Histoire d'eau.

Quand nous étions enfants, un de mes jeux favoris était, après les grands orages,  de sonder la profondeur du ciel ou plutôt des flaques d'eau dans lesquelles il se reflétait. J'y voyais des fonds sans fin, restant là devant ma flaque à essayer de percer l'immensité de l'univers. J'y voyais des abysses impénétrables et cela m'effrayait un peu. Je galopais alors derrière maman et caracolais près de mes soeurs. Le chien sur mes talons  jappait en sautillant. J'étais alors rassurée complètement. Maman, parfois élevait la voix me mettant en garde pour éviter que je n'éclabousse nos vêtements. Une lessive en ce temps, coutait beaucoup d'énergie en ce sens que c'est à la main, qu'il fallait laver le linge. Elle le disposait dans la lessiveuse qu'elle mettait bouillir sur le poêle à bois, dans la grande cheminée.


 Quand  le linge était bien trempé et bouilli, elle le frottait dans la bachole en bois puis elle allait le rincer dans la serve derrière notre maison. Nous l’accompagnions et jouions tranquillement dans le clos des cochons pendant qu'elle frottait à s'en déchirer les doigts.
Elle eut sa première machine à laver à la fin des années soixante. C'était une antique machine, toute cylindrique ayant appartenu  à une vieille tante qui, sans enfants, fit son partage à la mort de son mari. Mais cette machine avait fait son temps, elle rendit l'âme et maman recommença son travail de forçat. Quand j'eus ma première paie, je déclarai fièrement "je vais acheter une machine à laver pour maman. Mon père, que l'idée n'avait pas encore effleuré, décida que c'était à lui et à lui seul qu'incombait la dépense. C'est ainsi que la première vedette fit son entrée à la maison.


2 commentaires:

  1. Bonjour Délia, quelle jolie histoire! J'ai moi aussi lavé le linge à la main les 1eres années, n'ayant pas les moyens de m'acheter une MAL, mais certes pas dans les conditions de ta maman. Qu'elles étaient courageuses, nos mères! Ce n'était pas un vain mot!
    Ma première machine ne faisait pas l'essorage automatiquement, et il y avait un tuyau d'évacuation de l'eau à mettre dans l'évier. Il fallait tourner le bouton pour programmer chaque étape... Tout le confort qu'on a maintenant semble si facile!

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  2. Oui, c'est si facile quand il n'y a qu'à tourner un bouton. Pour toutes ces raisons, je voudrais qu'on se souviennent de ces femmes, de leur histoire et de leur vie. Qui aujourd'hui se soucie de ce devoir de mémoire ? Et si nous ne le faisons pas, qui le fera ?

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Misère !