma farine et mets mon gâteau au four, pendant qu'il cuit je cherche mon chocolat. Première boite : vide. Deuxième boite : vide, troisième etc... vides !
Bon ben ce sera un gâteau roulé sans chocolat. Il y avait un pot de confiture de myrtille qui trainait par là, j'empoigne le pot et l'étale, mais il manquait la moitié du pot ! Pas grave , je suis allée dans la réserve chercher un pot de confiture. J'ai trouvé un pot de confiture de framboise, voilà l'affaire enroulée.

j'ai la rage.

Il faisait bon ce jour mais le vent était froid, en Avril ne te découvre pas d'un fil.  C'est pourtant ce que j'ai fait, le jour d'avant j'avais eu trop chaud , alors bravant le dicton ! Hum, j'ai bien peur qu'en mai ... on ne fasse pas que ce qu'il nous plait. Bref, petite balade à travers la prairie cette fois. J'ai glané pour vous des bouquets et  plantes.





J'ai coupé à travers les prés pour rentrer car je n'étais pas en avance. J'avais baguenaudé prés de mes créatures divines. Vous avez deviné ?





Puis je suis allé au jardin vous cueillir des pivoines et vous offrir un soir étincelant où les nuages ont déssiné pour moi l'horizon y laissant apparaitre  un coucher de soleil sur des monts imaginés.










 
 Une journée où je n'ai pas fait grand chose. Je me suis réveillée à 6 h30 mais jugeant l'heure trop hâtive je me suis rendormie vite fait  pour  me réveiller seulement 4 h plus tard. Ben quoi, pour quoi faire quand on a qu'un petit tour de paté de maison comme limite autorisée ?
J'ai eu une brusque envie de rues animées, de marchands de cerises, de boutiques à explorer, de de livres à acheter  de musique à écouter et de colifichets. Mais je suis rentrée docilement au bercail. Je n'ai pas vu le faisan qui chante dans le taillis d'en face, ni la chèvre qui gambade de talus en bosquets. J'ai l'impression que  le temps s'est figé et que de ce printemps volé nous n'allons rien récupérer. Alors j'ai un peu la rage !
Portez vous bien et ménagez vous comme on dit chez moi.

La vie de chateau

  Pourquoi cette salle est-elle si déserte ? Pourtant, on dirait bien qu’il y a peu quelqu’un était dans cette salle, il a laissé des saleté...