D'un 21 septembre ...


... Je ne retiens que toi. Tu es ma source, mon flot et ma rive. Te dire ici les mots, je ne sais pas.   33 ans déjà. Le temps passé si vite nous a planté là. Au milieu de nulle part et je me tourne aujourd'hui vers toi.
Il fait froid au dehors, il pleut et ton sourire est loin pour égayer ce jour qui semble ne plus finir et me laisse sans éclat. Ce matin il m'a pris comme un élan d'humeur changeante et j'ai entrepris de faire de la place en mon coeur pour ne penser qu'à toi.
J'ai réorganisé ta chambre, remué des tas de vieux papiers, des tonnes de poussière et des souvenirs par paquet. J'ai retrouvé le livre de pépé, celui que tu m'avais demandé d'écrire et  auquel avec ta soeur vous aviez contribué. J'ai retrouvé celui que pour un anniversaire je t'avais fabriqué. "Prélude", c'était le titre. Je l'avais agrémenté de plein de souvenirs de toi. Il est en bonne place sur l'étagère bibliothèque entre livres des chats, Luky Luke et Tuniques Bleues . Là ou tu ranges tes quelques menues babioles, ton soldat indien ou ce chef qui l'accompagne. Est ce Géronimo ? Dull Knife ? Chef Joseph ? Manuelito ? Ce que je sais c'est que c'est un qui s'opposa aux blancs  et mena de hautes luttes pour le peuple Indien.  J'ai retrouvé quelques trésors que tu sembles avoir oublié là. Précieusement, amoureusement, je les ai rangé. Il sont là et comme moi, il n'attendent qu'un petit signe de toi.

De nous je retiens  nos épopées  de notre première séparation et ce cordon coupé  à celle qui fit de toi un homme et te tient aujourd'hui éloigné. 




Des vacances en Auvergne, de nos promenades dans les bois, de nos histoires vraies que nous partagions dans la voiture en allant au lycée, que ce soit en Creuse ou en Corrèze pour l'IUT, il y en a eu des discussions animées, autant que celles que nous avions autour d'un air de rap que nous aimions, tout deux,  le matin en allant, toi à l'école, moi au boulot.
Plus tard quand tu t'éloignas pour la première fois, ce fut une rude épreuve.
Tu partais loin  bien plus loin que lors de séjours en classe de neige avec tes camarades où trois semaines à t'attendre me semblait infini. Chaque semaine, une carte avec un mot de toi me rassurait sur ton état de santé et j'étais contente de savoir bien occupé.  Les cartes sont rangées dans le tiroir du bureau, je les relis parfois. Quand tu revins enfin, la chatte Caline pissa sur ta valise !  Elle non plus ne voulait pas te voir partir.  C'est à ton retour que tu as appris que nous allions changer d'endroit. Tu ne fus pas ravi. Mais la décision était prise. Même si nous nous étions trompés, il était déjà trop tard pour reculer. Il ne restait plus qu'à avancer. Ce que nous fîmes, cahin caha.

Fini nos weeck end à la campagne dans notre maison de Sognes. Te souviens tu quand nous l'avons habité pour la première fois ? Il y avait tellement de travaux à faire, que nous ne savions par où commencer !  Nous dormions sous le toit dans le même lit tous trois. Toi entre nous bien calé pour te réchauffer. Nous en avons remué de la terre et des briques en ce temps là  pendant qu'avec ton copain Bruno, vous  creusiez des tunnels dans le sable pour vos circuits de voitures. Puis quand venait le dimanche soir, nous retournions à l'appart laissant Caline qui ne voulais pas rentrer. La semaine suivante, elle nous attendait sur les marches de l'escalier. Les voisins l'avaient nourrie, mais elle se débrouillait trés bien toute seule. Elle nous rapporta  plusieurs fois du gibier, qu'elle posait à nos pieds comme une offrande, parfois plus gros qu'elle.
Quand la Ponette est entrée dans nos vie,  les travaux avaient bien avancés déjà. Elle dormait dans ton petit lit en bois, celui que papa avait fabriqué pour toi. Nous eûmes encore quelques années là bas, et puis il nous fallu vendre car partir trop loin rendait impossible l'entretien. Ce fut un déchirement pour nous tous. Sais tu que je rêve souvent que nous revenons dans notre maison ? Les voisins sont toujours là ils nous attendent, mais je me réveille toujours en sursaut, au moment où les nouveaux propriétaires surgissent, et où pris en faute, nous devons fuir et quitter les lieux.
Quand de nombreuses années plus tard, tu partis au lycée, je t'accompagnais. je ne te dis pas combien mon coeur fut gros, en te laissant dans ce froid dortoir Creusois !   Tu revenais bien toutes les semaines, mais la maison était vide sans toi, même si la Ponette faisait ce qu'elle pouvait pour la meubler de sa présence. La Ponette, tu lui a manqué souvent ! Tout comme elle me manque aujourd'hui et comme tu me manques, toi !
 Aujourd'hui, c'est ton anniversaire, le temps est gris, il pleut et j'ai froid.


6 commentaires:

  1. Un texte magnifique, que d'émotions!
    Un texte qui me parle d'autant plus que le 21 septembre est le jour d'anniv de mon petit-fils, c'est incroyable le nombre de petits hasards qui me lient à toi,j'en découvre toujours plus!

    "j'ai entrepris de faire de la place en mon coeur pour ne penser qu'à toi." que c'est beau... Je'n ai les larmes aux yeux...

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  2. Bonjour Ambre, je vois ton com que tu as écrit avec ton coeur, pendant que je divaguais sur mon mail. Oui nous avons plus d'un point commun. Le 21 septembre, une date marquée d'un sourire.

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  3. Un bel hommage au premier-né. Les années passent, les souvenirs demeurent et emplissent notre coeur. Comme toi, j'ai changé les chambres maisj'ai conservé beaucoup de "leurs" souvenirs. Normal, disent-ils, ça ne tiendrait pas dans nos appartements !... Sourire. Ayons le cœur content d'avoir pu vivre et partager tant de choses.

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  4. Bonjour Lakévio, je m’imprègne de tes mots. Oui, soyons heureux. Il n'est pas donné à tous d'en avoir autant. Passé le moment où tout nous manque et seule compte l'absence, il faut nous souvenir des belles choses qui meublent notre vie. Sinon, elles n'auraient servi à rien. Et ce serait tout de même dommage !

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Misère !